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mardi 6 juillet 2021

LES TOMBES DISCOÏDALES AU PAYS BASQUE (huitième et dernière partie)


LES TOMBES DISCOÏDALES.


L'art funéraire Basque se caractérise par des sculptures sur pierres (stèles discoïdales ou tabulaires, ou pierres tombales), dont les plus anciennes datent de la fin du 16ème siècle.



religion mort cimetière tombes discoîdales
TOMBES DISCOÏDALES
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet la presse, dans diverses éditions :






  • La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, le 15 avril 1930, sous la plume de 
Henri Godbarge :



"La conférence de M. Godbarge à Duconténia.



...En résumé, pour déchiffrer l'énigme de la décoration basque, il faut donc fouiller le problème qui s'est posé, et qui se pose encore, sur la genèse de la décoration pro-romane et sur la genèse de la décoration romane, en France, en Espagne, problème encore insuffisamment étudié. 



J'ai eu la témérité de l'examiner selon une méthode de professionnel, la méthode de l'étude directe du morceau archéologique. Et je n'ai voulu recourir aux documents écrits de l'érudit historien, qu'après cet examen. J'ai eu la témérité bien plus grande encore de formuler quelques hypothèses et même quelques conclusions qui s’appuient moins sur l’histoire de l'art et de l'art archéologique, que sur des analyses techniques professionnelles à mon sens beaucoup plus sûres, dans certains cas, et, notamment, dans le cas du problème euskarien, lequel est sans grandes données historiques. 



Aussi, voulez-vous me permettre de vous entretenir un instant des fouilles de Périgueux



Les fouilles de Périgueux sont suggestives à tous égards. Les photographies contenues dans la Tombe Basque de Colas m’avaient frappé. Il y avait analogies troublantes entre ces reproductions et certaines ornementations, tracées, gravées, aussi bien sur la pierre que sur le bois des coffres anciens, tant en Labourd, qu'en Navarre, qu'au Musée de Saint-Sébastien, qu'à Burgos. Mais la photographie ne rend qu'imparfaitement la physionomie sculpturale d'un bas-relief ou d’un haut-relief. Ma visite au Musée, grâce à l’obligeance du conservateur, M. de Fayolle, me fut très utile. Dans le préau couvert, où, judicieusement, sont réunies de riches collections archéologiques, côte à côte, sont exposés des morceaux vétustes et moussus ou des pierres médiévales, trouvés en cette antique cité, submergée par diverses civilisations. Là sont des ruines très bien conservées : chapiteaux romains, ou gallo-romains, chapiteaux pro-romans, byzantins et enfin romans ; avec cela, toutes les pierres tumulaires de ces diverses époques. Cet examen est, en vérité, très suggestif, comme je l'ai déjà dit, pour qui analyse les curieux tâtonnements qui précèdent et qui président aux débuts d'un style aussi bien qu'à l’évolution, qu’à la stylisation qui suivent les déformations premières. Notamment, les stylisations s'affirment et s'accentuent au fur et à mesure du développement de ce style. Comme pour les chapiteaux romains d'Espagne qui furent copiés, interprétés, par les Maures de Cordoue ou de Fez, on constate des imitations faites par les Gaulois, éduqués à la romaine ; puis, des stylisations de chapiteaux gallo-romains, quand les copies d'imitation succédèrent aux copies directes ; ensuite, une sorte de stylisation pro-romane, faite de survivances romaines qui précédèrent l’apport des motifs orientaux. Par la suite, on constate une ornementation mi-romaine, mi-byzantine ; enfin, les morceaux archéologiques romans du Xle et Xlle siècles parfaitement stylisés, mais dont l'air de parenté avec les morceaux gallo-ro mains est manifeste, malgré l’introduction d'éléments étrangers. Même processus, en définitive, que le processus architectural et ornemental d'Espagne et des provinces basques. D'ailleurs, il y a unanimité d’opinion entre critiques d’art sur ce sujet. C'est ainsi que se sont formés, c’est l’opinion unanime, tous les styles, surtout les styles de civilisation, à leurs débuts.


archéologie périgueux vésone
FOUILLES PERIGUEUX 1930





religion tombe basque colas
LIVRE LA TOMBE BASQUE 
LOUIS COLAS



Mais examinons de plus près cette ornementation dont les apports orientaux, apports géométriques, surtout, sont évidents à Périgueux. Sont-ce des apports byzantins ou des apports islamiques ... Question troublante pour nous. 



