LE BERTSULARI "ETXAHUN IRURI".
Piarres Bodaçarre, agriculteur né dans la maison Etxahunia, à Trois-Villes (Iruri en Basque), en Soule, le 28 mai 1908, est un des plus grands bertsularis (versificateurs en langue Basque) de son époque.
Décédé le 1er septembre 1979, il laisse derrière lui de très nombreux bertsus et neuf pastorales,
ce qui en fait le meilleur auteur de pastorale (pièce de théâtre chantée en Basque, montée par
les habitants d'un même village sur un thème religieux ou historique) que la Soule, cette si
belle province, ait compté et ils sont (furent) nombreux.
Il a vécu toute sa vie dans ce village de Soule, à laquelle il a dédié de très nombreux vers.
On a vu très tôt que Piarres (ou Pierre) Bordaçarre était très doué dans l'art de la versification.
Il a commencé sa "carrière" de bertsulari (koblakari en Soule) et d'auteur de chansons dans les
années 1930.
Après la seconde Guerre Mondiale, en 1946, il a composé plusieurs "bertsu'"et chansons telles
que Agur Xiberua (Salut la Soule) et Ama (Mère), en pensant aux prisonniers de guerre enfin de
retour dans leur terre natale.
Parmi ses "bertsu" les plus connus, citons également :
- Aurthenko bozakak (les élections de cette année),
- Gure zazpi probentzietako..., (...de nos 7 Provinces),
- Lagunt eta maitia (soutenir et aimer)
- Pariseko Chiberoutarer Agur (salut aux Souletins de Paris)
- Txikito,
- Xalbadorri, (à Xalbador),
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| ETXAHUN AU COL D OSQUICH EN SOULE PAYS BASQUE D'ANTAN |
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| ETXAHUN A LA MAISON DES BASQUES PARIS 18 MAI 1958 |
Etxahun Iruri ne connaissait pas le solfège et s'était toujours refusé à l'apprendre.
Il ne connaissait pas la musique mais ses mélodies sont pourtant d'une haute qualité musicale.
Il n'avait pas besoin d'écrire une mélodie car il avait le don de la retenir dès que son esprit en
produisait une.
Pour composer, il n'avait pas besoin d'être assis devant un bureau et de remplir des feuilles de
papier blanches, il lui suffisait de soigner ses bêtes ou de travailler dans les champs.
Lorsque l'inspiration survenait, tout le monde autour de lui semblait entre parenthèses.
Par exemple, Agur Xiberua fut composée au printemps pendant qu'il labourait son champ de
maïs.
Les textes écrits par Etxahun sont innombrables et leurs thèmes sont très variés.
La centaine de chansons qu'il a publiée en 1977, peu de temps avant sa mort, dans un recueil
de textes avec partitions ne représente qu'une partie de l'oeuvre créée par le grand poète.
En plus des chansons et des "bertsu" (vers en langue Basque) qu'il a composés et écrits, une
bonne partie de son oeuvre qu'il nous a léguée est celle des neuf pastorales qu'il a écrit depuis
1953.
Composer une pastorale représentant un énorme travail, on imagine la somme de travail qu'il
a fallu pour en composer neuf.
Il arrivait à Etxahun de créer 18 couplets d'un coup tout en continuant à travailler à
l'extérieur et de les coucher ensuite sur le papier d'un jet, sans rature ni correction.
Etxahun a non seulement fait renaître la pastorale en Soule mais il lui a donné en plus un
nouveau souffle.
De plus, il a innové en réduisant le temps de la représentation à moins de quatre heures, là où
elles duraient auparavant six, huit, voire 10 heures parfois.
Elles commençaient en général vers 10 heures du matin, après la messe et durait sans
interruption jusqu'au soir.
On y apportait même ses provisions pour se restaurer...
Les thèmes utilisés jusque là dans les pastorales étaient des sujets bibliques ou historiques
lointains.
Etxahun a choisi des thèmes nouveaux issus de l'histoire locale avec des personnages dans
lesquels les Souletins pouvaient se reconnaître.
