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mardi 20 mai 2025

DES TRAVAUX SUR LA LANGUE BASQUE À LA FIN DU 19ÈME SIÈCLE (quatrième et dernière partie)

 

TRAVAUX SUR LA LANGUE BASQUE À LA FIN DU 19ÈME SIÈCLE.


A la fin du 19ème siècle, le mystère de l'origine du peuple Basque et de sa langue intéresse de nombreux chercheurs, de par le monde.


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WENTWORTH WEBSTER
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet Wentworth Webster, en 1895 : 



"De quelques travaux sur le Basque faits par des étrangers pendant les années 1892-94.



... M. Vinson me parle, dans une lettre, d'une brochure, Slavo-Baskisch, par M. Topolowek, c'est un vocabulaire étymologique assez fantaisiste.



Nous devons faire mention ici de deux séries d'articles qui touchent par quelques côtés à la question basque. Ils ont paru dans une publication tri-mensuelle espagnole, La Controversia, de Madrid. La première série a pour titre : Antiguedades Ibericas, por M. Q. Elle se trouve dans les nos 171, 175, 179 de l'année 1891, et dans le n° 184, février 1892. Il y a aussi un chapitre supplémentaire : La Servidumbre adscripticia entre los Iberos, n° 192, avril 1892. La deuxième série, Litoral Iberico del Mediterraneo en el siglo VI, V, antes de J. C., commence avec le n° 201, et se poursuit dans les nos 210-214 de l'année 1891, dans ceux 257, février 1894 et 281, octobre 1894.



L'auteur, qui cache son nom sous les initiales M.Q., est Don Joaquin Costa, avocat et juge bien connu pour ses écrits sur le droit et les institutions du Nord de l'Espagne, et surtout de sa province natale, l'Aragon. Quoique écrits avec une portée plus grande, les susdits articles sont d'une réelle utilité pour l'étude des origines des races ibériques et de quelques-unes des institutions basques qui se sont conservées presque à nos jours. M. Costa excelle surtout dans l'application de la récente science de l'homme préhistorique, de ses moeurs et de ses institutions à l'interprétation des textes des anciens auteurs classiques, grecs et latins.



Ouvrages sur l'Anthropologie et l'Ethnologie Basque.



Parmi les publications qui traitent des relations ethnographiques entre les Basques et les anciens Ibères, la première place est due désormais au Monumenta Linguae Ibericae, par le professeur Dr Emilius Hübner (Berlin, Reimer, 1893). Il suffit d'énumérer quelques-uns des ouvrages précédents du savant professeur pour faire voir quels titres magnifiques il offre à notre considération préalable, et pour montrer combien toute oeuvre de sa plume est de la plus sérieuse attention. Le Dr Hübner est le rédacteur du tome II du grand Corpus Inscriptionum Latinarum (Berolini, MDCCLIX), qui se rapporte à l'Espagne ; d'un Supplément à cet ouvrage (1891) ; des Inscriptiones Hispaniae Christianae (Berolini, MDCCLXXII). Il a écrit aussi, en espagnol, un excellent livre : La Arqueologia de España (Barcelona, 1888), et en portugais, Noticias Archeologicas de Portugal (Lisboa, 1871), et d'une foule d'autres écrits, surtout sur l'épigraphie latine. Sa dernière publication est le couronnement de toute une série d'ouvrages sur l'archéologie espagnole, qui sont tout à fait indispensables et, sauf pour la grandeur du format, ils sont de véritables manuels qu'on devrait toujours avoir à la main en étudiant l'ancienne Ibérie.



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LIVRE MONUMENTA LINGUAE IBERICAE
DE AEMILIUS HÜBNER



Malheureusement, je n'ai pas encore pu voir le Monumenta Linguae Ibericae. Je ne le connais que par quelques critiques qui en ont été faites et par les lettres de mes amis. Il paraît que Hübner donne une part plus large au phénicien et aux langues sémitiques de la Libye, le carthaginois, que ne l'ont fait ses devanciers. Néanmoins, la distribution géographique de ces idiomes et de ces dialectes concorde assez bien avec celle faite par les numismates espagnols aux Letras Desconocidas (voyez La Epigrafia Numismatica Iberica, par C. Pujol y Camps, dans le Boletin de la Real Academia de la Historia, tomo XVI, avril 1890). Il reste toujours, malgré l'élément phénicien, assez de ressemblance avec le basque pour faire voir une parenté quelconque de la langue de ces inscriptions et de ces légendes numismatiques, avec l'Escuara d'aujourd'hui. Si on ne parlait pas le basque actuel dans l'ancienne Ibérie et dans la Keltibérie, on parlait au moins des idiomes analogues.




