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vendredi 23 juin 2017

LA GRANDE FORGE DE BANCA EN BASSE-NAVARRE AU PAYS BASQUE AUTREFOIS


LA GRANDE FORGE DE BANCA.


Après la mission d'inspection du baron Philippe Frédéric de Dietrich, le "Monsieur Mines et usines" du ministre Necker, en 1784, le potentiel de mines et de la fonderie de cuivre du quartier de la Fonderie de Baïgorry, qui deviendra Banca en 1832, est reconnu.


En 1730,  30 mineurs "allemands" arrivent dans la vallée de Baïgorry pour relancer 

l'exploitation du cuivre.

En 1746, les premières productions notables de cuivre débutent en 1746 à la fonderie de 

Zubiarin, le long de la Nive, et culmineront en 1756 à 130 tonnes.

En 1793, des troupes espagnoles pillent et brûlent le quartier de la Fonderie et la concession de 

la fonderie de cuivre s'éteint en 1816.


Cependant, la présence d'un riche filon de sidérite, minerai de fer, au nord de la vallée, à 

Ustelegi, en limite avec la vallée d'Osses (Arrossa), ainsi que les massifs forestiers d'Hayra et 

du sud du Pays Quint, environnant un site équipé d'un aménagement hydraulique, ne pouvait 

laisser indifférents les esprits entreprenants.


Vauchelle, dernier actionnaire, avait fait construire par  l'ingénieur Muthuon au tournant du 

siècle, une forge à la catalane, permettant d'obtenir du fer par réduction directe, sans fonte, 

afin d'exploiter le minerai d'Ustelegi.

Le bénéfice de cette forge, édifiée dans les ruines de la fonderie  en partie relevées et qui ne 

dura que trois ans, devait servir à relancer l'exploitation des mines de cuivre.

En vérité, les travaux miniers conduits à cette époque sont minimes et l'activité s'éteint en  

1808 après un infime sursaut provoqué par la tentative d'un ingénieur saxon, Johan Von 

Charpentier, mandaté par le Suisse Jain.

Il faut attendre le début de la décennie 1829 pour voir naître un projet lancé par un maître de 

forge et brasseur d'affaires parisien, Jean-Baptiste Ricqbour.

Cet homme, qui avait été notaire à Versailles et qui connaissait Vauchelle, avait été attiré dans 

la vallée autant par la variété des filons que par les forêts et notamment par le fait que le prix 

du charbon de bois était plus bas que dans les autres régions de France.

Bien qu'ayant demandé l'autorisation de traiter le cuivre et le fer, il fait édifier, à partir de 

1822, une usine à haut fourneau, donc destinée à produire exclusivement du fer, sur les ruines 

de la fonderie.


Après quelques péripéties, le haut-fourneau est mis à feu en 1826.

HAUT FOURNEAU DE BANCA PAYS BASQUE



Très vite, surviennent des problèmes au sujet du bois : les estimations de la quantité de 

combustible avaient été faites en prenant en compte les ressources du sud du Pays Quint.

Mais le traité d'Elizondo (Navarre) de 1785, quelque peu oublié par les Baigorriar, avait fixé 

une délimitation laissant ces bois à l'Espagne.


En 1828, tous les ateliers de l'usine sont opérationnels.

La capacité journalière du haut fourneau, ventilé par une machine à pistons carrés mus par 

une roue hydraulique, était de quatre tonnes de fonte, soit un produit d'un millier de tonnes les 


meilleures années.


FORGES DE BANCA PAYS BASQUE 1900




VUE GENERALE DES FORGES DE BANCA PAYS BASQUE 1900



Le matériel était ensuite refondu pour décarburation dans un four a réverbère.

Les loupes d'acier doux obtenues étaient ensuite cinglées sous les marteaux d'affinages, 

respectivement soulevés par trois arbres à cames, chacun entraîné par une petite roue 

hydraulique.

Un troisième atelier recevait une partie de ce fer pour y être fendu et laminé par une 

machinerie elle aussi mue par une seconde grande roue.

MINE DE BANCA PAYS BASQUE

Le fer de Banca, riche en manganèse, était reconnu pour ses qualités.

Il était transporté à dos de mulet jusqu'à Baïgorry, d'où il gagnait Bayonne par la route puis la 

Nive.

