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samedi 8 novembre 2025

LA MORT DU PEINTRE BAYONNAIS LÉON BONNAT EN SEPTEMBRE 1922 (troisième partie)

  

LA MORT DE LÉON BONNAT EN 1922.


Léon Joseph Florentin Bonnat, né le 20 juin 1833 à Bayonne (Basses-Pyrénées) et mort le 8 septembre 1922 à Monchy-Saint-Eloi (Oise), est un peintre, graveur et collectionneur d'art français.



pays basque avant peintre labourd musée
PEINTRE LEON BONNAT
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta la presse locale et nationale dans diverses éditions :



  • Comoedia, sous la plume de René Jean, le 9 septembre 1922 :

"Léon Bonnat est mort.



C'est avec une grande tristesse que le monde des arts apprendra la mort de M. Léon Bonnat. L'artiste qui vient de s'éteindre avait 89 ans, mais sa robuste vieillesse, l'activité de son esprit semblaient braver le temps et il paraissait à tous qu'il devait continuer longtemps encore à tenir sa place dans les expositions et dans l'enseignement des Beaux-Arts.



Né à Bayonne le 20 juin 1833, Léon Bonnat étudia d'abord à Madrid, où son père s'était installé. Il fréquentait alors l'académie que régentait le peintre Federico de Madrazo. Et l'on peut à ce sujet noter l'influence qu'eurent les maîtres espagnols sur un autre peintre contemporain de Bonnat, Manet, né en 1832.


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PEINTRE FEDERICO DE MADRAZO 1890



Après des succès obtenus de très bonne heure, Léon Bonnat vint à Paris, nanti d'une bourse de 1 500 francs donnée par sa ville natale. Admis dans l'atelier de Léon Cogniet, il obtenait en 1858 le second grand-prix de Rome et partait à la Villa Médicis que dirigeait alors un élève de David, Jean-Victor Schnetz.



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PORTRAIT DE JEAN-VICTOR SCHNETZ
PAR JEAN-ADOLPHE LAFOSSE



De ces maîtres divers, il semble que Léon Bonnat ait gardé une empreinte, dans ses préoccupations, au moins. Le réalisme de Madrazo préside à ses portraits et à certaines figures ; ses maîtres français lui donnèrent le goût de la peinture d'histoire.



Le Bon Samaritain aujourd'hui au musée de Bayonne, fut exécuté à Rome en 1859. Puis vinrent Adam et Eve retrouvant le corps d'Abel (1861) qui est au musée de Lille, un Martyre de Saint André (1863). Les pèlerins à Saint-Pierre-de-Rome (1864) et désormais les oeuvres poursuivent dont la nomenclature serait longue et monotone. Notons le Job sur son fumier que garde le musée du Luxembourg qui date de 1880 et quelques peintures monumentales : Saint-Vincent de Paul prenant la place d'un galérien qui est à Saint-Nicolas-des-Champs, une Assomption dans la cathédrale de Bayonne, et, au Panthéon, la Décollation de Saint-Denis.



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JOB
PAR LEON BONNAT


Mais ces oeuvres, d'une couleur un peu lourde et qui restent assez formulaires dans leur réalisme, si elles tiennent une place honorable dans une place honorable dans une époque où tous les décorateurs étaient comme dominés par la grande figure de Puvis de Chavannes, ne sont pas l'essentiel de l'oeuvre de Léon Bonnat. C'est comme portraitiste qu'il s'associe le plus intimement à l'histoire de son temps et qu'il lui apporte une contribution à quoi, inévitablement, il faudra toujours recourir.



Que l'on songe à toutes les personnalités qui posèrent devant lui. Personnalités de tous les mondes, où Léon Cogniet cotoie Victor Hugo, où l'on rencontre Renan et Puvis de Chavannes, Thiers, Grévy, Jules Ferry, Sadi Carnot, Félix Faure, le comte Delaborde, Alexandre Sumas fils, Montalivet, Reyer, le cardinal Lavigerie, le compositeur Widor, et des femmes qui furent célèbres : la comtesse de Mailly-Nesle, la comtesse Potocka, Mme Bischoffsheim, Mlle Rosita Mauri, Mme Pasca. Il semble qu'à citer ces noms c'est toute une époque qui renait, tout une temps qui réapparaît. Quel historien de notre pays pourra jamais interroger la deuxième moitié du XIXe siècle et le début du siècle présent sans recourir, pour évoquer les morts, aux descriptions de Léon Bonnat ?



