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jeudi 9 janvier 2025

LE CAMP D'INTERNEMENT DE GURS EN BÉARN EN AOÛT 1940

LE CAMP DE GURS EN 1940.


Le camp de Gurs était situé en Béarn, à 20 km à l'Est d'Oloron-Ste-Marie et à 5 km de Navarrenx, dans le département des Basses-Pyrénées.


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CAMP DE GURS
BEARN D'ANTAN


Le camp de Gurs était un camp d'internement construit en France à Gurs près d'Oloron-Sainte-Marie dans les Basses-Pyrénées (actuellement Pyrénées Atlantiques) par le gouvernement d'Edouard Daladier entre le 15 mars et le 25 avril 1939 pour interner les personnes fuyant l'Espagne (Républicains espagnols, combattants des Brigades internationales) après la prise du pouvoir du général Franco.



Au début de la Seconde Guerre mondiale, le même gouvernement y interna des étrangers ressortissants des pays en guerre contre la France ainsi que des militants du Parti communiste français, favorables au Pacte germano-soviétique.



Après l'armistice du 22 juin 1940, signé avec l'Allemagne par le gouvernement français de Pétain, le camp fut utilisé comme camp d'internement mixte pour des Juifs de toutes nationalités — sauf français — capturés et déportés par le régime nazi dans des pays sous contrôle (Allemagne, Autriche, Belgique, Pays-Bas). Près de 4 000 juifs furent transférés au camp de Drancy, entre le 6 août 1942 et le 3 mars 1943, puis en Pologne au camp d'Auschwitz où ils furent presque tous assassinés.



Voici ce que rapporta au sujet du camp de Gurs, le quotidien La France au Travail, le 6 août 1940 :



"La Garde Mobile, tyran domestique.



On peut dire de la garde mobile qu'elle est deux fois impopulaire : le 6 février et les jours suivants, elle se déconsidérait en prenant la défense armée des complices de Stavisky... Le 19 mars 1937, elle tirait sur les ouvriers au cours des émeutes sanglantes de Clichy.



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MANIFESTANTS ET GARDES MOBILES CLICHY 19 MARS 1937
REGARDS 25 MARS 1937



La population parisienne n'est pas près d'oublier de si doux souvenirs. Aussi bien la garde mobile a-t-elle suivi dans la zone... inoccupée, son gouvernement naturel.



Il n'est dès lors pas étonnant qu'elle y continue ses exploits. Car cette troupe policière, bien payée et bien nourrie, préposée à la surveillance de ceux qui se battaient pour 10 sous par jour, a consenti la retraite sans renoncer à la tuerie. Seulement, elle ne s'attaque plus qu'aux prisonniers. C'est plus commode et moins dangereux.



C'est à Gurs, dans les Basses-Pyrénées, qu'elle occupe ses loisirs forcés. C'est à Gurs, en effet, que sont internés la plupart des prisonniers politiques. C'est à Gurs qu'on assassine les militants ouvriers.




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REFUGIES ESPAGNOLS CAMP DE GURS
BEARN D'ANTAN



Car tous n'ont pu s'enfuit au cours de leur exode forcé de la prison de la Santé. Beaucoup ont connu pire, roulant des nuits et des journées entières dans des voitures cellulaires, cantonnés deux par deux dans des cabines étroites où ils ne pouvaient ni se coucher ni s'asseoir et contraints de faire leurs besoins sur place... Enfin, c'est à coups de crosses de fusils et baïonnettes qu'on les a finalement parqués dans ce camp déjà trop fameux, cerné d'une double haie de fils barbelés. Mais laissons la parole aux victimes :


Ici, écrit Fauré, tout est sujet à brimades et humiliations. Nous souffrons toujours de la faim. Nous pouvons recevoir des colis, mais, si nous avons un paquet de cigarettes, on nous le casse en deux ; les tubes de dentifrices sont coupés dans le sens de la longueur ; les cahiers sont déchirés ; les gâteaux et le chocolat sont brisés... et nous serrons les poings sans rien pouvoir. Le courrier n'est pas distribué et un adjudant s'est vanté d'avoir gardé, par mesure disciplinaire, pour nous dresser, 1 000 lettres, 70 mandats et 50 colis... Des individus malpropres nous ont amené des poux et nous faisons la chasse toute la journée à la vermine et aux rats — des rats énormes qui viennent sur nous la nuit. Il n'y a aucune hygiène dans ce camp ; 2 lavabos et 7 robinets pour 1 000, et les w.-c. d'un type moyenâgeux. On n'ouvre l'eau que 3 heures le matin et 3 heures l'après-midi. Le service sanitaire est inexistant. Nous n'avons pas même de comprimés d'aspirine. Aussi, depuis notre arrivée, un pauvre vieux de 62 ans est mort faute de soins. Des cas de scorbut sont déclarés.



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CAMP DE GURS
BEARN D'ANTAN


Des cas de scorbut... et aussi de dysenterie ! Aujourd'hui, c'est la contagion. Demain, ce sera l'épidémie.



Et de cette façon, MM. Daladier, Mandel et Reynaud seront assez vengés ; la garde mobile exécute fidèlement leurs volontés posthumes. Faute d'avoir pu mener leurs ennemis au poteau d'exécution, ils organisent pour eux une mort médicalement préparée. Et puis, il y a la provocation...



A chaque instant, écrit encore un autre détenu, les gardes nous promettent de descendre ceux qui broncheraient. Tout est prétexte à coups de fusils. A Ovard, c'est notre camarade André Lambert, délégué des cimentiers du pont de Saint-Cloud, qui a été tué en plein sommeil. Le 1er juillet, on a ramené un soldat avec une balle dans le ventre. Et nous avons un fusil-mitrailleur toujours en batterie, jour et nuit, à chaque coin du camp.



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CAMP DE GURS
BEARN D'ANTAN


Chaque jour qui passe amène une funèbre nouvelle : l'assassinat organisé continue, comme à Clichy. Et cependant, les injures pleuvent : canailles, bandits, etc. Les gardes mobiles traitent ainsi des hommes qui, durant des mois, étaient en première ligne et faisaient leur devoir deux fois dangereusement.



"Si un jour je revois ceux du 19e bataillon de chasseurs, avec qui j'ai accompli 7 mois de front, ils me prendront pour un Marseillais quand je leur dirai que, calibré depuis Orléans comme Parachutiste, j'ai été lardé de coups de baïonnettes par la mobile !" écrit Varloteau, du syndicat des métaux.



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CAMP DE GURS
BEARN D'ANTAN



Car les policiers en armes ne reculent devant rien : à la cruauté qui paraît leur être naturelle ils ajoutent la mauvaise foi. Cependant que les familles de leurs victimes, demeurées pour la plupart à Paris, se désespèrent de leur impuissance.



Il faudrait tout de même que, sans attendre davantage, le gouvernement de Vichy prenne l'initiative rapide d'une amnistie générale ; il est impossible qu'il soit sincère en organisant la paix s'il continue à tenir dans les bagnes de Gurs et d'ailleurs les gens que, par voie de conséquence, il continuerait de considérer comme des témoins trop gênants.



Ceux qui se sont élevés contre la guerre impérialiste demeurent les seuls véritables défenseurs du peuple français. Leur libération n'est pas affaire de justice : elle est affaire de gouvernement... ou de révolution. Nous saurons bientôt ce que l'on veut de l'autre côté de la... barricade.



Mais qu'on prenne garde : la complicité est punie comme le crime. Ceux qui mourront à Gurs auront des vengeurs."



(Source : http://archives.le64.fr/ et https://fr.wikipedia.org)




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