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samedi 23 août 2025

L'AMÉLIORATION DE LA NAVIGATION SUR L'ADOUR AU PAYS BASQUE EN 1846

L'AMÉLIORATION DE LA NAVIGATION SUR L'ADOUR EN 1846.


En 1846, la Chambre des Pairs vote des crédits pour améliorer la navigation sur l'Adour.




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LA BARRE A BAYONNE 
ALBUM DES 2 FRONTIERES 1852
PAR BLANCHE HENNEBUTTE



Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien la Gazette nationale ou le Moniteur universel, le 6 

mai 1846 :



"Chambre des Pairs. 

Présidence de M. le Duc de Broglie, Vice-Président.

Séance du 5 mai.



Sommaire. — Suite de la délibération sur le projet de loi relatif à la navigation intérieure. 



M. le Président.


Art. 19. Une somme de 1 200 000 fr. est affectée à l'amélioration de la navigation de l'Adour, depuis l'embouchure de la Midouze jusqu'à Bayonne. (Adopté.)


M. le baron Durrieu a la parole, avant que la chambre passe à l'art. 20.



PORTRAIT D'ANTOINE SIMON DURRIEU
BARON DURRIEU



M. le Général Baron Durrieu.


Je prie la chambre de vouloir bien me permettre de lire ce que j'ai à lui dire dans l'intérêt d'une contrée qui semble tenir peu de place dans les sollicitudes du Gouvernement, ou du moins dans celles de M. le ministre des travaux publics. Cependant, cette contrée a aussi de grands besoins, et peut, comme d'autres, rendre l'intérêt des avances et des dépenses que le trésor public ferait pour elle.


C'est pourquoi je viens demander à M. le ministre des travaux publics s'il accepte, sinon le mot de conditions, placé à la page 57 du rapport de la commission, et dont la portée pourrait gêner la responsabilité ministérielle ; je lui demande s'il veut accepter, du moins, le mot de recommandation pour l'un des 3 objets indiqués dans cette page.


Cet objet est la navigation du haut et du moyen Adour, qui prend sa source dans les Hautes-Pyrénées, et débouche dans la mer au-dessous de Bayonne.


Cette rivière, comme toutes les autres, reçoit dans son parcours plusieurs affluents ; elle en reçoit un, l'Arros, dans sa partie haute, tout près de Plaisance (Gers) ; et cette adjonction, qui augmente de beaucoup les eaux de l'Adour, indiquait qu'il convenait de comprendre l'Adour dans le partage des 81 400 000 fr. destinés par le projet de loi actuel à la navigation intérieure.



Et cependant, l'Adour et l'Arros ne sont mentionnés que pour mémoire dans ce projet de loi. On semble avoir perdu que l'Arros prend sa source tout près de ce plateau de Lannemezan, où l'on veut créer un grand réservoir pour y réunir les eaux de la Neste et les distribuer aux rivières voisines qui en ont plus ou moins besoin pour être rendues navigables dans leurs parties supérieures.



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BORDS DE L'ARROS
65 TOURNAY



Eh bien, on devait s'attendre que l'Arros, affluent de l'Adour, et qui touche au point du grand réservoir, recevrait une part proportionnelle de ces eaux qu'on distribue exclusivement à la Haute-Garonne, à la rivière de la Baïse, à celle du Gers. Ces deux dernières rivières traversent le département du Gers, parallèlement et à peu de distance l'une de l'autre, ce qui ressemble à un double emploi, ou pour mieux dire une double faveur.



Ici, sans aucune pensée de jalousie pour les intérêts d'autrui, à la satisfaction desquels je veux bien concourir, parce que jamais le bonheur des autres ne diminue mon concours à l'ensemble des intérêts publics, je me permettrai de demander à M. le ministre des travaux publics pourquoi il a dédaigné, cette fois, et ajourné indéfiniment l'intérêt de l'Adour, rivière beaucoup plus considérable et plus importante que la Baïse et le Gers.



