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mardi 27 avril 2021

ADOLPHE JAUREGUY RUGBYMAN BASQUE D'OSTABAT EN BASSE-NAVARRE ECRIVAIN EN 1939 (deuxième et dernière partie)

 

LE RUGBYMAN ADOLPHE JAUREGUY.


Adolphe Jauréguy, né le 18 février 1898 à Ostabat (Basse-Navarre) et mort le 4 septembre 1977 à Saint-Jean-Pied-de-Port, est un joueur de rugby à XV du Stade Toulousain, capitaine de l'équipe de France.


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ADOLPHE JAUREGUY

Voici ce que rapporta à son sujet, le journal Jeunesse Magazine, le 20 août 1939, sous la plume de 

Pierre Junqua :


"...L'erreur de Ramondou.



Après Soustre, voici Ramondou de Toulouse, surnommé Boulet-Rouge, à cause de ses colères que ses partenaires chauffaient à blanc.




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LOUIS RAMONDOU
STADE TOULOUSAIN 1913 1914



Un jour, à Brive, notre merveilleux demi d'ouverture Bioussa ne pouvait rien faire, parce qu’un grand rouquin lui tombait dessus, dès qu’il faisait mine de s'emparer du ballon. Alors, Bioussa se retourne vers nous et dit à l’oreille de Struc, en zézayant :



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CLOVIS BIOUSSA DEMI D'OUVERTURE
STADE TOULOUSAIN 1912
 


— Fais comprendre à Ramondou qu'il faut me l'arranger un peu, ce rouquin-là...



Une minute après, le Boulet-Bouge expédiait un rouquin les jambes en l’air : torsion rapide du bras gauche, compliquée d’un magistral coup de pied, un peu trop visible.


— Sortez ! rugit l’arbitre, sortez !... 


Et il fallait entendre les gens de Brive :


 — A la porte ! Conspuez-le ! A mort!... 


Le brave Ramondou fait quelques pas vers la touche, puis se ravise, vient regarder sa victime étendue :


— Oh ! Milledieux ! s'écrie-t-il, en levant les bras vers le ciel. Je me suis trompé, j’ai assommé le mauvais !...



Il y avait, en effet, deux rouquins dans l’équipe de Brive ! "Précipitation, source principale d'erreurs," disait déjà Descartes, dans son Discours sur la méthode



Les blessures de Lubin.


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MARCEL-FREDERIC LUBIN-LEBRERE


On ne pourrait terminer l’étude du livre de Jauréguy sans parler de Lubin, cet avant toulousain, d’une taille et d’une force plus qu’humaines, et dont la conscience de rugbyman et l’amour des couleurs étaient tels qu’il s’encourageait lui-même en enfonçant la mêlée adverse : Pousse, Lubin, pousse ! Ah ! que nous sommes malheureux, que nous sommes malheureux !






L’histoire de la blessure de guerre de ce grand gaillard, franc comme l’or, était belle à écrire. Ainsi la raconte Jauréguy par la bouche de Lubin :


" — L’attaque ! Les obus ! boum ! barraoum ! la mitrailleuse: tac ! tac ! tac ! et puis, tout à coup, un 210 me jette en l’air et je retombe dans un grand trou. Je me rends compte, malheur ! que j'ai un genou blessé et un œil crevé. Pas tout de suite, quand je suis revenu à moi. Mais j’ai dû rester plusieurs heures "dans les pommes", comme nous disons, dans le Midi. Alors, je me dis : "Mon pauvre Lubin, tu es joli ! Déjà tu n’étais pas beau avant, et maintenant tu as un œil de moins et une jambe qui, peut-être, va rester raide. Et les copains, où sont-ils ? Il ne manquait plus que ça pour finir : tu es entre les lignes, mon pauvre vieux ! Lubin, Lubin, ça va mal, mais il faut rentrer en France ! Il ne faut pas crever ici !


J’avais perdu beaucoup de sang et je me repose une minute. Puis, je me crie à moi-même: "Lubin, il faut que tu rentres en France !" Et je m’appuie sur ma baïonnette pour me relever. Pan ! Une balle dans les fesses. Trois fois je me relève et trois fois une balle me troue les fesses. Si ça continue, Lubin, tu auras les fesses comme une écumoire et tu seras toujours ici ! Allons, Lubin, debout ! Debout, je te dis : il faut que tu rentres en France !


Je me suis donc levé tout à fait et la mitrailleuse a parlé en m’envoyant, pauvre Lubin ! dix-sept balles à travers le corps ! Tu comprends, j’étais visé !"



