"LA PASIONARIA" ENTRE 1939 ET 1989.
Le 6 mars 1939, la direction du Parti Communiste Espagnol décide le départ d'Espagne de Dolorès Ibarruri.
Après mes deux premiers articles du 4/05/2017 et du 20/05/2017, je vous présente
aujourd'hui le troisième et dernier volet de la vie de la "Pasionaria".
En 1939 donc, la chasse aux communistes est lancée dans tout le pays.
Le 8 mars, sur un aérodrome proche d'Alicante, un groupe de guérilleros présente une
dernière fois les armes à Dolorès Ibarruri, accompagnée de Jean Catala, député communiste
français et futur martyr de la Résistance que les Pétainistes guillotineront le 24 septembre 1941
à la prison de la Santé à Paris.
La "Pasionaria" étreint longuement les derniers soldats de la République puis monte dans un
petit avion.
Il lui faudra attendre près de quarante ans avant de revenir sur sa terre natale.
Son périple la conduit à Oran, Marseille, Paris et enfin Moscou.
Seule femme membre du Comité Exécutif du Kominterm, elle jouit d'une grande autorité.
Sa fille étudie dans un institut technique et son fils Ruben dans une école militaire.
LA "PASIONARIA" ET SON FILS RUBEN |
Plusieurs milliers d'espagnols vivent réfugiés en Urss, lorsqu'Hitler déclenche l'opération
"Barbarossa".
Objectif : Moscou.
Les populations vont devoir affronter un conflit terrible au cours duquel vingt millions de
femmes, d'enfants et d'hommes perdront la vie.
Les exilés espagnols multiplient les démarches afin d'être intégrés aux forces armées de l'Urss.
Le 18 juillet 1941, près de deux cents combattants espagnols se rassemblent dans la cour d'une
caserne de Moscou.
La "Pasionaria" leur dit :
"Aujourd'hui comme hier, vous vous trouvez les armes à la main contre le fascisme. Je suis persuadée que vous vous battrez avec honneur aux côtés du peuple soviétique dans la lutte contre l'hitlérisme et pour l'indépendance de l'Espagne."
A ce moment, une voix lance : "No pasaran."
DOLORES IBARRURI |
Cette fois, en effet, les fascistes ne passeront pas.
Environ 1 000 volontaires espagnols s'enrôlent dans l'armée rouge, dont Ruben le fils de
Dolorès Ibarruri.
Ils sont particulièrement efficaces derrière les lignes allemandes pour des missions spéciales.
En septembre 1942, la "Pasionaria" vit repliée avec l'équipe de Radio-Espagne à Oufa,
capitale de la République Autonome de Bachkirie et s'adresse chaque jour à son pays.
Elle s'attache particulièrement à dénoncer la division Azul mise à la disposition d'Hitler par
Franco.
DOLORES IBARRURI |
Elle appelle les jeunes espagnols à refuser de devenir la "chair à canon de l'Allemagne nazie".
Un soir du début de l'automne 1942, le téléphone sonne chez Dolorès Ibarruri.
Une voix grave demande à lui parler et se présente : Nikita Kroutchev, commissaire politique
d'un des fronts, et futur chef de l'Etat soviétique.
Il lui annonce la mort du lieutenant Ruben Ibarruri, son fils, à Stalingrad.
Après le suicide de José Diaz, secrétaire général du PCE, la direction du parti repose sur les
épaules de la "Pasionaria".
La déroute des troupes hitlériennes redonne de l'espoir aux Républicains espagnols, car
Franco est un des alliés des nazis.
Sans attendre la fin du conflit, la "Pasionaria" prend la route de Paris.
Les autorités britanniques lui refusent une place dans un avion sous le prétexte que les
appareils militaires ne peuvent accueillir une femme.
Mais peu importe.
DOLORES IBARRURI |
Avec sa fidèle secrétaire Irène Falcon et le dirigeant communiste Ignacio Gallego, elle
commence un long périple qui les conduit en Iran et en Egypte avant de débarquer à Boulogne.
Le 8 mai 1945, c'est à Paris qu'elle fête la victoire sur le fascisme.
Son plus cher désir est alors de se rapprocher de l'Espagne.
Elle s'installe à Toulouse mais pas pour longtemps.
En effet, en 1950, le gouvernement français interdit les activités du PCE.
Ses dirigeants avec l'aide précieuse et jamais démentie du PCF (Parti Communiste Français)
rentrent alors dans la clandestinité.
La "Pasionaria" regagne Moscou d'où elle dirige le parti jusqu'en 1960, date à laquelle
Santiago Carrillo la remplace au poste de secrétaire général du PCE, dont elle devient la
Présidente.
DOLORES IBARRURI |
Pendant ces longues années, Dolorès Ibarruri suit quotidiennement les événements espagnols.
Au micro de Radio-Espagne indépendante, elle commente la moindre grève.
Sa voix est écoutée du Pays Basque jusqu'en Andalousie.
Dès 1956, elle avance l'idée de la "réconciliation nationale".
Elle mène campagne pour sauver les démocrates espagnols condamnés par la dictature
franquiste, de Julian Grimau aux cinq jeunes Basques fusillés en 1975 (deux militants d'ETA
pm et trois militants du FRAP).
A Moscou, elle reçoit des personnalités de passage mais surtout des Espagnols qui lui racontent
ce qui se passe en Espagne.
Bravant les interdictions, elle participe à des réunions dans des pays européens.
Après la mort de Franco (20 novembre 1975), de nombreux exilés peuvent revenir en Espagne
mais pas la "Pasionaria".
A Madrid, les proches du dictateur disparu ont peur de la "Dame en noir".
Les murs de la capitale Madrilène se recouvrent de "Dolorès à Madrid".
DOLORES IBARRURI |
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