LES GROTTES DE SAINT MARTIN D'ARBEROUE - DONAMARTIRI EN BASSE-NAVARRE AU PAYS BASQUE AUTREFOIS

LES GROTTES DE SAINT MARTIN D'ARBEROUE.

Plusieurs grottes célèbres existent au Pays Basque, Nord et Sud.

Après un premier article consacré aux grottes d'Isturits, je vous en propose un autre sur les 

grottes de Saint-Martin d'Arberoue, en Basse-Navarre.

ST MARTIN D'ARBEROUE - DONAMARTIRI
PAYS BASQUE D'ANTAN

La presse locale en a parlé à de nombreuses reprises.

Voici par exemple, ce qu'en racontait la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays Basque :

• le 28 mai 1930 :

"Des splendeurs naturelles en Pays Basque.

Les grottes merveilleuses de Saint-Martin d'Arberoue.

Il faut les faire connaître au touriste ; une publicité nouvelle pour Biarritz et la Côte Basque.

Peu de gens les connaissent; peu de gens, même, savent qu’elles existent. 

Jusqu’à ce jour on n’avait parlé que des grottes du Loup, des grottes de Bétharram, de toutes les grottes qui font accourir dans les Hautes-Pyrénées d’innombrables touristes. Il n’a pas encore été question, ou si peu, des grottes de Saint-Martin d’Arberoue; le village lui-même est peu connu; il est rare que l'on prononce ce nom. Pour tant cette commune est à peine à quelque trente kilomètres de Bayonne, au cœur du Pays Basque, tout près de la jolie et coquette cité d’Hasparren. 

GROTTES ST MARTIN D'ARBEROUE - DONAMARTIRI
PAYS BASQUE D'ANTAN

Saint-Martin d’Arberoue, site grandiose où la nature fantasque a dispensé ses dons de la façon la plus originale, la plus variée. Encaissée entre de hautes montagnes, elle forme un véritable nid de verdure que l’on traverse par d’étroits et tortueux chemins, site charmant et solitaire où il doit faire bon vivre, refuge enchanteur du corps et de l’esprit. C’est dans cet eden champêtre que viennent d'être découvertes des grottes qui sont de véritables merveilles naturelles. 

Quand je dis "viennent" je déforme un peu la vérité car en réalité elles apparurent le 5 avril dernier. Mais cette découverte a tellement peu fait de bruit qu’elle est pour ainsi dire inconnue. C’est la montagne d’Isturitz qui renferme dans ses profondeurs ces grottes qui datent assurément de la préhistoire. 

Au bas de cette montagne demeure dans une des plus anciennes maisons basques, à laquelle un moulin est contigu, une famille de meuniers, basque aussi évidemment : c’est la famille Etchegaray. C’est à elle que revient la découverte. 

GROTTES ST MARTIN D'ARBEROUE - DONAMARTIRI
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Le samedi 5 avril, vers 9 heures, le père et le fils aîné gravissaient la montagne lorsque soudain ce dernier sentit le sol s’affaisser et avant qu’il ait pu se dégager, il disparaissait dans un trou qui venait de se former brusquement. Le père, alarmé, s’apprêtait à demander du secours mais il entendit la voix de son fils qui déclarait n’être pas blessé et se trouvait à une faible profondeur. On put, après quelques efforts, le ramener à la lumière; il déclara à sa famille que ce trou devait certainement mener quelque part, se prolongeait au cœur de la montagne.

Intrigués, le père et les fils s'armèrent de pelles et de pioches et creusèrent, creusèrent avec courage, pressentant qu’ils découvriraient quelque chose et, après plusieurs heures d'effort, un couloir leur apparut dans lequel ils s'engagèrent en rampant et ils parvinrent enfin dans un espace qui semblait plus vaste. 

En effet, ayant fait de la lumière, ils se trouvèrent, stupéfaits, dans une salle à laquelle en succédaient d'autres, et qui étaient tout bonnement des grottes, d’authentiques cavernes dont il était impossible d'apercevoir le sommet, à mesure qu’ils avançaient ils se trouvaient en présence de salles de plus en plus spacieuses, parmi la plus belle collection de stalagmites et de stalactites que la nature ait jamais formée. De véritables splendeurs naturelles s’offrirent à leurs yeux qui, plus tard, arrachèrent des cris d'admiration à ceux oui entrèrent dans ces grottes et notamment aux excursionnistes du Syndicat de la Presse, qui, jeudi, vinrent les visiter : des colonnes aux formes les plus variées, certaines coupées à mi-sol, de larges plaques semblant du marbre se sont formées qui, à la lumière, donnent l'illusion d’une draperie qui prend les tons les plus chatoyants et qui résonne comme un métal, enfin les mille merveilles que la nature forgea durant des milliers d’années et qu'elle continue d’ailleurs encore, l'eau filtrant constamment à travers la montagne. 

Ce qui fait penser notamment qu'on se trouve en présence de cavernes préhistoriques, c’est la découverte sur le sol de débris d’animaux ayant certainement appartenu aux époques géologiques : mâchoires, tibias, crânes ; d’autre part, de grands pots en terre, de plusieurs dimensions, ont été également découverts, les décorations en sont faites de la main même de l’homme qui habitait dans cet antre. On trouva encore des boules formées avec une matière très solide avec lesquelles les hommes, parait-il, tuaient les oiseaux. 