Le plus beau, dans cette histoire de guerre, c'est qu'elle est rigoureusement vraie. Les balles ennemies ont transpercé Lubin, sans lui enlever la vigueur légendaire, son optimisme débordant. Son œil crevé l'empêche de voir ce qu’il peut y avoir de sordide, de malpropre, d’égoïste et de vil, dans le train des choses humaines. Son bon œil lui reste pour voir des choses enjolivées, convenablement présentées, sous l’aspect le plus sympathique, et Lubin s’en va, dans la vie, en souriant à tout le monde.



Qui veut jouer avec moi ? se lit trop vite, tant on est pris par le récit.


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ADOLPHE JAUREGUY


Allons, Jauréguy, reprenez la plume, et contez d'autres souvenirs, pour notre plus grande joie."







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samedi 27 mars 2021

ADOLPHE JAUREGUY RUGBYMAN BASQUE D'OSTABAT EN BASSE-NAVARRE ÉCRIVAIN EN 1939 (première partie)

LE RUGBYMAN ADOLPHE JAUREGUY.


Adolphe Jauréguy, né le 18 février 1898 à Ostabat (Basse-Navarre) et mort le 4 septembre 1977 à Saint-Jean-Pied-de-Port, est un joueur de rugby à XV du Stade Toulousain, capitaine de l'équipe de France.


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ADOLPHE JAUREGUY

Voici ce que rapporta à son sujet, le journal Jeunesse Magazine, le 20 août 1939, sous la plume de 

Pierre Junqua :



"Un grand champion se révèle écrivain de talent dans un volume intitulé : "Qui veut jouer avec moi" Adolphe Jauréguy.



— Jauréguy écrit un bouquin ! 

— Jauréguy publie ses mémoires ! ! 

— Adolphe édite des souvenirs ! ! ! 



La nouvelle courait les salles de rédaction. On entendait partout et toujours le même accent de surprise, de stupéfaction.



C’est que l’ancien capitaine de l’équipe de France de rugby, le plus beau trois-quarts aile que nous ayons jamais eu en France, n’avait rien dit à personne. Dans le silence, dans le mystère presque, il avait préparé son coup. Et aujourd’hui il marque un "essai", le plus beau de sa carrière sans doute. Un essai qui a été bien vite transformé... en une victoire.



Contrairement à tous ces champions qui encombrent les rubriques sportives de nos grands quotidiens de niaiseries signées de leur nom et écrites par un autre, Jauréguy n’a confié à personne la plume. Il n’a pas prêté son nom.




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RUGBYMAN ADOLPHE JAUREGUY



Comme l’écrit Jean Giraudoux dans la vivante préface de Qui veut jouer avec moi ? :



Les souvenirs de Jauréguy, ce n'est ni Colette, ni Carco, ni Paul Morand qui les aura, c'est lui-même ! Ce n'est pas Alain Fournier qui se rappellera l'aventure avec l'ânesse blanche de Jauréguy ! Jauréguy, lui-même, s'en charge.



Et avec quelle poésie, quelle fantaisie, quel humour ! De longue date nous connaissions le talent verbal du conteur, mais nous ignorions les dons de l’écrivain. 



L'aventure de l'âne blanc.



Ah ! les histoires de Jauréguy ! Elles commencent par des souvenirs de prime jeunesse au pays basque. Une truite oubliée par les eaux vives fut son premier amour ; l’âne embaumé de la fermière d’Ostabat, le second.



Mais avez-vous déjà chassé l’âne sauvage dans la forêt d’Iraty ? Jamais ! Alors suivez Jauréguy "à la conquête de l’âne blanc".



Un jour, nous avons eu l'honneur de cerner l'âne blanc, le roi des ânes, le plus grand de tous, l'inaccessible. En me hissant dessus selon les meilleures règles, je frémissais d'orgueil et d'enthousiasme. Une heure après, mon enthousiasme s'était refroidi et j'aurais donné ma place de bon cœur.



Car l’âne blanc avait pris, dès le départ, une sorte de demi-trot, demi-galop, parfaitement désagréable, et il ne manifestait aucune envie de s'arrêter. Sauter en pleine course, je n’osais pas. Je ressentais une courbature de plus en plus douloureuse. Où me menait-il, cet animal diabolique ? Où étaient mes braves compagnons ?...



La forêt devenait de plus en plus sombre et sauvage. L'âne suivait un sentier escarpé, au-dessus d'un précipice. Je devenais fou de peur. Je pris enfin le parti de lâcher la queue et de sangloter. J'étais le prisonnier de l’âne qui jamais ne s’arrêtait. Parfois, comme pour me donner de l'espoir, il ralentissait sa course, mais, dès qu'il sentait que je me laissais glisser, il repartait de plus belle.



La nuit, déjà, était venue. Au-dessus de la croupe de l'âne et de la montagne voisine, je regardais monter la lune. Enfin, je perdis connaissance.