Les érudits discutent encore. Je crois que le champ de la discussion pourrait être limité grâce à des constatations techniques professionnelles sur lesquelles on n'a pas assez insisté. Les procédés du tailleur de pierre ou du sculpteur byzantin sont-ils les mêmes que ceux des professionnels musulmans ?... 



Eh ! bien, non. L'un, le Byzantin, modèle à la manière du sculpteur grec, l’autre, le Maure, champlève à la manière de l’ouvrier décorateur, ou plu tôt, à la manière du dessinateur persan. J'ai signalé ce procédé au début de ces études en citant, du reste, M. Malagarie, procédé de méplat qui fouille une surface plane sur laquelle le dessin de l’ornementation a été soigneusement tracé ; les parties en creux sont également en méplat horizontal. Il y a donc dans une œuvre mauresque ou mudéjare, deux ou trois plans horizontaux pour les jeux de lumière, deux ou trois "nus", comme il est dit en termes de métier, tandis que l'ornemaniste byzantin qui a reçu l'éducation artistique grecque obtient ses jeux de lumière et de plans à la manière du sculpteur latin, lequel recherche le modelé naturaliste imitant davantage la nature multipliant les creux, les vallonnements, les "gris" et les "noirs", autrement dit, il use de ce qu'il est convenu d'appeler la couleur sculpturale et cela en ayant, comme matière, aussi bien la pierre que le bois. Or les morceaux lapidaires romans de Périgueux qui ont des dessins analogues à ceux du Pays Basque, et qui se trouvent sur les stèles, linteaux ou coffres à bois, ont un modelé byzantin. Aussi, en professionnel, je déclare qu'il y a là influence purement byzantine comme du reste, on devait s'y attendre, en cet endroit ; car ces vétustes pierres sont des vestiges d'une vieille ville ou s'est édifiée la cathédrale Saint-Front, dont les éléments de construction sont à l'imitation de ceux de Sainte-Sophie chef-d’œuvre byzantin, comme chacun sait. Cette conclusion est corroborée car d’autres données historiques que je reprendrai en examinant les hypothèses de M. Dieulafoy, l'éminent maître archéologue bien connu.



religion tombe basque colas
LIVRE LA TOMBE BASQUE 
LOUIS COLAS



En revanche, la taille sculpturale, pour graver dans la pierre, les dessins euskariens, dessins géométriques, identiques de forme aux dessins byzantins comme je l'ai déjà dit, cette taille, dis-je, est faite, à la manière du champlevage, qui est la manière islamique de Cordoue, manière perpétuée et transmise par les Mudéjares en Castille et surtout en Catalogne, même après le départ des Maures vaincus et refoulés en Andalousie, province qui fut pendant longtemps le centre artistique, la grande école de tous les professionnels du bâtiment, car elle forma : maçons, tailleurs de pierre, charpentiers, ébénistes et surtout ornemanistes ou géomètres, tous imprégnés de la civilisation mauresque, laquelle était la plus avancée de l'époque. Je note que cette constatation professionnelle de la différence entre les dessins byzantins et les dessins décoratifs basques s'adapte étroitement à la thèse qui résulte de mes constatations faites au cours d'une enquête architecturale et que je résume en ces quelques mots. 



Les provinces d’Espagne ayant subi les fortes empreintes de la civilisation très florissante islamique, même après la reconquête, ont transmis ces survivances à la fois espagnoles et islamiques en Navarre et dans les Provinces Basques, à l’époque historique où celles-ci naissaient à la vie politique. 




religion tombe basque colas
LIVRE LA TOMBE BASQUE 
LOUIS COLAS



Et plus précisément encore, je résume et je précise ma pensée en disant que chez les Basques espagnols il y a eu, au début surtout, influence architecturale et survivances ornementales islamiques et non influence romane, surtout dans l'architecture civile, comme on s’est plu à le déclarer, car il y aurait dans la technique influence byzantine ; ce qui n'est pas. En effet, si certains dessins euskariens et byzantins sont identiques, du moins les procédés de sculpture sont complètement différents..."




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dimanche 6 juin 2021

LES TOMBES DISCOÏDALES AU PAYS BASQUE (septième partie)

 


LES TOMBES DISCOÏDALES.


