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jeudi 14 décembre 2023

LE PORT DE BILBAO EN BISCAYE AU PAYS BASQUE EN SEPTEMBRE 1906

LE PORT DE BILBAO EN 1906.


En 1906, cette commune, capitale de la province de Biscaye compte environ 90 000 habitants et est administrée par le Maire M. Gregorio Balparda y Herrerias (libéral démocrate).


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VUE GENERALE BILBAO 1907
PAYS BASQUE D'ANTAN




Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien Le Phare de la Loire, le 23 septembre 1906 :



"Choses et gens.

Un port espagnol.



Les ports ont leur destin. 



Celui de Bilbao fut longtemps d’être relégué dans l’ombre après avoir brillé d'un vif éclat aux XVe et XVIe siècles. Jusqu'à ces dernières années, il ne figurait pas dans les géographies parmi les grandes métropoles du commerce maritime, et aujourd'hui même son importance est certainement insoupçonnée du plus grand nombre. Interrogez un lecteur français un peu au courant de ce qui se passe dans le monde, et parlez-lui de Bilbao. Il y a toutes chances pour qu'il vous réponde : "Ah ! oui, je sais : une ville où il vient d’y avoir des grèves qui ont failli mal tourner !"



Elles se sont heureusement terminées. Mais, au temps présent, une grève ne suffit pas pour distinguer une ville d'une autre. Bilbao connaîtra sans doute encore des conflits du travail ; mais, si graves qu'ils puissent être, à en juger par les précédents, ce n’est pas cela qui recommande particulièrement cette ville à notre attention. Elle y a d’autres titres.



Dans un rapport d’un haut intérêt (publié sous le n° 541 des suppléments au "Moniteur officiel du Commerce"), M. G. Pascal d’Aix, consul de France à Bilbao, nous montre comment ce port, un des plus beaux déjà du continent européen, est en passe de devenir le centre des relations maritimes entre l’Espagne et l’Amérique, et une des escales les plus importantes pour la navigation internationale maritime.



Alors que Santander prenait, avec les conditions nouvelles de la navigation maritime, une importance de jour en jour grandissante, Bilbao semblait voué à une médiocrité perpétuelle. Son orientation défectueuse, son manque de communications commodes avec le reste de la Péninsule, la difficulté de sa barre, tout se liguait contre lui pour lui interdire l’espoir d’un grand développement commercial.



La transformation de la métallurgie et, en particulier, la découverte de Bessmer fut pour le pays basque le point de départ d’une véritable révolution économique. La Biscaye possède, en effet, en quantités prodigieuses, les minerais de fer non phosphore indispensables à la nouvelle sidérurgie. De puissantes Compagnies se formèrent et la région commença de s’enrichir. Un chemin de fer mit la ville en communication avec Tudela, c’est-à-dire avec le centre de l’Espagne. Une Compagnie minière relia, par une voie ferrée, les gisements aux rives du Nervion.




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PANORAMA DU FLEUVE NERVION BILBAO
PAYS BASQUE D'ANTAN



C’est alors que la renaissance de Bilbao se met à progresser à pas de géant.



Un vaste projet de travaux est adopté pour aménager et améliorer le Nervion et pour construire un port extérieur. La plus grande partie de cette dernière entreprise est confiée à des Français, la maison Allard, Coiseau et Couvreux.



Deux séries de travaux furent exécutés :


1° De 1888 à 1890, le régime de la rivière, peu profonde et sinueuse, fut entièrement modifié. Aujourd’hui, son chenal a régulièrement plus de 5 mètres de profondeur et, à marée haute, admet, des navires calant de 6 m. à 6 m. 70. Ces améliorations ont coûté 16 millions de pesetas.


