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samedi 16 août 2025

PROVERBE BASQUE DU JOUR ET FÊTE DU 16 AOÛT 2025 SAINT ARMEL ET SAINT ROCH - MIKELE


PROVERBE DU 16 AOÛT 2025 (SAINT ARMEL) (SAINT ROCH) (MIKELE).


ARMEL : Armel des Boschaux naît en 482, dans le Glamorgan, au Pays de Galles.




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16 AOÛT SAINT ARMEL

Ce missionnaire, évangélise la Bretagne au 6ème siècle.

Armel fonde, en 518, l'abbaye de Plouarzel.

Armel meurt en 552 aux Boschaux, à Saint Armel en Ille-et-Vilaine.

Ses reliques sont vénérées à Saint-Armel, près de Rennes.

Invoqué contre la sécheresse, Armel est le patron des aumôniers d'hôpitaux.





ROCH : Saint Roch naît vers 1350 à Montpellier (Hérault). 



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16 AOÛT SAINT ROCH


Laïc de bonne famille chrétienne, Roch étudie la médecine.

Lors de l'épidémie de peste de 1367, à Acquapendente, près de Rome, il soigne et guérit de nombreux malades par sa science et son charisme.

Le futur saint rencontre le pape Urbain V, comme lui originaire de Montpellier.

Arrêté à tort comme espion au cours d'un pèlerinage, il meurt en prison le 16 août 1378, à Voghera (Italie).

Il est invoqué contre la peste et honoré le 16 août dans de nombreuses villes comme Montpellier, mais aussi Nuremberg, en Allemagne.

Fêté le 16 août, il est le patron des professions médicales, des animaux maltraités ou injustement accusés et surtout le guérisseur des pestiférés.




MIKELE : "Mikaela" en pareko.

Micaela (es), Michèlle (fr).

Deun-ixendegi euzkotarra lanean gaztelaniazko Miguel-en baliokide femeninotzat ematen da, eta azken urteotan horrelaxe erabili da, baina XVII. mende arte gutxienez gizon izena zen. Lehen aldiz XIII. mendean aurkitu dugu, Iruñerrian (Miquele Iturriquo). Ikus Mikela.

MIKELA : Micaela (es), Michèlle (fr).

Hebreerako Mikha'el ("nor Jainkoa bezala ?") izena Michael bihurtu zen grezierako eta latineko itzulpenetan. Mikel goiaingerua debruaren kontra borrokatu ziren aingeruen buru izan zen, eta Apokalipsian Eliza irudikatzen duen emakume erdi berriaren zaintzailea ere bai. Azkeneko judizioaren egunean arimak pisatzeko ardura izango du. VI. mendean Gargano (Italia) mendian azaldu zenetik zabaldu zen beraren alderako jaiera edo debozioa Europan. Euskal Herrian ere mendi batean agertu zen, Aralarren, eta Teodosio herensugeagandik salbatu zuen. Izen hau aurreneko aldiz Bidaurretan (Nafarroa) aurkitu dugu, 1518. urtean (Miquela). Aldaerak : Mariamikele, Mikaela, Mikele (Deun-ixendegi euzkotarra)Mikeleitza eta Mikelitza.




Une naissance du 16 août : Gabriel Pierné.



organiste pianiste compositeur chef orchestre
COMPOSITEUR GABRIEL PIERNE



Né le 16 août 1863 à Metz (Moselle) - Mort le 17 juillet 1937 à Ploujean (Finistère).

C'est un organiste, pianiste, compositeur et chef d'orchestre français.

Gabriel naît dans une famille de musiciens, avec un père professeur de chant et une mère professeur de piano.

Après le traité de Francfort de 1871, sa famille s'installe à Paris.

Il entre au Conservatoire de Paris, où il a pour maîtres Albert Lavignac, Antoine-François Marmontel, Emile Durand, César Franck et Jules Massenet, et, en 1882, il obtient en même temps que le prix d'orgue, le Grand prix de Rome avec la cantate Edith.

Au Conservatoire, il côtoie Claude Debussy avec lequel il restera toujours très lié.

