LES BLASONS DES PROVINCES ET VILLES BASQUES EN 1931.
Au Pays Basque, de nombreuses provinces, communes et familles possèdent leurs propres armoiries.
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BLASON DU PAYS BASQUE |
Voici ce que rapporta à ce sujet le Bulletin de la Société des sciences, arts & lettres de Bayonne, le
1er juillet 1931 :
"Biscaye.
Capitale : Bilbao.
Armes : D'argent au chêne terrassé de sinople, qui est le chêne de Guernica, brochant sur une croix latine de gueules, accompagné de deux loups passants de sable posés l'un au-dessus de l'autre, l'un devant, l'autre derrière le fut, et ravissant chacun un agneau au naturel, ensanglanté de gueules ; l'écu est quelquefois entouré d'une bordure d'or à cinq lions passant au naturel.
La croix affirme la foi religieuse des ancêtres.
L'arbre est le célèbre chêne de Guernica sous lequel avaient lieu les assemblées politiques du pays, jalouses de la conservation de leurs privilèges et de leurs libertés, l'arbre sous lequel était prêté par les députés euskariens le serment d'obéissance aux Fueros.
"Ceux de Biscaye, écrivait en 1635 Louvan Géliot, dans son Indice Armorial, "portoient un chesne de synople en champ d'argent parce qu'ils faisoient toutes leurs assemblées, tant de conseil que de réjouissance dessous l'arbre de Garniga."
Ces quelques mots résument tout le rôle joué dans l'histoire de Biscaye par le chêne de Guernica, le plus illustre du nord de l'Espagne, l'arbre symbolique par excellence des institutions et des coutumes basques.
Pendant tout le Moyen Age, dit M. Théodore Bachelet, les provinces basques furent des pays d'Etats, jouissant de grande liberté ; leurs fueros ou constitutions reposaient soit sur des chartes écrite, concédées par les rois, soit seulement par la coutume. Administrées par un bilçar, congrès de vieillards chefs de familles, exemptes de toute espèce de recrutement, jugées d'après leurs coutumes, elles n'accordèrent aux rois de France et d'Espagne, leurs protecteurs et non leurs maîtres, que des dons gratuits. Les municipalités étaient mi-partie populaires, mi-partie héréditaires et aristocratiques, chaque commune était représentée aux juntes ou assemblées générales convoquées tous les ans.
Le chêne était l'arbre de Zeus. Il fournissait les rameaux dont étaient tressées les couronnes des vainqueurs des Jeux ; les temples antiques étaient presque toujours élevés à proximité des bois de chênes et les prêtres écoutaient dans leur feuillage la parole des dieux. C'est encore sur les chênes que les druides coupaient le gui sacré. Pour ces lointaines raisons, l'arbre devint un symbole respecté des chrétiens du Moyen Age. Il ne faut donc pas s'étonner si les Assemblées euskariennes se sont réunies régulièrement et si toutes les plus importantes décisions ont été prises à l'ombre du chêne de Guernica. Ferdinand de Castille et Isabelle la Catholique vinrent jurer en 1476 le maintien des fueros, ce fait bien connu méritait toutefois d'être rappelé.
M. Paul Lafond dans son beau livre sur le Pays Basque a consacré plusieurs pages à l'arbre célèbre et au barde Iparraguirre qui l'a chanté :
"... Guernica la cité sainte des Basques, où se trouve le fameux chêne sous lequel, de tout temps, était prêté par les députés euskariens le serment d'obéissance aux Fueros.
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LIVRE LE PAYS BASQUE DE PAUL LAFOND |
Le vieil arbre mort est enfermé dans une cage de fer vitrée, et un plus jeune a été planté tout près pour le remplacer.
Cet arbre célébré par Jean-Jacques Rousseau, glorifié par Tirso de Molina, salué par nos armées lors des campagnes de la République française en Espagne, comme le premier arbre de la liberté, n'est plus hélas ! qu'un symbole, l'allégorie des libertés des trois provinces. C'était sous son ombre que les Basques déléguaient à leurs souverains le droit de les protéger : "Nous qui voulons", leur disaient-ils "et qui pouvons plus que vous, nous vous faisons notre Seigneur pour que vous nous protégiez et que vous nous conserviez nos fueros, si non, non."
Deux petits faits choisis entre plusieurs prouveront la vénération et le respect que tout le peuple basque éprouve pour cet arbre symbolique.
En 1897, le chanoine Adéma (le poète Zalduby) fit, à l'occasion des Fêtes de le Tradition Basque, une conférence sur le chêne sacré, rappelant les principales légendes qu'il évoque. A la fin de cette causerie, un bascophile enthousiaste, Don Resurreccion de Azkue, directeur de l'Euskalzale (le bibliophile basque), revue hebdomadaire de littérature, de musique et d'art, offrit au chanoine Adéma, comme témoignage de son admiration, une feuille authentique de l'arbre de Guernica.
Récemment, écrit le P. Lhande, "une des nombreuses sociétés euskariennes établies dans la République Argentine fêtait, à Buenos-Ayres, son trentième anniversaire. Après l'indispensable partie de pelote, les assistants se réunirent dans un jardin attenant au jeu de paume. Un trou fut creusé dans une terre préparée et on y déposa un gland détaché de l'Arbre de Guernica et récemment apporté de Biscaye. Un prêtre bénit solennellement la petite semence. On plaça à côté une urne de fer renfermant l'historique de cette fête, et, après avoir recouvert le tout de terre de Biscaye, on se retira au chant de Guernikako Arbola".
Les loups du blason de Biscaye sont détachés de celui des Haro, seigneurs de Biscaye.
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ARMOIRIE SEIGNEURS DE HARO BISCAYE |
Les seigneurs de Haro, en effet, ont des armes parlants. Leur nom patronymique est Lopez (en latin lupus). Les anciens textes indiquent toujours ce nom lupus ou luppus précédant celui de Haro ou Biscaye : de là l'origine des loups qui chargent leur blason.
Don Juan Carlos de Guerra raconte, p. 304 de ses Estudios de Heraldica Vasca, que la légende leur accorde une origine très ancienne :
Au moment où la bataille d'Arrigorriaga allait commencer, deux loups portant chacun un agneau passèrent devant l'armée de Biscaye, ce qui fut considéré comme un présage de victoire.
La ville de Bilbao porte : d'argent au pont de deux arches, surmonté à dextre d'un clocher et accompagné en chef de deux loups passants l'un au-dessus de l'autre. (D'après un plan du XVIe siècle, conservé au musée de Saint-Sébastien).
Sans doute ces armes sont contemporaines de la fondation de la ville par D. Diego Lopez de Haro, el intruso, en 1300, et inspirées de son blason.
Alava.
Capitale : Vitoria.
Armes : De gueules au château crénelé d'or, sommé de trois tours du même et un dextrochère armé d'argent, issant de la porte dudit château vers senestre et tenant une épée d'or posée en bande, dont il menace un lion rampant du même, le tout posé sur une montagne d'argent , l'écu entouré d'une bordure d'argent chargée de cette inscription en lettres de sable : En Aumento de la Jusiticia contra malhechores.
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ARMOIRIES DE L'ALAVA SOC SCIENC LETTRES ARTS BAYONNE 1 JUILLET 1931 |
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