LES CARLISTES À SAINT-JEAN-DE-LUZ EN 1872.
Pendant la troisième guerre carliste (1872-1876), nombreux furent les carlistes à se réfugier au Pays Basque Nord.
Le carlisme est un mouvement politique légitimiste espagnol apparu dans les années 1830 qui
revendique le trône d'Espagne pour la branche aînée des Bourbons d'Espagne.
De tendance conservatrice et anti-libérale, il est à l'origine de trois guerres civiles qui déchirent
le 19ème siècle espagnol et marquent profondément le pays.
Qui étaient ces carlistes ?
Les troupes carlistes étaient essentiellement composées de Basques, Navarrais et Catalans, que
l'opposition républicaine française qualifiait de "soldats du trône et de l'autel", pieux soldats
de la Sainte-Cause" ou "hypocrites bandits".
J'ai consacré il y a quelque temps un article à l'un d'entre eux : le curé Santa Cruz.
Elles étaient estimées, alors, à quelques 250 000 hommes.
Leur armement provenait des déserteurs, des prises sur les carabiniers et douaniers, et de
coups de main, tel celui de Portugalete (Biscaye) qui rapporta deux canons et 1 000 fusils, ou
celui de Cuenca (Castille-La Manche), quatre canons et 2 000 fusils.
Ils disposaient de camps d'entraînement à Urdax (Navarre) (à la frontière française, près de
Dancharia), Zugarramurdi (Navarre) (près de Sare) et Arichulegui (Guipuscoa) (prés des
Trois-Couronnes).
Saint-Jean-De-Luz était le centre de la contrebande d'armes à destination des carlistes : le
trafic se faisait essentiellement par mer et la marine gouvernementale espagnole ne parvenait
jamais à saisir les trafiquants.
GUERRES CARLISTES PAYS BASQUE D'ANTAN |
Le gouvernement français répondait qu'il ne disposait pas d'assez de troupes pour surveiller la
frontière et que tous les carlistes pris en armes étaient internés.
Les relations entre Paris et Madrid ne s'améliorèrent, d'ailleurs, qu'en 1876, à la fin des
hostilités, lorsque Paris autorisa les forces gouvernementales espagnoles à utiliser le port de
Saint-Jean-De-Luz pour leur ravitaillement.
L'intendance militaire "alphonsiste" (partisans gouvernementaux d'Alphonse XIII) achetait à
Bayonne ou Saint-Jean-De-Luz, par l'intermédiaire de commissaires espagnols, du vin, des
biscuits, des chaussures ou des couvertures, l'ensemble étant payé par la banque Garcia.
De même, en 1874, lors du siège de Bilbao par les carlistes, la ville se ravitaillait en bétail via le
port de Saint-Jean-De-Luz alors que les assiégeants utilisaient eux aussi ce débouché maritime.
GUERRES CARLISTES PAYS BASQUE D'ANTAN |
Ces derniers disposaient même de deux brigantins français pour le transport de leur
armement, l'Orphéon et le Ville de Bayonne.
Ce qui est le plus surprenant, c'est la curiosité malsaine que la guerre, si proche, éveillait chez
beaucoup.
Ainsi, le 13 octobre 1874, des curieux se rendirent en masse par chemin de fer à Hendaye pour
assister aux combats entre carlistes et gouvernementaux pour la possession du pont de Béhobie
: deux "spectateurs" français furent d'ailleurs blessés par des balles perdues.
Le 4 novembre suivant, jour de l'anniversaire de Don Carlos, on venait pique-niquer le long de
la Bidassoa pour assister à l'attaque d'Irun !
Quelques jours auparavant, les riverains pouvaient regarder le spectacle des pontons carlistes
franchissant la Bidassoa chargés d'armes et de munitions.
La sympathie des luziens et des Basques du Nord était telle pour les carlistes, qu'il était
fréquent de voir en ville des cavaliers et militaires carlistes, en uniforme et en armes, circuler
dans les rues, tant à Saint-Jean-De-Luz qu'à Bayonne, et ce, malgré l'interdiction
gouvernementale.
Un journal carliste, La Voz de la Patria, était publié à Bayonne, et des bureaux de recrutement
plus ou moins officiels existaient dans les cités frontalières.
TROUPES CARLISTES 1874 PAYS BASQUE D'ANTAN |
TROUPES CARLISTES 1874 PAYS BASQUE D'ANTAN |
TROUPES CARLISTES 1874 PAYS BASQUE D'ANTAN |
OFFICIER CARLISTE 1874 PAYS BASQUE D'ANTAN |
TROUPES CARLISTES A ST SEBASTIEN 1874 PAYS BASQUE D'ANTAN |
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