A la mort de César Franck en 1880, Gabriel a 27 ans et remplace son maître à la tribune de l'orgue de l'église Sainte-Clotilde pendant 8 ans avant que Charles Tournemire ne prenne la relève en 1898.

Nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1900, il est promu officier en 1926, puis commandeur en 1935.

Sa véritable carrière musicale s'effectue à la direction d'orchestre.

Il devient en 1903 adjoint d'Edouard Colonne à la tête des Concerts Colonne pour en assurer ensuite seul la direction de 1910 à 1934.

Gabriel obtient une grande célébrité comme chef d'orchestre et en profite pour imposer des oeuvres contemporaines de Claude Debussy, Maurice Ravel, Albert Roussel, Igor Stravinsky, Georges Enesco, Darius Milhaud, etc...

Parallèlement à sa carrière de chef d'orchestre, il est aussi l'auteur d'une oeuvre musicale diversifiée (musique de chambre, mélodies, pages pour orchestre, oratorios, théâtre, opéras-comiques, partitions chorégraphiques).

En 1924, il est nommé membre de l'Académie des beaux-arts.

Il meurt le 17 juillet 1937, à 73 ans, la même année que les musiciens Charles-Marie Widor, Albert Roussel, Henri Libert, Louis Vierne et Maurice Ravel.



organiste pianiste compositeur chef orchestre
COMPOSITEUR GABRIEL PIERNE





Voici le proverbe du samedi 16 août 2025 :


SAN ROKEAK EZKERO, LURRAK BELTZ.

Après la Saint-Roch, les terres sont noires.


religion catholique saint sainte
16 AOÛT SAINT ROCH





(Source : https://www.herodote.net/ et WIKIPEDIA et https://www.euskaltzaindia.eus/)



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jeudi 1 mai 2025

LA PIÈCE DE THÉÂTRE "RAMUNTCHO" DE PIERRE LOTI EN MARS 1908 (quatrième et dernière partie)

  

LA PIÈCE DE THÉÂTRE "RAMUNTCHO" EN 1908.


"Ramuntcho" est une pièce en 5 actes et 12 tableaux, écrite par Pierre Loti et représentée pour la première fois au Théâtre de l'Odéon, le 28 février 1908.



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PIECE DE THEÂTRE "RAMUNTCHO"
DE PIERRE LOTI



Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien Comoedia, le 1er mars 1908, sous la plume de Pierre 

Souvestre :



"Théâtre National de l'Odéon.

Ramuntcho.

Pièce en 5 actes et 10 tableaux de M. P. Loti, de l'Académie française, musique de M. Gabriel Pierné.



... La soirée.


Ours menaçants.



Si vous ou moi — moi surtout évidemment — étions allés soumettre à M. Antoine un scénario extrait du merveilleux roman de M. Pierre Loti, il nous aurait sûrement répondu :


"Je vous en supplie, ne compromettez point cette oeuvre admirable et n'essayez pas à la scène ce qui fut écrit pour être lu dans la paix du foyer, le calme de l'esprit et la quiétude parfaite de l'âme".



Et M. Antoine nous aurait poliment mais carrément mis à la porte.




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PHOTO D'ANDRE ANTOINE 
PAR CHARLES REUTLINGER VERS 1900


Toutefois, semblable réponse était plus délicate et plus scabreuse à faire si d'aventure l'auteur du scénario se trouvait être celui du roman.



Or il arriva en fait que ce fut M. Pierre Loti qui apporta à M. Antoine le projet d'adaptation pour le théâtre de son roman Ramuntcho.



Une pièce de M. Pierre Loti, cela ne se voit guère souvent. Cela se reçoit les yeux fermés. Il est dommage que cela s'entende aussi parfois de même !



Crépuscules.



A la vérité, nous nous attendions à vivre quelques heures au joli pays basque tout rutilant de lumière et c'eût été un appréciable contraste avec le mauvais temps gris, pluvieux, fumeux, maussade, boueux, désagréable, qui sévissait, concomitant avec la première.