2° Trente-neuf millions de pesetas ont été, d’autre part, consacrés à la construction du port extérieur, achevé en 1903. Et aujourd’hui ce port, absolument sûr, constitue "un port d’escale et de refuge de premier ordre, tel qu’il n’en existe pas un autre sur toute la côte Sud de la France et la côte Nord de l’Espagne. Sa superficie est de 280 hectares, avec des fonds variant de 8 à 15 mètres aux plus basses mers. Les profondeurs y sont assez grandes et régulières, les fonds de 10 mètres passent près des rivages et de l’embouchure de la rivière. Enfin, le mouillage est excellent, les ancres trouvant un fond de sable où elles tiennent très bien."



Et voici les résultats de ces dépenses rémunératrices : Bilbao reçoit annuellement 3 500 navires environ, ce qui le place au premier rang des ports d’Espagne. En 1905, son mouvement de marchandises a été de 5 530 000 tonnes (entrées et sorties) ; il est vrai qu’il consiste surtout dans l’importation des charbons destinés à l’industrie basque et l’exportation des minerais.



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BILBAO NERVION INDUSTRIE DU FER
PAYS BASQUE D'ANTAN



Si Bilbao ne devait compter que sur ses minerais, il finirait, tôt ou tard, par perdre une partie de son importance, avec l’épuisement progressif des gisements. Heureusement des perspectives d’un avenir favorable s’ouvrent pour lui. La Biscaye et les provinces qui l’entourent naissent à la vie industrielle et pourront bientôt exporter leurs produits manufacturés ; d’autre part, les chemins de fer en construction vont faire de Bilbao le port d’approvisionnement de toutes les régions de la Péninsule situées entre la côte septentrionale et le plateau central, jusques et y compris Madrid.



Mais, pour arriver à jouer le rôle qu’il ambitionne justement, celui de port transatlantique par excellence, il manque encore des installations modernes indispensables pour une telle fonction. Voilà pourquoi un nouveau projet de grands travaux, approuvé par le ministère, va entrer sans retard dans la période d’exécution. On estime qu’ils seront terminés en quatre ou cinq ans.



Ils consistent essentiellement dans l’approfondissement de la rivière à six mètres par les plus basses marées équinoxiales ; dans la rectification définitive de son cours, dans l’agrandissement de l’entrée, dans la construction de quais, munis de l’outillage le plus perfectionné.



Quant au port lui-même, il va recevoir une jetée de 640 mètres de longueur en eau profonde (9 mètres), de telle sorte que les transatlantiques puissent à toute heure de marée y accoster et y effectuer leurs opérations. Elle sera reliée à la côte par un mur-promenade, et cette voie d’accès sera dotée d’un chemin de fer mettant la jetée en communication directe avec l’ensemble du réseau espagnol.



Ainsi outillé, Bilbao ne tardera pas à parachever sa victoire sur Santander. L’Allemagne, la première, semble avoir deviné l’avenir de cette escale ; elle s’y est installée pour y marquer sa place, et, en 1899, pour la première fois, un transatlantique allemand a fait son apparition dans ce port. Depuis cette époque, la Compagnie Hambourg-Amerika a créé une importante agence à Bilbao et établi un service mensuel régulier qu’elle n’a rien négligé pour faire prospérer.



compagnie maritime allemagne amérique
AFFICHE COMPAGNIE HAMBOURG-AMERIKA



Du grand mouvement d’échanges qui s’est établi entre la Biscaye, l’Amérique du Sud, le Mexique et les Antilles, — l’Espagne, l’Angleterre, le Danemark et la République Argentine profitent comme l’Allemagne, mais en moindre proportion. La France semble l’ignorer. On dirait qu’elle ne sait rien de Bilbao. Et cependant il serait grand temps, pour nous, de nous y assurer une place : "Ce qui est possible aujourd'hui sera difficile demain, irréalisable plus tard, lorsque toutes les positions seront prises." Nos Compagnies maritimes n’ont plus de raisons pour négliger Bilbao ; à prolonger leur abstention, elles commettraient une faute irréparable."







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