LE 22 MAI 1938, 795 PRISONNIERS S'ÉVADENT DE LA PRISON D'EZKABA EN NAVARRE.
Le titre de cet article ressemble à un roman d'Harry Potter, mais ce n'en est malheureusement pas un.
C'est seulement un des épisodes tristes et douloureux de la Guerre Civile Espagnole.
|
PRISON D EZKABA EN NAVARRE |
Le 22 mai 1938, c'est une des plus grandes évasions de l'Histoire qui a eu lieu en Navarre, au
fort San Cristobal ou d'Ezkaba (les deux dénominations coexistent), avec aussi le nom officiel
de fort d'Alphonse XII.
Ce jour là, 795 prisonniers s'évadèrent mais seulement 3 évadés accédèrent à la liberté en
passant la frontière et en se réfugiant en France.
Les trois qui parvinrent en France étaient :
- Jovino Fernandez Gonzalez
- Valentin Lorenzo Bajo (mort à Bordeaux en juillet 1986, à 86 ans)
- José Marinero Sanz (mort en 1963, à 47 ans)
Les recherches historiques font même apparaître aujourd'hui la possibilité d'un quatrième
évadé avec succès.
206 prisonniers évadés trouvèrent la mort dans les montagnes, dont Leopoldo Pico Perez, 586
prisonniers furent repris.
Parmi eux, 14 furent fusillés en août 1938, comme leaders de l'évasion et 40 moururent par la
suite dans le fort, de maladie et de mauvais traitements, avant 1944.
Quel bilan chiffré affreux et abominable !!!
La presse locale et internationale s'en est fait largement l'écho, puisque des articles concernant
cette évasion ont été publiés dans (liste non exhaustive) :
"Diario de Navarra, Pensamiento Navarro, Solidaridad Obrera, Mundo Obrero, El Socialista-Barna, La Fragua Social, El Diluvio, Eusko Deya, La Vanguardia, La Dépêche, Sud-Ouest, Le Midi Socialiste, The Times, The Guardian, New York Times, Ce Soir, Le Matin et Le Petit Comtois."
|
ARTICLE EUSKO DEYA SUR L EVASION D EZKABA NAVARRE 1938 |
|
ARTICLE SUD OUEST SUR L EVASION D EZKABA NAVARRE 1938 |
Dans ce fort de San Cristobal ou d'Ezkaba, deux ans après le début de la Guerre Civile
Espagnole, à moins de 50 kilomètres de la frontière Française, la tentation est grande pour les
emprisonnés de chercher à s'échapper pour trouver une liberté proche, et à l'époque sans
guerre.
Ce fort, dès son inauguration en 1919, n'a eu aucune vocation militaire, mais a servi seulement
de lieu d'enfermement pour opposants politiques.
En 1938, il détient donc des centaines de prisonniers Républicains.
L'enquête menée après l'évasion a conclu que les principaux fautifs étaient le Directeur
Alfonso Rojas Rueda, l'Administrateur Manuel Carlos Munoz et le chef du détachement
militaire Manuel Cabezas Espino.
En effet, le juge instructeur le colonel Manuel Suarez, après avoir interrogé de nombreuses
personnes de la garnison, a mis en évidence que les causes principales de l'évasion étaient : les
mauvais traitements et la famine auxquels étaient soumis les reclus.
De plus, causes aggravantes : l'extrême avarice de l'administrateur, détournant des fonds pour
la nourriture et les médicaments, prix abusifs de l'économat, et autres sources de lucre, avec
une utilisation de prisonniers ébénistes pour faire des meubles et ensuite les revendre pour son
propre compte. Tout cela, avec la complicité du directeur Rojas, avec lequel il se partageait un
butin mensuel de 4 000 pesetas tous les mois.
|
PLANS DE LA PRISON D EZKABA EN NAVARRE |
Le chef du détachement militaire, le lieutenant Manuel Cabezas avait pris son commandement
un mois seulement avant l'évasion et il lui fut reproché ses absences répétées pour se rendre à
Pampelune (Irunea en Basque).
Ayant été fait prisonnier par les mutins, il réussit néanmoins à s'échapper.
Il fut condamné pour négligence à vingt mois de prison, et ne fut libéré que le 9 février 1940.
La garnison du fort était composée jusqu'en avril 1938 de "requetes" et de phalangistes, qui
furent remplacés ensuite par des hommes du bataillon 331 des frontières (des miliciens), qu'on
suspecta de complicités avec les insurgés, la plupart d'entre eux ayant été incorporés de force
dans ces troupes franquistes.
Au total, il y a avait 83 soldats, 5 caporaux, 3 sergents et un officier pour garder tous ces
prisonniers.
Deux soldats en profitèrent pour s'enfuir lors de la confusion générale.
|
PRISONNIERS A ESKABA EN NAVARRE |
Une croyance longuement répandue et entretenue a existé, indiquant qu'on avait ouvert les
portes aux prisonniers pour qu'ils s'échappent et ensuite pouvoir les fusiller.
Ceci est historiquement faux car :
- les sources judiciaires indiquent que les militaires étaient en plein désarroi,
- il y a eu des procédures engagées contre les responsables,
- les recherches menées pour les retrouver ont été très actives, en raison de la crainte d'une "cinquième colonne" de 2 500 prisonniers,
- si les franquistes avaient voulu les libérer pour les liquider ensuite, ils leur était plus facile de le faire dans la prison, surtout en pleine Guerre Civile.
|
ITINERAIRE DES FUGITIFS DE LA PRISON D EZKABA EN NAVARRE |
Pour faire la chasse aux fugitifs, les franquistes employèrent les grands moyens :
- le bataillon 331 de la garnison de Pampelune
- les milices de requetes et de phalangistes
- à Burguete le bataillon 332
- à Elizondo le bataillon 334
- à Vera de Bidassoa le bataillon 327
- Le Régiment ArapIles, à Estella fut mis en alerte la nuit du 22 mai 1938.
Ce sont donc des milliers d'hommes, et pour beaucoup aguerris, qui furent mobilisés pour
retrouver les fugitifs, pendant des jours et des semaines.
|
INTERIEUR FORT EZKABA NAVARRE |
|
INTERIEUR FORT EZKABA NAVARRE |
Les évadés avaient préparé leur évasion, avec soin, en se dispersant dans plusieurs directions.
Les déclarations des 586 prisonniers "récupérés" permirent d'éclaircir de nombreux points de
cette grande "fugue", en particulier qui étaient les chefs et les consignes données à chacun.
Cette histoire est tellement passionnante que plusieurs livres ont été écrits à son sujet.
Je vous conseille :
|
LIVRE LOS FUGADOS DEL FUERTE DE EZKABA |
(Source : http://www.losfugadosdeezkaba1938.com/)
Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.
Plus de 5 500 autres articles vous attendent dans mon blog :
N'hésitez pas à vous abonner à mon blog, à la page Facebook et à la chaîne YouTube, c'est gratuit !!!
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire