LE TROISIÈME CENTENAIRE DE LA CANONISATION DE SAINT FRANÇOIS XAVIER.
François Xavier est canonisé le 12 mars 1622, en même temps qu'Ignace de Loyola, Thérèse d'Avila, Isidore le Laboureur et Philippe Neri par le pape Grégoire XV.
Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien La Croix, le 28 septembre 1922 :
"Le troisième centenaire de la Canonisation de Saint François Xavier.
Mgr l'évêque de Bayonne publie, à l'occasion du 3e centenaire de la canonisation de saint François Xavier, une très intéressante lettre pastorale, dont nous donnons de larges extraits :
Benoit V accorda à la Navarre la grâce d'une année jubilaire, du 3 décembre 1921 au 3 décembre 1922, et la possession temporaire du bras droit de saint François Xavier. Après avoir remercié la Navarre espagnole qui prête quelques jours la relique insigne à la Navarre française, l'évêque de Bayonne retrace en quelques traits le prodigieux apostolat du missionnaire et en désigne la source.
On est frappé de stupeur lorsqu'on considère l'oeuvre gigantesque accomplie en si peu de temp par ce magnanime ouvrier. Siluit terra in conspectuu eius. La terre en reste muette d'étonnement. Saint Jean Chrysostome disait de saint Paul : Quasi pennatus, totum peragravit orbem : Son zèle brûlant lui donnait des ailes pour voler à la conquête de l'univers. Rien ne traduit mieux le passage éblouissant de saint François Xavier au milieu des nations.
Cor Pauli, Cor Christi : le coeur de saint Paul, disait-on, était le Coeur même du Christ. Avec la même vérité, on dira : Cor Francisci, Cor Christi : Coeur de Xavier, Coeur du Christ. Car il est devenu une vivante image du Christ. A voir l'ascendant irrésistible qu'il exerce sur les foules, les prodiges qu'il accomplit, les miracles qu'il prodigue sur ses pas, on s'écrie : "Non, ce n'est pas lui qui vit, mais c'est le Christ qui vit en lui, qui parle, agit en lui !"
Aussi Rome lui donnera-t-elle le titre glorieux d'apôtre, qui n'avait été concédé qu'aux douze premiers, et qui n'a pas été accordé à d'autres. Pie X, par décret, l'a nommé patron céleste des missionnaires et des oeuvres qui travaillent à la propagation de la foi.
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PHOTO DU PAPE PIE X PAR ERNEST WALTER HISTED |
Les prodiges de la vie active extérieure de saint François Xavier ne s'expliquent que par l'héroïsme de sa vie intérieure. Saint François Xavier ne fut un apôtre extraordinaire que parce qu'il atteignit aux sommets sublimes de la sainteté.
A 18 ans, et parce qu'il montre des dispositions remarquables pour l'étude, il est envoyé par sa mère à l'Université de Paris, qui, alors, brillait d'un vif éclat et attirait la jeunesse studieuse de tous les pays. Il est ardent, d'une nature loyale, généreuse. Il ne rêve que gloire ; les applaudissements qui saluent ses premiers essais, font naître en lui et justifient toutes les ambitions.
Mais Dieu veillait. Ignace de Loyola déjà converti et qui médite de vastes projets, a vu dans son compatriote un disciple dont il sait la valeur et pressent la destinée extraordinaire. Il l'attend.
Xavier raconte ses triomphes.
— Vous êtes fait pour d'autres gloires, conclut Ignace de Loyola.
— Mais je serai comblé d'honneurs, de richesses, j'arriverai aux plus hautes dignités ; je serai rangé parmi les hommes illustres.
— Que sert à l'homme de gagner l'univers s'il vient à perdre son âme, réplique Ignace de Loyola. Que sont devenus les riches, les puissants, les heureux de ce monde, morts depuis longtemps ? Que leur reste-t-il de leur fortune, des louanges des hommes, de leurs plaisirs ?...
Chaque jour, l'entretien se poursuit plus pressant. L'âme de Xavier se trouble, elle est ébranlée.
— Qu'y a-t-il de plus avantageux, répétait Ignace de Loyola : de sacrifier maintenant ce que vous aimez pour assurer votre bonheur éternel ou de jouir de ce que vous aimez au prix d'un malheur éternel ?
