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vendredi 23 mai 2025

LA BISCAYE DANS L'ORGANISATION MUNICIPALE ET PROVINCIALE DE L'ESPAGNE EN 1834 (deuxième partie)

LA BISCAYE EN 1834.


En 1834, la population de la seigneurie de Biscaye est d'environ 155 000 habitants.




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CARTE DE BISCAYE ET DE NAVARRE 1707
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien Le Réformateur, dans son édition du 28 novembre 

1834 : 



"De l'organisation provinciale et municipale de l'Espagne.



... C'est un pays montagneux ; les eaux qui descendent des montagnes y tiennent en activité environ 600 moulins. Il y a des usines nombreuses pour la manufacture du fer, mais toutes sur une petite échelle, des ateliers de quincaillerie, de serrures, d'armes à feu, de fers à cheval, etc., qui s'exportent dans l'intérieur de l'Espagne. Les principales mines de fer sont celles de Somorrostro, à l'ouest de Bilbao. On exploite des mines de charbon à Gijon et à Aviles, dans les Asturies ; mais ce combustible ne s'y obtient qu'à un prix très élevé. Le commerce de fer a décliné considérablement depuis quelques années en Biscaye par l'effet de diverses circonstances, l'interruption des relations commerciales que la province entretenait auparavant avec l'Amérique du sud, l'inactivité des arsenaux de l'Etat, un impôt additionnel de 10% ad valorem levé sur le fer en barres, depuis le mois d'août 1819, outre des droits de douane à l'entrée des autres provinces, s'élevant à 20%. L'art du tanneur, la pêche et la navigation y occupent un nombre considérable de personnes. Le sol se prête à la culture du blé et de la vigne ; les terres y sont cultivées pour la plupart par les propriétaires eux-mêmes, les fermes s'y paient en numéraire et reviennent u tiers du produit.



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REGION FERRIFERE DE BILBAO 1876
BISCAYE D'ANTAN



Dès le 11ème siècle, nous trouvons dans l'histoire de l'Espagne des señores et des condes, ou seigneurs et comtes de Biscaye. Ils étaient choisis par les états ou assemblée de la province, et reconnaissaient les rois de Castille et de Léon pour suzerains. Nous voyons Alonzo VI choisir un comte de Biscaye pour gouverneur de la province de Guipuscoa. Dans le 13ème siècle elle devint héréditaire dans la puissante famille des Haro et ensuite dans celle des Lara, qui s'était liée à la précédente par des mariages. A la fin, Pierre I de Castille, surnommé le Cruel, envahit la province après la mort du comte Nuno de Lara, mit à mort toute sa famille, et s'empara de la seigneurie de Biscaye. Son frère Henri, après l'avoir tué et remplacé sur le trône, nomma son fils don Juan, seigneur de Biscaye. Don Juan descendait par sa mère de la famille des Lara.




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ROI HENRI II DE CASTILLE
DE MARS 1366 A AVRIL 1367



Il fit son entrée en Biscaye en 1371 et jura solennellement de maintenir les libertés et lois du pays. Depuis Don Juan, qui porta plus tard la couronne de son père, sous le nom de Jean I, les rois d'Espagne ont toujours respecté les franchises de cette province.



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ROI JEAN I DE CASTILLE
DE MAI 1379 A OCTOBRE 1390



Les fueros ou lois et constitutions de Biscaye n'étaient pas originairement un code arrêté par l'assemblée des états sous l'arbre célèbre de Guernica, comme quelques-uns l'ont écrit ; car il est prouvé que les Biscayens ont en diverses circonstances emprunté des statuts à divers fueros, entr'eux à ceux de Logroño. Mais dans les querelles qu'avaient engendrées l'ambition de divers prétendants à la dignité suprême, des chartes avaient été accordées, des privilèges accordés ; en 1342, don Juan Nunez de Lara et sa femme doña Maria Diaz de Haro, signèrent dans l'assemblée générale de Guernica une convention en 37 articles où les rapports du peuple et du seigneur étaient définis, et l'administration de la justice réglée. L'infant don Juan, dont nous avons déjà parlé, sanctionna non seulement ce contrat, mais aussi tous les anciens fueros ou lois du pays dans une charte nouvelle. Néanmoins la législation judiciaire restait en partie écrite, en partie traditionnelle ; certaines lois avaient force dans tout le pays, d'autres seulement dans quelques districts. Cet état de choses dura jusqu'en 1452 ; mais alors un code général ayant été dressé, fut refait et élargi par une commission d'hommes savants et éclairés choisis par la junta, et présenté en sortant de leurs mains à Charles V, qui n'hésita pas à le confirmer, et son exemple a été suivi par tous ses successeurs. Les clauses les plus essentielles de la constitution de la Biscaye sont les suivantes : — La Biscaye a ses assemblées générales, juntas générales, qui s'assemblent tous les deux ans, ou plus souvent si les circonstances l'exigent. Chaque pueblo, cité ou village, possède un vote et envoie à la junte un ou plusieurs apoderados ou chargés de pouvoir. Au temps indiqué, tous les apoderados se réunissent autour de l'arbre de Guernica, auprès du village du même nom, entre Bilbao et Bermeo. La députation permanente, le corrégidor et les syndics s'assoient sur un banc, et leurs secrétaires vérifient le mandat de chaque député.



