L'ÉMIGRATION BASQUE EN 1867.
En 1867, les autorités Françaises s'inquiètent du nombre de Basques cherchant à émigrer, en particulier en Amérique du Sud.
BATEAU URAL MONTEVIDEO PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici ce qu'en rapporta à ce sujet le quotidien La Gironde, le 3 septembre 1867, sous la plume de
John Le Long :
"... Cette note du 6 octobre 1863 explique suffisamment la nature des nouveaux renseignements que je lui avais demandés :
"La personne qui, pour la première fois, vient faire un dépôt à la Banque, se présente à la comptabilité. Si elle ne sait pas écrire, on prend son signalement de la manière la plus exacte ; si elle sait écrire, elle donne, en faisant son dépôt, sa signature et son adresse. Elle reçoit alors un livret qu'elle présente chaque fois qu'elle fait un nouveau dépôt, ou qu'elle touche soit les intérêts, soit le capital déposé.
Les neuf dixièmes des déposants ne savent pas écrire, un dixième sait signer. Ceux-ci seuls peuvent se dispenser de paraître en personne ; tous les autres sont obligés de se présenter à la Banque. Rarement les ouvriers viennent recevoir les intérêts échus, sans faire le dépôt de ces mêmes intérêts auxquels, en général, ils ajoutent une nouvelle somme."
Lors même qu'il n'existerait pas d'autres preuves quant à la classe des déposants, cette note ne démontre-t-elle pas, avec la dernière évidence, que la grande majorité d'entre eux se compose uniquement de travailleurs ?
Je ne connais le rapport de M. consul de France à Buenos-Ayres que par les passages indiqués dans votre circulaire du 15 avril dernier.
Je me bornerai à reproduire ici les accusations les plus graves qu'on a voulu en faire ressortir, parce que je tiens à y répondre :
"A leur arrivée dans cette contrée, dit M. le consul, la plupart des émigrants se font gardiens de moutons pour le compte des grands propriétaires du pays, qui leur confient des troupeaux de 1 500 à 2 000 têtes.
L'isolement dans lequel ils vivent dans les pampas les rend sauvages et leur inspire le goût des boissons alcooliques, en sorte que les quelques petites économies que les émigrants pourraient faire sont dépensées en provisions de rhum, dont l'usage prolongé conduit la plupart d'entre eux à une triste fin.
Bon nombre de ces émigrants, ajoute M. le consul, ne sont pas allés spontanément en Amérique ; ils y ont été poussés par des courtiers d'émigration. C'est ce que déclarent ceux qui, désillusionnés, vont journellement solliciter la charité du consulat."
Quatre mois se sont écoulés, monsieur le préfet, depuis le jour où parut votre circulaire. Sans doute, j'aurais pu y répondre tout de suite, citer les faits que je viens d'énumérer et y joindre, au besoin, d'autres encore.
Mais, dès 1866, j'avais quitté le Rio de la Plata.
Ne devais-je pas d'abord résoudre cette question, à savoir si, dans votre département, si sur les rives de la Plata, il se serait produit, depuis 1866, quelques plaintes plus ou moins fondées ?
De ce côté comme de l'autre côté de l'Atlantique, rien n'est changé, m'assure-t-on ; l'émigration continue à augmenter, et la prospérité du pays s'accroît chaque jour.
L'émigration basque, affirment mes dernières correspondances de Buenos-Ayres et de Montevideo, se fait toujours aux mêmes époques, dans les mêmes proportions, et de la même manière que les années précédentes.
A Buenos-Ayres surtout, dont la rade peu profonde ne permet aux bâtiments d'outre-mer de fort tonnage de jeter l'ancre qu'à 8 kilomètres du port, le débarquement présente une animation et un intérêt tout particulier. Vous le comprendrez facilement, monsieur le préfet, quand vous saurez que vos administrés, qui se rendent depuis 20 ans sur les rives de la Plata, y sont tous appelés par leurs parents et amis.
Tous ceux qui ont habité le Rio de la Plata ne connaissent, pour l'émigration basque, d'autres courtiers que ceux-là ; mais ceux que l'on veut bien qualifier de courtiers occupent déjà une certaine position.
Ce qui importe le plus aux nouveaux venus, c'est d'avoir à faire à des personnes qui connaissent parfaitement les ressources que présente le pays. Singuliers courtiers d'émigration : les uns paient à l'avance le passage de leurs concitoyens qu'ils ont appelés ; les autres donnent leur garantie pour ce paiement !
Ce qu'il faut surtout dans les républiques de la Plata, c'est le travail de l'homme, et de tous les travailleurs, aucun n'est plus recherché que le basque.
Il suffit d'être Basque pour être placé avant même d'avoir quitté le bâtiment qui le conduit sur les rives de la Plata.
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JOURNAL LE COURRIER DE LA PLATA LE FRANCAIS |
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