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jeudi 31 juillet 2025

LES BLASONS DES PROVINCES ET VILLES BASQUES EN 1931 (troisième partie)

 

LES BLASONS DES PROVINCES ET VILLES BASQUES EN 1931.


Au Pays Basque, de nombreuses provinces, communes et familles possèdent leurs propres armoiries.



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BLASON DU PAYS BASQUE






Voici ce que rapporta à ce sujet le Bulletin de la Société des sciences, arts & lettres de Bayonne, le 

1er juillet 1931 :



"Biscaye.

Capitale : Bilbao.



Armes : D'argent au chêne terrassé de sinople, qui est le chêne de Guernica, brochant sur une croix latine de gueules, accompagné de deux loups passants de sable posés l'un au-dessus de l'autre, l'un devant, l'autre derrière le fut, et ravissant chacun un agneau au naturel, ensanglanté de gueules ; l'écu est quelquefois entouré d'une bordure d'or à cinq lions passant au naturel.



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ARMOIRIES DE LA BISCAYE
SOC SCIENC LETTRES ARTS BAYONNE
1 JUILLET 1931



La croix affirme la foi religieuse des ancêtres.


L'arbre est le célèbre chêne de Guernica sous lequel avaient lieu les assemblées politiques du pays, jalouses de la conservation de leurs privilèges et de leurs libertés, l'arbre sous lequel était prêté par les députés euskariens le serment d'obéissance aux Fueros.


"Ceux de Biscaye, écrivait en 1635 Louvan Géliot, dans son Indice Armorial, "portoient un chesne de synople en champ d'argent parce qu'ils faisoient toutes leurs assemblées, tant de conseil que de réjouissance dessous l'arbre de Garniga."



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LIVRE L'INDICE ARMORIAL
DE LOUUAN GELIOT 1635



Ces quelques mots résument tout le rôle joué dans l'histoire de Biscaye par le chêne de Guernica, le plus illustre du nord de l'Espagne, l'arbre symbolique par excellence des institutions et des coutumes basques.



Pendant tout le Moyen Age, dit M. Théodore Bachelet, les provinces basques furent des pays d'Etats, jouissant de grande liberté ; leurs fueros ou constitutions reposaient soit sur des chartes écrite, concédées par les rois, soit seulement par la coutume. Administrées par un bilçar, congrès de vieillards chefs de familles, exemptes de toute espèce de recrutement, jugées d'après leurs coutumes, elles n'accordèrent aux rois de France et d'Espagne, leurs protecteurs et non leurs maîtres, que des dons gratuits. Les municipalités étaient mi-partie populaires, mi-partie héréditaires et aristocratiques, chaque commune était représentée aux juntes ou assemblées générales convoquées tous les ans.



Le chêne était l'arbre de Zeus. Il fournissait les rameaux dont étaient tressées les couronnes des vainqueurs des Jeux ; les temples antiques étaient presque toujours élevés à proximité des bois de chênes et les prêtres écoutaient dans leur feuillage la parole des dieux. C'est encore sur les chênes que les druides coupaient le gui sacré. Pour ces lointaines raisons, l'arbre devint un symbole respecté des chrétiens du Moyen Age. Il ne faut donc pas s'étonner si les Assemblées euskariennes se sont réunies régulièrement et si toutes les plus importantes décisions ont été prises à l'ombre du chêne de Guernica. Ferdinand de Castille et Isabelle la Catholique vinrent jurer en 1476 le maintien des fueros, ce fait bien connu méritait toutefois d'être rappelé. 



M. Paul Lafond dans son beau livre sur le Pays Basque a consacré plusieurs pages à l'arbre célèbre et au barde Iparraguirre qui l'a chanté : 

"... Guernica la cité sainte des Basques, où se trouve le fameux chêne sous lequel, de tout temps, était prêté par les députés euskariens le serment d'obéissance aux Fueros.



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LIVRE LE PAYS BASQUE
DE PAUL LAFOND


Le vieil arbre mort est enfermé dans une cage de fer vitrée, et un plus jeune a été planté tout près pour le remplacer.


Cet arbre célébré par Jean-Jacques Rousseau, glorifié par Tirso de Molina, salué par nos armées lors des campagnes de la République française en Espagne, comme le premier arbre de la liberté, n'est plus hélas ! qu'un symbole, l'allégorie des libertés des trois provinces. C'était sous son ombre que les Basques déléguaient à leurs souverains le droit de les protéger : "Nous qui voulons", leur disaient-ils "et qui pouvons plus que vous, nous vous faisons notre Seigneur pour que vous nous protégiez et que vous nous conserviez nos fueros, si non, non."



Deux petits faits choisis entre plusieurs prouveront la vénération et le respect que tout le peuple basque éprouve pour cet arbre symbolique.



En 1897, le chanoine Adéma (le poète Zalduby) fit, à l'occasion des Fêtes de le Tradition Basque, une conférence sur le chêne sacré, rappelant les principales légendes qu'il évoque. A la fin de cette causerie, un bascophile enthousiaste, Don Resurreccion de Azkue, directeur de l'Euskalzale (le bibliophile basque), revue hebdomadaire de littérature, de musique et d'art, offrit au chanoine Adéma, comme témoignage de son admiration, une feuille authentique de l'arbre de Guernica.



