PENDANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE LA CHASSE DES PALOMBES AU FILET CONTINUE AU PAYS BASQUE (première partie)

LA CHASSE AUX PALOMBES PENDANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE.

Durant la Seconde Guerre mondiale, la chasse au filet des palombes a été maintenue au Pays Basque, et en particulier à Sare.

CHASSE AUX PALOMBES AU FILET SARE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Voici ce que rapporta à ce sujet la presse locale dans plusieurs éditions :

• la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 3 octobre 1939 :

"La chasse à la palombe au moyen du filet est permise.

Une lettre de M. Queuille, ministère de l'Agriculture, à M. Georges Mandel, ministre des Colonies.

HENRI QUEUILLE 1945

M. Georges Mandel, ministre des Colonies, vient de recevoir de M. Queuille la lettre suivante :

"Paris, le 29 septembre 1939,

Mon cher ami,

Vous avez bien voulu, par lettre du 16 septembre 1939, appeler mon attention sur l'intérêt que présenterait en temps de guerre, dans les départements de la Gironde et des Landes, l'autorisation de la chasse des oiseaux de passage, au filet, sans fusil.

Je m'empresse de vous faire connaître qu'en ce qui concerne les oiseaux chassés comme nuisibles tels que la palombe et ses congénères (tourterelle, biser, etc.), rien ne s'oppose actuellement à leur capture au filet, sans fusil, dans les conditions prévues par les arrêtés préfectoraux relatifs à la police et à la règlementation de la chasse. Il s'agit là d'une destruction d'oiseaux pouvant nuire à l'agriculture et non de la chasse proprement dite.

La question est plus complexe en ce qui a trait aux oiseaux de passage non classés comme nuisibles et que la Convention internationale de 1902 n'a pas catalogués dans la nomenclature des espèces utiles ; tels l'alouette, l'ortolan et autres oiseaux analogues.

Tenant compte du désir que vous avez bien voulu m'exprimer, j'ai mis à l'étude la règlementation de cette chasse en temps de guerre, avec le souci de me référer aux dispositions adoptées de 1914 à 1918 et aussi de considérer l'appoint que la capture de ces oiseaux peut fournir au ravitaillement.

Je ne manquerai pas de vous faire connaître les décisions qui auront été prises à cet égard.

Bien cordialement.

Signé : Queuille."

FILETS PALOMBIERE SARE
PAYS BASQUE D'ANTAN

• la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 6 octobre 1939 :

"La chasse aux palombes.

Une décision préfectorale récente vient de combler les voeux de bien des chasseurs de notre coin tandis, il est vrai, qu'elle en plongeait d'autres dans l'amertume. Il s'agit de l'autorisation de chasser la palombe, mais au filet seulement. On peut imaginer l'amertume des fervents du fusil. Quant aux autres, ils préparent fébrilement leur matériel, mettent les lieux en état ; il y en aura qui seront prêts dans quelques heures. Voilà donc les célèbres chasses de Sare qui vont fonctionner. Et, non seulement pour la joie et le profit des chasseurs, mais aussi pour la satisfaction de nombreux étrangers désireux de voir une fois ces chasses dont ils ont tant entendu parler."

PALOMBIERE HARRI CHURICOA SARE
PAYS BASQUE D'ANTAN

• la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 11 octobre 1939 :

"La chasse aux palombes.

Nous disions, l'autre jour, qu'un arrêté préfectoral venait d'autoriser la chasse au filet pour la capture de la palombe. Les chasseurs de la région de Sare n'ont pas tardé à user de la permission qui leur était ainsi donnée. Les divers terrains de chasse qui sont aménagés à l'entrée des cols de la montagne au sud du village, ont été mis en état, les grands filets apportés, le personnel nécessaire désigné. Et l'on nous a assuré que l'ensemble fonctionnait ce matin. Nous souhaitons aux chasseurs et aux consommateurs que l'on prenne beaucoup de palombes."

RABATTEUR PALOMBIERE SARE
PAYS BASQUE D'ANTAN

• la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 13 octobre 1939 :

"A propos de la chasse.

Une protestation de la Fédération départementale contre la chasse de la palombe au filet.

La Fédération de chasse des Basses-Pyrénées nous prie d'insérer la protestation suivante dont elle a adressé copie à tous les parlementaires du département :

"La Fédération départementale de chasse des Basses-Pyrénées proteste contre la tolérance accordée aux "filetiers" de pratiquer la chasse à la palombe et autres colombidés à l'aide de leurs engins ;

Rappelant respectueusement à Monsieur le Ministre de l'Agriculture, le voeu adopté à l'unanimité par l'Assemblée générale des Fédérations de France, le 30 mai 1938, tendant à l'abolition de la pratique des filets pour la chasse maritime et terrestre ;

S'élèvent contre le qualificatif d'"oiseau nuisible" appliqué aux colombidés pour prétexter la tolérance dont il s'agit, étant avéré :

1° Que dans les contrées où la palombe se reproduit, même en France, les chasseurs de l'endroit ne la détruisent pas ou la chassent très peu et que les agriculteurs eux-mêmes n'élèvent pas de protestation contre ses dégâts ; 

2° Qu'au moment où elle effectue son passage dans les départements du Sud-Ouest, la nourriture de la palombe se compose uniquement de glands, de faînes ou de strobile du pi et que, conséquemment, les dégâts invoqués ne sont que prétextes injustifiés ; 

La chasse de la palombe aux filets n'est pas pratiquée par des chasseurs au sens propre du terme. Elle est exercée par des Sociétés anonymes qui agissent à l'abri des tolérances, font une exploitation commerciale sans aucun rapport pour l'Etat puisqu'elle ne nécessite l'achat ni d'armes ni de munitions ;

Et de la tolérance qui leur est encore accordée aujourd'hui, il va résulter un fait : celui de favoriser les pratiquants de cette chasse réservée ;

Les chasseurs pyrénéens demandent en conséquence à Monsieur le Ministre de l'Agriculture de bien vouloir rapporter son arrêté d'autorisation de chasse au filet, et de maintenir pendant toute la durée des hostilités la défense de pratiquer la chasse sur l'ensemble du territoire français et des colonies, tant au fusil qu'au filet ou par tout autre système que ce soit ;

Prient M. le préfet et tous les représentants du département de vouloir intervenir en vue de la prise en considération de cette demande à la fois morale et équitable.

Le conseil d'administration."

A suivre...

Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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