LA PRISON DE SAINT-PALAIS EN 1933.
La Maison d'arrêt de Saint-Palais, en Basse-Navarre, a existé d'août 1790 à juin 1933.
Voici ce que rapporta à ce sujet le Bulletin de la Société des Sciences, Arts & Lettres de Bayonne,
le 1er juillet 1933, sous la plume de Jean Etchecoin :
"La prison de Saint-Palais.
Le chef-lieu judiciaire du 3ème arrondissement des Basses-Pyrénées — c'est Saint-Palais que je veux dire — vient de fermer définitivement sa prison, ou mieux, pour parler une langue plus administrative, sa maison d'arrêt.
Une prison qui se ferme ! Jadis, on eût auguré que l'âge d'or allait renaître (voyez Classiques) et, naguère, on en aurait induit qu'une école s'était ouverte : rappelez-vous l'axiome célèbre de Victor Hugo. Aujourd'hui, hélas ! il nous le faut interpréter autrement. Aucune école nouvelle ne s'est ouverte à Saint-Palais, et quant à l'âge d'or, il est si loin d'y renaître — pas plus à Saint-Palais, du reste, qu'ailleurs — que c'est, au contraire, l'âge de fer qui, à travers toutes ces suppressions, compressions et redistributions, nous arrive à pas lents, à pas lourds, à pas implacables, sous le signe paradoxal du franc-papier.
Donc, Saint-Palais a fermé sa prison ; mais quand l'avait-il ouverte ?
Ne datons, voulez-vous, mais pour cette fois seulement, que de 89. Saint-Palais ouvrit sa prison deux années tout juste avant l'an 1er de la Liberté. C'est en effet, le 24 Août 1790, qu'un décret de l'Assemblée Nationale lui avait attribué le Tribunal du district, et, par voie de conséquence, une maison d'arrêt. A vrai dire, cette attribution n'était que provisoire, et la ville de Saint-Jean-Pied-de-Port, rivale évincée de Saint-Palais, se flatta qu'en en appelant de l'Assemblée mal informée à l'Assemblée mieux informée, elle pourrait faire revenir le législateur sur un choix que, d'après elle, rien ne justifiait. Le morceau, très tentant, était de taille, et Saint-Palais lui semblait avoir les yeux plus gros que le ventre. C'est fort bien de se charger des services judiciaires d'un district, faut-il encore pouvoir les loger ? Si, pour un tribunal, la question de savoir où il tiendra ses séances peut, depuis Saint-Louis, ne plus se poser (à l'extrême rigueur, s'entend), il n'en va pas de même pour une maison d'arrêt, il y faut nécessairement une maison tout court. Là-dessus, Saint-Jean était bien tranquille, il ne redoutait aucune compétition. Il avait, en effet, sur sa Place, une certaine maison de Fourré qui "ne laisse rien à désirer pour un établissement public quel qu'il soit. Sa situation agréable, sa distribution et son étendue présentent toutes les commodités. Ses caves souterraines, mais saines, seraient même susceptibles de fournir des prisons".
Au besoin, d'ailleurs, n'avait-il pas sa "prison des évêques" cette fameuse prison qui a fait couler plus d'encre, espérons-le, que de larmes, et dont on ne saura jamais, grâce à l'irréductible équivoque du génitif français, si elle hébergea des évêques ou, seulement, leurs pensionnaires forcés ?
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PRISON DES EVÊQUES SAINT-JEAN-PIED-DE-PORT BASSE-NAVARRE D'ANTAN |
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