Seules 274 communes conservent leur nom révolutionnaire sous le Consulat et l'Empire, 86
d'entre elles le conservent ou le reprennent après 1814.
Au Pays Basque Nord, 21 communes changent de nom pendant la période révolutionnaire :
Ainhoa devient Mendiate, avec ses 719 habitants (recensement de 1793), puis Ainhone en 1793 et Ainhoue en 1801.
Arbonne devient Constante, avec ses 608 habitants (recensement de 1793), et redevient Arbonne à partir de 1793.
Bayonne devient Port-de-la-Montagne, avec 12 578 habitants (recensement de 1793), et redevient Bayonne à partir de 1793.
Briscous devient Hiribery (Villeneuve en Basque), avec ses 1 391 habitants (recensement de 1793), puis Briscourt en 1793, et redevient Briscous en 1801.
Cambo-les-Bains devient La Montagne, avec ses 1 196 habitants (recensement de 1793), puis Cambo à partir de 1793, et Cambo-les-Bains à partir de 1897.
Itxassou devient Union, avec ses 1 649 habitants (recensement de 1793), puis Otxasson à partir de 1793 et Itxassou à partir de 1801.
Louhossoa devient Montagne-sur-Nive, avec 453 habitants (recensement de 1793), puis Lonhossoa à partir de 1793, et redevient Louhossoa à partir de 1801.
Saint-Esprit (réunie à Bayonne en 1857) devient Jean-Jacques-Rousseau, avec ses 4 509 habitants (recensement de 1793), et redevient Saint-Esprit à partir de 1793.
Saint-Esteben devient Garralde, avec ses 700 habitants (recensement de 1793), puis Esteben à partir de 1793, et redevient Saint-Esteben à partir de 1801.
Saint-Etienne-de-Baïgorry devient Thermopile, avec ses 3 496 habitants (recensement de 1793), puis Saint-Etienne à partir de 1793, puis Saint-Etienne-de-Boigorry à partir de 1801.
Saint-Jean-de-Luz devient Chauvin-le-Dragon, avec ses 3 323 habitants (recensement de 1793), puis Saint Jean de Luz à partir de 1793, et redevient Saint-Jean-de-Luz à partir de 1801.
Saint-Jean-Pied-de-Port devient Nive-Franche, avec ses 1 121 habitants (recensement de 1793), puis Saint Jean Pied de Port à partir de 1793, et redevient Saint-Jean-Pied-de-Port à partir de 1801.
Saint-Martin-d'Arrossa devient Grand-Pont, puis Horça à partir de 1801, et redevient Saint-Martin-d'Arrossa à partir de 1923.
Saint-Michel devient Nive-Montagne, avec ses 476 habitants (recensement de 1793), puis Saint Michel à partir de 1793, et redevient Saint-Michel à partir de 1801.
Saint-Palais devient Mont-Bidouze, avec ses 793 habitants (recensement de 1793), puis Saint Palais à partir de 1793 et redevient Saint-Palais à partir de 1801.
Saint-Pée-sur-Nivelle devient Beaugard, avec ses 2 096 habitants (recensement de 1793), puis Saint Pée à partir de 1793 et redevient Saint-Pée-sur-Nivelle à partir de 1801.
Souraïde devient Mendialte, avec ses 552 habitants (recensement de 1793), et redevient Souraïde à partir de 1793.
Urcuit devient Le Laurier, avec ses 873 habitants (recensement de 1793), puis Urcint à partir de 1793 et redevient Urcuit à partir de 1801.
Urt devient Liberté, avec ses 1 317 habitants (recensement de 1793), et redevient Urt à partir de 1793.
Ustaritz devient Marat-sur-Nive, avec ses 1 877 habitants (recensement de 1793), puis Ustarits à partir de 1793 et redevient Ustaritz à partir de 1801.
VillefranquedevientTricolor, avec ses 1 284 habitants (recensement de 1793), et redevient Villefranque à partir de 1793.
Voici ce que rapporta à ce sujet le bulletin de la Société des sciences, arts & lettres de Bayonne, en
Le 24 Novembre 1793, Jean Marithurry Ferrondo, procureur de la commune d'Ustaritz, prononçait en séance du Conseil Général le discours suivant :
"Citoyens,
Voici le moment où, régénérés par la République, nous devons tous nous réunir et faire tous nos efforts pour embraser nos concitoyens du feu sacré de la liberté et de l'égalité et pour effacer de notre mémoire et de la leur toutes les impressions que les monuments de l'ancien régime et même leurs noms peuvent y avoir laissés.
Oui, mes concitoyens, la convention nationale, après avoir terrassé les monstres de la tyrannie et du fédéralisme s'occupe dans ce moment des moyens d'en effacer jusqu'aux traces qui peuvent rester encore et c'est dans cet objet que son comité de division vient d'adresser aux départements la lettre dont les citoyens administrateurs de notre district viennent de nous envoyer copie en nous invitant à nous pénétrer de la sagesse des vues qu'elle renferme.