Je vois bien que je dois rappeler à M. le ministre que, dans son exposé des motifs présenté à la chambre des pairs, page 67, il est dit que "le Gers est privé d'eau une partie de l'année." Cela est vrai, on le savait : mais est-ce une raison suffisante de préférence pour le Gers, auquel il faudrait donc donner, non un supplément d'eau, mais une rivière toute entière, pour le rendre navigable depuis Auch, comme le propose la loi, et même plus haut comme des députés du Gers l'ont demandé ? L'entreprise de rendre le Gers navigable jusqu'à Auch sera bien difficile, sinon impossible : c'est ce qui me fait craindre qu'on ne dépense inutilement de l'eau et de l'argent pour cette entreprise.



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LES BORDS DE L'ADOUR 
32 RISCLE



Je dois craindre qu'on ne finisse par employer à la navigation du Gers jusqu'à Auch la réserve des eaux de la Neste qu'on laisse espérer, sans l'assurer, à l'Arros et à l'Adour. C'est ce qui me fait persister à demander à M. le ministre si l'Adour peut réellement compter sur une allocation ultérieure et prochaine des eaux de la Neste et de l'argent nécessaire pour rendre cette rivière navigable, ainsi que l'Arros, qui doit profiter aussi de cette allocation.



Cette navigation de l'Arros et de l'Adour intéresse les départements des Hautes-Pyrénées et des Landes, même la partie du Gers traversée par ces deux rivières, même la ville de Bayonne, qui n'a pensé jusqu'à présent qu'au bas Adour, comme si le haut Adour n'alimentait pas le bas, et comme si Bayonne n'avait pas intérêt à recevoir pour l'exportation maritime les produits du haut pays, et à faire remonter le plus haut possible les importations qu'elle reçoit de la mer, denrées coloniales, etc., etc.



Ces considérations avaient sans doute préoccupé M. le ministre des travaux publics lorsqu'il a présenté, le 12 mars 1845, son projet de loi sur la navigation intérieure. Je suis obligé de rappeler encore à M. le ministre qu'il a dit dans ce rapport, page 117 :


"Quant au canal latéral à l'Adour et l'Arros, les projets en sont terminés." Il avait donc fait étudier cette question, et d'une manière suffisante, puisque les projets en étaient terminés au commencement de 1845. Il appréciait donc, non pas seulement l'intérêt ordinaire, mais l'importance de cette navigation, qui se rattache d'ailleurs à des considérations militaires non moins importantes, puisqu'elle peut servir à l'approvisionnement de plusieurs objets nécessaires à une armée des Pyrénées occidentales. Le défaut de ce moyen de transport facile et peu coûteux des matières encombrantes s'est fait sentir plus d'une fois pendant les guerres d'Espagne, et M. le maréchal président du conseil pourrait en dire un mot, qui serait d'un plus grand poids que tout ce que j'ai dit et tout ce que je pourrais ajouter.



En terminant, je prie M. le ministre des travaux publics de vouloir bien prendre en grande considération les intérêts de la navigation de l'Adour, et de donner suite aux espérances qu'il a fait naître parmi les populations du département des Hautes-Pyrénées et du département des Landes. C'est avec une entière confiance que je remets entre ses mains les intérêts de ces populations.



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L'ADOUR AUTREFOIS


M. le Sous-Secrétaire d'Etat.



L'honorable préopinant qui descend de la tribune vient d'entretenir la chambre des intérêts de l'Arros et de l'Adour. Ces intérêts lui sont chers à juste titre, et ils n'ont pas échappé à l'attention du Gouvernement. J'ai fait observer à la commission, et je prends la liberté de faire observer à la chambre que le projet que nous avons l'honneur de vous présenter aujourd'hui est préparé non seulement dans la vue de satisfaire aux besoins du présent, mais encore dans la vue de pourvoir à ceux de l'avenir.



