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mercredi 5 novembre 2025

LE PAS-DE-ROLAND À ITXASSOU EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1912

LE PAS-DE-ROLAND À ITXASSOU EN 1912.


Selon une légende, le sabot du cheval de Roland, neveu de Charlemagne, aurait brisé en deux un rocher dans un défilé d'où débouche la Nive, à une endroit appelé aujourd'hui Le Pas de Roland. En Basque, cet endroit s'appelle Atekagaitz, ce qui signifie "mauvais passage".



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PAS DE ROLAND ITXASSOU - ITSASU
PAYS BASQUE D'ANTAN


Voici ce que rapporta à ce sujet la revue hebdomadaire Pyrénoéa, le 10 mai 1912 :



"Le Pas de Roland à Itxassou.



De tous les villages pyrénéens, pas un n'est aussi gracieux, aussi pittoresque, n'est autant visité.



L'automobilisme l'a mis à 45 minutes de Biarritz et en a fait un faubourg de la Reine des Plages, faubourg incomparable qui pénètre dans la montagne et révèle la beauté brutale des torrents mugissants et des voûtes de rochers. Les foules y viennent se reposer du casino ; les baigneurs y aspirent la brise légère et parfumée ; pour les touristes, c'est l'excursion classique ; les amoureux savent que l'endroit est propice et aux aveux et aux serments.



A elle seule, la route vaut le Voyage. Elle traverse Ustaritz et Cambo. Son ruban descend les vallons, monte les coteaux, au milieu de bocages, qui sont autant de bois sacrés, où, dit Rostand

"De hauts lauriers pensifs splendidement moroses.

Près de lauriers moins hauts qui s'ajoutent des roses,

Contractent leur feuillage avec un noir dédain.

Et les dieux sont assis comme dans un jardin."



Ce sont des dieux et des déesses, ces couples et ces groupes de jeunes gens et de jeunes filles que transportent ici des autos magiques. Ils ont su s'arracher un moment aux ennuis de la ville, pour laisser parler leur coeur au milieu de la belle nature, et l'onde qui tantôt bondit et tantôt se repose leur présente un reflet de leurs sentiments.



Ces jours-ci, Itxassou a arboré sa couronne printanière dans l'épanouissement des cerisiers. Les Boedeker disent : " En entrant dans la gorge du Pas-de-Roland, admirez une forêt de châtaigniers." Il n'en reste même pas l'ombre. Leurs senteurs pernicieuses n'impressionnent plus, à la floraison, les promeneurs. Pendant que le déboisement ravage les Pyrénées, les Itxassoars avisés replantent. Ils avaient chez eux une essence fruitière qui a une prédilection pour leur sol et son développement est devenu une source de fortune : le mérisier rustique, très commun dans la contrée, s'est transformé en "griottier", dit encore "gros gobet" ou "gobet à courte queue". C'est la cerise de Montmorency. Peu à peu ses sélections ont été introduites. Chaque maison, chaque champ s'enveloppent de jolis bosquets où se détachent les "guignes à fruits noirs" et les "bigarreautiers couleur chair" dont les cerises presque transparentes sont belles, suaves et délicates entre toutes.



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CUEILLETTE DE CERISES ITXASSOU
PAYS BASQUE D'ANTAN



Bon an, mal an, Itxassou fait de merveilleuses affaires sur la cerise. Les années mauvaises sont même ici les meilleures, parce que ce sont celles où la cueillette laisse le plus de bénéfices.



Le mois de juin distribue à toutes les visiteuses d'Itxassou de merveilleux pendants d'oreilles :



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CHANSON LE TEMPS DES CERISES
PAROLES : JB CLEMENT / MUSIQUE : RENARD


Les belles auront la folie en tête...

Et les amoureux du soleil au coeur.

Quand nous en serons au temps des cerises,

Sifflera bien mieux le merle moqueur.



Après les déjeuners en plain air qui ont ici grande faveur, il est d'usage de raconter les légendes locales. C'est elle du preux Roland qui, se rendant à Pampelune, transperça un rocher qui obstruait sa route. Vous verrez la brèche qui témoigne de ce geste.



Pour les âmes dévotes, c'est la légende de l'ostensoir et de la croix, qui enfermés dans une cachette murée, sous la Révolution, firent d'eux-mêmes toc-toc à la muraille pour annoncer, sous Thermidor, qu'il fallait les délivrer. On les produit aux processions de la Fête-Dieu, au milieu d'une magnifique garde nationale, en pantalons blancs et vestons galonnés. Et quand, à l'église, le prêtre bénit une dernière fois le peuple, les plus charmants danseurs du pays exécutent, au maître-autel, les sauts nationaux qui remontent à la plus haute antiquité, même à David.



Cette gorge du Pas de Roland vit encore le passage de la princesse de Beïra, s'en allant, sous le nez des soldats français, et guidée par Ganich de Macaye, rejoindre en Espagne son fiancé Don Carlos.



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GANICHE DE MACAYE



La plus belle légende est encore celle qui demeure dans le coeur des enfants d'Itxassou. S'ils connaissent la douceur de la vie, si dans ce village les hypothèques sont inconnues, si les écoles sont pourvues de cantines, si des distributions de vêtements sont faites pendant l'hiver, si les familles nombreuses sont secourues, ce bonheur est dû au défunt M. Berrouet, le bienfaiteur du pays. Revenu du Mexique avec une fortune de 8 millions, il employa ses dernières années à faire le bien autour de lui. Il fut le parrain de tous les enfants qui naquirent, il les dota, et quand la mort vint le surprendre sur la place du jeu de paume, au milieu de tous ces enfants qui formaient sa grande famille, elle lui laissa juste le temps de les envelopper d'un regard et d'un sourire.



Telle est la douce réalité qui a suivi les légendes. Mais l'avenir se noircit.



Les ingénieurs, races sans pitié, ont projeté de mettre à profit les forces de la Nive. Ils veulent enfermer son onde vigoureuse dans des caissons de ciment armé et ils ne la rendront à l'air libre qu'après avoir assuré des réserves de houille blanche. Les chevaux électriques obtenus ainsi éclaireront les cités voisines, feront marcher les chemins de fer ; les usines. Une première expérience a très bien réussi. Elle est dans un repli écarté ; mais le bruit de ses turbines se mêle au roulement des cascades. On médite une deuxième installation au milieu de la gorge, dans ce site qui est un des plus beaux des Pyrénées.



Jamais deux sans trois. Une autre Société entend disposer sur la route en amphithéâtre des rails de wagon Decauville pour charrier les pyrites du Mont Darrain. Dans ce val où Roland pourfendit les montagnes, sur ces bords où les Maïtena et les Manech se font des confidences, s'élèvera bientôt quelque fabrique d'engrais chimiques.



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MINE A ITXASSOU - ITSASU
PAYS BASQUE D'ANTAN


Si c'est la loi du progrès, tant pis ! Déjà les protestations des amis des beaux sites ont fait enlever une affiche-réclame qui déshonorait la brèche de Roland. Les ingénieurs ne manquent pas d'emplacements pour leurs ateliers sataniques. Une fois de plus, il faut que reculent les barbares qui voudraient un des plus beaux sanctuaires de la nature.


J. De La Nive."






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