L'art funéraire Basque se caractérise par des sculptures sur pierres (stèles discoïdales ou tabulaires, ou pierres tombales), dont les plus anciennes datent de la fin du 16ème siècle.



religion mort cimetière tombes discoîdales
TOMBES DISCOÏDALES
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet la presse, dans diverses éditions :






  • La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, le 26 mars 1930, sous la plume 
d'Henri Godbarge :



"Suite à une causerie. 



Les Pierres discoïdales.



Une lettre de M. Le Bondidier. Les pierres discoïdales ailleurs que dans le Pays Basque. Celles du Musée Pyrénéen.


tombes musée pyrénéen
RECONSTITUTION CIMETIERE BASQUE
MUSEE PYRENEEN LOURDES


A la suite de la causerie faite récemment à la Société des Sciences, Lettres et Arts de Bayonne, sur "une pierre discoïdale au Mexique", Mme De La Rüe a reçu de M. Le Bondidier, l’érudit directeur du Musée Pyrénéen et le voyageur averti auquel le Tourisme doit tant, la lettre que nous reproduisons ci-dessous :


 Château fort de Lourdes, le 24 mars 1930. 


"Madame, 


Je vous remercie de l’aimable envoi de votre curieux article sur la tombe discoïdale du Mexique. Je l'ai lu avec un vif intérêt mais sans grand étonnement car c’est avec un état d’âme peut-être un peu trop subjectif et particulariste qu’on nomme tombe "basque" une forme de tombe qu’on retrouve dans les pays les plus divers.



Déjà, Colas, dans son magistral ouvrage, en avait signalé en Ariège et dans les Landes. Il en note une que je lui avais indiquée à Baudéan, dans les Hautes-Pyrénées. 



Bourilly et Laouste, dans leur livre sur les "Stèles funéraires marocaines" donnent la description et les photographies de très nombreuses discoïdales au Maroc. 



Frankowski, dans son Mémoire à la Commission d’études paléontologiques et préhistoriques de Madrid en indique de très nombreuses disséminées dans toute l’Espagne et le Portugal. Une photographie de son livre donne des reproductions de tombes du Chili nettement apparentée, dans le principe, aux discoïdales.



Moi-même, l’automne dernier, au cours d’un voyage en Afrique du Nord, j’en ai trouvé au cimetière d’El Kettar, à Alger, à Constantine (en bois, très curieuses), à Tunis (minuscules mais par centaines), à El Djem, à Djerba. 



Le champ de la discoïdale est donc beaucoup plus vaste qu’on ne le croit en Pays Basque.



Et maintenant, si cette question vous intéresse, me permettriez-vous de vous poser une question, une  "colle" ? Savez-vous où est la plus belle et la plus complète réunion de tombes discoïdales ? ...Au Château de Lourdes, tout simplement, où dans le cimetière pyrénéen il y a exécutées, d’après la documentation que j’avais recueillie, par Mme Le Bondidier, aidée de quelques ouvriers, une soixantaine de discoïdales parmi les plus curieuses, depuis la discoïdale que j’ai vue et notée à Tunis, qui a huit centimètres de diamètre qu'on mettrait dans sa poche et qui aurait fait un si joli presse-papier sur la table de ce pauvre Colas, jusqu’à celle signalée par Frankowski, dans la province de Santander, qui a 1 m. 66 de diamètre et dont la reproduction ici pèse deux tonnes et demie. 


château hautes pyrénées
LE CHÂTEAU FORT DE LOURDES
MUSEE PYRENEEN


Il faut savoir gré à M. Le Bondidier de son intéressante communication. 



musée lourdes directeur
MR ET MME LE BONDIDIER
CHÂTEAU DE LOURDES



Déjà, en effet, le regretté Louis Colas, dans une communication à la Société des Sciences de Bayonne, si nos souvenirs sont exacts, et dans un article paru dans la "Gazette'" avait signalé la présence de pierres discoïdales au Maroc. Cette remarque fut d’ailleurs rappelée dans la causerie de ces jours derniers. 



Ces documents et les recherches et communications qui pourront être faites par la suite ne pourront que contribuer à l'histoire des tombes basques et, en élargissant le cercle du champ d’observation et des connaissances, du Pays Basque lui-même."



A suivre...



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jeudi 6 mai 2021

LES TOMBES DISCOÏDALES AU PAYS BASQUE (sixième partie)

  

LES TOMBES DISCOÏDALES.