Le bassin de Lannemezan est disposé de telle manière que les eaux qu'on y emmagasinera pourront être un jour versées dans l'Arros, et par conséquent dans l'Adour. Si nous n'avons pas fait la part immédiate de l'Arros, c'est que les eaux que nous amenons aujourd'hui au bassin de Lannemezan, appartiennent au bassin de la Garonne, et qu'il nous a paru juste de les verser d'abord dans les rivières de ce bassin auxquelles elles appartiennent par les lois de la nature ; mais j'ai fait remarquer à la commission et je ferai remarquer à la chambre qu'il est très facile de construire, moyennant de faibles dépenses, un nouveau réservoir qui contiendrait des eaux abondantes qu'on pourra facilement verser dans le lit de l'Arros, et de là dans l'Adour dont l'Arros est un affluent.



Il n'est pas exact, d'ailleurs, de dire que le Gouvernement n'a pas montré de sympathie pour l'Adour, puisque, dès 1835, un fonds de 900 000 fr., a été demandé et obtenu pour commencer des travaux dans le bas de la rivière, et la loi actuelle que vous discutez contient un nouveau crédit pour continuer et achever ces travaux.



A l'égard du haut Adour, des projets sont à l'étude pour l'établissement d'un canal latéral, qui doit remplir à la fois les fonctions d'un canal de navigation et d'un canal d'irrigation.



Permettez-moi de vous faire remarquer, messieurs, que le projet de loi actuel a été présenté à la chambre des députés en 1845, à l'époque où l'on s'occupait encore des études du canal latéral au haut Adour. Le Gouvernement n'a pas le droit de solliciter des crédits pour des projets qui ne sont pas terminés, et qui n'ont pas subi des formalités des enquêtes. Nous ne pouvions donc pas comprendre le haut Adour dans le projet que vous discutez en ce moment. J'ai même vérifié si les pièces relatives au haut Adour n'étaient pas encore arrivées au ministère. Sans doute, les ingénieurs ont encore une dernière main à y mettre.



Quoi qu'il en soit, l'administration poursuit avec constance les études du canal latéral du haut Adour ; mais en attendant, le bas Adour n'est pas négligé, puisque, je le répète, le projet de loi en discussion contient un crédit de 1 200 000 fr. applicable à cette partie de la rivière.



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L'ADOUR AUTREFOIS


M. le Général Baron Durrieu.


Il est vrai que je n'ai pas distingué le haut Adour du bas Adour ; j'ai parlé du moyen Adour et du haut Adour.



M. le Sous-Secrétaire d'Etat.


Le Gouvernement poursuivra les études concernant le haut Adour ; il soumettra ces études à des enquêtes, et lorsque ses enquêtes seront terminées, il avisera au moyen d'exécuter des travaux dont l'utilité serait difficilement contestée.



M. le Président.


"Art.20. Sur les allocations mentionnées dans les articles précédents, et s'élevant à la somme de 75 millions, il est ouvert au ministre des travaux publics des crédits s'élevant, pour l'exercice 1846, à la somme de 6 500 000 fr., et pour l'exercice 1847, à celle de 12 500 000 fr. 


Savoir : 

18° Adour. 1846 : 150 000 fr. 1847 : 300 000 fr. (Adopté)



"Art. 21. Les plans d'ensemble et les devis par masses des travaux compris dans la présente loi seront déposés aux archives de la chambre des députés et de la chambre des pairs." (Adopté).



"Art. 22. Il sera pourvu provisoirement, au moyen des ressources de la dette flottante, aux dépenses autorisées par la présente loi. Les avances du trésor seront définitivement couvertes par la consolidation des fonds de réserve de l'amortissement, qui deviendront libres après l'extinction des découverts des exercices de 1840 à 1845." (Adopté).



La chambre procède au scrutin sur l'ensemble de la loi.



Le dépouillement de ce scrutin donne le résultat suivant :


Nombre des votants : 132. Pour : 102. Contre : 30. (La chambre a adopté).



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