La plus grande partie de ce fer était ensuite transportée par voie maritime à Nantes ou Le 

Havre, puis écoulée sur le marché parisien.

L'activité dont le démarrage en 1826 avait été retardé par des difficultés administratives, se 

réduisit brutalement lors de la grande crise de 1830 à cause de l'effondrement du prix du fer, 

Ricqbour fait faillite et ce sont deux Parisiens, l'affairiste Achille Pène et le banquier Joseph 

Périer, qui rachètent l'établissement.

pays basque avant
BANQUIER JOSEPH PERIER 1830

Les forges connaissent ensuite une dizaine d'années d'activité sans interruption.

Cependant, en 1842, suite à la spéculation immobilière risquée que mène Achille Pène à Paris, 

c'est la saisie des forges de Banca...

L'établissement est à nouveau racheté par la banque Périer et l'industriel havrais  François 

David.

Sous la direction des ingénieurs Tom Richard  puis Eugène Karr, les forges connaissent quatre 

années de production, avant de succomber aux retombées de la Révolution de 1848 et d'une 

longue crise économique.

La Compagnie des Trois-Bassins réunis, fondée par des industriels stéphanois sous l'impulsion 

du développement ferroviaire, effectua quelques travaux de remise en état avant de faire 

faillite en 1861.

L'effectif aurait atteint 400 personnes, mais une grande partie concernerait la main d'oeuvre 

externe, c'est-à-dire les muletiers et les charbonniers.

En outre, ces emplois n'étaient souvent que saisonniers : ils cessaient en hiver, saison où les 

charbonniers allaient continuer leur activité dans les Landes.

Les muletiers étaient souvent des Navarrais, mal payés comme la plupart des ouvriers externes.

Les moins nombreux de ces emplois externes étaient ceux des mineurs, dont le nombre aurait 

culminé à cinquante au début de l'exploitation, et qui par la suite n'aurait guère dépassé la 

douzaine.

Le personnel attaché à mine d'Ustelegi était subdivisé en deux parties, les mineurs d'une part, 

et les manoeuvres, pionniers ou rouleurs, comme les premiers originaires de la vallée.

La main d'oeuvre qualifiée interne était en grande partie originaire de Franche-Comté et de 

Lorraine et Bourgogne.

La venue d'ouvriers belges hautement qualifiés à Banca était justifiée par la nécessité d'un 

savoir-faire très spécifique, que possédait les ouvriers d'Outre-Quiévrain.

Comme au siècle précédent, des Basques ont pu cependant se former et accéder à des postes 

qualifiés malgré les interruptions dues aux faillites successives.

L'effectif des emplois internes aurait atteint quatre vingt dix personnes.


En 1865, la banque stéphanoise Girard, Nicolas et Compagnie entreprit de nouveaux travaux 

miniers vers le filon nommé Berg-Op-Zoom.

L'effectif était réduit à une trentaine de personnes, dont dix huit Espagnols (sans doute des 

Navarrais).

Les ateliers souterrains étaient bien moins nombreux qu'au siècle précédent et l'on ne 

pratiquait plus que la minéralurgie, c'est-à-dire le tri et l'enrichissement mécanique du minerai.

Celui-ci était ensuite envoyé au Pays de Galles, à Swansea, où il subissait les traitements 

métallurgiques pour obtenir le cuivre et l'argent.

Cette campagne cessa en 1893.

En 1908 et 1909, une "Compagnie des mines d'Ossès et Banca" réalisa quelques travaux dans 

le filon Berg-Op-Zomm et tenta sans succès d'enlever l'eau qui noyait le filon du puits des Trois 

Rois.

Une dernière et éphémère reprise d'exploitation eut lieu en 1935, à Gathuly-Escourleguy, 

commanditée par l'entreprise Recart.

Des études furent ensuite menées à l'instigation de l'ingénieur civil des mines Georges Vié, à 

partir des années 1940, jusqu'en 1963.

En 1956, des forages furent encore réalisés, puis à nouveau en 1979-1980, sans que les résultats 

incitent à poursuivre.


Le site minier n'a depuis lors fait l'objet que d'évaluations infructueuses, sans suite.



(Source : BANCA - BANKA de Jakintza)


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