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mardi 23 septembre 2025

UNE CONFÉRENCE SUR LE PAYS BASQUE À PARIS EN 1924

UNE CONFÉRENCE SUR LE PAYS BASQUE À PARIS EN 1924.


L'histoire et les traditions du Pays Basque ont fait l'objet de nombreuses conférences.



pays basque traditions pelote danses langue
UNION PYRENEENNE FONDEE EN MAI 1899



Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien local la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays 

basque, le 12 décembre 1924 :



"Le Pays Basque à Paris.

Une conférence de M. Navarre.



L'Université Mercereau, à Paris, a consacré une soirée littéraire et musicale aux Basques, lundi 8 décembre.



Le programme artistique était très bien composé. Nous voulons signaler une très intéressante conférence sur les Basques qui a été faite par M. Albert Navarre, qui fut à Paris l'un des fondateurs de l'Union Pyrénéenne, dont il est resté l'animateur depuis vingt-cinq ans.



Avec l'aisance de quelqu'un qui possède la maîtrise de son sujet, le conférencier situa d'abord géographiquement le Pays Basque, côté français et côté espagnol.




pays basque traditions pelote danses langue
CARTE PAYS BASQUE NORD ET SUD




Ce n'est pas une précaution inutile pour le grand public qui ignore que nos vivantes petites provinces du Labourd, de la Soule et de la Navarre forment à peine l'étendue des deux arrondissements pyrénéens de Bayonne et Mauléon.



Combien sont-ils aujourd'hui, comme nombre les Basques des trois provinces françaises et des quatre provinces espagnoles de Biscaye, Navarre, Alava et Guipuzcoa ?



L'orateur, d'après les documents les plus dignes de foi, estime qu'ils n'atteignent pas le demi-million en ne tenant pas compte évidemment des émigrants qui sont encore trois ou quatre cent mille, plus particulièrement dans le Nouveau-Monde.



Ce "petit peuple", malgré la faible étendue de son domaine territorial possède sa glorieuse histoire. Ce sont des marins basques qui ont participé à la découverte du nouveau Monde ; il y en avait sur les caravelles qui ont abordé sur les côtes d'Amérique ; on en trouve avec tous les grands navigateurs, qui depuis plusieurs siècles ont exploré les Océans.


pays basque autrefois corsaires marins
TIMBRE-POSTE CORSAIRES BASQUES
PAYS BASQUE D'ANTAN


Les Basques ont su conserver à travers les âges leur indomptable fierté, leur amour de la liberté, leur foi ardente et l'usage de leur langue qui ne ressemble à aucune autre.



M. Navarre qui se défend de porter un jugement en pareille matière, expose rapidement les théories diverses en présence relatives à l'origine de la langue basque sur laquelle les spécialistes philologues ne sont pas parvenus à se mettre d'accord.



Les sept provinces basques, d'ailleurs, ne parlent pas exactement la langue : il existe un idiome un peu différent pour chacune des provinces, en France, notamment le "Souletin" diffère légèrement du "Navarrais", lequel diffère à son tour du "Labourdin".



Le conférencier décrit ensuite la maison basque, maison généralement isolée et dont chacune porte un nom qui la distingue de sa voisine.



pays basque autrefois ferme maison
FERME BASQUE
PAYS BASQUE D 'ANTAN


Il dit le charme du foyer basque et loue les nombreuses familles, la force d'un pays et sa sauvegarde.



Les Basques, plus que beaucoup d'autres, ont conservé une partie de leurs coutumes d'autrefois, malgré la tendance qui se dessine vers l'universelle et pourrions-nous dire une monotone uniformité.



La pratique de leur religion, le culte des aïeux, leurs danses caractéristiques, leur jeu de pelote, leurs réunions familiales, sont restés en honneur dans tout le Pays Basque.



Le jeu de la pelote à main nue ou à chistera compte parmi les jeux les plus beaux, ceux dans lesquels se manifeste à la fois la force, la grâce et l'adresse.



ascain autrefois pays basque pelote chistera
FABRICANT DE CHISTERAS ASCAIN
PAYS BASQUE D'ANTAN


Ce noble jeu a fait des adeptes en dehors du Pays Basque et il est de plus en plus en faveur auprès de nos jeunes gens.



Le conférencier n'a pas caché le reproche adressé aux Basques d'être hostiles à la conscription (surtout autrefois) et d'affectionner tout particulièrement la contrebande. La situation n'est plus la même qu'autrefois et tout ce que l'on raconte sur ce chapitre est très grossi et même dénaturé. M. Navarre a salué, en passant, la brillante conduite des régiments basques, pendant la grande guerre.



Il a cité l'extrait d'une protestation qui avait circulé, il y a vingt ans, dans le Pays euskarien, lorsqu'un gouvernement par trop centralisateur voulut interdire l'usage de la langue à laquelle les Basques tiennent par-dessus tout. Publions cet extrait, il reflète l'ardeur et la combativité de ce peuple qui défend âprement ce qu'il considère comme un patrimoine intangible :


"Nous voulons continuer à parler la langue basque et nul tyranneau ne nous en empêchera.


Dites autour de vous, rappelez s'il le faut, aux éphémères détenteurs du pouvoir, qu'il y a longtemps que les Basques ont reçu sans s'en émouvoir les ordres des gouvernements divers. Ils ont vu passer les Ibères, les Celtes, les Romaines, les Carthaginois, les Vandales, les Goths, les Arabes, les Francs... et ils sont toujours restés Basques."



"J'ai entendu parler par mes ancêtres, dit le conférencier, cette légendaire tradition qui remonte au premiers siècles.


Au temps de Clovis, vivait sur les deux versants des Pyrénées, un chef wisigoth élevé à la romaine, qui était très fier de représenter la civilisation occidentale.


S'étant aperçu que les montagnards pyrénéens le narguaient dans un langage inconnu, il promulgua un édit ordonnant que seule fût admise la langue latine, et fit défense à quiconque de s'exprimer dans le langage "barbare et grossier" des pâtres montagnards. Il donna deux ans pour que l'idiome basque fût à jamais supprimé...


Deux ans, et y a quinze siècles ! Le nom du chef goth est même oublié : toute trace de civilisation wisigothe a disparu ; le latin est langue morte, et le basque se parle toujours !


A bon entendeur, salut !"



M. Navarre a terminé en parlant des pastorales basques, tragédies parfois, comédies le plus souvent dont les faits locaux constituent la trame. Ecrites par des paysans, elles sont jouées par eux. Les critiques sont parfois sans aménité. Les pastorales ne sont pas imprimées ; elles restent à l'état de manuscrits et répandues ainsi dans le village.



Les écrivains basques des deux pays sont plus nombreux qu'on ne l'aurait supposé. Depuis vingt ans, les dirigeants basques se sont plusieurs fois réunies à Fontarabie, à Hendaye ou ailleurs, en une sorte de Congrès littéraire et régionaliste.



L'union règne entre basques français et basques espagnols. Certains rêvent de constituer une nationalité basque autonome.



Le conférencier ne croit pas à la réalisation de tels projets d'une efficacité discutable. Il termine en félicitant les artistes basques qui ont donné à cette soirée un cachet de régionalisme artistique et il fait des voeux pour que dans le cadre de leurs nations respectives, les Basques conservent le plus longtemps possible les traditions qui ont fait dans le passé et le présent leur force et leur honneur."



Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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