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dimanche 31 décembre 2023

LE FANTASSIN BASQUE EN 1805 ET EN 1860

LE FANTASSIN BASQUE EN 1805 ET EN 1860.


Durant l'histoire, les soldats Basques ont souvent été appréciés pour leurs qualités.




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CHASSEURS A PIED BASQUES





Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien Le Petit Caporal, le 5 juin 1905, sous la plume d'E. 

Assenac-Duboscq :



"Fantassin Basque. Austerlitz (1805) Maroc (1860).


A Sa Majesté Alphonse XIII. 



Si à la longue l’action des siècles, les relations de peuple à peuple ont modifié la physionomie particulière des nations, il en est peu qui aient résisté à cet entraînement comme les Basques. 



Les Basques ont conservé comme inaltérés le caractère et les mœurs que Strabon a décrits dans ses récits sur les Calabres. 



Leur idiome est resté le même. 



Ils ont conservé ce que les Romains ont appelé la "folie cantabrique", c’est-à-dire cet amour ardent pour leur patrie, leur indépendance, leur religion, leurs vieilles lois et leurs traditions !



Sobre, dur, robuste, agile, insensible aux rigueurs des saisons, tenace dans ses résolutions, bref dans ses discours, docile, discipliné, si, avec bienveillance on le commande, inflexible, et rebelle s’il est maltraité, tel est le caractère du Basque d’Espagne. 



Même caractère pour les Basques de l’autre versant des Pyrénées. 



Le Basque français est brave, actif, fidèle comme le Basque d’Espagne à sa parole, travailleur infatigable, et entreprenant, sans se laisser séduire par la nouveauté. 



Les femmes basques sur les deux versants des Pyrénées sont laborieuses, et courageuses, belles et d’une fraîcheur de teint remarquable, et d'une chevelure magnifique. 



Les Basques forment aujourd’hui la meilleure division de chasseurs à pied de l’Espagne avec les Navarrais et aussi des "Miquelets" (chasseurs provinciaux). 



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MIQUELETS



En 1860, l'année espagnole, après une campagne rude, était campée victorieuse au Rio Martin, autour de Tetuan une des villes les plus importantes du Maroc. 



Or, un matin du 28 février de 1860, l'armée espagnole entendit d’étranges hourras, un ensemble de cris discordants que des poitrines basques, seules, peuvent proférer. 



Les trois provinces Vascongades, (Guipuzcoa, Biscaye, Alava), malgré leurs "fueros" qui les exemptaient de la conscription, avaient voulu fournir leur contingent dans cette guerre contre le Maroc qui avait soulevé le patriotisme des Espagnols dans l'Espagne entière, et dont, dans un autre article, je pourrai expliquer les causes originelles. 



Donc, les 4 000 hommes de la légion basque, complètement armés et équipés, arrivèrent au Rio Martin dans cette matinée du 28 février. 



Les braves gens étaient cruellement éprouvés par les gros temps. 



Ils avaient de plus été maltraités pendant la traversée de Santander à Cadix, "par les matelots des navires de commerce anglais" qui avaient été mobilisés pour les transporter. 



Aussi, à leur manière, ces braves garçons saluaient la terre africaine, mais ils juraient par tous les saints du calendrier d'Espagne de ne revenir dans leurs montagnes... qu’à pied sec, et juraient à gros mots contre les Anglais. 



Aussitôt débarqué le général Latorre qui les commandait, monta à cheval, prit avec lui une escorte de cinquante hommes des plus alertes, et partit au trot pour le quartier général du commandant en chef de l’armée espagnole, le maréchal O’Donnell. 



Ses cinquante hommes, vêtus d’une façon pittoresque, coiffés du béret traditionnel, à la physionomie intelligente, les cheveux coupés ras sur le front, et rejetés en boucles abondantes en arrière de la tête, le suivaient d’une allure aussi vive, "au pas de basque", et répondaient aux questions qui leur étaient faites, dans une langue inconnue de presque toute l’armée. 



Ce fut un véritable événement. 


— Ce sont les Basques ! criaient les soldats. 



Et les bataillons des Galiciens, des Navarrais, des Castillans, des Aragonais et des Valenciens, les Andalous, les durs fantassins de l'Estrémadure, de la Catalogne et de la Manche, accoururent se ranger sur leur passage et les acclamèrent ! 



Les Basques, toujours courant, arrivèrent ainsi jusqu’à la tente du général en chef. 



Le maréchal O’Donnell sortit pour les voir et leur promit de passer la légion en revue le lendemain. 



Quand le général Latorre eut pris les ordres du maréchal, il remonta à cheval et repartit au trot "toujours suivi de ses coureurs", qui traversèrent Tetuan jusqu’au camp où une triple haie de soldats leur criaient des vivats et applaudissaient des mains !