Par la lecture que le secrétaire vient de vous en donner, vous avez dû voir que tel fut ci-devant l'ascendant des despotes sur nos ayeux que ceux-ci ne rougirent pas de consacrer à la mémoire de ceux-là jusqu'au nom de leurs communes.
Mais si l'aveuglement de nos prédécesseurs fut absolu, si leur asservissement fut sans bornes, le courage que l'amour de la liberté a donné aux Français a été plus grand encore, car vous voyez que ceux de nos frères dont les villes ou les communes portèrent le nom de nos tyrans ou celui de quelque emblème de la féodalité ou de quelque homme qu'une aveugle superstition avait placé au rang des saints vous voyez, dis-je, que nos frères ont exécré ces noms et qu'ils leur ont substitué quelques uns de ceux que notre sainte révolution a consacrés. Il faut donc qu'à leur exemple nous commencions par nous pénétrer des vues de la lettre du comité de division de la convention nationale et que nous voyions ensuite s'il ne serait pas de notre devoir d'imiter l'exemple de tant d'autres communes de la république.
Vous devez sentir, citoyens, qu'en changeant de gouvernement il importe essentiellement et à nous et à nos descendants d'oublier à jamais jusqu'à la mémoire de ces noms odieux qui peuvent nous rappeler notre honteux asservissement. Vous devez sentir aussi que dès que nous avons eu le bonheur de reconquérir notre liberté et de secouer même l'esclavage superstitieux où nous tenaient ces prêtres qui nous promettaient tout au nom du ciel dans le temps même où ils foulaient eux-mêmes les principes qu'ils nous prêchaient, il nous importe encore d'effacer de nos fastes et de nos registres tous les signes et les noms du fanatisme.
Je conviendrai avec vous, citoyens, que notre district est peut-être celui où la féodalité ne put jamais s'enraciner ni même s'établir ; je sais même que les hommes qui l'ont habité conservèrent toujours la liberté.
Mais nous ne pouvons nous dissimuler combien le fanatisme y a fait des progrès ; combien nos ci-devant prêtres ont aveuglé nos concitoyens et combien d'efforts ils ont faits pour leur représenter notre révolution comme incompatible avec les principes dont ils les ont bercés.
Aussi, citoyens, quoique le nom de notre commune, connue sous la dénomination d'Ustaritz, ne présente aucune idée de féodalité et ne rappelle point les noms de nos anciens despotes, vous savez que de tout temps, ayant conservé dans son sein le siège de la justice, elle a influé sur toutes les autres, presque dans toutes les occasions. Nous devons donc craindre que dans la révolution actuelle aussi l'exemple de quelques habitants fanatisés n'aye influé sur ceux du district. Il me semble donc que pour extirper à jamais le fanatisme nous devons d'abord commencer par abattre tous les signes qui le caractérisent et par changer ensuite jusqu'au nom de notre commune afin de la régénérer tout à fait.
Mais quel nom substituerons-nous à celui d'Ustaritz ? Ah, citoyens, je le rappelle avec plaisir : celui de la vertu persécutée, celui de l'ami du peuple, de Marat.
JEAN-PAUL MARAT
Oui c'est lui que vous devez adopter pour votre patron, parce que c'est Marat que les ennemis de notre liberté outragèrent, parce que c'est Marat que le fanatisme fit assassiner ; il faut donc que nous opposions Marat au fanatisme parce que ce sont les vertus de cet ennemi du peuple dont nous devons inspirer l'exemple et la pratique à tous nos concitoyens.
ASSASSINAT DE MARAT 13 JUILLET 1793
Mais comme déjà plusieurs communes de la république l'ont adopté pour leur patron, nous le différencierons en ajoutant un autre près de notre localité et alors, en rendant hommage à cet apôtre, à ce martir de la liberté et de l'égalité, nous satisferons aussi aux vues du comité de division de la convention nationale.
Je requiers donc que qu'il soit donné acte du rapport de la lettre du comité de division de la convention nationale et de celle des administrateurs du Directoire de notre district contenant son envoy et de la lecture qui en a été faite ; qu'en conséquence il soit délibéré par le Conseil Général que tous les signes du fanatisme tels que croix et autres qui ne sont d'aucune utilité publique seront abattus dans tout le territoire de cette commune ; que le nom d'Ustaritz sous lequel est connue cette commune sera changé en celui de Marat sur Nive ; que la délibération qui interviendra soit envoyée au Directoire aux fins de son approbation et qu'à compter du jour que l'administration supérieure l'aura sanctionnée, tous les habitants seront tenus de reconnaître cette commune sous le nom de Marat sur Nive et de ne plus la qualifier à l'avenir de la commune d'Ustaritz depuis la publication qui en sera faite aux formes ordinaires.
Cette rhétorique creuse, boursoufflée et simpliste emporta l'assentiment unanime des dix conseillers et notables présents. Toutes les mesures de vengeance aveugle préconisées par le procureur furent adoptées d'enthousiasme."
(Source : Wikipédia)
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