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dimanche 29 juin 2025

LA FAMILLE HARANEDER DE SAINT-JEAN-DE-LUZ EN LABOURD AU PAYS BASQUE AUTREFOIS (deuxième partie)

 

LA FAMILLE HARANEDER DE SAINT-JEAN-DE-LUZ.


La famille Haraneder de Saint-Jean-de-Luz est une très ancienne famille noble et bourgeoise.


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PIERRE-NICOLAS DE HARANEDER
VICOMTE DE MACAYE
1758-1857




Voici ce que rapporta à ce sujet Joseph Nogaret dans le Bulletin de la Société des sciences, lettres & 

arts de Bayonne, le 1er janvier 1933 :



"Une famille de riches Bourgeois sous l'Ancien Régime : les Haraneder de Saint-Jean-de-Luz.



... Pierre, cinquième enfant et troisième fils de Martin forma la 3ème branche importante de la famille. Vers 1644 il épousa Marie de Bereau de Ciboure et ce mariage le fixa dans cette localité où il devint seigneur de Geroliménéa, du nom d'une propriété de sa femme. Il fut d'abord capitaine de navire, puis armateur. Il eut en propre un grand nombre de navires et devint rapidement une personnalité importante de Ciboure dont il fut bayle pendant quelque temps. Il y mourut en Novembre 1693 à l'âge de 65 ans. Bien qu'il n'ai eu que 7 enfants, c'est-à-dire beaucoup moins que ses frères, il eut une nombreuse postérité qui se chiffrait par 16 personnes à la seconde et 27 à la troisième génération.



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FAMILLE HARANEDER BRANCHE GEROLIMENEA



L'aîné de ses fils, Dominique, resta à Ciboure et continua la profession de son père qu'il transmit à son fils. Mais c'est sa fille aînée, Mari-Martin qui suivant l'usage basque hérita de la plus grande partie des biens. Elle épousa Bernard de Lafitte, originaire d'Amou en Béarn, et le fait d'avoir épousé une Basquaise donna à ce dernier la qualité et tous les privilèges des habitants de Ciboure. Il fut même, pendant quelques années, bayle de cette localité.



Les Lafitte eurent 5 enfants dont 4 fils qui moururent jeunes et d'accidents et une fille, Marie, qui épousa Martin Rey seigneur de Portalenea, mais fut veuve de bonne heure. Martin en effet commandait le navire La Providence qui fit naufrage sur la côte de Ciboure en 1763. L'état-major et tout l'équipage périt.



Les enfants de Dominique formèrent plusieurs autres rameaux, les Haraneder de Boutran, les Haraneder d'Ascoube, les Haraneder Apéchénéa dont les membres firent peu parler d'eux. Mais celui qui arriva à la plus brillant situation, dont la lignée s'est continuée le plus longtemps et qui peut être considéré comme la gloire de la famille, était le 7ème enfant de Pierre. Il se nommait Jean-Péritz, vécut de 1652 à 1730 et épousa, en 1679, Etiennette de Bereau, sa petite cousine dont il eut 12 enfants.



De tous les Haraneder, Jean-Péritz fut celui qui acquit la fortune la plus considérable. Il habita longtemps Ciboure, puis se fixa à Saint-Jean-de-Luz où il construisit, en 1724, une magnifique maison, Joanperitzénéa, située sur l'emplacement du petit jardin public, au bas du mur de garantie près du chenal. Cette habitation qui faisait l'orgueil de la cité devint la proie d'un incendie à la fin du XVIIIe siècle.



Jean-Péritz a été un des plus énergiques promoteurs des armements pour la pêche à la baleine et à la morue. 18 navires lui appartenaient en propre et lui rapportaient de très gros revenus.



