LES BASSES-PYRÉNÉES EN 1823.
En 1823, Louis Garneray, peintre officiel de la Marine, parcourt les côtes de la France entière, de 1823 à 1832, à la demande du duc d'Angoulême, qui lui commande des vues des grands ports de France.
Voici ce que rapporta à ce sujet Louis Garneray, dans son ouvrage Voyage pittoresque et maritime
sur les côtes de France :
"Département des Basses-Pyrénées.
Nous commencerons notre course par l'extrême frontière méridionale. Et après avoir visité les rives de la Bidassoa qui sépare la France de l'Espagne, remontant vers le nord, nous côtoierons le golfe de Gascogne, et nous visiterons toutes les limites maritimes du département des Basses-Pyrénées.
Tout ce qui frappe la vue du voyageur dans ce département est propice aux nobles inspirations, et charme également le peintre avide de sites pittoresques, le poète passionné pour les solitudes romantiques, et l'ami de la nature agreste et des plaisirs champêtres. Les monts qui le couronnent, et qui lui ont prêté leur nom, offrent une variété immense, et font naître des contrastes frappants : ici, des forêts de noirs sapins et de mélèzes pyramidaux s'élèvent en amphithéâtre du fond de la vallée féconde vers le sommet aride de quelques montagnes, où elles disparaissent, cachées par l'atmosphère humide de la région des nuages ; là, de vastes bruyères, des landes stériles, à peine interrompues par quelque végétation éphémère, plongent l'âme en de tristes méditations, que dissipera bientôt l'aspect de riches coteaux, parés des pampres verts, et des vignes pourprées qui nous donnent le vin généreux du Midi : ici, des fleuves majestueux roulent lentement leurs eaux transparentes ; là, des torrents rapides entraînent, avec leurs ondes, les sables qui bordent leurs rives. La température de ce pays bizarre participe de la diversité de son aspect : telle vallée, toujours soumise à l'influence d'une douce chaleur, est dominée par un pic élancé, que le soleil n'a jamais pu dérober à la rigueur des frimats.
Comme tous les naturels des pays montagneux, les Basques sont doués d'un esprit vif et d'un coeur chaud, qui les portent aux passions violentes et généreuses, en les éloignant des choses viles et basses. l'hospitalité est en honneur parmi eux ; l'originalité de leur esprit, la vivacité de leur imagination sont connues, et leur agilité passée en proverbe. Leur langage semble avoir peu varié depuis les temps les plus reculés, et n'a rien de commun avec les langues vivantes. Les souvenirs de ce riant pays ne sont pas sans gloire : il a acquis quelque célébrité par l'esprit d'indépendance de ses habitans, et leur résistance obstinée aux conquérans goths et maures. Strabon et Pline nous avaient déjà appris que, dans les temps antiques, les Vascons ou Vascéens avaient refusé de plier leurs fronts devant les maîtres de la terre ; et César aussi, dans ses Commentaires, parle avec éloge des Cantabres naturels de ces cantons. Le sol qu'habitent leurs descendans doit à leur vie laborieuse et à leur activité une partie de sa fécondité ; souvent, du sein d'une terre infertile et sablonneuse, leurs mais ont fait sortir d'abondantes moissons ; mais souvent aussi la nature seconde leurs travaux, et la fertilité des rives de l'Adour et de la Bidassoa a été plus d'une fois célébrée par les poètes, ainsi que la félicité de leurs pasteurs ; la Nive, la Buse, la Nivelle, le Guison et le Vert, sans avoir des noms aussi poétiques et aussi connus, n'offrent pas moins de charmes à ceux qui parcourent leurs bords : c'est la patrie des bergers des romans.
Mais notre ouvrage est spécialement consacré à donner une juste idée de nos côtes maritimes, et peut-être nous sommes-nous déjà trop étendu sur la description d'un pays que nous ne devons pas visiter en entier. Laissons de côté ce qu'il pourrait encore nous fournir d'intéressant : ses montagnes dont le flanc recèle l'argent, le blanc albâtre et le cobalt couleur d'azur, ses villes, les principales de la Navarre et du Béarn ; jetons en passant un coup d'oeil sur Pau, berceau du bon Henri, sur Bayonne, fortifiée par Vauban, mais avant de décrire cette dernière ville, sur laquelle nous devons nous étendre, arrivons devant Andaye, premier port maritime de la côte occidentale des Pyrénées, et premier village de la Biscaye française, que nous avons choisi pour notre point de départ et notre premier tableau.
Vue d'Andaye.
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VUE D'ANDAYE PAR LOUIS GARNERAY 1823 |
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