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lundi 2 octobre 2023

LES "PROVINCES VASCONGADES" ET LE ROYAUME DE NAVARRE EN 1808 (première partie)

LES "PROVINCES VASCONGADAS" ET LE ROYAUME DE NAVARRE EN 1808.


Les "provinces Vascongades" désignent trois territoires du Pays Basque Sud : l'Alava, la Biscaye et le Guipuscoa.




pais vasco antes vascongadas provincias
PROVINCES VASCONGADES ILLUSTREES
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien la Gazette Nationale ou Le Moniteur Universel, le 7 

octobre 1808 :



"Mélanges. — Voyages. 

Détails géographiques et statistiques sur les trois provinces dites Vascongades, savoir, de la Guipouscoa, de la Biscaye et de l'Alava, ainsi que sur le royaume de Navarre

(Extrait des Annales des Voyages. ) 



Ces quatre provinces se ressemblent par plusieurs traits ; leurs habitants parlent une même langue qui diffère non seulement de l’espagnol, mais de tous les idiomes anciens et modernes d’Europe ; elles sont limitrophes, et formées en grande partie par les Pyrénées. 



Le sol de ces provinces est extrêmement montueux : Guipouscoa surtout peut être regardée comme une montagne non interrompue. Le Jaitzquibel s’étend depuis le cap Higuer jusqu‘au port du Passage ; parmi les monts qui séparent cette province de la Navarre, on distingue l’Aralar et l’Alzania ; la voie militaire des Romains traversait ce dernier ; et le nom du premier, par sa ressemblance avec celui d’Ararath, où la Genèse dit s'être arrêtée l’arche de Noé, a donné lieu à de ridicules dissertations, où l’on a prétendu prouver que la langue basque remonte à l'époque du déluge. 



L'étendue de Guipouscoa est fort peu considérable ; sa plus grande longueur est de quinze lieues du nord au sud, et de neuf de l’est à l’ouest. La côte de cette province s’étend l'espace de neuf lieues ; on y trouve les ports de Fontarabie, Passage, Saint-Sébastien, Orio, Zarauz, Guetaria, Zumaya, Deva et Motrico



La Guipouscoa est divisée en vingt partidos, trois alcaldias, quatre unions, et vingt-huit bourgs séparés. (Le district d’Ognate, quoique enclavé dans cette province, n’en dépend point.) Il faut remarquer que les bourgs ou villes qui donnent leur nom à un partido ou district n’en sont pas le chef-lieu ; car la constitution de Guipouscoa veut que toutes les communes de cette province soient parfaitement égales, de sorte que le titre de capitale que quelques auteurs donnent à Tolosa ne peut lui convenir. 



Le climat de Guipouscoa est doux et tempéré ; et, quoiqu'elle soit plus septentrionale qu’Alava, elle est moins froide en hiver, et les chaleurs de l'été sont bien plus supportables que dans cette dernière province. On doit cette douce température aux vents de mer qui rafraîchissent l’atmosphère en été, et l'échauffent en hiver. Les pluies sont très fréquentes et les orages violent, surtout en décembre et Janvier, époque où la foudre tombe plus souvent que dans la saison des chaleurs. L’humidité et la chaleur douce de l'atmosphère entretiennent dans la Guipouscoa une verdure éternelle ; les vallées et les coteaux y rappellent les jardins d'Alcinoüs. 



C'est à ces avantages du climat que les habitants doivent la santé robuste dont ils jouissent, et la longévité dont les Guipouscoans offrent tant d'exemples. Il n’est pas rare de voir des vieillards de quatre-vingt-dix ans, et même des centenaires qui arrivent à ces confins reculés de la vie, sans éprouver ni la caducité, ni ces symptômes qui ailleurs rendent la vieillesse un objet de dégoût et de compassion. Les Guipouscoans sont d’un caractère ouvert et gai, qui contraste avec la morne et froide gravité des Castillans ; ils aiment les jeux qui exigent de l'adresse et de la force ; leurs femmes même y excellent quelquefois, et l’on en trouve qui rivalisent avec les hommes à lancer la paume. D’autres femmes font le métier de bateliers, et rament aussi bien que les hommes les plus vigoureux. 



