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dimanche 27 juillet 2025

LA COMMUNE DE MACAYE EN LABOURD AU PAYS BASQUE AU 18ÈME SIÈCLE (deuxième partie)

 

LA COMMUNE DE MACAYE AU 18ÈME SIÈCLE.


En 1793, la commune de Macaye compte 861 habitants.




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BLASON DE MACAYE



Voici ce que rapporta à ce sujet le bulletin de la Société des Sciences, Lettres & Arts de Bayonne

le 1er juillet 1933, sous la plume de Michel Etcheverry :



"Une paroisse Basque au XVIIIe siècle : Macaye.



... Marie Renée Thérèse qui n'avait pas eu ou en tout cas n'avait pas conservé d'enfants de son premier mariage donna à Pernaton au moins deux fils et une fille. Le seul de ces personnages qui nous intéresse ici parce qu'il continua les vicomtes de Macaye est l'aîné, Jean Pierre de Haraneder.



Celui-ci épousait le 27 Février 1753 Marie Josèphe d'Aizpurua, originaire de St-Sébastien. Et les embarras d'argent — au moins momentanés — semblent avoir recommencé. C'est ainsi que le 13 Décembre 1766 le vicomte et Marie Renée Thérèse empruntent 6 000 livres à Noble Pierre Belça d'Eliçabelar, écuyer, châtelain d'Iholdy et Dame Marguerite de Casalar, veuve de Noble Jean-Louis d'Eliçcabelar, sa mère. (Ces Casalar d'Hasparren sont encore un curieux spécimen de bourgeoisie atteinte de mégalomanie et intronisée par l'argent dans d'authentiques manoirs de Basse-Navarre dont Iholdy et Lantabat). Il est vrai que le 25 Septembre suivant la dette était acquittée. Mais nous ne serions pas éloigné de croire que ces difficultés renaissaient périodiquement et c'est peut-être pour y parer ou tout au moins pour y trouver remède en famille que le vicomte fit nommer à la cure de Macaye le 18 Août 1778 sont beau-frère Jean-Baptiste d'Aizpurua, natif, comme sa soeur, de St-Sébastien. Cet ecclésiastique (il avait alors 43 ans) ne venait-il pas d'être récemment favorisé d'une double aubaine ? Le 3 Mars 1773 Maîtres Miguel de Remon et José Anton de Arrieta, curés de St-Sébastien, le nommaient à la prébende St-Eloy de la paroisse Saint-Vincent de St-Sébastien et le 2 Avril suivant Dona Maria Ignacia de Valenceguy l'investissait de la prébende appelée la "Chapellenie de Notre-Dame" de l'église paroissiale de la même ville. Et ce n'est que le 21 Février 1785 qu'il se démettait de ces deux bénéfices.



Jean-Pierre de Haraneder eut un fils, Nicolas Dominique, et une fille, Jeanne-Baptiste. Et c'est le 18 Mai 1785 la réédition de l'alliance entre le blason et l'épargne et comme pour la grand-mère celle-ci vient encore de St-Jean-de-Luz : ce jour-là en effet Jeanne-Marie Betbeder, fille d'un armateur aisé de Saint-Jean-de-Luz entrait par mariage dans le castel de Macaye.



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PIERRE-NICOLAS DE HARANEDER
VICOMTE DE MACAYE
1758-1857


La fin du siècle valut à Pierre et Nicolas un rôle politique assez important. Le 4 Mars 1690 M. de Macaye père était nommé avec le Baron d'Uhart, M. de Pinsun, M. de Boucheporn, membre de la Commission Royale pour la formation du Département des Basses-Pyrénées. Le fils avait été élu député suppléant de la noblesse le 20 Avril 1789 et, sur le refus du titulaire M. de Caupenne, était parti accomplir son mandat à Versailles, puis à Paris. Son titre vicomtal disparut dans la suppression de toutes les appellations féodales décrétée par la Constituante.