Mais, hélas ! l'amour au pays basque ne se déclare pas au grand jour et les machinistes, dûment stylés par le metteur en scène, nous ont fait passer de crépuscules bleutés en crépuscules roses, en crépuscules gris.



Félineries.



Au demeurant, nous n'avons cessé d'entendre sonner l'angélus ; les cloches ont aussi battu, mélancoliques, l'andante des agonisants et ces choses eussent été anormales à l'aurore.



De plus l'obscurité convient aux chats :


On se demande à quel propos nous parlons ici de chats, car en vérité nous n'en vîmes point. Cependant, nous aurions pu en voir. Il y a à cela deux raisons.



M. Pierre Loti adore les chats. Ce sont de jolies bêtes séduisantes et félonnes ; cyniques et caressantes. Il est loisible d'aimer les chats et cette sympathie d'un grand homme pour les démons soyeux du foyer flattera les vieilles dames prêtresses du culte de Raminagrobis. Ramuntcho — le Ramuntcho du roman — aime aussi les chats.




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PIERRE LOTI ET SON CHAT A ASCAIN
PAYS BASQUE D'ANTAN



Il en possède un, familier, domestique. Eventuelle consolation pour les heures d'affliction.



Or, on voulut mettre ce chat à la scène de l'Odéon. — Les bêtes au théâtre ce sont là les idées neuves qui plaisent dans une certaine mesure.



On se procura donc un agora — ou un vulgaire minet de gouttière — (je n'ose l'affirmer, ne l'ayant pas vu, vous dis-je) et ce personnage entra tout de go à l'Odéon, plus aisément, je vous l'assure, qu'un second prix du Conservatoire.



Il fallut ensuite l'acclimater en dépit de quelques coups de griffes et le chat finit pas se tenir tranquille aux côtés de Ramuntcho qui, dès le troisième tableau du dernier acte, le récompensait d'une friandise.



Mais à la générale, ah ! à la générale ! est-ce l'émotion de l'artiste, est-ce l'énervement redouté du félin, Alexandre — Ramuntcho, — coupa audit animal sa scène et son lunch : le chat resta au fond du panier d'où il aurait dû sortir !



A un tableau près.



Au surplus, cela ne nuisit en aucune façon à l'action poignante et comme il devait être question par la suite au cours de la pièce de ce fameux chat, étant donné qu'il n'avait point paru, on coupa d'autorité tous les passages du texte qui se rapportaient à lui.



Voilà un chat qu'on n'y reprendra plus.



D'ailleurs, on n'en est pas à une coupure près dans Ramuntcho. L'abondance des tableaux le permet. C'est ainsi qu'on a supprimé le troisième tableau du troisième acte au cours duquel Ramuntcho, faisant ses adieux à sa petite amie Gracieuse, devait évidemment répéter à peu de choses près ce qu'il venait de lui dire au tableau précédent.



Toutefois, les personnes soucieuses de connaitre le décor de cette tranche de drame ont quelques chances de le voir aujourd'hui dimanche en matinée :


Il est question de le rétablir pour cette représentation.



Chez les artistes.



La pièce étant très courte, malgré ses dix ou onze tableaux, à cause des longs entr'actes et de la belle partition de M. Pierné, nous avons eu tout le loisir de nous entretenir avec les artistes au foyer du théâtre.



Un menu peu banal.



Nous avons même assisté au dîner de Mlle Sylvie. Cette délicieuse artiste surmenée, fatiguée, en proie aux affres d'un trac suraigu soupait vers les dix heures un quart avec de l'alcool de menthe pour tout potage et dessert.



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ACTRICE SYLVIE
MAGAZINE LE THEÂTRE JUILLET 1910


C'est un joli menu pour une amoureuse mystique et Gracieuse incarne son rôle jusque par delà le décor. Mais j'imagine que le couvent changera ce régime...



Mlle Sylvie, si audacieuse lors de ses débuts ingénus, redoute l'abord de la rampe aujourd'hui qu'elle a de l'autorité, de la notoriété, de l'assurance.



Elle nous confiait son rêve de se casser la jambe un jour en venant au théâtre pour vivre un peu tranquille...