L'art funéraire Basque se caractérise par des sculptures sur pierres (stèles discoïdales ou tabulaires, ou pierres tombales), dont les plus anciennes datent de la fin du 16ème siècle.



religion mort cimetière tombes discoîdales
TOMBES DISCOÏDALES
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet la presse, dans diverses éditions :



  • La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, le 28 février 1929, sous la plume 
d'Henri Godbarge :



"Sur une tombe discoïdale.



L'oeuvre de M. Louis Colas. 



C’est avec tristesse qu'on a appris hier à Bayonne et dans la région la mort de M. Louis Colas, professeur au Lycée de Bayonne, agrégé de l’Université. 



Il n était pas originaire de ce pays, mais y avait acquis droit de cité non seulement parce qu'il y vivait et professait depuis de nombreuses années déjà, mais encore à cause des services qu’il a rendus à la jeunesse, à cause de sa bonté, à cause de la part active qu’il a prise aux travaux de la Société des Sciences, Lettres et Arts de Bayonne ; à cause de la langue basque qu’il avait apprise avec passion ; à cause de ses importants travaux sur le Pays Basque. 



— Nous avons dit que son livre sur les Tombes discoïdales était un véritable "corpus" qui resterait et que les savants, les philologues... et les architectes et décorateurs consulteront avec fruit. Celui qu'il écrivit sur la Maison Basque était également du plus grand intérêt et il allait en écrire un nouveau quand la maladie le surprit. 



LIVRE L'HABITATION BASQUE
DE LOUIS COLAS




C'est une œuvre considérable qu’il menât sans soucis de la fatigue, de pénibles excursions qu’il faisait dans les villages de la vallée et de la montagne, sac au dos, quel que fût le temps. Ces fatigues n'auront sans doute pas peu contribué à abréger sa vie.



Les nombreuses illustrations des Tombes discoïdales, c’est lui qui les dessina. Il allait de tombe en tombe, lorsqu’elles offraient de l’intérêt ; en dessinait les contours, les caractères, les images, puis il les commentait, il en faisait l’histoire. 


pays basque autrefois
LIVRE LA TOMBE BASQUE DE LOUIS COLAS
PAYS BASQUE D'ANTAN


pays basque avant
LIVRE LA TOMBE BASQUE DE LOUIS COLAS
PAYS BASQUE D'ANTAN


L’Académie couronna cette œuvre et ce fut une joie profonde pour cet excellent homme et cet excellent écrivain, si érudit et si modeste. 



Il fut, peut-on dire, l’homme, l'historiographe de la Tombe basque. 



Et dès lors, pourquoi sur sa tombe ne placerait-on pas un de ces pierres discoïdales, qu’il dessinait avec un soin jaloux ? Certes nous n'avons nulle intention de nous substituer à la famille du défunt pour indiquer ce que doit être son monument au lieu du dernier repos, mais quel symbole dirait mieux ce qu'il fit que cette pierre dont il écrivit l'histoire à travers les temps ? 



Nous avons, sous les yeux, le texte d’une conférence qu’il fit. il y a quelques mois, à Saint-Sébastien, devant la Sociedad de Estudios Vascos, et à laquelle assistait un public nombreux et vivement intéressé. 



Nous eussions aimé en reproduire aujourd’hui, comme une sorte de testament littéraire et artistique de longs passages. Ni le temps, ni la place dont nous disposons ne nous le permettent.



Pourtant, nous en citerons deux paragraphes. Dans le premier, il recherche les régions au nord et dans le voisinage immédiat des Pyrénées qui possèdent encore ou ont possédé des discoïdales et qui peuvent être considérées comme un habitat très ancien des populations celtibères : 



"Je dois vous avouer à ce sujet, dit-il, que si mon enquête n'est pas complètement terminée, les documents que j'ai pu rassembler ne sont pas de nature à infirmer ma thèse, bien au contraire... Il subsiste encore quelques discoïdales dans la Chalosse, cette plaine fertile s'étendant au nord de l’Adour ; il y en a dans le Gers, l'ancien habitat de la fédération des Ausci : j’en ai rencontré quelques-unes dans la vallée d'Aspe, dont la toponomastique a été étudiée avec soin, en vue, précisément, de nombreuses étymologies offrant des similitudes frappantes avec la langue basque... Mais, à mon avis, le gisement le plus important, celui dont on peut tirer les conclusions les plus intéressantes, c’est celui du Lauragais, région située à l’est de Toulouse, passage d’invasions ibères et celtiques, pays fertile où les nouveaux venus devaient se fixer de préférence. Or, dans cette région même, en direction de Chalabre et de Castelnaudary, le savant Dusan, en 1866, signalait l'existence de discoïdales paraissant très anciennes dans une dizaine de cimetières. La Revue archéologique du Midi de la France en a donné la reproduction. Dusan signale, à ce sujet, des détails que nous retrouvons sur les tombes basques : Champlevage, croix sculptées, attributs de métiers, fleurs de lis, etc. Mais cela est secondaire. Ce qui importe, c’est de retrouver cette forme dans une région jadis peuplée de Celtibères. Ai-je besoin de dire qu’en 1866 cette forme de monument funèbre était considérée comme très ancienne, que les vieillards interrogés par Dusan se rappelaient en avoir vu davantage, et qu’on les détruisait, hélas ! volontiers ?" 