Quelles étaient les relations des seigneurs de Macaye avec leurs compatriotes ? Jadis on s'était violemment heurté et durant près d'un siècle et demi — fin XVe siècle à la première moitié du XVIIe — ce fut une série ininterrompue d'escarmouches ou d'âpres conflits. A l'époque où nous sommes et malgré de menues assignations devant la justice faites de part et d'autre et de loin en loin, les passions paraissent bien apaisées. C'est semble-t-il, dans une atmosphère de calme sagesse que s'est faite en 1684 la cession de certains droits seigneuriaux contre une rente annuelle de 600 livres. Je trouve une preuve de ce revirement dans une affaire de cette même époque et, bien que cet épisode n'entre pas dans le cadre chronologique de mon étude, vous excuserez, je l'espère, la digression à cause de certains détails savoureux.



Marie d'Iron de Hélette était créancière de 2 500 livres sur Macaye. Le 20 Août 1674 elle transporta cette somme sur la prébende de Notre-Dame de Hélette et nomma prébendier Jacques de Garat. Ce transfert mécontente les jurats et habitants de Macaye. La dame d'Iron se fâche, dénonce à la justice les protestataires et le 25 Novembre 1675 elle obtient du tribunal de St-Palais un mandat d'amener contre Insaurgarat sieur d'Ourthe. On pense bien que cette immixtion d'un organe judiciaire qui n'avait nulle juridiction sur Macaye porte à son comble l'exaspération des compatriotes du détenu. Devant cet abus de pouvoir quel parti adopter ? En appeler à un parquet qui eût Macaye dans son ressort ? Etait-ce possible ? Etait-ce sage ? En tout cas le maire de Macaye, Jean de Hiriart, notaire, estima la recours à l'Intendant préférable. Cela n'allait pas d'ailleurs marcher tout seul. Le 12 Février 1676 Hiriart écrivait à M. Drouet, secrétaire de M. de Sèze, Intendant de Guienne, la pittoresque lettre suivante : "Monsieur, je vous prie de m'envoyer par le retour de ce messager ou courrier une ordonnance aussi sévère et rude qu'elle puisse estre contre le sénéchal de St-Palais et Marie d'Iron nostre partie et pour l'exécution d'icelle il faut envoyer des gens de guerre chez eux car à moins que de cela toutes vos ordonnances seront inutilles.



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BLASON DE LA FAMILLE DE SEZE


Je vous envoie deux louis d'or qui vous seront délivrés par M. de Hirigoien chanoine de St-André à quy j'ay adressé nos piesses scavoir la dernière ordonnance, le procès-verbal de refus faict au sergean de luy prester main forte et une petite requeste sur laquelle il vous plaira dresser l'ordonnance et la remettre ès mains dud. sieur de Hirigoien chanoine lequel prendra la peyne de me l'envoyer par l'adresse de M. de Lavri Laurent à Bayonne.


L'on m'a assuré que nos parties ou quoy qui soit ledict Jacques Doyhenart juge sénéchal de St-Palais (Erreur, semble-t-il : le sénéchal de St-Palais était, à l'époque, M. de la Salle et Doyhenart n'était, croyons-nous, que procureur du roy) veut intéresser ou employer le crédit de M. le Maréchal de Grammont pour que l'authorité de Mgr l'Intendant n'ayt lieu et ne s'étende pas en Basse-Navarre. C'est l'interest de mond. Seigneur l'Intendant de se faire recognoistre et (ici une déchirure. Sans doute faut-il lire "admettre") en Cour pour cest effect afin que sad. authorité ne puisse estre blessée comme led. Doyhenart le prêtant faire. Si je réussis dans la rencontre, je vous envoyeray annuellement une douzaine de jambons tant que vous serès chez mond. sieur l'Intendant et la première douzaine vous l'aurès à la foire prochaine et suivans. Vostre très humble et très obéissant serviteur. De Hiriart, l'abbé de Macaye."