Inadmissible voeu que tout Paris réprouve.



N'abusez pas de l'alcool de menthe, Mademoiselle Sylvie, même les soirs énervants de répétition générale.



Une belle moribonde.



Mlle Sylvie veut se casser la jambe. Mme Emilienne Dux songe à mourir.




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ACTRICE EMILIENNE DUX 1918



D'un acte à l'autre, il s'écoule trois ans au deuxième entr'acte, nous retrouvons la sympathique artiste considérablement vieillie : perruque grisonnante, lèvres décolorées.



La pauvre dame va mourir à onze heures vingt, ce qui est fort apitoyant.



Heureusement, elle meurt si merveilleusement et dans une allure si poignante que le public enthousiaste la ressuscite par ses acclamations.



Les congrégations expulsées semblent s'être donné rendez-vous dans les couloirs odéoniens ; elles y vivent en bonne intelligence avec un peu de clergé séculier et même ce qui est pire avec des douaniers retors et des contrebandiers facétieux, mais tout cela paraît peu de chose à côté de l'animation que détermine en ces lieux des pelotaris tapageurs :



Bruyants pelotaris.



Parlons des pelotaris basques qui sont le clou de la pièce :


Il s'agit d'une équipe de véritables professionnels. Professionnels de grande race qui font au deuxième acte des prodiges d'habileté.



Vous ne vous en doutiez pas ?



Ecoutez.



Les joueurs de pelote disposent d'ordinaire d'un champ de douze mètres environ et jouent avec des balles qui pèsent une livre.



La scène de l'Odéon — encore que vaste se prêtait peu à semblable développement.



On a diminué le champ des joueurs, le poids des balles, point l'habileté des pelotaris, ni même leurs éclats gutturaux si bien que nous n'avons rien entendu des propos qu'échangeaient le galant Ramuntcho et sa douce fiancée.



Mais nous nous en sommes bien douté, n'ayez crainte. Ils se disaient qu'ils s'aimaient et cela s'entend sans qu'on perçoive exactement tous les mots du thème si doux à développer.



Alexandre le Grand.



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PORTRAIT DE RENE ALEXANDRE
PAR LOUIS-EDOUARD FOURNIER VERS 1911


Mais Ramuntcho ?



Ramuntcho ! Ramuntcho, c'est Alexandre.



Alexandre ? Eh oui ! un jeune qui sort du Conservatoire... en est-il même sorti ?... Il ira loin cet Alexandre, car il a du tempérament, de l'allure et de la voix... plus loin que Ramuntcho... "pièce de M. Lucien Jusseaume écrite pour le théâtre Colonne" a dit un ironiste et revêtant son pardessus !"




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mardi 1 avril 2025

LA PIÈCE DE THÉÂTRE "RAMUNTCHO" DE PIERRE LOTI EN MARS 1908 (troisième partie)

 

LA PIÈCE DE THÉÂTRE "RAMUNTCHO" EN 1908.


"Ramuntcho" est une pièce en 5 actes et 12 tableaux, écrite par Pierre Loti et représentée pour la première fois au Théâtre de l'Odéon, le 28 février 1908.



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PIECE DE THEÂTRE "RAMUNTCHO"
DE PIERRE LOTI



Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien Comoedia, le 1er mars 1908, sous la plume de Louis 

Schneider :



"Théâtre National de l'Odéon.

Ramuntcho.

Pièce en 5 actes et 10 tableaux de M. P. Loti, de l'Académie française, musique de M. Gabriel Pierné.



"... Vargas (Arrochka, le frère de Gracieuse), sans posséder le naturel d'Alexandre, donne très consciencieusement à son rôle le caractère que l'auteur a souhaité par opposition avec celui de Ramuntcho ; il doit, en effet, représenter le Basque qui fait consister son point d'honneur dans des contingences, dans des extériorités fanfaronnés, telles que la contrebande et le jeu de pelote. Il est loin d'avoir la sensibilité de Ramuntcho. M. Vargas a mis cette physionomie en valeur.



