UN BIARROT BIGAME ET FABRICANT DE FAUSSE MONNAIE AU TRIBUNAL EN MARS 1895
UN BIARROT AU TRIBUNAL EN 1895.
La bigamie est prohibée en France depuis une loi du 17 mars 1803. Elle est codifiée à l'article 147 du Code civil et constitue un délit pénal au titre de l'article 433-20 du Code pénal.
ROUTE DU PHARE BIARRITZ PAYS BASQUE D'ANTAN
Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien La Loi, le 22 mars 1895 :
"Un bigame.
M. Chabiague (Noëlin Triomphant), âgé de 43 ans, né à Biarritz (Basses-Pyrénées), le 2 janvier 1852, comptable, demeurant à Paris, rue d'Aboukir, 121, a comparu, hier, devant la Cour d'assises de la Seine, sous l'accusation de bigamie.
Voici les faits tels qu'ils sont exposés dans l'acte d'accusation :
L'accusé a épousé à Paris, le 23 juin 1883, la demoiselle Elise-Louise-Victorine Armand, avec laquelle il a vécu jusqu'en 1891, époque à laquelle, fatiguées des mauvais traitements que lui faisait subir son mari, elle le quitta pour habiter Perpignan. Dans les derniers mois de l'année 1892, il entra en relations avec les époux Scapt, demeurant à Paris, 15, rue Poissonnière, courtisa leur fille Justine et demanda sa main qui lui fut accordée. Il n'ignorait pas cependant que sa première femme vivait toujours. Pour obtenir le consentement de son père, le sieur Armand Chabiague, propriétaire à Biarritz, il lui écrivit qu'elle était décédée en 1892, et son mariage avec Justine Scapt fut ainsi célébré le 8 février 1894 à la mairie du deuxième arrondissement de Paris, où il avait pris la qualité de célibataire.
Non content d'être entré ainsi, en commettant le crime de bigamie, dans la famille de Scapt, il se fit remettre à l'aide de faux, des sommes importantes par ce dernier. Il s'était donné comme n'ayant peu de fortune, son père cependant, disait-il, avait l'intention de lui donner quelqu'argent, mais n'ayant pas de capitaux disponibles pour l'instant, il avait souscrit à Scapt, ou à son ordre cinq billets de 500 francs chacun. L'accusé proposa donc à Scapt d'escompter ces billets. Scapt accepta et lui versa ainsi 2 500 fr. qu'il ne pourra jamais recouvrer. Chabiague père, ayant fait savoir, à leur échéance, qu'il ne devait rien et n'avait jamais signé les valeurs en question. L'accusé reconnaît qu'elles sont en entier son oeuvre mais conteste avoir commis aucun faux parce qu'il les a signées de son nom. Cette explication n'est pas sérieuse attendu que les billets qu'il a fabriqués comme émanant de son père portant la signature : A. Chabiague, propriétaire, route du Phare, à Biarritz, qui est bien le nom et l'adresse de son père, tandis que lui-même s'appelle Noëlin-Triomphant Chabiague, agent d'affaires, n° 121, rue d'Aboukir, à Paris.
Il a subi six condamnations dont une pour désertion et deux pour abus de confiance.
HUMOUR : BIGAMIE
En conséquence, Chabiague est accusé :
1° D'avoir le 8 février 1894 à Paris, étant engagé dans les liens du mariage avec Elise-Louise-Victorine Armand, contracté un second mariage avec Justine Scapt, avant la dissolution du précédent.
2° D'avoir, en 1894, à Paris, commis le crime de faux en écriture privée :
1) En fabricant ou faisant fabriquer un billet de la somme de 500 francs en date à Biarritz du 25 février 1894, payable fin mars suivant, à Scapt ou à son ordre, causé valeur en compte et en y apposant frauduleusement la fausse signature A. Chabiague, propriétaire, route du Phare à Biarritz.
2) En fabricant ou faisant fabriquer un billet de la somme de 500 francs en date à Biarritz du 25 février 1894, payable fin mars suivant, à Scapt ou à son ordre, causé valeur en compte et en y apposant frauduleusement la fausse signature A. Chabiague, propriétaire, route du Phare à Biarritz.
3) En fabricant ou faisant fabriquer un billet de la somme de 500 francs en date à Biarritz du 25 février 1894, payable fin mars suivant, à Scapt ou à son ordre, causé valeur en compte et en y apposant frauduleusement la fausse signature A. Chabiague, propriétaire, route du Phare à Biarritz.
4) En fabricant ou faisant fabriquer un billet de la somme de 500 francs en date à Biarritz du 25 février 1894, payable fin mars suivant, à Scapt ou à son ordre, causé valeur en compte et en y apposant frauduleusement la fausse signature A. Chabiague, propriétaire, route du Phare à Biarritz.
5) En fabricant ou faisant fabriquer un billet de la somme de 500 francs en date à Biarritz du 25 février 1894, payable fin mars suivant, à Scapt ou à son ordre, causé valeur en compte et en y apposant frauduleusement la fausse signature A. Chabiague, propriétaire, route du Phare à Biarritz.
6) En faisant usage des dits billets faux, sachant qu'ils étaient faux.
Crimes prévus par les articles 340, 150, 151, loi du Code pénal.
A l'audience, Chabiague s'est borné à faire cette déclaration :
"Je croyais ma première femme morte. Si je me suis dit célibataire c'est que Mlle Scapt déclarait qu'elle n'aimait pas les veufs."
Après réquisitoire de M. l'avocat général Lombard et plaidoirie de M. Daniel Cogniet, la Cour, sur un verdict affirmatif du jury, a condamné Chabiague à 10 ans de travaux forcés."
Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.
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