Fût-ce à la suite de l'intervention de M. de Sève ? Insaurgarat était élargi moins d'un mois plus tard, le 2 Mars 1676. Inutile d'ajouter que cette mise en liberté ne termina rien ; bien au contraire l'acte d'arbitraire qui avait été commis sur la personne de ce malheureux donna au différend une impulsion nouvelle et violente, une tournure véritablement passionnée. Ce fut un déluge de requêtes et d'assignations. Et cela dura huit ans. De guerre lasse on convint le 24 Février 1684 de s'en remettre à l'arbitrage du vicomte Charles de Castenoles. Cinq jours après le juge titré rendait sa sentence. Il cassait l'emprisonnement du maître d'Ourthe, condamnait Garat, le gendre de Marie d'Iron à 60 livres de dommages-intérêts envers la victime et à 470 livres également de dommages-intérêts envers le maire-abbé d'alors, cet excellent Jean de Hiriart, qui spéculait sur la gourmandise de ses correspondants.



Ce geste de haute déférence montre bien que le château n'est plus regardé de mauvais oeil par ses voisins. Et de fait tout donne l'impression que durant cent ans, le manoir et le village vécurent, à part comme nous l'avons dit quelques frictions négligeables, en bonne intelligence. Les maîtres d'Etchehandy se gardaient de prétentions injustifiées sur la vie civile ou administrative de la communauté et ne faisaient acte d'autorité que dans l'enceinte des 35 pierres bornes qui fermaient leur domaine. Par exemple ils étaient intraitables sur la question des droits honorifiques à l'église. Le 28 Juillet 1738 Marie de Broussain, maîtresse jeune de la maison Doyharsabal s'en venait humblement balbutier ses excuses par devant le notaire Jauréguy pour une atteinte portée à ces privilèges "En réponse de l'acte que Messire Pierre de Haraneder, seigneur vicomte du présent lieu et Dame Marie Renée Thérèse, vicomtesse de Macaye, lui ont fait signifier le 25e Juin dernier, elle leur a dit et déclaré que le 25e Mai dernier, jour et feste de Pentecôte elle n'a pas devancé à prendre le pain bénit dans l'église du présent lieu du petit panier que le distributeur y portait à lad. dame de Macaye par aucun mauvais dessein, mais bien par imprudence (c'est-à-dire par mégarde) ; c'est ce qui fait qu'elle se repend de la faute par elle commise sans qu'elle entende d'icy en avant persister dans de pareilles entreprises au préjudice du droit que lesd. sieur et dame patrons lays peuvent avoir sur la présence et droit sur le pain bénit."



A cette réserve habituelle de leur châtelain les gens de Macaye répondaient par une attitude faite de considération et de respect. Mais ce serait une erreur de croire que ces villageois fussent d'humeur à abdiquer bénévolement leurs prérogatives. En matière de discipline sociale ils accordent tout ce que commandent l'équité et les bienséances mais, comme dit le poète :

"Ils ont la nuque dure aux saluts inutiles".


Nous trouvons même à ce sujet quelques initiatives de fière allure.


Nous n'en citerons qu'une. Une transaction passée entre Pernaton et la communauté le 22 Mai 1723 portait que sur plainte de sept habitants contre l'un des deux meuniers de la localité la jurade et le vicomte seraient tenus de le changer. Joannes Derrecart, du moulin ancien, s'étant rendu coupable de quelques négligences professionnelles, sept propriétaires font entendre leurs doléances à la mairie et au château. Au bout de quelques jours, voyant qu'on ne renvoyait pas le délinquant, les sept mécontents adressent par acte notarié une sommation à Pernaton d'Haraneder et à la municipalité (10 Février 1739). Ils octroient huit jours pour l'expulsion du meunier et la nomination d'un remplaçant. "Led. délay passé lesd. comparans protestent contre led. sr vicomte et les abbé, jurats de tous leurs depans, dommages et intérêts même et par exprès de se pourvoir contre eux par les voyes et rigueurs qu'ils verront être à faire."


(Source : Wikipédia)



A suivre...




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