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ARBRE DE GUERNICA 1866
BISCAYE D'ANTAN



Après cette cérémonie, qui est suivie d'une courte prière, ils s'ajournent pour se réunir dans une salle spacieuse d'un couvent voisin, fondé par un ancien corrégidor du Senorio. Cette salle est tapissée des portraits des anciens seigneurs de Biscaye, jusqu'à la jonction de la province au royaume de Castille. Les juntes tiennent leurs séances, portes ouvertes, pour quiconque veut entrer. Les membres de ce sénat sont autant de grossiers rustiques et néanmoins l'assemblée frappe, dit-on, par un air admirable de simple majesté. Les juntes passent des lois et des règlements pour le bon ordre et le bien-être du pays ; elles délibèrent sur les messages et y répondent par autant d'adresses. Elles examinent les comptes de l'administration, votent des subsides et choisissent les officiers d'état, savoir : deux députés, des corrégidores et des syndics, qui sont ordinairement tirés des premières familles de la contrée. Le corrégidor est nommé par le roi ; ce dignitaire, les deux députés et les syndics constituent la députation permanente ou le pouvoir administratif et exécutif du pays. Ce corps réside à Bilbao et forme une cour d'appel pour les affaires jugées par les magistrats des communes. Chaque pueblo ou village a son magistrat ou alcade nommé par l'ayuntamiento ou conseil municipal de l'endroit. Il administre les revenus de la commune, et rend ses comptes au corrégidor ou à son lieutenant lors de la tournée annuelle de ce fonctionnaire. La députation permanente présente le compte-rendu général de l'administration financière à la junte.



Le tribunal suprême, c'est celui du juez mayor de Vizcaya, qui est nommé par le roi, et qui, avec ses oidores ou assesseurs, tient une cour distincte dans la chancellerie de Valladolid, pour les matières civiles et les criminelles. Un habitant de la Biscaye ne saurait être jugé par aucun autre pouvoir.



Aux termes de leurs fueros, les Biscayens ne sont sujets à payer au roi que les taxes payées à leurs anciens seigneurs. Elles consistent en une petite taxe sur les maisons, une autre sur le fer travaillé dans la province, les dîmes attachées à certaines terres, et un tribut collectif pour chaque ville : les marchandises étrangères ne paient à l'importation que certains petits droits levés par la municipalité et le consulat de Bilbao. Les douanes espagnoles se tiennent à l'intérieur, sur les limites de la Castille. La Biscaye est en dehors des intendances ou administrations fiscales organisées par la couronne. Mais dans les cas urgents, sur la demande du roi, la junta vote des donativos pour le service du royaume, et les quotités individuelles en sont réglées par les administrations locales. Les provinces basques ont leurs propres milices et arment elles-mêmes pour leur défense quand il y a lieu. La couronne n'a pas le droit d'y envoyer des soldats étrangers à la province, où d'y recruter ses propres troupes.




pais vasco antes fueros provincias vascongadas
PROVINCES VASCONGADES ILLUSTREES
PAYS BASQUE D'ANTAN


Depuis 1820 il y a un capitaine-général ou chef militaire résidant à Bilbao, dans la province de Guipuzcoa et ayant juridiction sur toute la petite république.



Le clergé de Biscaye est généralement peu riche. L'abbé de Zenarrosa, le plus opulent de tous les fonctionnaires ecclésiastiques, n'a pas 5 000 fr. par an. Les Biscayens ne sont pas riches ; mais il y aussi peu d'indigents parmi eux ; leurs moeurs sont frugales et laborieuses ; ils sont polis et de bonne humeur, aisément menés avec de bons traitements, mais obstinés et inflexibles, si une fois on les blesse. Gonzalo de Cordoba (Gonzalve de Cordoue), dans nos histoires, avait coutume de dire qu'il aurait mieux aimé conduire une bande de lions qu'une troupe de Biscayens révoltés ; ils sont fiers de leur ancienne indépendance et estiment que relativement à toute autre habitant de l'Espagne, un Biscayen est hidalgo de fait et de droit."

(The Companion to the Newspaper)



A suivre...




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