Cette oeuvre d'un grand travailleur, consciencieux et probe, manque sans doute de lyrisme. Elle ne traduit pas cet enthousiasme et cette émotion qui guident le pinceau des grands maîtres et ordonnent leurs tableaux. Les figures, par Léon Bonnat, presque toujours se détachant sur un fond conventionnel, n'ont d'autre souci que de retracer objectivement les traits du modèle, sans viser à l'associer à un décor, mais en restant toujours véridique et sincère.



Pour apprécier la place qu'aura occupée Léon Bonnat dans notre art contemporain, il ne faudra pas seulement se pencher sur les tableaux du peintre. Il faudra songer aussi ce que fut sa tâche comme professeur. Les élèves qui passèrent dans l'atelier qu'il dirigea à l'Ecole des Beaux-Arts, ceux-là mêmes qui suivirent plus tard des tendances que le maître réprouvait, vantent le libéralisme de son enseignement et la sagesse de ses conseils. La liste serait longue à dresser de ceux dont les premières oeuvres furent corrigées par Bonnat. Il eut là une influence indéniable, profonde, presque impossible à discerner à une époque où les jeunes artistes ne craignent pas d'aller d'atelier en atelier et de critiquer sans indulgence les leçons des professeurs qui eux, sont plus indulgents, parce que plus âgés.



A la direction de l'Ecole des Beaux-Arts, où il succéda à Paul Dubois en 1895, quatorze ans après avoir été élu membre de l'Académie des Beaux-Arts, Léon Bonnat a marqué aussi sa trace, s'associant aux tentatives qui ont essayé, en ces dernières années, de rénover l'Ecole et de lui rendre son influence, ou même les provoquant.



Comme président du Conseil des Musées Nationaux, son influence sera plus discutée. Chacun sait que Léon Bonnat fut très nettement hostile à certains peintres contemporains que nous classons parmi ceux qui font honneur à l'Ecole française, qui comptent incontestablement, parmi ceux dont l'influence fut grande dans l'évolution de la peinture et dont le rayonnement au dehors ne peut être nié. Et pourtant, l'homme qui combattit ainsi des formes d'art qu'il ne comprenait et n'admettait pas, fut de ceux qui défendirent avec fermeté aux heures où il fut le plus attaqué, notre grand Puvis de Chavannes. Son hôtel de la rue Bassano est décoré de la fresque Doux Pays, que Puvis exposa en 1882. Dans cet hôtel, outre les oeuvres de maître qui y sont encore nombreuses, passèrent, avec les admirables dessins qu'il donnait hier au Louvre, les remarquables collections qui forment aujourd'hui le musée Léon Bonnat, offert par l'artiste à Bayonne, sa ville natale.



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MUSEE BONNAT BAYONNE - BAIONA
PAYS BASQUE D'ANTAN


Car, et c'est là un trait de son caractère, Léon Bonnat était généreux. Dans cette offre à la ville de Bayonne, il faut voir, plus encore que le geste de l'amateur de belles oeuvres qui leur assure une retraite, la reconnaissance d'un artiste pour l'aide qui lui fut donnée à ses débuts. Cette générosité, Léon Bonnat en donna encore l'exemple en 1914. L'un des fondateurs de la Fraternité des Artistes, il s'y dispensa sans compter et alors ce maître qui poussa ses convictions artistiques jusqu'à l'intolérance, fit l'admiration de ses adversaires de la vieille par l'élan avec lequel il alla vers toutes les détresses des artistes, quels qu'ils fussent, publiant ceux qui l'avaient combattu et leur apportant, avec la même fraternelle bienveillance, tout l'appui dont il disposait.



On peut donc, en toute vérité, dire que Léon Bonnat est accompagné dans son dernier sommeil par d'unanimes regrets. L'homme au grand coeur qui disparaît ne sera pas oublié de ceux qui le connurent. Les générations qui viendront, même si elles s'avisent de discuter le peintre, devront gratitude et respect à l'historiographe."



A suivre...









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