Et voici quelle fut sa conclusion : 



"On ne doit jamais parler de soi" disaient volontiers nos grands écrivains français du XVIIe siècle. Excusez-moi, Messieurs, si je ne me conforme pas ici à la règle. Lorsque je parcourais les cimetières du Pays Basque français, M. C. Jullian me disait volontiers : "Il faudrait que l'on pût faire un travail analogue dans le Pays Basque espagnol ; il faudrait aussi que de pareils "Corpus" pussent être exécutés tout le long de la chaîne des Pyrénées, dans les vieux cimetières du Béarn, de l’Ariège, de l’Aude..." Je pensais de même. N’ai-je pas écrit que la discoïdale qui parait être, au premier abord, la tombe basque, est une tombe pyrénéenne ? Mais, depuis, j'ai beaucoup réfléchi à cette question. La discoïdale me parait être la tombe celtibérique, un monument funèbre qui a dû se répandre beaucoup plus au sud, et un peu plus au nord des Pyrénées. Le jour où l'on aura fait l’inventaire de toutes celles qui subsistent encore dans les régions de Burgos et de Soria, lorsque les archéologues auront exploré les rives du Golfe Cantabrique, et qu’ils auront également dénombré celles que l'on peut rencontrer dans l'Estrémadure et l’Alemtejo, ce jour-là nous serons fixés sur l'expansion des Celtibères. Certes, les cimetières des provinces Vascongades au sud des Pyrénées, ceux du Pays Basque français au nord de la même chaîne sont, j’en suis persuadé, les plus riches en monuments de ce type. Les historiens tireront de ces collections toutes les conséquences qui leur paraîtront s'imposer. Quelles riches mines renferment, sans nul doute, les vieux cimetières de vos montagnes ! Quels trésors épigraphiques ils recèlent ! Que de découvertes encore à faire ! Espérons que ces travaux seront, un jour, accomplis, tant au nord qu'au sud des Pyrénées. Ce sera, alors, de la bonne collaboration hispano-française ! Permettez-moi de l’espérer." 



Excellent homme, avant que de dormir l'éternel sommeil, il a pu voir se réaliser, dans bien des domaines, cette collaboration franco-espagnole. 



Et le voici qui s'en va, simplement, sans vouloir de fleurs sur son cercueil, de discours sur sa tombe. C'était un grand cœur, un bon serviteur du Pays Basque et de l’Histoire... C’était un travailleur et un sage..."



A suivre...



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mercredi 6 janvier 2021

LES TOMBES DISCOÏDALES AU PAYS BASQUE (deuxième partie)

 

LES TOMBES DISCOÏDALES.


L'art funéraire Basque se caractérise par des sculptures sur pierres (stèles discoïdales ou tabulaires, ou pierres tombales), dont les plus anciennes datent de la fin du 16ème siècle.



religion mort cimetière tombes discoîdales
TOMBES DISCOÏDALES
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet la presse, dans diverses éditions :



  • La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, le 20 mars 1922, sous la plume de 
Georges Blancon :



Le passé du Pays Basque. 




A propos de la tombe discoïdale.




L’étude de M. L. Colas appelée à soulever d’intéressantes discussions.




Nous avons vu samedi, par le compte rendu de la conférence de M. Louis Colas, professeur au Lycée de Bayonne,— compte rendu où nous avons suivi l’orateur pas à pas, — quels horizons s’ouvrent au chercheur, rien qu’en étudiant la tombe primitive des Basques, qu’ils héritèrent des Ibères et dont l’usage se perpétua chez nous très tard. Le problème dépasse, en effet, cette pierre en forme de disque élevée par la piété des familles sur la tombe des défunts. Il se ramifie, il nous donne sur la race basque, sur ses origines, sur sa formation, sur ses mœurs ancestrales des indications pour d'autres travaux du plus haut intérêt au point de vue ethnique, scientifique et artistique. 