Bernard joue Itchoua ; c'est le vieux Basque, le contrebandier impénitent. Bernard donne bien l'allure rugueuse, âpre, même vile, qui convient à ce personnage ; il était du reste, servi par son organe rocailleux.



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PORTRAIT DE LEON BERNARD EN 1909
PAR A. L. BOISSELIER



Mosnier est tout à fait remarquable dans le curé d'Etchezar. Voilà un artiste qui compose ses rôles avec un soin attentif, qui les varie avec une remarquable souplesse. Là il a réalisé un type de curé enfant du pays, qui n'admet pas le péché de contrebande même au nombre des péchés véniels ; au besoin, il brouillerait l'Eglise avec la Douane.



Le vicaire, c'est Rollan, qui a l'allure dégagée ; on ne peut guère demander plus à ce rôle qui nous montre un jeune ecclésiastique jouant à la pelote avec les gens du village.




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ACTEUR HENRI ROLLAN



Grétillat paraît dans Florentino ; on le voit à l'acte de la Cidrerie, puis dans l'exercice de ses fonctions de bouvier au dernier acte ; il s'est fait une physionomie simple et naïve.



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PIECE DE THEÂTRE RAMUNTCHO ODEON 1908
ACTE III LA CIDRERIE



Desfontaines joue sèchement et de façon conventionnelle le Basque qui revient d'Amérique.



Maupré est élégant dans le jeune touriste parisien. Je ne peux que citer Degeorge et sa rondeur qui est pour la circonstance telle d'un vieux contrebandier. Mitrecey (un Vieux assez pittoresque), les deux douaniers Fabre et Dullin, et de Guingand un joueur. Ce sont là de quasi figurations avec 2 ou 3 répliques ; mais il suffit de citer ces listes pour montrer qu'à l'Odéon on ne sacrifie pas les petits rôles.



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ACTEUR RENE MAUPRE



Venons maintenant à l'interprétation féminine.



Mlle Sylvie était l'artiste toute désignée pour jouer Gracieuse ; son tempérament doucereux, fait de grâce mièvre et de charme nuageux, s'adaptait à ce personnage apathique et de cire molle. Elle a montré une émotion discrète et dosée selon les principes du métier ; peut-être aurait-on souhaité plus de diversité aussi dans l'expression du bonheur que doit montrer Gracieuse, cette amoureuse platonique et pure. Mlle Sylvie a pourtant mieux indiqué la dernière phase de son rôle ; dans la scène du couvent, elle a montré une douleur farouche en son intensité, sous un masque impassible.



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ACTRICE SYLVIE
MAGAZINE LE THEÂTRE JUILLET 1910



Je ne ferai qu'un reproche à Mme Dux : elle ne s'était pas assez vieillie pour représenter Franchita, la mère de Ramuntcho ; cela n'a pas empêché l'excellente artiste de jouer de façon impressionnante la scène de l'agonie de la pauvre mère qui attend pour expirer le retour de son fils.



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ACTRICE EMILIENNE DUX 1918



Mlle Grumbach a composé avec bonhomie et avec finesse le personnage de la supérieure du couvent d'Amesqueta.



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ACTRICE JEANNE GRUMBACH 1910



Luce Colas a réussi avec son talent habituel la silhouette de Pilar, la vieille voisine dévouée.



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PHOTO DE LUCE COLAS
PAR ATELIER NADAR



Gabrielle Fleury ne fait que passer dans le personnage antipathique de Dolorès Detchary, la mère de Gracieuse ; c'est un rôle qui  plus d'importance sur l'action que dans ses développements.



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ACTRICE GABRIELLE FLEURY



Mlles Kerwich, Taillade et Darsenne apparaissent sous la cornette de religieuses. Mlles Ludger, Guéneau, Lukas, Cécile Didier et Paz Ferrer se montrent sous la coiffe catalane ; Mlle Marley joue madame Salaberry, la tenancière d'une auberge. Là encore, la figuration est confiée à de vraies artistes.



J'allais oublier trois nouvelles recrues qui ont débuté avec leur tempérament spécial : deux boeufs placides, se souvenant impassiblement d'un passé peut-être brillant, et un chat nerveux, implantant ses griffes apeurées dans la chemise de Ramuntcho puis de Arrochkoa.



