UNE EXPOSITION DE VITRAUX ET DE MOSAÏQUE D'ART MAUMÉJEAN FRÈRES À PARIS EN 1927
UNE EXPOSITION MAUMÉJEAN À PARIS EN 1927.
C'est au début des années 1920 qu'est édifiée à Hendaye une immense manufacture de verrerie par les frères Mauméjean.
BUREAUX MAUMEJEAN A PARIS
Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien Comoedia, le 11 décembre 1927 :
"Une exposition de vitraux et de mosaïque d'art.
L'art du vitrail, si riche en manifestations précieuses, si puissamment évocateur de la sensibilité humaine aux âges les plis contrastés de notre histoire, a trouvé de nos jours de véritables apôtres en trois maîtres verriers et mosaïstes d'art : les frères Mauméjean. Les amateurs des arts du feu se souviennent encore des manifestations diverses auxquelles ont participé les frères Mauméjean dans le courant de cette année. A Paris, au Salon de la Société nationale des Beaux-Arts et au Musée du Jeu de Paume, à l'Exposition du grand séminaire d'Arras et à l'Exposition d'art liturgique à Toulouse ; enfin, plus récemment, à Bayonne, les frères Mauméjean ont affirmé d'une manière décisive une maîtrise incontestée. Leur exposition de vitraux, mosaïques, cartons et esquisses, dans les salles de la mairie de Bayonne, mises gracieusement à leur disposition, fut organisée sous le haut patronage du ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts. Elle remporta le succès le plus éclatant et le souvenir en sera durable parmi ceux qui ont eu la joie d'en dénombrer les richesses et d'y goûter dans sa plénitude une émotion d'art de la plus rare qualité.
Cette fête artistique, imposante et somptueuse, réunissait quelques-uns des spécimens les plus significatifs de l'admirable technique des trois grands artistes :
Les scènes de l'ancien et du nouveau testament, réduction des quarante-huit vitraux destinés à l'église Saint-Jean-Baptiste de Pawtucket (Etats-Unis), offrent une gamme de bleus et de jaunes dont la richesse éclatante illustre des thèmes traités avec une ampleur et un goût remarquables.
La Madeleine aux pieds du Christ, fragment de quarante vitraux en exécution pour le sanctuaire de Sainte-Thérèse-de-l'Enfant-Jésus, à Paris, n'en est pas moins digne d'être admirée pour l'opposition vigoureuse et très étudiée des violets et des rouges.
Entre tant d'autres oeuvres, il convient de signaler surtout la Glorification du bienheureux M. Garicoïts, verrière circulaire de six mètres de diamètre, destinée à la nouvelle chapelle de Bétharram et qui offrait la splendeur fastueuse de ses couleurs, la sûreté aisée de sa composition, le charme puissant et doux d'une imagination vibrante et curieusement inspirée.
COUPOLE VITRAIL MAUMEJEAN CHAPELLE DE BETHARRAM BRARN D'ANTAN
A côté de ces chefs-d'oeuvre de l'art religieux, se groupaient des compositions profanes, non moins originales et non moins achevées. Voici les panneaux qui valurent aux frères Mauméjean le Grand Prix à l'Exposition internationale des Arts décoratifs de 1925, à Paris : La Douleur et la Scène andalouse destinée à l'une des baies d'une des plus riches villas de Biarritz.
PAVILLON MAUMEJEAN PARIS EXPO ARTS DECORATIFS 1925
L'exposition était également riche en mosaïques. La Vierge de Douleur enrichira de son émotion contenue, mais si grave, le monument aux morts de La Bresse, dans les Vosges, tandis que Les Six Vertus atteignent à une ampleur décorative d'un accent et d'un relief admirables. Non moins attachante aussi, mais pour des raisons différentes, une mosaïque profane intitulée Ruines d'un temple grec à Bysance, d'un sentiment exquis et d'une combinaison de couleurs dégradées, avec un parement de nacre et de smeltes.
MONUMENT AUX MORTS 88 LA BRESSE
Ce qui, ici, est peut-être le plus digne de remarque, c'est la diversité des techniques au service d'essais d'inspirations rigoureusement dissemblables.
La multiplication des cellules, poussée à son point extrême de perfectionnement, a permis de rendre la lumière plus vivante et plus sensible en la filtrant en quelque sorte, grâce à une grande richesse de transparence. MM. Mauméjean se sont demandé, voici déjà longtemps, s'il convenait d'accepter cette sorte d'orthodoxie moderne qui proclame, d'un dogme implacable, le tort qu'inflige la peinture à la vitalité du verre. Sans méconnaître la part de vérité de cette conception, il leur est justement apparu que sur celles de leurs oeuvres qui mériteront de demeurer, l'influence et l'action profondes du temps imposeront cette patine qui donne aux chefs-d'oeuvre du passé leur caractère émouvant et leur beauté mystérieuse et touchante. Ainsi, devançant l'oeuvre patiente des années, la cendre impalpable et divine qu'elles déposent sur les oeuvres des hommes, s'y associant pour ainsi dire, les maîtres verriers n'ont pas hésité à employer de légères touches transparentes de grisailles et de jaunes à l'argent destinées à réunir les ombres et les clairs sous une forme de sertis dédoublant la trame des plombs.
La construction plane des vitraux devait aussi se poser à eux comme un problème d'une importance primordiale. Les saillies géométriques qui semblaient pouvoir le résoudre offraient l'inconvénient rédhibitoire de ne pas assurer aux vitraux une résistance suffisante à l'action destructrice, lente mais certaine, du temps. MM. Mauméjean ont adopté un autre procédé qui atteint au but souhaité : ils ont fait couler des verres d'épaisseurs et de convexités différentes qui réalisent admirablement l'ambition qu'a tout artiste de traduite dans ses aspect multiples la réalité vivante.
VITRAIL MAUMEJEAN EGLISE FONTARRABIE GIPUZKOA PAYS BASQUE D'ANTAN
A cet égard, il était particulièrement significatif de confronter les oeuvres inspirées des styles archaïques et classiques que nous offraient MM. Mauméjean, avec leurs oeuvres d'inspiration personnelle. Profitable étude et qui témoignait de l'enrichissement de l'artiste du XXe siècle qui, nourri de l'enseignement du passé, n'en a pas moins le sens des aspirations et du goût de son époque.
Discerner la grande direction de l'effort des frères Mauméjean, héritiers de deux générations de maîtres verriers, tel a été notre propos. Leur "cas", leur exemple illustrent admirablement l'utilité, pour fortifier et grandi les âmes, d'une forte atmosphère familiale, professionnelle et locale. Leur ferveur d'artistes est une tradition, elle a en eux des attaches profondes et des prolongements. C'est une des raisons de leur complète réussite. C'est aussi peut-être là qu'il faut reconnaître le secret de la merveilleuse intuition avec laquelle ils ont ressuscité l'esprit humble et magnifiquement poignant des premiers âges du vitrail, quand les pauvres gens sentaient leur âme transfigurée en épelant les signes adorablement simples qui s'offraient à leur misère. L'avenir du vitrail est un rôle décoratif. Il ne le remplira que s'il est riche en couleurs, simple de technique, précieux dans sa matière."
Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.
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