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ARCHEOLOGUE ET EPIGRAPHISTE EMIL HÜBNER



Si le professeur Dr E. Hübner a fait beaucoup pour éclaircir les relations entre Basques et Ibères, un autre savant, M. John Rhys, professeur des langues celtiques à l'Université d'Oxford, s'efforce d'établir les rapports entre les Ibères, les Celtes, les Picts et les peuples primitifs du Nord-Ouest de l'Europe. La question est une des plus difficiles, bien qu'une des plus intéressantes pour l'ethnologie de l'Europe occidentale. On ne peut pas jeter les yeux sur une ancienne carte d'Espagne sans y remarquer des noms celtiques, surtout dans le Nord et le Nord-Ouest, et au centre le nom Keltiberia occupe une grande étendue. On espère toujours découvrir des rapports entre les langues celtiques et les langues parlées par les habitants de ces pays. Mais nos espérances sont toujours déçues. Jusqu'à présent l'élément celtique dans le basque, ou l'élément basque dans les langues celtiques, est à découvrir. Les traces y sont bien difficiles à constater. M. le professeur Rhys s'est efforcé d'en déduire quelque chose dans sa brochure The Inscriptions and Language of the Northern Picts. M. le Dr Schuchardt en a fait une vive critique dans le Literaturblatt für germanische und romanische philologie. Depuis lors notre savant professeur a étudié le basque sur place, à St-Jean-de-Luz ; nous attendons de plus importants résultats de sa plume.



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CELTIBERIE
6EME SIECLE AVANT J. C.



Pour tous ceux qui ont étudié l'anthropologie basque au pays même, il a été impossible d'accepter les conclusions de M. le Dr Broca sur les  crânes basques avec la même foi par laquelle elles ont été accueillies par des savants qui ne connaissent pas la population basque de visu. Ce n'était pas la science qui faisait défaut au savant professeur. Il a bien raisonné sur les matériaux qu'il avait devant lui. Mais il a été induit en erreur en se fiant à des matériaux douteux et tout à fait insuffisants. Il est impossible, pour quiconque connaît tant soit peu le Pays Basque, et surtout St-Jean-de-Luz, avec ses grandes variations de population, d'accepter pour un moment que 45 crânes tirés au hasard de l'ossuaire de l'église soient tous basques. Il est même possible, au contraire, qu'il n'y en ait pas un seul de race pur et sans mélange. M. R. Collignon a fait dernièrement une communication à la Société d'Anthropologie, infirmant quelques-unes des conclusions de M. le Dr Broca, et provoquant des recherches nouvelles. Autant que nous pouvons en juger par des extraits et par des critiques, nous ne serions pas plus d'accord avec quelques-unes des opinions de M. Collignon que nous ne le sommes avec celle du Dr Broca. Il dit :"Certains même (qui ?) avaient été dire que tous les Basques étaient blonds, n'ayant pas remarqué que justement ils étaient tous bruns." La dernière assertion est presque aussi fausse et hasardeuse que la première. Si partout la grande majorité des Basques actuels sont bruns, il n'est pas moins vrai que là où on trouve les conditions de localité les plus favorables pour conserver le type le plus pur, plus on y trouvera des blonds. J'ai constaté ce fait partout. On voit la différence entre les classes supérieures et les paysans et laboureurs du pays. Il est bien rare de trouver un Basque blond parmi les classes supérieures, parce que ces classes sont plus mêlées par des mariages avec des Français, Gascons et Espagnols, tandis qu'il n'est pas du tout rare de trouver de têtes tout à fait blondes parmi les classes laborieuses et parmi les paysans, qui ont plus conservé la pureté de la race. M. Collignon trouve bien des traits dans les Basques qui rappellent les anciens Egyptiens et les Berbères. C'est la conclusion à laquelle est arrivé Don Francisco M. Tubino dans son ouvrage Los Aborigines Ibericos o los Bereberes en la Peninsula (Madrid, 1876). M. Collignon croit que les Basques français sont bien plus libres de mélanges que les Basques espagnols, c'est l'opinion de beaucoup de basquisants ; mais je ne peux pas être d'accord avec lui lorsqu'il dit, avec Marca et d'autres, que les Basques sont venus en deçà des Pyrénées pour la première fois au 6ème siècle. Il y avait sans doute à cette époque un grand mouvement des tribus basques ; c'est alors peut-être que la tribu des Vascones aurait passé les Pyrénées, qu'ils s'établissaient dans la province à laquelle ils ont donné leur nom, Vasconie, Guasconie, Gascogne ; mais il me semble incontestable que longtemps avant cette époque il y avait en deçà des Pyrénées des peuples qui parlaient un idiome basque tout le long de la chaîne depuis Elne (Illiberis) jusqu'au Labourd (Lapurdens). L'épigraphie et la toponymie de la région sont d'accord sur ce point.