Les traits des Guipouscoannes sont en général réguliers ; leur teint annonce la vigueur, mais elles manquent de cette mollesse, compagne des grâces. L'habillement des femmes du peuple est un jupon de bayetu ou de calmande avec des raies de différentes couleurs, une espèce de spencer ou casaque, le plus souvent de toile peinte ; au lieu de souliers, elles portent une sorte de sandales en cuir qu’on nomme abarcas. Voici l'habillement des hommes : culotte blanche de toile ou de drap de Ségovie, des abarcas en cuir comme celles des femmes, bonnet de drap, dont la forme varie dans les différents villages, une sorte de carmagnole rouge, et capote de drap. Les propriétaires de la portion de terre exigée par la loi pour avoir voix aux assemblées des communes, s’y rendent en habits français, de drap noir, et en bas de soie blancs ; ce costume est de rigueur. 



pais vasco antes mujer guipuzcoa
FEMME DE LA BASSE GUIPUSCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN



Les Guipouscoans aiment beaucoup la danse, et surtout celle nommée zorcicos, qui leur est propre. Un autre amusement qu’ils goûtent avec passion, c’est la joute des jeunes taureaux (novillos) , et chaque village ne manque jamais de célébrer les jours consacrés au saint son patron, par cette fête. 


euskal herria lehen dantza aurresku vascongadas gipuzkoa
DANSE AURRESKU
PROVINCES VASCONGADES




La Guipouscoa produit des grains et des fruits de toute espèce, mais en bien moindre quantité qu’il n’en faudrait aux habitants pour se nourrir : encore n'arrachent-ils à la terre une mince récolte qu'à force de travaux inouïs. Le sol est si montueux, qu’il faut ensemencer non seulement le peu de plaines et de vallées qu'il y a dans la province, mais même des coteaux élevés, d’une pente très rapide et presque perpendiculaire. Les hommes s’attachent avec des cordes pour grimper sur des rochers inaccessibles, afin d'y trouver un peu de terre ; ce ne sont pas des animaux qui labourent, ce sont des hommes qui pour cela se servent d’un instrument de fer qu'ils appellent laya. Ils engraissent soigneusement les terres avec du fumier, de la chaux, du sable que la mer a couvert, des matières laissées à sec par la marée, et de la marne. Cependant, malgré l’attention soutenue des Guipouscoans pour la culture, le sol de la Guipouscoa est loin de pouvoir suffire à leurs besoins. 



Des forêts toujours vertes, des rochers à pic, des vallées délicieuses, un grand nombre de ruisseaux qui serpentent dans tous les sens, des torrents qui se précipitent des monts avec fracas, la mer qu’on découvre de presque toutes les éminences, le bruit des marteaux et des enclumes, des forges et des usines situées dans les parages les plus agrestes, et que la nature semblait avoir destinés au séjour des ours, donnent à la Guipouscoa l’aspect le plus pittoresque qu’on puisse imaginer. Dans les montagnes, le gibier est assez abondant, spécialement les oiseaux de passage ; on y rencontre aussi des cerfs, des chevreuils et des ours, mais il n’y  a point de lapins. 



La rente de la terre ne s’élève pas au-dessus de deux pour cent, encore faut-il en défalquer les frais d'entretien de l’habitation du colon, qui sont à la charge du propriétaire. Les terres sont très sous divisées dans cette province ; et ce morcellement, qui deviendrait très funeste dans un pays de plaine à grande culture, est ici très avantageux, parce que les travaux de la campagne ne peuvent être exécutés qu’à force de bras.



La Guipouscoa tire une partie des grains dont elle a besoin d’Alava et de Navarre ; le reste lui vient d'outre-mer. Elle achète ses vins aux Navarrois, son huile aux Andalous, et un grand nombre de boeufs gras qu’elle consomme aux Français. L'état florissant de ses mines de fer, de ses manufactures et de son commerce, fait que, dans un pays si maltraité par la nature tout se trouve en abondance et à bon marché. 



Les usines de Guipouscoa donnent tous les ans cent mille quintaux de fer d’excellente qualité. On en comptait quatre-vingt-quatorze en activité il y a quelques années ; ce nombre s’accroît sans cesse , et elles acquièrent chaque jour de nouveaux perfectionnements. Tout ce fer ne s’exporte pas ; une grande partie est manufacturée dans le pays, où l’on fabrique des clous, des fers à cheval, des serrures, etc."



A suivre...




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