La mise en scène. Les décors.



La mise en scène de Ramuntcho tient véritablement du prestige ; elle matérialise avec une fidèle exactitude tout ce que le roman nous avait décrit ; elle précise ce que notre imagination avait rêvé à la lecture. Elle est, à vrai dire, plus importante que la pièce, puisqu'elle est chargée de traduire une des parties les plus marquantes du livre.



Antoine a fait de la mise en scène de Ramuntcho quelque chose d'étonnamment réaliste et il a en même temps idéalisé le pittoresque du pays basque et de ses habitants. Tout cela est harmonieux ; les coins curieux et les habitudes locales sont mis en lumière avec l'art qui présiderait à la composition d'un tableau. Il y a un véritable travail d'artiste, de peintre, dans le groupement de personnages, dans le choix des couleurs de costumes, dans les effets d'éclairage. Là c'est, par exemple, sur la place d'Etchezar, une ombrelle rouge qui tache de sa tonalité crue la foule bigarrée ; ailleurs c'est, dans le jardin de Gracieuse, quelques tournesols qui font flamboyer l'or de leurs pétales parmi les roses. Tout cela, c'est mieux que de la mise en scène, c'est du goût, c'est du grand art.



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PHOTO D'ANDRE ANTOINE 
PAR CHARLES REUTLINGER VERS 1900



Les décors de Jusseaume ne sont pas pour peu dans cette admirable réalisation du pays basque. Ce sont autant de tableaux de maître transportés sur la scène de l'Odéon.



Le porche de l'église au premier acte où l'on aperçoit la place ensoleillée, les tables de l'auberge, avec cet admirable fond de montagnes ouatées d'atmosphère bleue et de flocons de nuages, est un simple chef d'oeuvre ; à gauche, des enfants jouent dans le cimetière, insouciants du mystère de la mort. Puis des joueurs de mandoline jouent et chantent des airs du pays, des petites filles dansent en un gracieux balancement tandis que les hommes boivent du cidre. C'est, par le décor, la vie d'un village pyrénéen mise à notre portée.




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ACTE I 2EME TABLEAU 
PLACE D'ETCHEZAR 
PIECE DE THEATRE RAMUNTCHO 1908



Les tableaux à sensation sont : le jardin de Gracieuse ; la place du jeu de pelote toute pailletée de soleil qui tache de son éblouissante blancheur les feuilles des arbres et le sol ; le devant de la maison de Ramuntcho avec, dans le fond, le mur ruisselant de lumière ; puis ce sont les intérieurs pittoresques de la maison de Ramuntcho, soit lorsque l'orage éclaire les volets de ses reflets livides, soit lorsqu'un bon soleil de crépuscule vient dorer les pauvres meubles ; c'est enfin le vestibule du cuvent d'Amezqueta ; malgré les derniers rayons du jour, on sent un froid mélancolique dans cette retraite où s'apaisent les tempêtes du coeur, où les âmes s'endorment.



Tous ces tableaux fourmillent de détails infimes qui supposent de patientes et incessantes recherches. Les contrebandiers et les douaniers ont tous à la main la maquila du pays, une sorte de canne à poignard faite d'un bois noueux et d'une poignée de cuir, qui sert d'arme défensive redoutable. Je pourrais signaler un léger oubli : quand Itchoua vient, pendant l'orage, demander asile à Franchita, il est sec comme s'il n'avait pas mis les pieds dehors ; on entend la pluie battante, et Itchoua n'est pas mouillé. C'est du reste la seule querelle que je puisse trouver. Mais Antoine nous rend si exigeants qu'il doit être le premier à subir les conséquences d'un goût qu'il a lui-même affiné.



A vrai dire, c'est lui qui a fait vivre ce Ramuntcho."



A suivre...



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samedi 1 mars 2025

LA PIÈCE DE THÉÂTRE "RAMUNTCHO" DE PIERRE LOTI EN MARS 1908 (deuxième partie)

 

LA PIÈCE DE THÉÂTRE "RAMUNTCHO" EN 1908.