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PROFESSEUR MAXIME COLLIGNON


On vient de publier à Paris (chez Bouillon, 67, rue de Richelieu), le premier fascicule d'une nouvelle série de travaux sur le basque, qui s'annoncent sous le titre : Archives de la Tradition basque ; Publication de documents entreprise par un groupe d'écrivains et d'artistes pour servir à l'histoire de la tradition. La première oeuvre de cette Société nouvelle est un numéro spécimen de Cent chansons populaires basques, recueillies et notées par M. Charles Bordes, maître de chapelle de Saint-Servais, à Paris. La haute réputation de M. Bordes comme musicien nous assure que nous aurons ici les chansons basques avec les airs véritables, comme on les chante parmi le peuple même. Les mots basques y sont donnés avec traduction française, faite par la plume compétente de M. le Dr Larrieu. M. Bordes note aussi l'origine de ces mélodies, en fait l'histoire et trace leur descendance des anciens modes grégoriens. Une étude scientifique de la musique populaire chez les Basques était bien à désirer. Nous remercions M. Bordes de remplir cette lacune dans la connaissance des choses basques.



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LIVRE 100 CHANSONS POPULAIRES BASQUES
PAR CHARLES BORDES



Je ne peux pas terminer ces pages sans mentionner ce qui a été fait pour la bibliographie basque pendant ces dernières années. L'Essai d'une Bibliographie de la langue basque, par M. J. Vinson, est le manuel obligatoire pour toute personne qui désire connaître ce qui a été imprimé en basque et sur le basque. C'est un livre admirable. Mais M. Vinson l'intitule : Essai d'une Bibliographie. Il était en effet impossible pour un seul homme d'avoir la connaissance exacte de tous les petit livres épars, tirés souvent à très peu d'exemplaires par des éditeurs inconnus et qui ont été publiés en basque. Il n'est pas étonnant que quelques-uns d'entr'eux aient échappé à ses recherches. M. E. S. Dodgson a compulsé deux Suppléments qui remplissent quelques omissions et qui donnent une liste d'ouvrages parus depuis la Bibliographie de M. Vinson jusqu'à l'automne de 1892. Le dernier de ces Suppléments se trouve dans la Revue des Bibliothèques, II, pp. 216-227, décembre 1892.




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LINGUISTE JULIEN VINSON


La mort du regretté prince Louis-Lucien Bonaparte a amené la publication d'un Attempt at a Catalogue of the Library of the late prince Louis-Lucien Bonaparte, by Victor Collins (H. Sotheran & Co, London, 1894). Les nos 639 à 1357, pp. 33 à 67, contiennent la liste des ouvrages basques ou sur le basque, de la bibliothèque de ce grand bascophile et philologue. Quoique fait par une personne qui ne savait pas un seul mot de basque, ce catalogue n'est pas sans utilité comme accessoire à la Bibliographie basque. 



J'arrête ici ces notes beaucoup trop étendues. Néanmoins, je crains d'avoir peut-être omis quelques ouvrages tout à fait aussi importants et aussi remarquables qu'aucun de ceux sur lesquels j'ai attiré votre attention, tant a été grande la fécondité de la littérature basque étrangère pendant les années 1892-1894. Je vous prie d'excuser mon ignorance. Bien des choses peuvent facilement m'échapper dans ma retraite, à Sare, loin des livres, des grandes bibliothèques, du commerce des savants et des Sociétés scientifiques. Enfin je tiens à constater encore une fois que, dans les pages précédentes, je n'ai parlé que des étrangers qui ont écrit sur le basque. Rendre compte de la littérature indigène, tel n'a pas été mon dessein. Cette tâche est au-dessus de mes forces. Elle exige la plume d'un natif pour la traiter comme il faut. Je serais bien heureux si ce que j'ai écrit pouvait engager quelque Escualdun, ou du Pays Basque ou de las Provincias Vascongadas, ou de la Navarre, à faire un résumé des travaux littéraires des provinces où l'on parle encore Escuara."



(Source : Les Celtibères : archéologie et culture - Persée)



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