SOUVENIR DU PAYS BASQUE EN 1857.
Depuis le milieu du 19ème siècle et l'arrivée du chemin de fer les voyages se développent au Pays Basque.
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| ETABLISSEMENT DES BAINS BIARRITZ 1852 ALBUM DES DEUX FRONTIERES PAR BLANCHE HENNEBUTTE |
Voici ce que rapporta à ce sujet l'hebdomadaire La Feuille de Provins, le 4 juillet 1857, sous la
plume d'E. Bourquelot :
"Souvenir des Pyrénées.
Biarritz, Saint-Jean-de-Luz, Fontarabie.
Monsieur le Rédacteur,
Les bains de mer de Biarritz sont devenus depuis quelques années le rendez-vous de ces touristes qui, semblables aux hirondelles, prennent leur vol chaque printemps, et se dirigent vers les endroits favorisés, pouvant offrir des eaux salutaires aux malades, à l’homme du monde de brillantes réunions et à l’artiste des sites pittoresques. Biarritz possède incontestablement ce triple avantage ; mais, disons-le de suite, la vogue récente de ce petit port de mer, la perle du golfe de Gascogne, est due en grande partie an séjour périodique de l’Impératrice Eugénie et à l’achèvement de la voie ferrée qui relie Bordeaux à Bayonne, cette patrie du chocolat, du jambon et des bayonnettes. Jusque-là, Biarritz n’était guère fréquenté que par quelques familles espagnoles et par les habitants de Bayonne, qui, tous les dimanches de la belle saison, venaient se plonger dans l’onde rafraîchissante. Cette petite cité justifie du reste la préférence dont elle est aujourd’hui l’objet. La nature semble avoir rassemblé autour d’elle toutes ses beautés, tous ses contrastes. D’un côté sont entassées des masses prodigieuses de rochers affectant les formes les plus fantasques ; deux fois par jour, ce chaos désordonné est envahi par les flots qui s’engouffrent avec des mugissements terribles à travers les crevasses et les déchirures que leur violence a pratiquées. Si à ces scènes sauvages vous préférez de plus riants tableaux, dirigez vos regards vers les coquettes et blanches maisons de Biarritz, dont les rues en pente et sans alignement suivent de capricieux détours. Les constructions qui s’élèvent chaque jour, élégantes et confortables, ont transformé complètement ce pays, jadis simple hameau de pêcheurs, et lui permettent de donner une hospitalité en rapport avec le nombre et la condition des baigneurs qui y affluent de toutes parts. Montons maintenant sur l’Atalaye, point culminant qui sert d’observatoire à la vigie du port, et de là vous découvrirez un panorama des plus grandioses : A vos pieds, l’océan avec ses espaces infinis ; à l’ouest, les Pyrénées françaises et espagnoles dessinent leur immense ligne bleuâtre le long de la côte ; leur forme basse et arrondie les fait ressembler à des vagues immobiles, dont chaque pli renferme autant de vallées parsemées de nombreux villages, ce sont les fertiles campagnes du Labourd ; à l’est, les masses noires des pins qui couvrent le sol stérile des landes, se détachent sur les grises falaises qui s’avancent dans la mer. Au premier plan, nous distinguons le château impérial, construction toute moderne, assise sur un rocher vertical qui domine la pleine mer ; le style de son architecture est emprunté à celui du château de Versailles. Mais ici vous chercheriez en vain les luxuriants ombrages, les vertes pelouses qui sont un des principaux charmes de la résidence de Louis XIV.
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| TOUR DE L'ATALAYA BIARRITZ PAYS BASQUE D'ANTAN |
Ce n’est qu’à grands frais, et avec des peines infinies, qu’on est parvenu à entourer la Villa Eugénie de jardins ; l’aridité des landes a nécessité un transport considérable de terre végétale, et, encore, est-il à craindre que, malgré les soins qu’on apporte à les cultiver, les émanations corrosives de la mer n’arrêtent le complet développement des plantations. A quelques pas du château, le phare élève fièrement dans les airs sa colonne gigantesque ; les feux que projette sa lanterne s’aperçoivent à une distance de seize kilomètres. Un peu plus loin, le voyageur sentimental ne peut se dispenser de faire un pèlerinage à la Chambre d'Amour, grotte profonde, creusée dans le roc, et que le reflux de la mer laisse à sec. La légende rapporte que deux jeunes gens dont les familles contrariaient la passion mutuelle, avaient coutume de se réfugier dans cette grotte pour se parler librement d’amour. Un jour qu’ils s’oublièrent dans de trop longues causeries, la marée montante les surprit et envahit leur retraite sans leur laisser aucun espoir de salut. Le lendemain on trouva sur la grève deux cadavres étroitement enlacés.
