SAINT-JEAN-DE-LUZ VUE PAR TAINE EN 1858.
Hippolyte Taine, né le 21 avril 1828 à Vouziers (Ardennes) et mort le 5 mars 1893 à Paris 6ème arrondissement, est un philosophe et historien français, membre de l'Académie française.
En 1855, Hippolyte Taine part suivre une cure médicale dans les Pyrénées au terme de laquelle il
rédigera son célèbre Voyage aux Pyrénées.
Voici ce que rapporta à ce sujet Hippolyte Taine dans son livre Voyage aux Pyrénées :
"... Un noble hôtel, aux larges salles, aux grands appartements antiques s'étale au coin du premier bassin en face de la Mer. Anne d'Autriche y logea en 1660, lors du mariage de Louis XIV. Au-dessus d'une cheminée, on voit encore le portait d'une princesse en habit de déesse. N'étaient-elles point déesses ? Un pont tapissé allait de ce logis à la petite église, sombre et splendide traversée de balcons de chêne noir, et chargée de chasses étincelantes. Les deux époux le traversèrent, entre deux haies de suisses et de gardes chamarrés, le roi, tout brodé d'or, le chapeau garni de diamants ; la reine, avec un manteau de velours violet, semé de fleurs de lis, et par-dessous un habit blanc de brocart étoilé de pierreries, la couronne sur la tête. Ce ne furent que processions, entrées, magnificences et parades. Qui de nous aujourd'hui voudrait être grand seigneur à condition de représenter ainsi ? L'ennui du rang supprimerait les plaisirs du rang ; on s'impatienterait d'être un mannequin brodé, toujours en spectacle et à la montre. Alors c'était toute la vie. Quand M. de Créqui vint porter à l'infante les présents du roi, il avait soixante personnes de livrée à sa suite avec un grand nombre de gentilshommes et beaucoup d'amis. Les yeux se complaisaient dans cette splendeur. L'orgueil était plus vaniteux, les jouissances plus extérieures. On avait besoin d'étaler sa puissance pour la sentir. La vie d'apparat avait appliqué l'esprit aux cérémonies. On apprenait à danser, comme aujourd'hui à réfléchir ; on passait des années à l'académie ; on étudiait avec un sérieux et une attention extrême l'art de saluer, d'avancer le pied, de se tenir debout, de jouer avec son épée, de bien poser sa canne ; l'obligation de vivre y contraignait ; c'était le signe du rang et de l'éducation ; on prouvait ainsi ses alliances, son mode, sa place auprès du roi, son titre.
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MARIAGE DE LOUIS XIV 1660 |
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