FONTARRABIE ET LE ROMAN "MIRENTCHU" EN 1914.
En 1914, paraît "Mirentchu", le premier roman de Pierre Lhande Heguy, né le 4 juillet 1877 à Bayonne, et mort le 17 avril 1957 à Tardets-Sorholus.
Ce roman, dont l'action se situe à Fontarrabie, en Gipuzkoa, va connaître un beau succès, en
France, ainsi qu'en Allemagne et Espagne ensuite.
Ce roman va être réédité 24 fois.
Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien Excelsior, le 14 mai 1914 :
"La cité immuable.
En écrivant Mirentchu, M. Pierre Lhande a voulu composer un roman à la gloire du pays basque. Il y a réussi. Qu'on en juge :
"L'ermitage de Nuestra Señora de Guadalupe s'érige en terre basque, sur le dernier ressaut que projette la chaîne des Pyrénées, avant de se perdre dans les sables de l'Atlantique.
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| NUESTRA SEÑORA DE GUADALUPE FONTARRABIE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Lorsque, du sommet des balcons qui enserrent, à mi-hauteur, le svelte clocher de l'Ermitage, le pèlerin contemple à ses pieds le moutonnement figé des mamelons et des crêtes, une image lui vient à l'esprit. Cette cohue de pics dentelés, accourue du bout de l'horizon et se rangeant brusquement, devant la mer, en quatre ou cinq gigantesques arêtes déployées, fait rêver de quelque irréelle et monstrueuse armée qu'arrêterait au milieu de sa course et ferait se cabrer d'épouvante le gouffre de l'océan aperçu tout à coup. Après avoir hissé sur Hendaye et Oyarzun les pitons culminants de la Rhune et des Trois-Couronnes, la grande chaîne, comme épuisée de ses suprêmes efforts pour monter, s'écroule, glisse d'un cours à peine ondulé sur la bassin de la Bidassoa, puis, au moment de toucher la mer, se redresse tout à coup, surgit et s'immobilise.
C'est ce dernier sursaut de la montagne qui a reçu, dans la vieille langue euskarienne, le nom grandiose de Jaïzkibel, la "roche d'arrière" ou la "dernière roche". A son ombre et sur le bord du petit fleuve, Fontarabie a choisi, pour grouper ses pêcheurs et ses pâtres, un mamelon que couronne la pierre noire de son clocher. Sur le versant de la chaîne qui regarde la France, caressée par le soleil matinal, les laboureurs ont hissé leurs chalets aux larges toits ; et vers les cimes, là où les métairies vont finir, la Vierge exotique, protectrice des anciens baleiniers, habite une grande chapelle blanche. Puis, la montagne se hausse encore de quelques mètres et se laisse enfin dévaler vers la mer en longues coulées de roches stériles et de ravins dévastés.
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| LIVRE MIRENTCHU DE PIERRE LHANDE EDITION 1929 ILLUSTRATION RAOUL SERRES |
Ainsi le pays basque, si chaud et si lumineux à l'intérieur des vallées, veut finir, à son extrême éperon vers les grèves, en ondulations ravagées, comme il s'achève, vers les terres du sud, par des plateaux arides, et, au nord, par l'immense désert des pins. Du côté de l'est, il estime suffisamment isolée et protégée sa jalouse opulence par l'amoncellement infini des Pyrénées.
A l'abri de ces remparts, la terre d'Aïtor étale au bon soleil ses champs tranquilles et ses foyers immuables. Habituée, depuis des siècles, à la mélopée rugueuse de la même langue, elle a vu, impassible, les conquérants qui forçaient d'aventure ses enceintes d'arbres, de roches ou de flots, s'étourdir quelques journées, à la lumière enivrante de ses oasis découvertes et fuir, de nouveau, poussés par l'instinct nomade, tirés au sud par l'appel de régions insoumises ou inexplorées. Elle laissait passer.
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| LIVRE MIRENTCHU DE PIERRE LHANDE EDITION 1929 ILLUSTRATION RAOUL SERRES |








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