Récemment, écrit le P. Lhande, "une des nombreuses sociétés euskariennes établies dans la République Argentine fêtait, à Buenos-Ayres, son trentième anniversaire. Après l'indispensable partie de pelote, les assistants se réunirent dans un jardin attenant au jeu de paume. Un trou fut creusé dans une terre préparée et on y déposa un gland détaché de l'Arbre de Guernica et récemment apporté de Biscaye. Un prêtre bénit solennellement la petite semence. On plaça à côté une urne de fer renfermant l'historique de cette fête, et, après avoir recouvert le tout de terre de Biscaye, on se retira au chant de Guernikako Arbola".



Les loups du blason de Biscaye sont détachés de celui des Haro, seigneurs de Biscaye.



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ARMOIRIE SEIGNEURS DE HARO BISCAYE



Les seigneurs de Haro, en effet, ont des armes parlants. Leur nom patronymique est Lopez (en latin lupus). Les anciens textes indiquent toujours ce nom lupus ou luppus précédant celui de Haro ou Biscaye : de là l'origine des loups qui chargent leur blason.



Don Juan Carlos de Guerra raconte, p. 304 de ses Estudios de Heraldica Vasca, que la légende leur accorde une origine très ancienne :

Au moment où la bataille d'Arrigorriaga allait commencer, deux loups portant chacun un agneau passèrent devant l'armée de Biscaye, ce qui fut considéré comme un présage de victoire.



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BATAILLE D'ARRIGORRIAGA BISCAYE 9EME SIECLE
PAYS BASQUE D'ANTAN


La ville de Bilbao porte : d'argent au pont de deux arches, surmonté à dextre d'un clocher et accompagné en chef de deux loups passants l'un au-dessus de l'autre. (D'après un plan du XVIe siècle, conservé au musée de Saint-Sébastien).


Sans doute ces armes sont contemporaines de la fondation de la ville par D. Diego Lopez de Haro, el intruso, en 1300, et inspirées de son blason.



Alava.

Capitale : Vitoria.



Armes : De gueules au château crénelé d'or, sommé de trois tours du même et un dextrochère armé d'argent, issant de la porte dudit château vers senestre et tenant une épée d'or posée en bande, dont il menace un lion rampant du même, le tout posé sur une montagne d'argent , l'écu entouré d'une bordure d'argent chargée de cette inscription en lettres de sable : En Aumento de la Jusiticia contra malhechores.



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ARMOIRIES DE L'ALAVA
SOC SCIENC LETTRES ARTS BAYONNE
1 JUILLET 1931



Ou : d'or au château au naturel, posé sur une hauteur. De la porte principale dudit château sort un dextrochère armé d'une épée dont il menace un lion rampant de gueules, l'écu entouré d'une bordure d'or chargée de l'inscription en lettres de sable : "Aumento de la Justicia contra malhechores.


Nous voyons ici un bras armé sortant d'une tour, symbole de l'indépendance d'un pays puissant par ses montagnes fortifiées et toujours prêt à se défendre contre les féroces attaques de ses ennemis.


La devise complète le sens des figures : "En Aumento de la Justicia contra malhechores".


Ce blason, dit M. de Guetta, est le symbole de l'indépendance du pays, fort par ses montagnes, et toujours prêt à résister aux féroces attaques de ses ennemis. Autour de l'écusson, on lit cette inscription : "Au profit de la justice contre les malfaiteurs", allusion à ce que faisait sous l'ancien régime, le Député général, magistrat suprême d'Alava. On remarquera tout de suite que cette devise est tout à fait étrangère aux figures du blason, parce que le lion n'a jamais servi à représenter des malfaiteurs.


"L'écusson fut à l'origine celui de la ville de Portilla, dans les actes et documents intitulée Torre de la Portilla, et il garde une relation étroite avec la topographie et les conditions particulières de cette ville, place d'armes de quelque importance en 1179, avec deux châteaux-forts à l'est et à l'ouest et dont les ruines et le souvenir se trouvent dans l'église de Notre-Dame du Château. Un de ces châteaux surtout était remarquable : il était situé sur la cime du rocher calcaire sur lequel fut construite la ville primitive, alors inexpugnable. Il se trouvait à la frontière méridionale d'Alava, sur la route de Berantevilla à Logroño ; cette toute que l'on doit considérer comme stratégique, suit sur sa gauche le cours de l'Ebre, qui entoure certaines forteresses, et dont le cours est aussi protégé par d'autres châteaux à distance. Il n'est donc pas difficile de deviner quels sont les audacieux envahisseurs représentés sous la figure du lion.


D'après d'anciens usages généralement observés, les habitants de cette région avaient l'habitude de porter les actes des contrats de quelque importance au maire de Portilla qui, pour leur donner plus de solennité, et plus de force, les frappait du sceau de la ville suspendu à des fils de soie reliant les parchemins.


Plus tard, le "fuero" de Soportilla fut étendu à tous les hidalgos d'Alava en vertu de la clause 7 de l'acte d'incorporation de cette province à la couronne de Castille en 1332.


Pour ces deux motifs, les armes de Portilla devinrent celles de la province qui, au moment de la constitution des Confréries, au XVe siècle, ajouta à son blason la légende : "Au profit de la justice contre les malfaiteurs" qui exprime la pensée capitale qui présida à cette organisation.



La ville de Vitoria porte : D'argent au château au naturel ouvert et ajouré de sable, soutenu de deux lions de gueules et sommé de deux grues regardant en bas, du haut des créneaux."



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ARMOIRIE DE VITORIA ALAVA


(Source : Wikipédia)



A suivre...



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