Voici d'ailleurs les conclusions de ses recherches données par M. Colas lui-même : 



1° La tombe discoïdale est l’héritière, en ligne directe, des tombes anthropomorphes des Ibères. Etant donnés, d'une part, la persistance des traditions funéraires, et, d'autre part, l'esprit conservateur du peuple basque, on se trouve en présence d’un argument de premier ordre en faveur de la thèse pro-ibérienne. 




2° La tombe discoïdale est la plus ancienne tombe basque. Malheureusement, l’état de désagrégation dans lequel se trouvent celles qui sont les plus vieilles (ainsi que d’autres causes de destruction) ne permettent pas d’en dater, avec certitude, au delà du quinzième siècle. 




3° La tombe basque primitive, destinée à marquer l'emplacement de l'etcheko ilharria, fut d’abord anonyme et sans date. Quel besoin et d’ailleurs quelle possibilité d'indiquer sur une petite surface un grand nombre de noms ? Les premières inscriptions eurent un caractère collectif. Les premières sculptures n'eurent d’autre but que de distinguer les unes des autres les différentes pierres. 



pays basque autrefois cimetiere morts
TOMBES DISCOÏDALES MUSEE BASQUE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN




4° Le peuple basque vint tard à l’épigraphie. Cette remarque est également de C. Jullian. Quand elle se manifesta sur les tombes, on se contenta tout d’abord du nom de la maison. Je placerai ce stade vers le seizième siècle. 




5° A partir du seizième et du dix-septième siècle, l’amour-propre des membres de la famille, le souci d'honorer davantage les morts, le bien-être, le goût de la décoration poussent les Basques vers l'ornementation. Un art décoratif naît. Cet art est caractérisé par la stylisation des motifs, par un goût réel du groupement, par un réalisme intéressant pour nous (instruments, outils, etc...), qui nous permet de considérer la vieille tombe basque comme une source inestimable de documents variés. 


pays basque autrefois cimetiere morts
TOMBE DISCOÏDALE ESPES
PAYS BASQUE D'ANTAN




6° La persistance des symboles astraux sur les tombes discoïdales peut s’expliquer par l’influence de l'imagerie médiévale. Cependant, pour ma part, je ne serais pas éloigné d’y voir l’influence de très lointaines traditions ancestrales dont la persistance s’expliquerait par la christianisation tardive de certaines régions peu accessibles. 






7° La croix apparaît assez tard — vers le dix-septième siècle. Elle paraît tout d'abord réservée à des personnages importants ou fortunés. Toutes proportions gardées, elle fut, à cette époque, ce que sont aujourd’hui les caveaux et chapelles familiales au milieu des tombes ordinaires. 




8° La tombe discoïdale persiste jusqu’au dix-neuvième siècle. C’est donc une forme vieille de près de trente siècles. 





9° La question s’élargit. La survivance de certaines tombes discoïdales dans quelques vallées des Pyrénées, depuis l’ouest jusqu’à l'est, et ce que nous savons par ailleurs d'un peuplement ibérique très ancien de tout le versant nord des Pyrénées, permettrait, je crois, d'affirmer que la tombe discoïdale est non seulement la tombe basque par excellence, non seulement la forme évoluée de l'antique tombe ibérienne, mais encore, mais surtout la véritable, la plus ancienne tombe pyrénéenne. 



pays basque autrefois cimetiere morts
TOMBE DISCOÏDALE
MUSEE BASQUE BAYONNE



On voit par ce résumé précis de tout un travail accompli — nous avons dit avec quelle conscience — et de travaux à accomplir sans doute encore, combien la question était intéressante et combien il faut savoir gré à l’auteur de nous y initier par la parole qu’on a entendue l'autre jour, par le livre qu'on attend avec impatience."


A suivre...




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dimanche 6 décembre 2020

LES TOMBES DISCOÏDALES AU PAYS BASQUE (première partie)

LES TOMBES DISCOÏDALES.


L'art funéraire Basque se caractérise par des sculptures sur pierres (stèles discoïdales ou tabulaires, ou pierres tombales), dont les plus anciennes datent de la fin du 16ème siècle.




religion mort cimetière tombes discoîdales
TOMBES DISCOÏDALES
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet la presse, dans diverses éditions :



  • La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, le 18 mars 1922, sous la plume de 
Georges Blançon :




"Mœurs et traditions de chez nous. 



