LE PAS-DE-ROLAND À ITXASSOU EN 1912.
Selon une légende, le sabot du cheval de Roland, neveu de Charlemagne, aurait brisé en deux un rocher dans un défilé d'où débouche la Nive, à une endroit appelé aujourd'hui Le Pas de Roland. En Basque, cet endroit s'appelle Atekagaitz, ce qui signifie "mauvais passage".
Voici ce que rapporta à ce sujet la revue hebdomadaire Pyrénoéa, le 10 mai 1912 :
"Le Pas de Roland à Itxassou.
De tous les villages pyrénéens, pas un n'est aussi gracieux, aussi pittoresque, n'est autant visité.
L'automobilisme l'a mis à 45 minutes de Biarritz et en a fait un faubourg de la Reine des Plages, faubourg incomparable qui pénètre dans la montagne et révèle la beauté brutale des torrents mugissants et des voûtes de rochers. Les foules y viennent se reposer du casino ; les baigneurs y aspirent la brise légère et parfumée ; pour les touristes, c'est l'excursion classique ; les amoureux savent que l'endroit est propice et aux aveux et aux serments.
A elle seule, la route vaut le Voyage. Elle traverse Ustaritz et Cambo. Son ruban descend les vallons, monte les coteaux, au milieu de bocages, qui sont autant de bois sacrés, où, dit Rostand,
"De hauts lauriers pensifs splendidement moroses.
Près de lauriers moins hauts qui s'ajoutent des roses,
Contractent leur feuillage avec un noir dédain.
Et les dieux sont assis comme dans un jardin."
Ce sont des dieux et des déesses, ces couples et ces groupes de jeunes gens et de jeunes filles que transportent ici des autos magiques. Ils ont su s'arracher un moment aux ennuis de la ville, pour laisser parler leur coeur au milieu de la belle nature, et l'onde qui tantôt bondit et tantôt se repose leur présente un reflet de leurs sentiments.
Ces jours-ci, Itxassou a arboré sa couronne printanière dans l'épanouissement des cerisiers. Les Boedeker disent : " En entrant dans la gorge du Pas-de-Roland, admirez une forêt de châtaigniers." Il n'en reste même pas l'ombre. Leurs senteurs pernicieuses n'impressionnent plus, à la floraison, les promeneurs. Pendant que le déboisement ravage les Pyrénées, les Itxassoars avisés replantent. Ils avaient chez eux une essence fruitière qui a une prédilection pour leur sol et son développement est devenu une source de fortune : le mérisier rustique, très commun dans la contrée, s'est transformé en "griottier", dit encore "gros gobet" ou "gobet à courte queue". C'est la cerise de Montmorency. Peu à peu ses sélections ont été introduites. Chaque maison, chaque champ s'enveloppent de jolis bosquets où se détachent les "guignes à fruits noirs" et les "bigarreautiers couleur chair" dont les cerises presque transparentes sont belles, suaves et délicates entre toutes.
| CUEILLETTE DE CERISES ITXASSOU PAYS BASQUE D'ANTAN |

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