Les périodes d'hostilités, généralement si préjudiciables au commerce, devinrent pour lui une source de profits non moins considérables. Lorsque, pendant la guerre de la succession d'Espagne, aucune transaction commerciale n'était plus possible par mer. Jean-Péritz obtint du roi des lettres de marque pour ses capitaines et transforma sa flotte en vaisseaux corsaires du roi. Ces navires ramenèrent un grand nombre de bonnes prises et c'est alors que le comte de Gramont, gouverneur du Labourd, pouvait écrire au roi Louis XIV "qu'il y avait, dans le port de Saint-Jean-de-Luz, un si grand nombre de navires capturés que l'on pouvait passer de la maison occupée par sa Majesté à Ciboure sur un pont de vaisseaux attachés les uns aux autres".



Aussi les richesses de Jean-Péritz étaient-elles considérables ; on les évaluait à deux millions de livres. Au nombre de ses biens il convient de citer sa propriété de Jolimont à Urrugne et le château de ce nom. En 1694, le roi Louis XIV érigea ce domaine en vicomté, en récompense des services rendus à l'Etat par Jean-Péritz et l'élan prodigieux qu'il avait donné à la pêche de la morue, source pour le pays d'une très grande prospérité.



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TABLEAU D'ENSEMBLE FAMILLE HARANEDER


Les honneurs et la richesse n'altérèrent en rien les sentiments généreux et populaires du nouveau vicomte de Jolimont. Il fut le bienfaiteur des marins basques faits prisonniers de guerre. En Angleterre ces malheureux languissaient dans des prisons malsaines ou sur des pontons et beaucoup y moururent de misère ou de désespoir. A plusieurs reprises, Jean-Péritz subvint à leur détresse et leur fit passer des secours pour alléger leurs souffrances.



Il mourut à Ciboure le 1er Août 1730 âgé de 78 ans et fut inhumé dans l'église paroissiale, suivant l'usage ancien pour les notables.



Jean-Péritz eut 12 enfants dont six vécurent quelques années seulement. De ses trois filles ayant survécu aux autres, l'une épousa Salvat d'Urtubie de Garro bailli de Labourd ; l'autre entra dans la famille de Saint-Esteben de Sault et la troisième devint vicomtesse de Belsunce par son mariage avec Charles, héritier de cette maison.

Il eut 4 fils :

Le premier eut 5 enfants qui n'eurent pas de postérité.

Le troisième mérite qu'on rappelle son souvenir. Né vers 1684, il était avocat au Parlement de Paris et portait le titre d'écuyer. En août 1719 il épousa une jeune veuve, Marie de Castaignolès, héritière de la vicomté de Macaye. Pierre devint donc vicomte de Macaye par sa femme tout en étant vicomte de Jolimont par héritage de son père. Il fit souche et son petit-fils Pierre-Nicolas fut, en 1789, député de la noblesse aux Etats Généraux pour la province de Labourd.

Pierre-Nicolas prit part au serment du jeu de Paume ; mais, après cette mémorable journée, très affecté de tout ce qu'il voyait autour de lui et qu'il ne pouvait approuver, il refusa de se joindre aux députés du tiers dont il condamnait les actes et il quitta Versailles. Il resta quelque temps à Nantes puis, aux prises avec des embarras d'argent, il s'embarqua pour l'Inde et mourut, peu de temps après, à Chandernagor, laissant une situation des plus obérées.



En raison de son départ, le domaine de Macaye fut déclaré bien national. Mais sa veuve protesta, fit surseoir à la vente et, après bien des démarches put établir, par un acte du notaire de Chandernagor, que son mari était mort en terre française et par conséquent n'avait pas émigré. Elle réussit ainsi à être maintenue en possession de la vicomté de Macaye et mourut dans son château, que l'on peut encore voir, laissant tous ses biens à une nièce par alliance, Mme d'Irumberry. Cette dernière eut pour héritier M. de Ponchevron, ancien officier des Haras, son neveu. L'ancienne seigneurie de Macaye est actuellement la propriété de sa veuve.



