ACCIDENT TRAGIQUE SUR LA RAMPE MOBILE DE BIARRITZ EN 1908.
Le 26 août 1903, était inauguré à Biarritz, entre la place Bellevue et la Grande Plage, un tapis roulant dit "rampe mobile".
Cette installation pouvait transporter trois mille personnes par heure.
RAMPE MOBILE BIARRITZ PAYS BASQUE 1903 |
Vu la fréquentation importante de touristes à Biarritz, en 1900, il avait été assez vite
envisagé de faciliter la circulation des piétons et le passage entre la Grande Plage et la place
Bellevue.
Plusieurs propositions furent faites au maire de l'époque Félix Moureu et à la municipalité :
Une proposition d'ascenseur hydraulique fut faite par un certain Monsieur Begue.
Ce dispositif aurait été situé dans une tour au pied de la falaise.
Mais, finalement, ce fut la proposition de tapis roulant , dit "rampe mobile", d'un industriel
madrilène José Cervera qui fut acceptée.
RAMPE MOBILE BIARRITZ PAYS BASQUE 1903 |
Ce dernier en obtint la concession pour 30 ans en décembre 1902. On prévoyait loin, à
l'époque...
Ce tapis roulant en plein air était une véritable innovation puisqu'il était seul en Europe.
RAMPE MOBILE BIARRITZ PAYS BASQUE 1903 |
L'installation fut testée avec d'énormes blocs de fonte à des poids très supérieurs à des charges
humaines.
Le service, tous les jours en été, s'effectuait de 10H du matin à 22H, avec un arrêt à l'heure du
déjeuner.
RAMPE MOBILE BIARRITZ PAYS BASQUE 1903 |
L'hiver, la rampe mobile ne fonctionnait que deux fois par semaine.
RAMPE MOBILE BIARRITZ PAYS BASQUE 1903 |
Un rapport d'un ingénieur signala rapidement la dangerosité du tapis roulant car des tasseaux
de bois étaient tombés et il y avait aussi des trous assez importants pour que s'y coince le bas
d'une robe ou même la patte d'un chien.
Et ce qui devait arriver, malheureusement arriva...
RAMPE MOBILE BIARRITZ PAYS BASQUE 1903 |
Le 13 octobre 1908, Maria de los Dolores Ruiz de Grijalba, veuve du Comte Henri de
Madron, eut son pied broyé après a voir été pris dans la griffe du palier d'arrivée.
Il fallut plus d'une heure aux secours pour dégager la pauvre victime de ce piège et elle endura
d'horribles souffrances, malgré le chloroforme qui lui avait été administrée.
Elle fut hospitalisée à la clinique du Docteur Philippe Lostalot-Bachoué, à Biarritz où elle dut
subir une amputation partielle.
RAMPE MOBILE BIARRITZ PAYS BASQUE 1903 |
Il y eut bien sûr un procès pour que la victime subisse une "réparation" de son préjudice.
RAMPE MOBILE BIARRITZ PAYS BASQUE 1903 |
L'industriel madrilène José Cervera, concepteur du tapis roulant, fut reconnu coupable et
condamné à verser une très forte indemnité à la victime : 150 000 francs (358 000€) de
dommages et intérêts et 6 000 francs (14 000€) de provision.
N'ayant pas les moyens de payer les dommages et intérêts, il versa la provision de 6 000 francs
(14 000€) et fila en Espagne (on ne dit pas à l'époque "filer à l'anglaise" mais "filer à
l'espagnole").
RAMPE MOBILE BIARRITZ PAYS BASQUE 1903 |
Le jugement du tribunal lui fut envoyé par la voie diplomatique mais il n'y donna pas suite.
Le mécanicien chargé de l'entretien de la rampe mobile fut condamné lui à 15 jours de prison
et à 6 000 francs (14 000€) d'amende.
Devant l'insolvabilité de José Cervera, c'est la ville de Biarritz, qui fut déclarée
responsable et dut prendre le relais financier, suite à un procès intentée par la Comtesse
victime, devant le Conseil d'Etat.
RAMPE MOBILE BIARRITZ PAYS BASQUE 1903 |
Mais, à la veille de la Grande Guerre, la comtesse Ruiz de Grijalba n'obtint que 5 000
francs (12 000€) de rente viagère par an et jamais le capital auquel elle avait cependant droit.
La rampe mobile continua néanmoins son exploitation.
RAMPE MOBILE BIARRITZ PAYS BASQUE 1903 |
Le 26 avril 1909, Raphaël Fagalde, négociant à Bayonne, fut adjudicataire de la rampe
mobile et de l'usine électrique produisant le courant nécessaire.
Il confia, dès le début, l'exploitation de la rampe mobile à une Société anonyme dite "trottoir
roulant de la Grande Plage".
Les problèmes avec la municipalité commencèrent presque tout de suite.
En effet, le concessionnaire fit scier les beaux tamaris qui se trouvaient à proximité sous
prétexte que l'humidité endommageait la rampe mais c'était en fait pour pouvoir y poser des
panneaux publicitaires...
RAMPE MOBILE BIARRITZ PAYS BASQUE 1903 |
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