La tombe Basque.



Une Conférence de M. Colas Professeur au Lycée de Bayonne.



Nous avons eu déjà l’occasion de signaler à nos lecteurs l’ouvrage considérable, véritable "corpus", de M. L. Colas, professeur au Lycée de Bayonne, sur la Tombe Basque, qui va être prochainement édité par les soins de la Société des Sciences, Lettres, Arts et Etudes régionales de cette ville. Cette Société avait convié M. Colas à faire une conférence sur les travaux qui lui ont coûté tant de peine et de soins et aux services desquels il mit une érudition à laquelle on a depuis longtemps et justement rendu hommage. Ce fut un régal pour les auditeurs très nombreux réunis jeudi dans la salle des adjudications, à la mairie de Bayonne, d'entendre à nouveau M. Colas, de qui les causeries, dont on n’a pas perdu le souvenir, avaient obtenu un si vif succès. 


pays basque autrefois cimetiere morts
TOMBE DISCOÏDALE
MUSEE BASQUE BAYONNE


Le conférencier, en débutant, a tenu à remercier tout spécialement ses collègues de la Société des Sciences : "Vous avez bien voulu, a-t il dit, accorder votre patronage collectif au travail destiné à paraître lors de la célébration de votre Cinquantenaire, Je vous en remercie. J’ai souhaité vous offrir davantage que mes remerciements, et voilà pourquoi j’ai désiré vous exposer, "à vous tous des premiers", quelques-unes des idées qui me sont venues au cours de mes recherches. Permettez-moi de vous offrir la primeur de mon travail, elle vous est bien due." Puis, après avoir fait observer que le temps ne lui permettrait pas d'aborder l’exposé de toutes les questions que son travail est susceptible de soulever, a ajouté : "Est-il nécessaire d’insister, en manière d’exorde, insinuant ou pompeux, sur 1'importance qu'offre l’étude des sépultures quand il s'agit de reconstituer le passé ? Non, assurément. Je sais devant quel public je parle, et ce n’est pas à lui que j'apprendrai de quel avantage l'étude, des tombeaux égyptiens ou des catacombes chrétiennes furent pour l’histoire." 



La tombe discoïdale.



M. Colas a parlé alors de la tombe discoïdale et de l’antiquité de cette forme. Très reculée, nettement anthropomorphique, on la trouve en Espagne, chargée d’inscriptions ibériennes. Elle peut être antérieure, de huit à dix siècles, à Jésus-Christ. La forme discoïdale est conservée dans le pays basque espagnol et le pays basque français : 



"L'anthropomorphisme nettement accusé (tête, épaule, buste) est assez rare, dit le conférencier. Je ne l'ai guère rencontré qu’une trentaine de fois, sur un millier de croquis que je possède à l’heure actuelle, mais — chose intéressante à signaler — toujours sur des tombes très anciennes, portant une date, ou paraissant très anciennes, car les tombes basques antérieures aux dix-huitième et dix-septième siècles ne portent pas toujours une date. 



Chose mon moins intéressante : on dirait que la tradition anthropomorphique s’est conservée dans la langue basque. Dans certaines paroisses du Labourd, on les appelle "Gizona" ; en Navarre, "Curutcèburubelsak." 


pays basque autrefois cimetiere morts
CIMETIERE STE ENGRÂCE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Y a-t-il un art Basque



Existe-t-il un art basque ? Que faut-il entendre par art ? 



"C’est sur les tombes discoïdales, les stèles tabulaires et les croix sculptées, dit M. Colas, qu’il faut aller chercher, je crois, l’expression la plus complète du sentiment artistique des Basques d’autrefois. Il y a bien les inscriptions qui ornent les maisons et qui sont presque toujours accompagnées de motifs, mais ils sont, la plupart du temps, identiques à ceux que l’on retrouve sur les tombes. I.’étude de la tombe basque pose donc la question de l’art basque..." 



Que faut-il entendre ici par le mot : art ? 