Le troisième des petits-fils de Jean-Péritz, Louis-Valentin, n'eut lui-même qu'un héritier mâle, Etienne, dernier vicomte de Jolimont, qui hérita de la vicomté de ce nom et des autres biens de la famille à Saint-Jean-de-Luz et dans les environs. On ne sait rien de sa jeunesse qui se passa sans doute dans l'abondance et même dans l'opulence. On ignore aussi quels furent les malheurs ou les désordres qui amenèrent la chute complète de cette branche. Quoiqu'il en soit, au commencement du XIXe siècle, Etienne de Jolimont, arrière-petit-fils du célèbre armateur de Ciboure était un modeste berger sur la montagne de la Rhune. Très pauvre, mais ayant encore grand air, il vivait dans une mauvaise cabane où il est mort en 1860. Il avait épousé une femme du peuple dont il eut 3 enfants restés, comme lui, de simples cultivateurs.



Les biens des Haraneder n'existent plus ou ont passé dans des mains étrangères.



Il convient, en terminant, de réserver une mention à un oncle de Jean-Péritz, Joannés de Haraneder, qui resta célibataire et qui, s'il vécut à Saint-Jean-de-Luz, passa cependant une partie de son temps à Paris.



A cette époque les municipalités un peu importantes avaient un mandataire dans la capitale, pour défendre leurs intérêts auprès des pouvoirs publics. C'était le cas à Saint-Jean-de-Luz qui avait confié cette mission à ce membre de la famille dont le nom seul devait être d'un certain poids auprès des autorités. Mais, Joannés, s'il s'occupait un peu des affaires de la ville, consacrait beaucoup de temps à ses plaisirs et c'était là une cause de mécontentement pour la jurade. On trouve dans ses délibérations de nombreuses remontrances qu'elle adressait à son mandataire et dont celui-ci semblait se soucier fort peu. C'est ainsi qu'en Avril 1660, deux mois avant le mariage de Louis XIV, on lui prescrivait de remettre tous ses dossiers à un certain Laffargue, place royale. Il semble bien qu'il n'en fit rien car, trois mois plus tard, on l'avertit qu'on va cesser de subvenir à ses besoins.



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MARIAGE DE LOUIS XIV ET DE MARIE-THERESE D'ESPAGNE
SAINT-JEAN-DE-LUZ 9 JUIN 1660


Six ans après, nouvelle démarche et presque comminatoire. On lui dit qu'il a à Paris une réputation déplorable, très nuisible aux intérêts de la ville et qu'il ait à rendre compte de l'argent qu'on lui a envoyé. Il est probable que Joannés finit par pousser à bout les magistrats municipaux car quelque temps plus tard, la ville avait un autre mandataire et il n'est plus question de lui dans les archives.



Tels sont les renseignements sur les Haraneder, parvenus jusqu'à nous ; bien pauvres il faut le reconnaître, si l'on remarque que leur histoire est intimement mêlée à celle de la ville. Arrivera-t-on jamais à être mieux documenté ? Ce serait désirable, mais on ne peut guère y compter. Malgré leur brièveté, ceux que nous possédons donnent une idée de ce que furent ces familles de la bourgeoisie Luzienne qui, possédant de grandes richesses dont elles faisaient un noble usage, brillèrent d'un vif éclat sous l'ancien régime.



Les Haraneder eurent un grand train de maison ; leurs intérieurs étaient somptueux, ils recevaient beaucoup et faisaient grandement les choses. Leurs largesses étaient proverbiales, car, à toutes les époques, ils firent beaucoup pour la ville, sans compter les secours de toute nature qu'ils réservaient aux infortunes si fréquentes parmi ces populations de marins.



Actuellement il ne reste plus que le souvenir de leur faste et de leur opulence. De cette magnifique famille qui a compté, à certains moments, plus de 50 membres vivants, on ne peut retrouver que quelques descendants. Ce fut le sort de presque toutes les familles basques restées dans le pays. Après avoir brillé, après avoir tenu un rang élevé, toutes ont déchu et c'est dans le passé seulement que l'on doit rechercher l'occasion d'en parler."


A suivre...



(Source : Wikipédia)







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