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dimanche 20 janvier 2019

LES ÉTRENNES DES ENFANTS PAUVRES EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN JANVIER 1926 (deuxième et dernière partie)


LES ÉTRENNES DES ENFANTS PAUVRES EN 1926.


En 1926, la pauvreté est présente au Pays Basque mais certaines personnes essaient de la soulager, en particulier en faveur des enfants.


pays basque autrefois
ENFANTS REVENANT DU MARCHE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Je vous ai déjà parlé dans un article précédent  des étrennes faites à certains enfants du Pays 

Basque, en 1926.



Voici ce que rapporta la Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, le 13 janvier 1926

sous la plume de R. Cazal :


"Les Etrennes des Enfants pauvres.

Encore une journée heureuse.


A Arrïentz, Ustaritz, Jatxou, Halsou, Cambo, etc... 


Lundi 11 Janvier. Une heure. La voiture est là, une vaste Lorraine-Dietrich six cylindres que va piloter M. Yves La Burthe. Aujourd’hui, nous pourrions offrir une place à M. Labrouquère, l’inspecteur primaire qui nous a remercié de distribuer de la joie aux petits des campagnes et qui serait certainement heureux de voir s’épanouir des visages et briller des yeux. 



pays basque autrefois
AUTOMOBILE LORRAINE-DIETRICH B3-6 1926



Justement M. La Burthe père est venu lui aussi s’assurer que tout allait bien, que la grande voiture si aimablement offerte serait suffisante et tandis que nous chargeons, il va dans son coupé chercher M. Labrouquère. 




Malheureusement celui-ci ne pouvant se douter de l’aubaine est parti en tournée d’inspection. Combien nous allons regretter son absence à travers cette tournée si particulièrement intéressante. 



Par le camp Saint-Léon qui étale ses "greens" nous gagnons la route du Lycée et la puissante voiture nous emmène à grande allure à Arrauntz, là-haut, là-haut, sur la colline que domine le mamelon de Sainte-Barbe. L’air est délicieusement pur et la luminosité parfaite. Nous admirons les plis et les replis onduleux où parmi les frondaisons rousses se nichent des maisons blanches, nids qui, de loin, semblent pareils et qui cependant abritent tant de destinées dissemblables. 


bayonne autrefois
FONTAINE CAMP ST LEON BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN



C'est chez l’institutrice que nous frappons d’abord. Les jeunes pupilles de l’Assistance nous entourent et nous leur distribuons les jouets préparés pour elles. Tout a été judicieusement choisi, mais à cette grande fille à qui M. Lemaître a remis une paire de ciseaux bien brillants, car elle a l'âge de quitter bientôt l’école, je veux ajouter une boîte de perles multicolores. Une surprise m’est réservée : une des fillettes me donne une superbe brassée de mimosas tandis qu’une des petites filles désignée parmi celles appartenant à des familles nécessiteuses me donne un bouquet de violettes, de ces violettes des chemins, petites et sombres qui enclosent en leur cœur une cassolette de parfums. 




C’est le tour des garçons et aux pupilles s’ajoutent d’autres petits qui n’en croient pas leurs yeux. Puis la caisse aux lainages est mise à contribution, car il y a des familles nombreuses et pauvres ; il y a eu "des malheurs" aussi ; ici une maman a eu la jambe amputée, là c’est un père qui a été grièvement blessé. Dans beaucoup de maisons on garde les enfants pour les utiliser aux travaux essentiels ; les uns s’occupent des bêtes, les autres vont "chercher l’eau", d'autres soignent les derniers-nés, et c’est sous ce ciel bleu, dans la lumière qui magnifie le récit de tout ce qui accable les petits enfants pauvres, on égrène ce chapelet de petits devoirs, de petites obligations, qui commence pour eux la chaîne de la rançon de vivre. 




L’école c’est la halte heureuse, aujourd’hui notre arrivée y ajoute une joie inaccoutumée.




Heureusement les tableaux changent à Herrauritz. L’institutrice nous présente une classe d’enfants heureux, d’enfants choyés. Nous faisons connaissance de deux jolis garçonnets pupilles de la Nation qui ont reçu déjà des étrennes et qui attendent pour bientôt encore la visite de Mme Poitrenaud qui arrive toujours les mains pleines "... Et puis si gentille", ajoutent les petits bonshommes qui sont très délurés. Tout de même ils viennent à la caisse choisir ce qui leur plaît et remontent en riant, croquant leur chocolat. 