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| VILLA EUGENIE BIARRITZ 1852 ALBUM DES DEUX FRONTIERES PAR BLANCHE HENNEBUTTE |
Après nous être suffisamment attendri sur le sort de ces amants infortunés, permettez-nous, Monsieur le Rédacteur, de signaler au nombre des agréments de Biarritz la facilité de communications qui existe entre ce bourg et Bayonne, où l’on peut se rendre à toute heure, au moyen d’un service d’omnibus très bien organisé et qui remplace avantageusement le cacolet : un cheval ou un mulet de l’âge le plus respectable, supportant sur son échine un bât mal attaché, aux deux côtés de ce bât, deux paniers qui contiennent chacun un mauvais siège bourré de paille, tel était le véhicule à peu près unique qu’on rencontrait dans ce pays. Si le basque a abandonné le cacolet de peu regrettable mémoire, il a heureusement conservé son ancien costume : béret bleu , veste ronde à brandebourgs et ceinture rouge en forme d’écharpe ; sa démarche grave et fière, ses traits accentués, son œil vif et intelligent en font un des types méridionaux les mieux caractérisés. Les femmes, comme leurs voisines de Bordeaux, mais douées d’une physionomie plus expressive, se coiffent d’un foulard artistement noué autour de leur tête. Les Basques sont restés fidèles à leurs vieilles coutumes, à leurs traditions et surtout à leur langue, qu’ils prétendent faire remonter à la création du monde, et qui selon les savants est composée en grande partie de mots celtiques. Si la prétention des Basques était admise, il faudrait naturellement en conclure que la mère du genre humain se servit de leur langage pour séduire son trop faible compagnon.
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| MARCHE AUX GRAINS BAYONNE 1852 ALBUM DES DEUX FRONTIERES PAR BLANCHE HENNEBUTTE |
La frontière espagnole est éloignée de Biarritz seulement de quelques lieues, et bien que notre intention première ne fut pas de sortir de France, ce mot d’Espagne a une telle magie, exerce une séduction si puissante sur les imaginations tant soit peu inflammables, que nous ne pûmes résister à la tentation de fouler, ne fut-ce qu’un instant, une terre si féconde en souvenirs chevaleresques. Dans notre imprévoyance, nous avions négligé de nous munir de passe-port à l’étranger, le carrossier chez lequel nous avions arrêté une voiture nous avait affirmé qu'une passe du commissaire spécial résidant à Béhobie, dernier poste français, suffirait pour visiter Irun et Fontarabie, les premières villes espagnoles. Nous partîmes donc un matin, joyeux et pleins de confiance dans la parole de notre industriel.
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| SAINT-JEAN-DE-LUZ 1852 ALBUM DES DEUX FRONTIERES PAR BLANCHE HENNEBUTTE |
Après avoir parcouru une route charmante, environnée de campagnes parfaitement cultivées, bordée de charmilles touffues dont le tendre feuillage frissonne au moindre souffle du vent, et laissent entrevoir à travers quelques échappées, tantôt la surface azurée de l’océan, tantôt les riantes maisonnettes éparpillées sur le flanc des montagnes, nous arrivions à S.-Jean-de-Luz, où furent célébrées en grande pompe les noces de Louis XIV et de Marie-Thérèse. On montre encore, sur la place principale, la maison qu’occupait alors le monarque. Une petite rivière, la Nivelle, divise la ville en deux parties, dont l’une sert de repaire aux gitanos, sorte de bohémiens de la terre basque, race vagabonde qui à des mœurs particulières et vit en dehors de toute loi et de toute foi. C’est de l’autre côté de la Nivelle qu’est située l’église : en y entrant, nous fumes saisis de la teinte sombre et mystérieuse qui régnait dans l’intérieur ; là on sent déjà l’influence de l’ardente dévotion espagnole. Plusieurs étages de tribunes en bois noirci et d’une simplicité presque rustique, entourent la nef. Ces galeries sont occupées par les hommes qui, de là, assistent à la célébration de l’office. Les retables des chapelles sont ornés de colonnes torses dorées, et encadrent des peintures du reste assez médiocres. En ce moment, quelques femmes, enveloppées dans un ample manteau noir, sont : les unes agenouillées, les autres assises sur leurs talons, position qu’explique l’absence absolue de sièges, dont l’usage est interdit dans les églises par les coutumes basques et espagnoles.
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| CIBOURE 1852 ALBUM DES DEUX FRONTIERES PAR BLANCHE HENNEBUTTE |
A Béhobie, notre premier soin fut de demander un laissez-passer pour Fontarabie, mais là nous dûmes nous convaincre qu’on avait abusé de notre crédulité à Biarritz, en nous laissant croire que nous franchirions la frontière sans difficulté. Toutes nos instances échouèrent devant l’inflexibilité du fonctionnaire, qui nous engagea simplement à retourner à Bayonne pour nous procurer un passe-port en règle.
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| BEHOBIE 1852 ALBUM DES DEUX FRONTIERES PAR BLANCHE HENNEBUTTE |
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