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| PASTORALE EN SOULE 1900 PAYS BASQUE D'ANTAN |
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| PASTORALE EN SOULE 1900 PAYS BASQUE D'ANTAN |
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| PASTORALE EN SOULE 1900 PAYS BASQUE D'ANTAN |
| PASTORALE DE LARRAU PAYS BASQUE 1900 PAYS BASQUE D'ANTAN |
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| PASTORALE EN SOULE PAYS BASQUE D'ANTAN |
De sa passion de la lecture, Etxahun Iruri en a tiré des éléments pour ses neuf pastorales.
- Sa première pastorale "Etxahun koblakaria" en 1953 évoquait la vie du poète de Barcus
(Barkoxe en Basque) : Topet Etxahun (1786-1862).
- Sa seconde pastorale "Matalas" (Bernard Goyheneche) en 1955 retraçait la révolte en
1661 d'un prêtre local en Soule contre le pouvoir central.
- Sa troisième pastorale "Berterretx" en 1958 traitait de la lutte entre deux familles rivales,
lors des querelles entre les Beaumont et les Gramont, et de l'assassinat de Berterretx.
- Sa quatrième pastorale "Zantxo Azkarra" en 1963 racontait des épisodes de la vie de ce
grand Roi de Navarre.
- Sa cinquième pastorale "Le comte de Tréville" en 1966 était basé sur le roman
d'Alexandre Dumas.
- Sa sixième pastorale "Chiquito de Cambo" en 1967 traitait de la vie du célèbre pilotari.
- Sa septième pastorale "Iparagirre" en 1978 traitait de la vie de ce barde populaire du
19ème siècle, qui a créé la célèbre chanson "Gernikako Arbola".
- Sa huitième pastorale "Pette Beretter" en 1974 racontait les aventures d'un capitaine
Navarrais qui combattit en Grèce et en Turquie.
- Sa neuvième et dernière pastorale "Ximena" en 1978 fut créée à la demande de jeunes
filles souhaitant monter une pastorale féminine, plutôt rare en Soule.
Ayant lu Le Cid, peu de temps avant, il eut alors l'idée de créer un personnage de Chimène en
Basque.
Il écrivit, paraît-il, cette pastorale en un temps record : 20 heures pour créer "l'ossature" et 21
jours pour écrire les couplets avec leurs 27 scènes et leurs 1 400 vers.
En 1956, Etxahun devint membre de la "Société des droits des auteurs" après avoir réussi un
examen "haut la main".
Pour ce faire, on lui demanda d'écrire en français un chant sur un voyage qu'il avait effectué
quelques années auparavant à Venise, en compagnie du groupe Oldarra.
Il s'aida, pour la mélodie, d'un harmonica prêté par l'examinateur et ce dernier lui fit cadeau
de l'harmonica, tellement il avait été impressionné par l'aisance d'Etxahun et par la qualité du
texte.
Quelques années plus tard, en 1962, Etxahun commença par hasard sa carrière de musicien, de
txülülari, suite à l'indisponibilité de plusieurs musiciens Souletins.
Etxahun se mit à travailler avec acharnement cet instrument, progressa très rapidement, et
pendant dix ans, il devint le symbole de la Soule.
Il forma toute une génération de musiciens et de txülülari, en particulier, créant une classe de
txülüla à l'Ecole de Musique de Mauléon.
Ce grand Monsieur, défenseur de la langue et de la culture Basque, en plus d'une très grande
intelligence était d'une grande modestie, sans aucun orgueil.
Il aimait sa terre de Soule et il aimait la vie.
Etxahun Iruri, le poète-musicien-paysan s'est éteint prématurément, à Pau, à l'âge de 71 ans
des suites d'une septicémie consécutive à une intervention chirurgicale.
Les Souletins de Trois-Villes et de Sauguis, lui rendirent hommage à leur tour, en lui dédiant
une pastorale à son nom, créée par Roger Idiart, en 2001.
| PASTORALE 2001 ETXAHUN-IRURI PAYS BASQUE D'ANTAN |








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