"Ramuntcho" est une pièce en 5 actes et 12 tableaux, écrite par Pierre Loti et représentée pour la première fois au Théâtre de l'Odéon, le 28 février 1908.



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PIECE DE THEÂTRE "RAMUNTCHO"
DE PIERRE LOTI



Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien Comoedia, le 1er mars 1908, sous la plume d'Henry 

Gauthier-Villars :



"Théâtre National de l'Odéon.

Ramuntcho.

Pièce en 5 actes et 10 tableaux de M. P. Loti, de l'Académie française, musique de M. Gabriel Pierné.



... La partition.



Les 41 numéros de musique dont Gabriel Pierné a émaillé les 5 actes de Ramuntcho remettent en discussion la vieille question de futilité ou du danger des partitions de scène. Un petit volume serait nécessaire pour discuter ce grave problème, d'une part examiner les arguments des spectateurs assez bien doués pour prendre un plaisir simultané au jeu des acteurs, au texte de l'auteur, à la mise en scène et aux combinaisons mélodiques, harmoniques et orchestrales du compositeur qui les commente ; d'autre part, contrôler les objections de ceux à qui la partition gâte le drame, ou le drame la partition.



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RAMUNTCHO DE PIERRE LOTI
MUSIQUE DE GABRIEL PIERNE



Cette forme d'art exige une certaine indépendance d'oreille et à une première audition les spectateurs accoutumés à l'"attention active" se trouvent cruellement écartelés entre l'orchestre et le "plateau". En principe, l'opportunité d'une musique de scène est en raison directe de sa banalité et de son insignifiance : dès qu'elle offre une trouvaille, qu'elle exprime une pensée attachante, qu'elle se permet, non pas même du génie, mais de l'ingéniosité, elle trahit la pièce ! Les exemples abondent : la partition de L'Arlésienne gonflé de musique, méprisée par les spectateurs de 1872, n'arrive à faire corps avec la pièce de Daudet qu'à la faveur de son succès de "Suite d'orchestre" ; c'est parce que le public a lentement appris par coeur ces numéros, en dehors de l'Odéon ; c'est parce que, détournées de leur destination, ces pages ont résonné dans toutes les salles de concert et dans tous les kiosques de nos squares, que, les auditeurs peuvent superposer le plaisir musical, déjà classé et assimilé, au plaisir littéraire qui leur est offert. Plus près de nous, la partition trop écrite, trop consciencieuse de La Faute de l'Abbé Mouret ne servit qu'à alourdir les tableaux de Zola et ne fut comprise... qu'aux Concerts Colonne, bien loin d'Albine, de Serge et du frère Archangias ! Pour permettre le nécessaire dédoublement d'oreille, l'un des deux éléments ne doit exiger que l'"attention passive" et l'on ne peut y parvenir que par une assimilation préalable de la musique ou par le choix de lieux communs orchestraux immédiatement "en place" pour le public le moins porté à l'analyse.



La partition de Ramuntcho vient d'obtenir un vif succès de première et vous m'en verriez fort inquiet pour son auteur s'il ne s'agissait là d'un cas très particulier. Il est certain que, seules les banalités ont porté ; or elles ne sont pas de l'ami Pierné. Dans un louable désir de couleur locale et s'effaçant modestement derrière le sujet, le délicieux compositeur a accumulé les citations de chansons et de cantiques basques, les "Aurresku", les "Azeri dantza", les "Ezpata dantza", les "Nere Andréa", les "Artzano" et les "Celebre querriac", tous thèmes miraculeusement dépourvus d'originalité et d'intérêt musicaux. (Puisse Charles Bordes me pardonner ce blasphème !). C'est en vain que l'adroit adaptateur a épuisé les artifices de sertissage usités en pareil cas, harmonisations subtiles, caresses de sixtes conjointes, basses descendant chromatiquement, fragmentations, renversements, imitations, canons ou déformations de rythmes et de mesure, ces vilains cailloux de la Bidassoa ne sont pas devenus des diamants. C'est en vain que les plus amusantes dispositions de timbres ont tenté de sauver la platitude du national "Guernicaco arbola", déjà entendu dans l'attachante Guernica, de Paul Vidal, et les innombrables "Zortzico" dont les 5 temps sont devenus dans la bouche des choristes parisiens de confortables six-huit, tout ce folk-lore reste d'une déplorable grisaille, d'une apitoyante insignifiance mélodique et rythmique, et les 2 fandangos que danse se médiocrement la charmante Sylvie n'ont pas le puissant "dynamisme" de la Habanera qui résonne encore à nos oreilles.