Xavier ne répondait plus. Et quand revient, un jour, l'éternel : Que sert à l'homme de gagner l'univers, s'il vient à perdre son âme ? Xavier s'avoue vaincu. Les yeux pleins de larmes, il tombe dans les bras d'Ignace, son ami et son maître, qui le presse longtemps sur son coeur et le donne à Dieu.
Le sacrifice accompli, Xavier, avec toute la fougue de son âme, embrasse une vie nouvelle. Il dit adieu à son pays, à sa famille. Il foule aux pieds ce qu'il avait aimé, adoré. L'humilité, la mortification, l'esprit de pauvreté, la prière seront désormais ses pratiques ordinaires et préférées. Il passera des nuits entières en oraison, après des journées consacrées à un ministère écrasant. Lui, le seigneur délicat d'hier, refusera l'hospitalité qu'on lui offre dans les palais et se réfugiera dans les hôpitaux, où il évangélisera les pauvres et les malades. Au cours de ses missions, il mendie son pain. Il se livre aux pénitences les plus dures. Il sait la vertu rédemptrice de la souffrance, c'est pourquoi il l'appelle ; il s'y complait. Il tombera cent fois au pouvoir de ses ennemis, cent fois il se trouvera à la merci des vents et des flots. C'est alors qu'il est heureux. Il s'écrie, lui aussi : "O bona crux ! O bonne croix ! Quand les tribulations l'assaillent, l'accablent, de son coeur tout brûlant d'amour des âmes et de son Dieu s'échappe ce cri : "Amplius, Domine, amplius ! Encore plus, Seigneur, encore plus !" Si notre Seigneur, pour le récompenser ou le soutenir, lui accorde quelques consolations, il exhale une plainte : "Satis, Domine, Satis ! Assez, Seigneur, assez !"
On l'a dit : quand les premiers apôtres se partagèrent la terre, ils prirent chacun un royaume. Xavier s'attribue la terre entière. "Que ne puis-je me multiplier, s'écriait-il, je voudrais gagner toutes les âmes à Jésus-Christ !" Et le nouveau thaumaturge, par sa sainteté historique, subjuguait rois et nations, les jetait aux pieds de son Maître.
En annonçant les fêtes du troisième centenaire de la canonisation de saint François Xavier, un journaliste espagnol écrit : "Saint François Xavier fut non seulement un grand Navarrais, un grand Espagnol et un grand homme, mais encore un grand ascète, un prêtre glorieux, un apôtre fameux, un grand saint, devenu l'ornement du ciel. C'est un colosse du temps et de l'espace. A travers les distances et les siècles, il apparaît et il apparaîtra toujours comme un géant au milieu de pygmées ; sa tête s'élève au-dessus des plus hautes cimes, auréolée de gloire et de sainteté."
Ce géant, cet homme prodigieux, la France, l'Espagne et la Navarre le revendiquèrent, au moment de la canonisation, comme le plus illustre de leurs enfants. Touchante émulation, noble rivalité tout à l'honneur du grand Saint et de ceux qui le disputent.
La France rappelle que les aïeux paternels de saint François Xavier, son père, sont originaires de Jaxu et de Saint-Jean-Pied-de-Port, en Basse-Navarre, terre actuellement française. Ses aïeux maternels, sa mère, sont d'Azpilcueta, en Haute-Navarre, qui alors appartenait au diocèse de Bayonne et vivait sous la juridiction des évêques de Bayonne.
L'Espagne le réclame parce qu'il est né sur une terre actuellement espagnole et que, par son caractère chevaleresque, l'héroïcité de ses vertus, il ressemble à sainte Thérèse, à saint Ignace de Loyola, à saint Dominique, qui symbolisent les saints de race castillane.
La Navarre le revendique pour elle exclusivement parce que, à l'époque où naquit saint François Xavier, le village de Xavier n'appartenait ni à la France ni à l'Espagne, mais à la Navarre. La Navarre, en ces temps, avait ses tribunaux, son armée, sa magistrature, ses lois, ses usages, ses coutumes et son roi. Aussi, dans la Bulle de canonisation, Rome déclare que saint François Xavier est de nation navarraise.
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CHÂTEAU DE JAVIER (XAVIER) NAVARRE PAYS BASQUE D'ANTAN |
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