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mardi 31 octobre 2023

L'EXPULSION DU GOUVERNEMENT BASQUE DE LEUR IMMEUBLE RUE MARCEAU À PARIS EN JUILLET 1951

L'EXPULSION DU GOUVERNEMENT BASQUE DE LEUR IMMEUBLE À PARIS EN 1951.


Le 28 juin 1951, le gouvernement Basque et la Ligue internationale des amis des Basques sont expulsés de leur domicile, situé 11 rue Marceau, à Paris, en application d'un jugement en faveur de Franco, rendu en 1943, sous l'occupation allemande.



pays basque autrefois paris gouvernement ligue expulsion 1951
SIEGE DU GOUVERNEMENT BASQUE 1951
11 AVENUE MARCEAU PARIS



Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien L'Aube, le 5 juillet 1951 :



"Après l'expulsion des Basques de leur immeuble de l'Avenue Marceau.


Mgr Mathieu témoigne de la haute moralité du gouvernement d’Euzkadi.



Le conseil de direction de la Ligue internationale des amis des Basques (section française) s'est réuni lundi, à Paris, sous la présidence de M. François Mauriac. Y assistaient : le président Francisque Gay, ambassadeur de France ; Mme Malaterre-Sellier ; M. Ernest Pezet, sénateur et secrétaire général de l'association ; M. Raymond Laurent, ancien ministre ; MM. Paul Rivet, Claude Bourdet, Raymond Vidal (S.F.I.O.), Maurice Lacroix ; Me Larrouyet, avocat à la Cour, le chef du cabinet de M. Guy Mollet, ainsi que M. Gamboa, venu spécialement d’Amérique pour représenter des collectivités basques d’outre-Amérique. 



Mgr Mathieu, évêque d’Aire et de Dax, et M. Maurice Schumann, président d'honneur du M.R.P., s'étaient excusés en envoyant l'expression de leur sympathie. 



Le secrétaire général, M. Ernest Pezet, a fait un exposé objectif et précis des faits et incidents ayant eu pour conséquence l'expulsion de l'association de son siège social, 11, avenue Marceau. La ligue a décidé de poursuivre tous les recours juridiques et autres lui permettant d’être réintégrée dans ses droits, ainsi que d'assurer la dévolution dudit immeuble à son propriétaire légitime ; cet édifice, malgré les versions tendancieuses ayant circulé ces jours derniers, n'a jamais été, jusqu’au jugement rendu sous l’occupation allemande, la propriété de l’Etat espagnol, ni, encore moins, du gouvernement qui le représente actuellement, ainsi que vient l’attester à Paris, M. Gamboa, au nom des donateurs basques d'Amérique. 



Un Livre Blanc.



L'association a décidé de publier un Livre Blanc de cette grave affaire, avec les documents officiels. 



Le secrétaire général a donné lecture des câblogrammes des colonies basques du Mexique et de Venezuela affirmant leur solidarité morale et annonçant leur aide matérielle pour la défense de la juste cause des Basques de Paris



Le conseil a pris note des protestations concordantes, formulées par d’autres associations, notamment la Ligue des Droits de l'Homme et le bureau de la "Jeune République", auxquelles il adresse ses remerciements. 



L’association a affirmé sa résolution de poursuivre son existence sociale, en continuant d’apporter son aide à la cause de la démocratie et de la justice symbolisée par les Basques, victimes en cette affaire de calomnies, de mensonges et d’une spoliation que seul a rendu possible un jugement rendu sans enquête contradictoire, sans preuves contraires, à la faveur de l’occupation allemande. 



La lettre de Mgr Mathieu à M. Ernest Pezet.


sénateur france amis peuple basque 1951
ERNEST PEZET 1932


Monsieur le sénateur, 


J'ai lu avec surprise et avec indignation les documents que vous avez bien voulu m’adresser au sujet de l'immeuble de l’avenue Marceau, dont les propriétaires légitimes sont menacés d'une expulsion où la brutalité de l'exécution rend plus odieuse l'iniquité de la sentence. 


Ce qui m’indigne le plus dans cette affaire, c’est le soupçon de malhonnêteté qui est jeté sur des exilés qui ont tout perdu, sauf l’honneur. 


Ils ont donné, notamment dans l’affaire des bijoux, les preuves d’une probité scrupuleuse. 


Dans mes relations avec eux je ne me suis jamais placé sur le terrain politique. Mes relations n’ont pas abandonné le terrain de la charité et de l'amitié. 


Elles m’ont donné l’occasion d’admirer la haute moralité des dirigeants, la correction constante de leur attitude. 


C’est de cette moralité que je veux vous apporter aujourd'hui le témoignage écrit, tout en regrettant de ne pouvoir assister à votre réunion du lundi 2 juillet. 


Quoi qu’en dise un jugement prononcé sous la pression allemande, les fonds qui ont permis d’acheter l'immeuble de l'avenue Marceau sont d'origine basque. Je connais suffisamment la puissante solidarité qui nous unit tous pour trouver cette affirmation vraisemblable et il me suffit de connaître la loyauté de mes amis pour rester persuadé que cette affirmation est vraie. 


Mon vœu le plus ardent est que les autorités françaises reconnaissent la vérité. 


Je ne suis pas surpris que les propriétaires de l'immeuble préfèrent l'expulsion par la force plutôt que de se reconnaître usurpateurs et voleurs en quittant la maison passivement et sans résistance. 


Soyez félicité et remercié, Monsieur le sénateur, pour votre dévouement persévérant à une cause que vous défendez avec tant de compétence. Je vous prie de croire à mon amitié respectueuse et reconnaissante. 


C. Mathieu, évêque d'Aire et de Dax. 



Protestation de la Ligue des Droits de l’Homme.



La Ligue des Droits de l'Homme communique


Le bureau de la Ligue des Droits de l’Homme ne peut laisser sans protestation la violence indignement faite aux Basques en exil



Disposant à Paris, depuis 1937, d’un immeuble acquis par les Amis du peuple basque, le gouvernement basque en est expulsé par la police française au bénéfice de l’ambassade franquiste, en exécution d’un jugement rendu, à la faveur de l’occupation ennemie, en 1943. 



Tel est l’un des premiers effets de la reprise des relations diplomatiques avec Franco. Pour l’honneur de la France, la Ligue des Droits de l’Homme le regrette. 



Elle regrette qu’une police, trop souvent maintenue passive devant les provocations vichyssoises, soit employée à jeter scandaleusement sur le pavé des amis fidèles de la France, qui se sont crus en sûreté chez elle. 



Elle déplore qu’à six ans de la Libération, l’esprit de la Résistance soit oublié au point que le gouvernement de la Quatrième République, cédant à la pression du dictateur prohitlérien, reprenne contre ses victimes les persécutions pétainistes."




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