Un saut dans le temps. 



Le service militaire, la guerre, les gaz, l’évacuation à Bordeaux, l’Armistice, la Paix.



Elle fut fêtée par un match de rugby à Colombes, entre une sélection américaine et une équipe française. Ce fut une partie mouvementée, impitoyable, brutale, féroce même, qui fit dire à l’Américain de France Allan-Muhr :



"C’est ce qu’on peut faire de mieux sans couteau et sans revolver."



Je vous fais donc grâce des détails. 



Chez les percepteurs.



Courte incursion du rugbyman chez les ronds-de-cuir, — car Jauréguy, le saviez-vous, est inspecteur de l’Enregistrement, attaché au ministère des Finances, — avec des histoires courtelinesques dans le genre de la "carte" de M. Papillon, receveur des Contributions à Boulogne-sur-Gesse, que Jauréguy remplaça pendant trois mois :



Bobonne, dit Papillon à sa femme, va me chercher la carte : M. Jauréguy vient me remplacer. Mous le garderons quelques jours, puisque nous ne partons pas avant la fin de la semaine prochaine. Naturellement, il paiera sa pension. Je vais lui faire connaître le pays. Mon cher collègue, passons au bureau.



Et Papillon déplie sa carte. Je n'y vois que du vert et du jaune sur du blanc.


— Je vais vous expliquer la légende, dit Papillon. Les points jaunes, voyez-vous, cela signifie : vin blanc excellent ! Et les points verts : vin blanc moyen. Et toute cette étendue blanche, c’est là où il n'y a rien. 



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RUGBYMAN ADOLPHE JAUREGUY



Et voici le sport.



Le lecteur a été tellement pris par la saveur du récit, l’originalité du style, les clignements d’œil et les sourires de l’auteur, qu’il ne s’était même pas aperçu que ce sportif n’avait pas encore parlé de la passion de sa vie : le ballon ovale.



Alors, défilent des portraits. 



Mais, à l’encontre des spécialistes en "caractères", les personnages de Jauréguy existent vraiment. Il n’a pas pris à l’un son tic, à l’autre ses manies, à un troisième son nom. Pas du tout ; il les a sortis de la vie, tels qu’ils sont, sans changer leur état civil, sans corriger un trait, sans ajouter un défaut, sans modifier leur personnalité, pour les mettre en exergue dans son livre.



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LIVRE QUI VEUT JOUER AVEC MOI ?
ADOLPHE JAUREGUY



Soustre, Soule, Lubin, Ramondou, Struxiano. Verger ! Ces noms, tout le sud-ouest de la France les connaît.



Leurs exploits, leurs aventures, leurs bonnes fortunes, leurs galéjades, sont célèbres. Jauréguy ne résiste pas à l’envie de les rappeler, en les relevant de piment et d’ail, comme la meilleure des "piperades".



Ah ! les joueurs de mon cher Toulouse ! Il ne sera pas dit que je ne blaguerai pas un peu les plus célèbres. Je veux les arranger à ma façon, comme les dirigeants, comme le public. Pas de jaloux ! Tous à la casserole, tous dans la sauce, et comptez sur moi pour le sel et le poivre !



Après avoir écrit les aventures de Tartarin, il paraît que le bon Daudet faisait chaque fois un détour quand il allait de Lyon à Marseille. Il ne passait jamais par Tarascon ! Les féroces Tarasconnais avaient juré de le scalper !



Je ne tremble pas comme lui et j'irai à Toulouse, dès mes prochaines vacances, deux fois plutôt qu'une ! Je les entends, mes chers Toulousains : "Sacré Jauréguy ! Tu t'es bien payé notre tête ! Tu les fais rire à nos dépens, les badauds de la capitale ! Viens avec nous, mauvais sujet ! Tous au café de la Comédie ! C’est notre Adolphe qui régale ! Il nous doit bien ça, l'animal !" 



Le match de Soustre.



Soustre, animateur, dirigeant, "manager" et, entraîneur du quinze narbonnais, n’avait jamais joué au rugby. Ecoutez le récit de son premier match.



Soustre, pourtant, a dû jouer un jour, à son corps défendant : son demi de mêlée subitement indisposé, ses poulains le déshabillent et le glissent dans le maillot et la culotte du malade. Puis ils font courir le bruit que le demi de mêlée inconnu c’est le célèbre international Laterrade qui tient à jouer incognito ! Effrayé, le demi de mêlée d'en face n’ose pas toucher Soustre : il le regarde !... Tout se serait bien passé pour Soustre s’il n’avait jamais touché le ballon ! A la fin de la partie, il fait mine de le prendre... et le demi adverse l’envoie pour trois jours à l’infirmerie !..."



A suivre...





(Source : Wikipédia)


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