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TABLEAU LA BATAILLE DE TETOUAN 31 JANVIER 1860
Par Dionisio Fierros — Source inconnue, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1436692




J’ai dit que ces trois provinces basques : la Biscaye, le Guipuzcoa et l'Alava avaient fourni ce contingent de 4 000 hommes. 



Leur fraternité, leur accord fut l’un des heureux résultats de cette guerre si nationale "la guerre contre les Maures". 



L’écusson d’Espagne avait été abattu par les Marocains, piétiné, souillé d’immondices.



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SOLDAT MAROCAIN VERS 1860



L’Espagne entière se souleva (1860). 



Les trois provinces Vascongades en fournissant ce beau contingent avaient donc oublié, dans cet élan patriotique, les années de guerre civile qui les avaient désolées et divisées ! 



Les veillées dans les trois provinces sont encore remplies des nombreux récits de cette guerre néfaste comme en France et en Espagne, sous le nom de guerres carlistes. 



Alors les Basques recrutés et conduits par le fameux Zumalacarregui, servaient la cause de Don Carlos. 



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PORTRAIT DE TOMAS DE ZUMALACARREGUI  Y DE IMAZ
PAR ALPHONSE JEAN-BAPTISTE BAYOT


C’étaient les "chapelgorris" (bérets rouges.).



Les autres, les "chapelchourris" (bérets blancs), servaient dans l’armée de la reine Christine. 



Les premiers étaient "los carlistas. » 



Les seconds étaient "los cristinos." 



Aujourd’hui ces guerres fratricides sont finies. Tous sont Espagnols. 



Les bérets rouges sont aux Guipuzcoans, les bérets blancs aux Biscayens, et les bérets bleus aux Alavais, sous un même drapeau, celui de l’Espagne une et indivisible, avec l’emblème de trois mains croisés et la devise : "Irurac Bat" "Trois en Un !"


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MEDAILLON IRURAC BAT







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FANTASSIN BASQUE



Les Basques français du versant nord des Pyrénées sont comme les Basques d'Espagne, marcheurs et coureurs intrépides autant que soldats disciplinés, infatigables, combattants énergiques. 



Nos guerres du premier empire ont fourni un exemple célèbre de cette activité infatigable. Nous pouvons dire, nous, Napoléoniens, que les Basques sont avec nous. 



Voici cette histoire authentique : 

"Dans un des bataillons de la Grande Armée qui allait passer le Rhin en 1805, il y avait quatorze volontaires, tous natifs de Saint-Jean-Pied-de-Port, tous Basques, beaux garçons, et les plus forts de leur pays, au jeu de paume, passion sportive des Basques comme on sait. 


Un matin, ils virent arriver au camp devant Strasbourg un de leurs compatriotes qui leur remit le défi des Basques espagnols à la paume de la fête de Saint-Jean-Pied-de-Port


Que faire ? 


L’hésitation fut de courte durée. 


Quelques minutes après, une course folle commençait du Rhin à Saint-Jean-Pied-de-Port ! 


Les quatorze Basques étaient partis "sans permission" pour soutenir le défi des Espagnols, et gagnèrent la partie ! 


Partis sans permission, ils revenaient, "de même" rejoindre leur bataillon presque à la veille d'Austerlitz ! 


En apprenant cette équipée, Napoléon, on le conçoit, allait sévir ; puis, après avoir appris par le colonel que les quatorze gaillards avaient rejoint vainqueurs et frais comme au départ, leur bataillon, il fil sortir des rangs les quatorze délinquants. 



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NAPOLEON ET LES SOLDATS DE LA GRANDE ARMEE


— Comment t’appelles-tu ? demanda-t-il au premier qui sortit des rangs. 


Harispe, Sire ! 


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PORTRAIT DU MARECHAL HARISPE PAR JEAN ANDRE RIXENS

Bien, fit l’Empereur, si au premier combat, toi ou l'un de tes camarades ne rachète pas cette faute de discipline par un acte d’éclat qui mérite l’attention et qui me fasse pardonner aux autres, vous passerez tous en conseil de guerre... et je vous envoie ensuite garder les mulets aux derrières de l’armée. Tu as compris ? 



Les quatorze joueurs à la paume comprirent si bien que c’est de leurs rangs que partit Harispe pour devenir maréchal de France ! 



Et. c’est aux mémoires du maréchal qui, plus tard, en Espagne, devait opérer (en 1816), contre les guérillas, en ces mêmes provinces Vascongades, que l'on trouve cette histoire et que mon grand-père maternel, qui était, en Espagne aux dragons, dit d’Espagne, plus d’une fois a racontée à moi-même."


(Source : MINIATURES MILITAIRES D’ALFONS CÀNOVAS : GUERRES CARLISTES 1835-1875.- DELFIN SALAS, 3º GUERRE CARLISTE (miniaturasmilitaresalfonscanovas.blogspot.com))




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