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mercredi 22 janvier 2025

UN CRIME À SARE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN MARS 1869 (deuxième et dernière partie)


UN CRIME À SARE EN 1869.


Un fait divers sordide secoue le village de Sare, en Labourd, habituellement paisible, en mars 1869.


pays basque autrefois pelote labourd fronton
PARTIE DE REBOT A SARE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta Le Petit Journal, dans son édition du 10 août 1869, sous la plume de P. 

Bordes :


Tribunaux.


Cour d'Assises Basses-Pyrénées. 


Présidence de M. de Bordenave-d'Abère, conseiller à la Cour impériale de Pau.


Audience du 7 août.


Affaire Murillo et consorts. 


Un drame à minuit dans la maison d'un médecin. -Assassinat et vol.

(Correspondance particulière du Petit Journal).



Murillo, après son interrogatoire et les déclarations des premiers témoins, a un peu perdu de son état de quiétude parfaite ; il semble aujourd'hui beaucoup plus préoccupé de sa situation ; son visage se colore à de rares intervalles, cependant, et seulement lorsqu'il est obligé de répondre sur une charge pressante, mais ses explications restent presque constamment à côté des questions qui lui sont posées, il évite avec adresse toute précision directe, surtout en ce qui touche sa présence dans la commune de Sare peu de temps avant le crime commis chez le docteur Diturbide, où plusieurs témoins affirment l'avoir vu portant une longue barbe et se livrant à la mendicité.



pays basque autrefois labourd pelote fronton
PARTIE DE PELOTE SARE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Cette exploration anticipée des lieux provoqua de sa part de fréquentes interruptions ; il adjure que la justice fasse procéder à une enquête à Saint-Sébastien. Vainement les confrontations lui donnent un démenti ; il se débat et indique quels sont les effets que peuvent produire une pareille organisation.



En présence des déclarations du maire de la commune de Sare, de M. Diturbide et de ses domestiques qui ont entendu les dernières paroles de la victime, Murillo continue d'affirmer qu'il n'a pris à ce drame qu'une part inoffensive.



Mais, lui fait observer très judicieusement M. le président, comment alors pouvez-vous expliquer que le domestique assassiné, étant entré dans la chambre de Dargaïts, à la suite de vos deux complices, Rios et Esteban, ceux-ci, à la première alerte de la lutte, soient parvenus à fuir, tandis que vous seul avez été saisi par la victime qui, se sentant frappée, vous terrasse, vous mord le doigt, vous précipite par la fenêtre, d'où vous fuyez dans la direction où la gaine du poignard a été trouvée sur le bord d'un champ à côté d'un ruisseau que vous convenez avoir franchi, et où, sans nul doute, les taches nombreuses de sang dont vous étiez couvert ont disparu, ce qui n'a pas empêché qu'il en restât encore quelques-unes.



Ce faisceau de preuves matérielles et concluantes ne justifie-t-il pas que le poignard, auquel est resté attaché un morceau de cuir reconnu identique à celui de votre ceinture, est votre propriété et que c'est vous seul qui avez traversé le corps de Dargaïts de part en part.



Murillo continue son système de défense et de protestation. Les médecins qui ont procédé à l'autopsie du cadavre de Dargaïts ont constaté huit blessures faites à l'aide du poignard, mais surtout, celle dont nous avons déjà parlé et qui laissait échapper les intestins, et cependant la force de ce malheureux était telle qu'il a pu tenir son assassin pendant un quart d'heure sous son étreinte, et, enfin, dans un effort suprême, ses forces s'affaiblissant et tout secours faisant défaut, le précipiter par la fenêtre.



Murillo, comme nous l'avons dit, est un rude jouteur. Dans sa prison, à Bayonne, bien qu'il fut gardé avec des précautions extrêmes, à deux reprises différentes il a tenté de prendre la clef des champs ; peut-être était-ce pour courir après ses deux compagnons, qui sont, dit-on, passés en Portugal ou en Espagne. Quoiqu'il en soit, il avait déjà préparé un paquet de cordes et placé entre la semelle de ses souliers (il est cordonnier) un morceau de fer aiguisé comme un tranchet et ses enfants avaient garni son escarcelle de cent duros, qu'ils étaient parvenus à lui faire tenir dans de la viande. Mais les vérifications minutieuses du gardien-chef ont fait évanouir ces projets de fuite.



Enfin, comme couronnement des incidents remarquables qui se sont produits dans cette cause, la terreur et l'épouvante causées par cette attaque à main armée dans une habitation non isolée, a causé un tel affolement dans la contrée que les autorités locales françaises et espagnoles n'ont pas hésité à mettre à prix (500 fr. ou 1 000 fr.) les têtes des deux complices de Murillo, et à cet effet des battues ont été pratiquées journellement...



Franchement il faut convenir qu'une pareille mesure prise en plein 19ème siècle, est bien exceptionnelle.



L'audition des 39 témoins, la plupart ne parlant que l'idiome basque, a tenu toute l'audience ; nous avons reproduit les côtés les plus saillants de ces témoignages.



Demain auront lieu les réquisitoire et plaidoirie, ainsi que le verdict du jury.



pays basque autrefois sare labourd place
SARE 1869
PAYS BASQUE D'ANTAN

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Dépêche télégraphique.


Pau, 8 août, 7 h. 25 m, du soir.


Le verdict vient d'être rendu.


Il est affirmatif sur toutes les questions et muet sur les circonstances atténuantes.


En conséquence, Murillo est condamné à la peine de mort.


L'émotion est à son comble dans l'auditoire.


Murillo proteste de son innocence."






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