pays basque autrefois théâtre loti ramuntcho paris
GUERNICA
DE PAUL VIDAL



Les quelques lignes vraiment tombées de la plume de Pierné sont exquises : le jardin de Gracieuse et l'agonie de Franchita ont permis, l'un au flûtiste et l'autre au violoncelliste, de nous montrer ce que sait dire ce charmant auteur lorsqu'on le laisse parler tout seul.



pays basque autrefois théâtre loti ramuntcho paris
PIECE DE THEÂTRE RAMUNTCHO ACTE IV
CHAMBRE DE FRANCHITA 1908



Inutile d'insister sur la jolie instrumentation discrète et précise de toute la partition. A noter l'heureux emploi asymétrique des cloches sur scène. L'observation la plus élémentaire permet de se convaincre que les "volées" simultanées de deux sonneries ne donnent pas ces blanches et ces rondes régulières que nous trouvons dans toutes les symphonies où intervient la voix d'un clocher : Pierné a su, à la sortie de l'église du premier tableau, faire entendre, au-dessus de la marche jouée par l'organiste, les rythmes variés et fantaisistes que peuvent réaliser les efforts combinés de 2 carillonneurs villageois en pleine action. Une seule petite querelle : cet office se termine par la mise en branle de 2 cloches en do et en ; un peu plus tard, la sortie des vêpres se fera sur 3 cloches donnant un sol dièze, un mi et un fa dièze... N'est-ce pas beaucoup pour le même clocher et la petite église d'Etchezar possède-t-elle donc un carillon flamand ?



L'auteur a remporté un vif succès personnel de chef d'orchestre en conduisant l'importante phalange que l'Odéon accorde à ses heureux compositeurs. Et il faut se demander si un chassé-croisé ne va pas se produire entre les directeurs de l'Opéra-Comique et du second Théâtre-Français, puisque, le même semaine, nous avons pu voir avec quelle merveilleuse habileté M. Antoine sait monter les pièces qui ont beaucoup de musique, et M. Carré, celles qui n'en ont pas !



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ALBERT CARRE
ADMINISTRATEUR GENERAL COMEDIE-FRANCAISE
DE JANVIER 1914 A NOVEMBRE 1915



Comment ils ont joué.



L'interprétation de Ramuntcho présente comme toutes les interprétations de l'Odéon une étonnante homogénéité. Cette homogénéité va même jusqu'à l'effacement ; car les artistes, à part 2 ou 3, n'ont guère de rôles dans cette succession de tableaux. Par le fait même de la pièce et non à cause de la troupe, l'interprétation laisse une impression de grisaille.



Il faut mettre hors de pair le jeune Alexandre, chargé du rôle de Ramuntcho. Ce second prix du Conservatoire possède une voix chaude et sympathique, qui sonne généreusement dans le grave. M. Alexandre ne laisse pas tomber les finales, pêché mignon de nombreux interprètes. Il sait se servir de ses moyens, il a composé son rôle avec une rare intelligence, il a bien marqué que Ramuntcho est un Basque d'adoption et de coeur, mais qu'il a du sang aristocratique dans les veines, qu'il a quelque chose de moins fruste que les vrais Basques. Il nous a donné un Ramuntcho sobre, nullement mélodramatique, avec des effets d'émotion simples et distingués. Cette création nous promet un vrai jeune premier, un artiste de sincérité."




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PORTRAIT DE RENE ALEXANDRE
PAR LOUIS-EDOUARD FOURNIER VERS 1911



A suivre...



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