Les paysans élargirent l’entrée de ces grottes, puis, ayant emporté dans la chaumière les vestiges des tempe, anciens que d'ailleurs très aimablement ils nous montrèrent, ils clôturèrent la dite entrée et s’improvisèrent guides pour les touristes qui passeraient par là. 

GROTTES ST MARTIN D'ARBEROUE - DONAMARTIRI
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Voilà qui est très bien, mais ce que ces braves gens ont oublié c’est de faire connaître leur découverte ; il y eut par-ci par-là des gens qui l’apprirent, mais ce fut tout. 

Ce n’est pas assez. On a découvert en Pays Basque des curiosités naturelles qui, d’après certains avis très autorisés, dépassent en beauté celles que vantent d’autres régions et on ne le ferait pas savoir ! 

Voilà qui est inadmissible. Ces grottes vont être incessamment éclairées à l'électricité qui mettra davantage en relief toutes ces splendeurs et qui permettra d’agrandir encore une autre ouverture qui conduit à des salles encore plus belles. 

Il faut donc qu'à Biarritz et sur toute la Côte Basque, et même ailleurs et surtout à l’étranger, le touriste sache qu’il y a à une heure de Biarritz et de Bayonne des grottes splendides qu’il pourra visiter. Il y a là une publicité nouvelle qu'on ne doit pas dédaigner et qui contribuera certainement, à amener chez nous encore plus d'étrangers. 

Il appartient aux organismes intéressés d"assumer cette tâche; il n’est pas possible qu’ils négligent ces nouvelles sources de profits pour Biarritz et la Côte Basque."

• le 16 juillet 1931 :

"Surprises souterraines.

Les Grottes de St-Martin d’Arbéroue.

Leur découverte est récente, puisque celle ci remonte à deux ans à peine. Outre leur fraîcheur naturelle, elles ont donc celle de la nouveauté, en dépit des millénaires qu’elles représentent ! Un hasard a révélé leur existence. Hasard, dieu terrestre et souterrain... Et cela se racontera plus tard comme un conte : 

"Il y avait une fois, entre Hasparren et Saint-Palais, un vieux moulin qui tournait au fil chantant de l’Arbéroue : Nuit et jour, clair Arbéroue, Plonge gaiment dans la roue Qui s’active et qui s’enroue !... " 

GROTTES ST MARTIN D'ARBEROUE - DONAMARTIRI
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Or, ce moulin avait un meunier, lequel avait des fils. Un beau jour, le père et ses enfants entreprirent aux alentours de débroussailler le sol. C'était la première fois qu'ils songeaient à défricher cette partie de leur terrain, envahie de ronces inextricables, de fougères et d’ajoncs. Ils y parvinrent par la flamme et par le fer.. Et alors, parmi les débris carbonisés, ils aperçurent dans la terre une petite ouverture qui ne ressemblait ni à un trou de taupe, ni à un terrier de lapin, puisqu'ils eurent la curiosité de l’élargir un peu et d’y jeter des cailloux. Ceux-ci rendirent en disparaissant des sons prolongés, mystérieusement répercutés, et qui indiquaient une chute profonde dans les ténèbres. Le meunier décida d'agrandir l’orifice... Et l'on fit bientôt connaissance avec les merveilles cachées que tous peuvent aujourd'hui admirer..

"Le poète aime l'eau, dit Hugo, cette paresseuse oui fait un si profond travail." Elle a fait ici un travail aussi extraordinaire que profond. Pour multiplier les richesses de ses inventions, il lui a fallu plusieurs salles, creusées en tous sens, compliquées de chapelles latérales, de cryptes, de niches, salles aux voûtes élevées ou surbaissées, aux connexions énigmatiques. 

A l'aise dans ces hypogées, ayant des siècles devant elle, elle a sculpté, modelé, ciselé, tissé au gré de sa fantaisie occulte. Et les stalactites ont suspendu leurs lustres étranges aux plafonds, et les stalagmites se sont mis à croître comme des tiges, et des colonnes, des piliers se sont lentement façonnés, architecture de féerie, décor voué aux arcanes des esprits de la terre... Ça et là, des apparitions fantastiques, statues ébauchées, figures sans nom, masques inquiétants figés dans l'attente. La clarté des lampes éveille au passage les possibilités magiques endormies au creux de l'ombre : le quartz s’irradie, les parois brasillent comme l’aventurine, les rideaux de calcaire s’éclairent, diaphanes, s’embrasent d'étincelles; des phosphores courent sur les icônes, se perdent au fond des nefs, de cristaux en cristaux... 

Beauté secrète, ne souffrais-tu donc pas de n'être point contemplée ? ... 

L'homme, pourtant, pénétra jadis dans ces cavernes fastueuses. L’homme de la préhistoire. Car on a découvert de nombreux vestiges des séjours qu'il y fit en des temps très lointains. Des ossements, des fragments de poterie, des outils de corne et de silex ont été retrouvés. ainsi que des foyers, d'émouvants foyers dont nul souffle n'avait dérangé les cendres... 

Un trésor de plus appartient au Pays Basque. Spéléologues, archéologues, et touristes — y sont intéressés. Espérons qu’il ne provoquera point de glozéliennes querelles!"

Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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