LA GRANDE FORGE DE BANCA.
Après la mission d'inspection du baron Philippe Frédéric de Dietrich, le "Monsieur Mines et usines" du ministre Necker, en 1784, le potentiel de mines et de la fonderie de cuivre du quartier de la Fonderie de Baïgorry, qui deviendra Banca en 1832, est reconnu.
En 1730, 30 mineurs "allemands" arrivent dans la vallée de Baïgorry pour relancer
l'exploitation du cuivre.
En 1746, les premières productions notables de cuivre débutent en 1746 à la fonderie de
Zubiarin, le long de la Nive, et culmineront en 1756 à 130 tonnes.
En 1793, des troupes espagnoles pillent et brûlent le quartier de la Fonderie et la concession de
la fonderie de cuivre s'éteint en 1816.
Cependant, la présence d'un riche filon de sidérite, minerai de fer, au nord de la vallée, à
Ustelegi, en limite avec la vallée d'Osses (Arrossa), ainsi que les massifs forestiers d'Hayra et
du sud du Pays Quint, environnant un site équipé d'un aménagement hydraulique, ne pouvait
laisser indifférents les esprits entreprenants.
Vauchelle, dernier actionnaire, avait fait construire par l'ingénieur Muthuon au tournant du
siècle, une forge à la catalane, permettant d'obtenir du fer par réduction directe, sans fonte,
afin d'exploiter le minerai d'Ustelegi.
Le bénéfice de cette forge, édifiée dans les ruines de la fonderie en partie relevées et qui ne
dura que trois ans, devait servir à relancer l'exploitation des mines de cuivre.
En vérité, les travaux miniers conduits à cette époque sont minimes et l'activité s'éteint en
1808 après un infime sursaut provoqué par la tentative d'un ingénieur saxon, Johan Von
Charpentier, mandaté par le Suisse Jain.
Il faut attendre le début de la décennie 1829 pour voir naître un projet lancé par un maître de
forge et brasseur d'affaires parisien, Jean-Baptiste Ricqbour.
Cet homme, qui avait été notaire à Versailles et qui connaissait Vauchelle, avait été attiré dans
la vallée autant par la variété des filons que par les forêts et notamment par le fait que le prix
du charbon de bois était plus bas que dans les autres régions de France.
Bien qu'ayant demandé l'autorisation de traiter le cuivre et le fer, il fait édifier, à partir de
1822, une usine à haut fourneau, donc destinée à produire exclusivement du fer, sur les ruines
de la fonderie.
Après quelques péripéties, le haut-fourneau est mis à feu en 1826.
HAUT FOURNEAU DE BANCA PAYS BASQUE |
Très vite, surviennent des problèmes au sujet du bois : les estimations de la quantité de
combustible avaient été faites en prenant en compte les ressources du sud du Pays Quint.
Mais le traité d'Elizondo (Navarre) de 1785, quelque peu oublié par les Baigorriar, avait fixé
une délimitation laissant ces bois à l'Espagne.
En 1828, tous les ateliers de l'usine sont opérationnels.
La capacité journalière du haut fourneau, ventilé par une machine à pistons carrés mus par
une roue hydraulique, était de quatre tonnes de fonte, soit un produit d'un millier de tonnes les
meilleures années.
VUE GENERALE DES FORGES DE BANCA PAYS BASQUE 1900 |
Le matériel était ensuite refondu pour décarburation dans un four a réverbère.
Les loupes d'acier doux obtenues étaient ensuite cinglées sous les marteaux d'affinages,
respectivement soulevés par trois arbres à cames, chacun entraîné par une petite roue
hydraulique.
Un troisième atelier recevait une partie de ce fer pour y être fendu et laminé par une
machinerie elle aussi mue par une seconde grande roue.
MINE DE BANCA PAYS BASQUE |
Le fer de Banca, riche en manganèse, était reconnu pour ses qualités.
Il était transporté à dos de mulet jusqu'à Baïgorry, d'où il gagnait Bayonne par la route puis la
Nive.
La plus grande partie de ce fer était ensuite transportée par voie maritime à Nantes ou Le
Havre, puis écoulée sur le marché parisien.
L'activité dont le démarrage en 1826 avait été retardé par des difficultés administratives, se
réduisit brutalement lors de la grande crise de 1830 à cause de l'effondrement du prix du fer,
Ricqbour fait faillite et ce sont deux Parisiens, l'affairiste Achille Pène et le banquier Joseph
Périer, qui rachètent l'établissement.
BANQUIER JOSEPH PERIER 1830 |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire