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samedi 11 janvier 2025

UNE ENQUÊTE SUR L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE EN 1833 AU PAYS BASQUE (deuxième partie)

 

L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE AU PAYS BASQUE EN 1833.


Après la loi Guizot du 28 juin 1833, une vaste enquête est lancée, en France, durant l'automne 1833, afin de connaître l'état de l'enseignement primaire.




pays basque enseignement primaire éducation 1833
CARTE BASSES-PYRENEES 1826




Voici ce que rapporta à ce sujet M. Hourmat dans le Bulletin du Musée Basque N° 24 en 1964 :



"Etude.

L'Enseignement Primaire dans le Pays Basque d'après l'enquête de 1833.



"B. — Arrondissement de Mauléon.


Canton d'Iholdy : l'inspecteur Montlezun visite 2 écoles à Saint-Just (575 h.), et les écoles de Aranshus, Ostabat, Asme, Larceveau-Cibits, Ibarolle, Bunus, Ibarre, Hosta, IrissarrySuhescun, Lantabat, Juxue, Iholdy (1 000 h.), ArmendaritsHélette (1 200 h.).


Sur les 18 communes du canton, 16 sont ainsi pourvues.


Arros, commune de 122 h., n'a pas d'instituteur ; Larceveau240 h., et Cibits (365 h.), se sont réunies pour l'entretien d'une seule école.



Canton de Mauléon : Si le chef-lieu (1 150 h.) n'a qu'une école primaire de garçons, Barcus, la commune la plus populeuse du canton (2 500 h.), a 4 écoles dont une dans "le quartier Lorreja-bas", une au "hameau de Gastelonde", et une autre au "hameau Malthe". 



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ECOLES ET RUE PRINCIPALE BARCUS
SOULE D'ANTAN


Chéraute (1 500 h.), a également 4 écoles dont 3 de "hameau" ou "quartier" : Péco-Ibarre, Ossain-Ibar, Gainco-harra.


Moncayolle, village de 650 h., a deux écoles dont celle de "Moncayolle-hameau".


Libarrens, Gottein, Mendy, Menditte, Aussurucq, Idaux, Garindein, Licharre, Musculdy, Ordiarp, Roquiague, L'Hôpital Saint-Blaise, Charritte-de-Bas, Undurein, Espès, Abense-de-Bas, Ainharp, sont toutes pourvues d'une école. Ainsi 21 communes sur les 28 que compte le canton de Mauléonsont pourvues. Encore faut-il ajouter que parmi les sept communes qui ne le sont pas, Arrast (180 h.) a un "instituteur clandestin" qui exerce illégalement.


Mendibieu (140 h.) avait un maître d'école : il vient de rejoindre l'Ecole normale de Pau.



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SOUVENIR DE MONCAYOLLE-LARRORY-MENDIBIEU
SOULE D'ANTAN


L'instituteur de Berrogain (Berrogain-Laruns) "est parti quand on lui a annoncé l'arrivée de l'inspecteur" ; peut-être était-il un "clandestin".


Larrebieu (118 h.), Viodos (440 h.), Larrory (170 h.), n'ont pas de maîtres d'école, comme le constate Montlezun.


Celui-ci ne mentionne guère la plus petite commune du canton : Saint-Etienne-de-Soule (110 h.).



Canton de Saint-Etienne : Le chef-lieu (3 500 h.), a trois instituteurs dont un à Baigorry-Urdos. Mais la commune d'Ossès (2 100 h.) en a quatre, dont celui d'Ossès-Saint-Martin et celui de "la section d'Ahaïce". Bidarray (1 500 h.) a deux maîtres d'école ainsi que les Aldudes (2 300 h.). AscaratLasse, Anhaux, Irouléguy, Banca dit La Fonderie, ont toutes un instituteur communal. Ainsi toutes les communes du canton sont pourvues.



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ECOLE DES FILLES BAIGORRY
BASSE-NAVARRE D'ANTAN



Canton de Saint-Jean-Pied-de-Port : L'inspecteur Montlezun a visité trois écoles primaires de garçons au chef-lieu du canton (1 800 h.) ; la commune de Saint-Michel a deux instituteurs, dont celui de "la section d'Esterençuby". Gamarthe, Ainhice-Mongelos, Lacarre, Bustince-Iriberry, Jaxu, Ispoure, Ahaxe, Alciette-Bascassan, Lecumberry, Mendive, Behorléguy, Aincille, Çaro, Saint-Jean-le-Vieux (1 200 h.), ArnéguyUhart-Cize, ont toutes une école ; Bussunarits (314 h.) et Sarrasquette (190 h.) se sont réunies pour subvenir aux frais d'une école communale. Les 20 communes du canton ont ainsi leur école.



Canton de Saint-Palais : Ont été inspectées les écoles de Saint-Palais, Berraute, Domezain, Ithorots-Olhaïby, Etcharry, Aroue, Oyhercq, Osserain, Sussaute, Arberats, Arbouet, Camou-Mixe, Aicirits, Uhart-Mixe, Pagolle, Lohitçun, Larribar, Ilharre, Labets, Gabat, Amendeuix, Beguios, Luxe, Beyrie, Orsanco, Masparraute, Orègue.


Arraute (550 h.) et Charritte-Mixe (210 h.) se sont réunies pour payer un instituteur communal ; ont fait de même Amorots (350 h.) et Succos (133 h.) ; Béhasque (200 h.) et Lapiste (210 h.).


Le rapport d'inspection ne mentionne guère les communes de Garris (500 h.), Oneix (150 h.), Rivareyte (130 h.), Sillègue (100 h.), Sorhapuru (220 h.), Suhast (150 h.), Somberraute (175 h.), Biscay (150 h.), soit 8 communes sur 41.



Canton de Tardets : Le chef-lieu a deux maîtres d'école, ainsi que Montory, plus peuplé (1 300 h.). Dix-sept communes ont un instituteur communal : Sauguis, Trois-Villes, Sorholus, Abense-de-Haut, Alçay-Alçabehety et Sunharette (260 h.), Lacarry, Alos, Haux, Licq, Sainte-Engrâce, LarrauEtchebar, Lichans, Ossas, Caniou-Sihigue (Camou-Soule), Suhar, Charritte-de-Haut. Mais Sibas (130 h.) et Sunhar (86 h.) se sont réunies pour "entretenir" un instituteur, ainsi que Laguinge (185 h.) et Restoue (90 h.). Dans le canton une seule commune n'est pas mentionnée : Atherey (250 h.).



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MAIRIE ET MAISON D'ECOLE LICQ-ATHEREY
SOULE D'ANTAN



Ainsi dans l'arrondissement de Bayonne, sur 41 communes "basques", 3 sont dépourvues de maître d'école : BassussarySerres, Halsou. Ce sont les villages de plus faible population.



Dans l'arrondissement de Mauléon, sur 140 communes, 17 sont dépourvues d'écoles primaires et 14 se sont groupées pour payer à deux, l'instituteur.



La carte scolaire du Pays Basque en 1833 est somme toute satisfaisante, eu égard à la dispersion de la population rurale et à la faible ou très faible population de nombreuses communes de Soule et de Basse-Navarre (13). Près de la moitié de celles du canton de Tardets ont moins de 300 h. ; il en est de même dans le canton de Saint-Palais. Ces très minimes communautés (14) ne disposaient que d'un budget dérisoire : l'instituteur communal ne pouvait guère en attendre un sort convenable. L'enquête de 1833 nous permet de le préciser.


Quels étaient les revenus des maîtres d'école ?


Bon nombre touchait un "traitement fixe". Mais le fait ne saurait avoir une signification réelle et mériter une étude statistique : ce traitement imposait en retour, au maître d'école, un nombre plus ou moins élevé d'"élèves gratuits" et diminuait en partie le nombre des élèves payant une rétribution mensuelle, ou plus rarement annuelle. L'instituteur communal de Lahonce recevait 200 F. de traitement et devait accepter 25 élèves gratuits, les "payants" versant une rétribution de 60 centimes par mois. Si Dachary, maître d'école à Mouguerre, ne percevait qu'un traitement de 100 F., 10 élèves seulement avaient droit à la gratuité de l'instruction, et si Devert, instituteur à Saint-Pierre-d'Irube n'avait aucun traitement fixe, la rétribution scolaire s'élevait ici à 1 F. pour ceux qui apprenaient à lire et à 1,5 F. pour les "écrivains". On ne saurait dès lors conclure à l'avantage du maître d'école qui percevait un "traitement fixe". Cependant ce dernier offrait une garantie que la mauvaise volonté des parents et une fréquentation scolaire très irrégulière ne présentaient guère. La diversité du traitement était grande d'une commune à la commune voisine.



Dans l'ensemble, les instituteurs de l'arrondissement de Bayonne se trouvaient plus favorisés. Etchart, maître d'école à Ainhoue, recevait 400 F. pour 40 élèves gratuits. Ce chiffre est exceptionnel, les traitements de 150, 200, 250 F. étant les plus fréquents. (Cambo, Espelette, Sare, Bonloc, Saint-Esteben, Méharin, Ayherre, Isturits, Ascain, Bidart, Biriatou, Ahetze, Jatxou, Saint-Pée...). Mais à Arbonne et à Briscous, la commune n'assurant aucun traitement fixe, tous les élèves payaient une rétribution de 0,5 F. à 1,50 F., selon le degré de l'instruction dispensée. Les postes les plus enviés étaient ceux pour lesquels le traitement de 200 à 300 F. n'imposait au maître d'école qu'un faible nombre de "gratuits" : ainsi à Ustaritz.



L'arrondissement de Mauléon offrait une non moins grande diversité de conditions : dans l'ensemble elle ne saurait cacher une diminution des revenus du maître d'école. Les traitements fixes n'y atteignaient les 150 ou 200 F. que grâce aux métiers ou occupations annexes de l'instituteur : ceux de chantre, carrillonneur, secrétaire de mairie. Souvent le "contrat" passé entre le maître d'école et la municipalité, fixait un chiffre global (Arhansus, Libarrens, Mauléon, Lasse, etc.).



Très souvent, le traitement fixe était inférieur à 100 F. : 75 F. à Licharre, pour huit élèves gratuits ; 48 F. à Undurein60 F. à Oyhercq, 80 F. à Osserain, 75 F. à Sibas-Sunhar, 20 F. à Lacarry et l'école était gratuite, ce qui, tout de même, a de quoi surprendre ! La pauvreté de ces communautés expliquait la pratique courante des paiements en nature. Le maître d'école d'Arhansus recevait 150 F. en grains, avec quelques fruits et du vin au moment de la récolte ; à Suhescun, Hosta, Asme, Alciette-Bascassans, il percevait 200 F. en grains, 180 F. en grains à Lecumberry, Mendive, 150 F. en grains à Abense-de-Bas, 120 F. en grains à Saint-Michel, 100 F. en grains à ArnéguySussaute, Laguinge et Restoue et seulement 60 F. en grains à Lohitçun. Exceptionnellement le paiement était prévu mi-partie en argent et mi-partie en grains (aux Aldudes, Saint-Martin-d'Arossa, Béhorléguy). Les rétributions scolaires dues par les parents d'élèves pouvaient être également versées en grains : à Juxue, Bidarray, Arbérats, Camou-Mixe, Orsanco (3 F.), Lantabat, Charritte-de-Bas, Ainharp, Banca (2,5 F.), Labets (6 F. pour "les écrivains", et 3 F. "pour les autres"). Dans certains cas le groupe des parents d'élèves se substituait semble-t-il, à la municipalité, pour le paiement : à Anhaux, "la contribution annuelle" était imposée en grains sur tous les parents et aux Aldudes "chacune des 120 maisons paie en grains et en argent, 5 F., 3 F., 2 F." ; de même à Ossès (Horça), "chacune des 130 maisons paie dans la saison de récolte du froment, 2,5 F. en grain." A Oyhercq, "tous les parents paient en grains une valeur totale de 60 F."



Enfin le maître d'école était parfois nourri et même logé alternativement chez les parents de ses écoliers : à Chérauteceux-ci avaient le choix : verser 50 c. par mois par élève, ou ne verser que 30 c. à condition de nourrir le maître d'école. A Roquiague, "les habitants nourrissaient et logeaient alternativement" le maître d'école qui recevait en plus 50 c. par mois ; à Etchebar, l'instituteur communal demeurait "5, 6, 8 jours dans une famille". Certaines situations attristaient Montlezun : Ahaxe n'assurait qu'une "quantité de grains fort petite, d'une valeur de 90 F.", à son maître d'école ; mais Moncayolle détenait le triste record de la plus grande pauvreté "l'instituteur reçoit un peu de grains, en petite quantité ; les enfants ne lui paient rien, ils sont très pauvres, la misère est complète"... on nourrit le maître d'école, "comme par charité", "dans les maisons"."



A suivre...



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