"Nous devons entendre, dit le conférencier, la manière dont une race, un peuple, un groupement civilisé, quel qu’il soit, a traduit ses sentiments, interprété ses sensations, fixé ses croyances et parfois même ses traditions et ses mœurs." 


pays basque autrefois cimetiere morts
CIMETIERE MAULEON
PAYS BASQUE D'ANTAN


Ceci posé, M. Colas estime qu’il y a un art basque. Sans doute les motifs sont empruntés, la variété des ornements est assez restreinte, les moulures sont rares, le dessinateur et le sculpteur qui souvent ne font qu'un, "mais le mérite de l'ornementation consiste bien plutôt dans le groupement harmonieux des motifs symétriquement répétés. Il y a là un mérite qu’il convient de signaler. Ce ne sont pas toujours les éléments les plus complexes qui fournissent l'ensemble le plus agréable à l’oeil. On peut composer de bien beaux bouquets avec de simples fleurs des champs. On n'atteint pas toujours au même résultat avec de rarissimes fleurs de serre. Il semble même que la beauté de l’ensemble soit souvent en fonction de la simplicité du détail élémentaire. Ce cas se présente fréquemment pour certaines tombes basques." 



Le conférencier fait observer, d’autre part, que les tombes où sont représentés les instruments du tailleur de pierres ne nous révèlent pas un outillage très abondant ni très varié : marteaux, règles, ciseaux, équerres, compas, peut-être bien aussi un planissoir, et c'est tout. 



Les figures des tombes Basques



Ceci amène tout naturellement M. Colas à parler des outils, instruments et figures représentés sur les tombes basques. 



On voit des tombes de cultivateurs avec des charrues, des faulx, des herses primitives. Celles d’ouvriers portent des outils de tailleurs de pierres, de maçons, de charpentiers, de fabricants de fromage ; celle des fileuses, des bobines, des quenouilles, etc... Si les bonnes ménagères se sont montrées particulièrement aptes à l'élevage de la volaille, on les a récompensées par des sculptures où l’on reconnaît des poules, des oies, des canards, des pigeons. Enfin il se trouve, sur les tombes basques, des joueurs de pelotes, des armes et la représentation d’astres : soleil, lune, étoiles... 



M. Colas a terminé sa conférence par des conclusions qui posent d'intéressants problèmes, comme celle de la christianisation du pays basque par exemple et qui sont susceptibles de soulever des discussions parmi ceux qui étudient les mœurs locales et se passionnent pour nos traditions. Nous verrons dans notre prochain numéro ce que sont ces conclusions. 



Tour aujourd’hui, constatons le vif succès remporté par M. Colas. Il a été très longuement applaudi par un auditoire qui n’avait cessé de le suivre dans ses développements et qui a goûté à la fois et le produit de sa documentation et le charme de sa parole. 



M. le Marquis d’Arcangues a dit alors les vers qu’il a consacrés à la Tombe basque. 



pays basque autrefois cimetiere morts
AU CIMETIERE
PAR JACQUES LE TANNEUR



Les strophes harmonieusement cadencées et les vers vigoureusement frappés de ce beau poème sont tout frémissants du souffle, riche des traditions de notre pays. M. le Marquis d’Arcangues les a dits d’une voix prenante. Et le dernier hémistiche s'acheva dans le crépitement des applaudissements."



A suivre...



(Source : Wikipédia)



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lundi 20 avril 2020

LA TOMBE BASQUE (troisième et dernière partie)


LA TOMBE BASQUE.


L'art funéraire Basque se caractérise par des sculptures sur pierres : stèles discoïdales ou tabulaires ou pierres tombales, dont les plus anciennes datent du 16ème siècle.


vendredi 20 mars 2020

LA TOMBE BASQUE EN 1922 (seconde partie)


LA TOMBE BASQUE.


L'art funéraire Basque se caractérise par des sculptures sur pierres : stèles discoïdales ou tabulaires ou pierres tombales, dont les plus anciennes datent du 16ème siècle.


vendredi 11 mai 2018

LA TOMBE BASQUE EN 1922 (première partie)


LA TOMBE BASQUE.


L'art funéraire Basque se caractérise par des sculptures sur pierres : stèles discoïdales ou tabulaires ou pierres tombales, dont les plus anciennes datent du 16ème siècle.


samedi 20 janvier 2018

MARINS, BALEINIERS ET CORSAIRES AU PAYS BASQUE AUTREFOIS


MARINS, BALEINIERS ET CORSAIRES DANS LE PAYS BASQUE D'ANTAN.


Des conférences sont données fréquemment, dans les années 1920 et 1930,  au Pays Basque Nord pour expliquer l'histoire maritime de ce pays.