LES FÊTES DE SAN FIRMIN EN 1929.
Tous les 7 juillet, des dizaines de milliers de "festayres" se rendent à Pampelune (Iruña), en Navarre, pour les fêtes de la cité Navarraise.
Voici ce que rapporta à ce sujet Pierre Larquier dans le quotidien Le Petit Journal, le 5 août 1929 :
"Aux fêtes de Saint-Firmin à Pampelune.
II. — L'"encierro". Les danseurs aux arènes.
(De notre envoyé spécial).
Pampelune, ... Août. — Pampelune, pour autant de jours de fête, assiste à autant de corridas. Mais la capitale de la Navarre a autre chose encore pour attirer les visiteurs. Outre les courses, de rigueur dans cette ville espagnole, Pampelune a les fêtes de l'"encierro". Et Pampelune seule a conservé cette curieuse et émouvante tradition, qui retient chaque année dans ses murs une foule de touristes accourus de toutes les régions de l'Espagne.
Car, pour chaque "aficionado" à la page — entendez chaque amateur averti — la corrida à Pampelune ne passe plus qu'au second plan. L'"encierro" à lui seul vaut qu'on s'arrête, l'"encierro" à lui seul soulève plus d'enthousiasme, plus de frénésie, que le travail, le plus parfait soit-il, du meilleur matador de la péninsule.
Imaginez que l'on a planté dans les rues étroites de robustes palissades de bois, fermant toutes les voies latérales et traçant au milieu des places une longue toute sinueuse. Partant du quartier de la Gare, ce corridor de madriers conduit — vous l'avez deviné — aux arènes. Et chaque jour de course, sur les sept heures du matin, les "toros" qui doivent être combattus l'après-midi parcourent cette piste au galop, précédés par les "cabestros" boeufs qu'ils ont coutume de suivre avec assez de docilité.
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ENCIERRO PAMPELUNE NAVARRE D'ANTAN |
A cette heure-là, les magasins n'ont pas encore ouvert leurs portes et cependant tout Pampelune est aux fenêtres ! Ou du moins une partie. Car, détalant devant les "toros", bondissant sur les côtés, jusqu'à les toucher, sautant sur les balustrades ou se glissant par dessous, vociférant, applaudissant, des centaines d'hommes et de jeunes gens courent eux aussi vers les arènes.
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ENCIERRO PAMPELUNE NAVARRE D'ANTAN |
Voici au détour d'une rue la horde qui roule et bat comme le ressac les hautes murailles des maisons. Les "toros", excités, foncent, ramassent au passage d'un coup de corne quelques audacieux qui roulent à terre, et poursuivent leur marche dans un torrent d'acclamations, de cris, de sifflets, d'injures. De chaque côté de la piste, juchée sur les palissades, sur les becs de gaz, sur les soubassements des hautes demeures, bouche ouverte, cheveux en vent, une autre foule crie sa joie et ses encouragements. On ne sait plus, on ne voit plus dans ce désordre forcené, si ce sont les hommes qui poussent les fauves devant eux ou si un troupeau furieux et sauvage de bêtes à corne donne la chasse à une multitude affolée.
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ENCIERRO PAMPELUNE NAVARRE D'ANTAN |
Devant les arènes, à l'entrée des portes, largement ouvertes cependant sur le "redondel", c'est une bousculade insensée. Des grappes d'hommes s'accrochent aux moindres aspérités, des centaines de fanatiques s'écrasent à droite et à gauche, se plaquent contre les murs, font corps avec la palissade et, dans un grand tumulte, au milieu d'un nuage de poussière blonde, les "toros" s'engouffrent sous la voûte, précédés encore dans la "plaza" par ceux qui veulent jusqu'au dernier moment savourer l'ivresse sanglante de la fuite devant les fauves.
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ARENES PAMPELUNE 1929 NAVARRE D'ANTAN |
Et, miracle ! personne n'est blessé. A peine quelques contusions, quelques égratignures. Il y a un dieu vraiment pour les fanatiques de l'"encierro".
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ENCIERRO PAMPELUNE NAVARRE D'ANTAN |
La capitale de la Navarre, seule en Espagne, s'enorgueillit de cet extraordinaire et inoubliable spectacle et les habitants se montrent fiers d'un tel prologue aux émouvantes péripéties de la corrida, prologue qu'ils considèrent d'ailleurs comme le plat de résistance des fêtes de Saint-Firmin. "Encierro", cérémonie brutale et sauvage, où le peuple navarrais hurle son admiration et son amour pour les nobles bêtes destinées au sacrifice sanglant des arènes.
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CORRIDAS PAMPELUNE 1929 NAVARRE D'ANTAN |
Et, l'après-midi, malgré le soleil qui, incendiant la "plaza", transforme les gradins populaires en fournaise, les arènes de Pampelune sont combles.
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ARENES DE PAMPELUNE NAVARRE D'ANTAN |
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