Et nous voici à Ustaritz, si joliment aligné le long de la grand’route. Là, nous expliquons à l'un des petits comment on joue avec les "petits chevaux" ; l’enjeu c'est une barre de chocolat que gagne M. La Burthe qui a pris le cheval vert. Nous ne nous arrêtons pas à l’Ecole des filles. M. Lemaître n’a là aucune pupille et nous savons que dans les grandes communes, les nécessiteux sont secourus par les municipalités.




ustaritz autrefois
FONTAINE ET VILLA ATCHIPIA USTARITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN 



Nous traversons la Nive et nous grimpons sur le plateau pour gagner Jatxou — l’école est en bordure de la route, les fenêtres sont ouvertes pour laisser entrer le bon air. On nous accueille avec joie. L’institutrice jeune, énergique (elle doit l’être pour gouverner ces cinquante-six garçons et filles) a des yeux où la bonté s’allie à la gaîté. Nous servons les pupilles et quelques petits déshérités. On nous présente une belle petite fille que sa mère adoptive accompagne ; cette enfant est née sous une heureuse étoile, la chance fut une de ses marraines. Elle semble aussi bonne que jolie et ses immenses yeux noirs sont doux et caressants. 




Nous suivons la route qui nous mène à Halsou, route qui traverse les coins les plus pittoresques du Pays Basque — à chaque tournant la vue change et c’est toujours très beau. 




Halsou, et Mlle Hannecou, celle qui l’année dernière nous donna l’idée de nous occuper des autres petits pauvres en même temps que des enfants assistés. Mlle Hannecou, maternelle, bonne infiniment, qui puise dans la caisse des lai nages eu expliquant la destination de son choix. Et c’est aussi triste qu’à Arruntz, ou plus encore peut-être. Là, il y a douze enfants, la première maman est morte et l’autre est démente ; là le papa n’est pas sage, il fréquente trop l’auberge et a des moments bien terribles, la mère est accablée ; les petiots arrivent chaque année pourtant. Voici les aînés qui sont gentils comme tout, ils sont doux, confiants, dociles. Et celui-ci a perdu son papa qui toussait trop après la guerre. Il est pâlot, ses yeux sont plus bleus que le ciel. Et ceux-ci si bien portants, si gaillards, sont d’une famille qui en compte quatorze ; vous pensez bien qu'il en faut des choses et des choses. Et Mlle Hannecou puise toujours et nous dévalise le plus légitimement du monde ; nous voudrions être dix fois plus riches pour qu’elle puisse nous piller dix fois davantage. En embrassant ces marmots quelle aime si naturellement, je suis tentée de l’embrasser elle aussi pour tant de bonté agissante. Je me contente de lui offrir un jeu de quilles qui sera la propriété de l’école et des bonbons pour tout son petit monde. 




Nous voici à Cambo, riche commune où cependant on nous désigne des garçonnets qui "méritent" un joujou et dare-dare nous filons à Itxassou où Mlle Caricaburu nous reçoit le mieux du monde, toute joyeuse du plaisir donné à "ses enfants". Un bouquet de mimosas m’est donné par une fillette. 




labourd autrefois pays basque cambo
CAMBO LES BAINS 1926
PAYS BASQUE D'ANTAN


Les petits garçons viennent à leur tour, parmi ceux de l’assistance il en est d'autres qui partiront satisfaits aussi. 



itaxssou autrefois pays basque défilé gorge
PAS DE ROLAND ITXASSOU 1926
PAYS BASQUE D'ANTAN



Nous traversons le pont suspendu pour regagner la rive gauche, à coté les ouvriers s’activent pour achever le nouveau pont qu'une crue du torrent a déjà enlevé une fois. 




Louhossoa ! l'heure est un peu tardive mais le ciel est encore orangé par les derniers rayons de soleil ; les enfants nous ont attendu, mais avant que nous arrivions à l’école un petit bohémien est venu inspecter le déballage de nos trésors — c’est un enfant lui aussi et il s'extasie quand il reçoit un sac de billes — maintenant il voudrait tout le reste... les poupées aussi peut-être ? 




M. et Mme Bignalet sont aussi heureux que leurs petits élèves. Mme Bignalet et sa gentille adjointe mettent à sec la caisse des lainages, il ne me reste plus rien peur Espelette où nous attend seule, en raison de l’heure un peu tardive, l’institutrice Mme Lalanne. J’abandonne entre ses mains tout un stock de réserve de joujoux et des chocolats — mais cela ne fait pas son affaire — elle a telle et telle famille bien intéressante... et je promets d’envoyer par le commissionnaire des cadeaux utiles. 




cambo les bains autrefois
BASSEBOURE  CAMBO LES BAINS
PAYS BASQUE D'ANTAN



La nuit est noire. Nous rentrons, ayant traversé la belle vallée de Basseboure, puis Larressore et Ustaritz. La journée a été si remplie, si "fertile", que je suis grisée par la fatigue et les impressions à un point tel, qu'il m’est impossible de narrer le soir même les péripéties de la randonnée et que j’ai dû en ajourner le récit."





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