UN DÉTOURNEMENT DE RAVITAILLEMENT À BAYONNE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1943 (première partie)
UNE AFFAIRE DE DÉTOURNEMENT DE RAVITAILLEMENT À BAYONNE EN 1943.
Pendant la seconde guerre mondiale, le Pays Basque, à l'instar du reste de l'hexagone, a connu des affaires de marché noir et de détournement de ravitaillement.
L'affaire dite ces scandales du Ravitaillement, qui a fait tout le bruit que l'on sait en raison de la qualité des personnalités compromises qui comptaient parmi les hauts fonctionnaires du dit Ravitaillement Général des Basses-Pyrénées (zone occupée), est appelée ce matin devant les juges. Vingt inculpés sur vingt-deux répondent à l'appel de leur nom.
Il est aussitôt procédé à l'audition des témoins et à l’interrogatoire des inculpés.
La dame Etchepare, femme de ménage de M. Mathis, contrôleur chef du service de la carte, reconnaît avoir reçu de celui-ci des cartes qui lui ont permis d’acheter 82 kilos de sucre pour son usage personnel, dit-elle, et celui de quelques amis. Elle déclare avoir revendu ce sucre au-dessus de la taxe et avoir servi une commission de 1 500 francs au dit sieur Mathis comme convenu entre eux.
TICKET D'APPROVISIONNEMENT 1943 VIANDE ET CHARCUTERIE
Le mari de la domestique, qui est lui-même garçon de café, est l'objet de la même inculpation de trafic de tickets. Comme sa femme il reconnaît les faits.
La dame L... pour sa part s'est bornée à livrer du sucre contre des tickets détachés, mais au prix de la taxe et dans l’ignorance absolue de leur provenance douteuse. Elle reconnaît l’exactitude du fait.
M. Mathis est à son tour interrogé. Il nie avoir dérobé des cartes au service qu’il dirigeait et oppose un démenti formel au témoignage de la dame Etchepare. Il nie également avoir remis une enveloppe contenant des cartes qui devait être remise à un sieur Chastenet (?) par l'intermédiaire du sieur Vignes, propriétaire du Bar-Choco de Bayonne.
CARTE DE CHARBON 1943
A une observation du président qui lui reproche une condamnation antérieure pour émission de chèques sans provision, Mathis fait remarquer que cette condamnation était ignorée par la justice au moment de son arrestation et que c’est lui qui en a donné connaissance à l'instruction, alors que le magistrat instructeur ignorait le fait.
En résumé Mathis nie absolument l’accusation dirigée contre lui. Après lui le contrôleur Médine comparait à la barre. Comme son collègue du ravitaillement Médine nie les faits reprochés.
TICKET D'APPROVISIONNEMENT 1943 10 KG PÂTES ALIMENTAIRES
De nombreux incidents surgissent au cours de ces auditions. Sur une intervention de Me André Delmas, le tribunal suspend l’audience et dans la salle le public manifeste.
A la reprise l’interrogatoire continue et les dépositions sont hachées par de nombreuses interventions des défenseurs.
Avec M. Joseph Saint-J.... comptable, on apprend qu'il est aisé de maquiller la tenue des livres dont les chiffres devaient servir à marquer les irrégularités des contrôleurs du ravitaillement. Cet exercice l'a fait profiter de quelques tickets clandestins et lui valent aujourd'hui de se trouver sur la sellette.
Enfin c'est M. Collet, 35 ans, ancien chef de service, préposé aux collectivités du ravitaillement général, inculpé d'avoir utilisé indûment des tickets de pain et de matière grasse, qui reconnaît les faits reprochés et les met sur le compte de ses besoins de famille.
Et l’audience prend fin avec l’audition de quelques comparses qui ont peu ou prou profité de leur collaboration aux différents services du ravitaillement pour obtenir deux ou trois cartes supplémentaires de pain ou de margarine.
L’audience de l'après-midi débute par le réquisitoire de M. Fonade, substitut du procureur de la République. L’honorable magistrat fait le procès des actes commis dans les bureaux d'une administration de l'Etat chargée de donner à chacun son dû et rien que son dû, ainsi qu’il est déclaré dans la loi.
Il invite le tribunal à se montrer sévère pour les inculpés qui ont alarmé et scandalisé l’opinion publique. Les sanctions doivent correspondre à la gravité des faits.
"Le contrôleur principal M... est condamné à dix mois de prison. Le chef de service Me... est condamné à huit mois de prison. La femme E... est condamnée à quatre mois de prison et son mari, garçon de café à Bayonne, est condamné à un mois de prison. La dame K..., épouse Me... est également condamnée à un mois de prison.
Tous les autres employés du Ravitaillement général compromis dans cette affaire sont condamnés à des amendes variant de 5 000 à 1 200 francs."
(Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France)
Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.
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