"LA BOITE À SARDINES" INSTITUTION À CIBOURE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1960
"LA BOÎTE À SARDINES" DE CIBOURE, PARADIS DES NOCTAMBULES EN 1960.
Quand M. Arnaud Dagueressar acheta en 1873 des terrains constructibles dans le nouveau quartier, près des usines, il n'imaginait sans doute pas que la maison qu'il y construirait dessus serait célèbre pour toute une génération de Cibouriens, presque un siècle après.
Personnellement, je me souviens quand j'étais gamin, on se donnait souvent rendez-vous
devant cet établissement car il était connu par tous les Cibouriens.
Donc, à l'origine, ce forgeron M. Dagueressar, originaire de Mouguerre, fit
construire, au 16 de la rue Neuve (ex route d'Espagne) une maison d'habitation à 3 niveaux,
ainsi qu'une forge attenante qu'il exploita.
CIBOURE HOSTELLERIE
PAYS BASQUE AUTREFOIS
En 1910, Marcel Vicendoritz, habitant de l'autre côté du pont à Saint-Jean-de-Luz,
s'installa à Ciboure avec sa famille dans la famille de sa belle-mère Clémence
aussi pour avoir composé des musiques de fandango comme Clémencia, Sencilla, Donibane et
Kinkiri-Kunkuru.
Les descendants de M. Dagueressar, sa fille et son époux, Xavier Vicendoritz décidèrent de
remplacer la forge par un bar restaurant "Maiz Egarri" (Souvent Assoiffé) dont la gestion est
confiée à Grégorio Olaizola avec un bail de neuf ans allant de 1928 à 1937.
Ce dernier s'engagea à refaire à ses frais d'importantes transformations intérieures et
extérieures.
Pendant la guerre, le restaurant fut fermé et servit à élever des cochons.
A la libération, Xavier Vicendoritz (fils de Marcel) le divisa en deux parties inégales :
dans la partie principale, son épouse ouvrit une épicerie fine et dans la partie plus petite à
laquelle fut adjoint un appentis transformé en local de desserte, fut créé un bar portant le nom
de la Boîte à Sardines qui fit beaucoup parler de lui pendant 30 ans.
En 1947, Madame de St Quentin ouvrit un commerce qu'elle dénomma la Boîte à Sardines,
compte tenu de sa très faible surface (environ 20 m2) (Patrick Sébastien aurait pu en faire
une chanson, je blague...).
FONTAINE DE CIBOURE
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Le propriétaire Xavier Vicendoritz inscrivit dans le bail de location une clause à respecter
même en cas de revente :
"fonds de commerce de café-restaurant-bar avec interdiction au preneur d'exercer les activités suivantes : dancing, boîte de nuit, ou entreprises similaires".
Ce fut le début des ennuis avec la justice, la police, le voisinage et la famille Vicendoritz.
Le bail passa assez vite entre les mains de Madame Darmendaritz et surtout en 1959 dans
celles de Madame Vidal épouse du célèbre Isidore (Zizi) Urtizverea.
Celui-ci, restaurateur basque originaire de Ciboure, co-propriétaire avec Eric de
Rotschild de la brasserie Bofinger à Paris, avait aussi des activités au Pays Basque.
BRASSERIE BOFINGER PARIS
Dès le 22 juillet 1959, une inscription fut peinte sur la façade de la Boîte à Sardines :
"ouverture de 18H à l'aube !"
C'est alors que commencèrent les plaintes pour tapage nocturne, les descentes de police, les
bagarres et les procès-verbaux. Les contentieux avec le propriétaire se multiplièrent.
Malgré les condamnations, Madame Vidal persista à ne fermer la Boîte à Sardines que vers
6H du matin jusqu'au 16 novembre où l'inscription fut modifiée : les heures d'ouverture et de
fermeture avaient disparu.
Après une année 1960 tumultueuse très mal engagée (des travaux de toiture entraînèrent la
fermeture de l'établissement), la Boîte à Sardines rouvrit le 9 janvier 1961 à partir de 12H.
Elle faisait restaurant mais l'été suivant, elle fonctionnait de... nuit.
LES RECOLLETS CIBOURE - ZIBURU
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Ah, si les murs pouvaient parler !!!
Le 28 juin 1959, le Conseil Municipal de Ciboure autorisa l'exploitation de nuit de la Boîte à
Sardinespar Madame Vidal Marie Andrée épouse Urtizverea demeurant pâtisserie Rose à
Ciboure sous réserve de se conformer aux règlements actuellement en vigueur (la licence
d'exploitation était celle de la Réserve louée à la Mairie).
Une lettre adressée au Maire par le Sous-Préfet de Bayonne en date du 14 septembre 1959
rappelait que "le conseil municipal n'a pas compétence pour délibérer en la matière et que seul le
maire peut prendre un arrêté dans des cas similaires mais que la limite d'ouverture est fixée à 2H
du matin et à 3H les week-ends et jours fériés et plus tard dans la nuit pour des fêtes locales."
Le 1er décembre 1962, René-Henri Prignon et son épouse Julienne Allard reprirent le bail de
Madame Vidal et le 5 octobre 1963 le transmirent pour 9 ans à Emilienne-Simone Meyres née
Dupuch.
De 1973 à 1976, la Boîte à Sardines qui porta un moment le nom de Coccinelle connut une
période encore plus tourmentée.
Madame Y.M. devint propriétaire du bail et les scandales reprirent de plus belle.
La lecture des journaux de l'époque nous éclaire un peu plus : "la tenancière d'une boîte de
nuit de Ciboure s'est -elle rendue coupable de délit de proxénétisme hôtelier ?
Beaucoup de bruit autour d'une boîte à musique.
Un réfugié politique appréhendé à la suite d'une rixe nocturne.
Dégradation et vol dans une Mercedes cabriolet appartenant à la tenancière.
Un Espagnol jouait du pistolet dans un bar de Ciboure..."
QUAIS DE CIBOURE - ZIBURU
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Une intervention de la police mit fin aux agissements des tenanciers.
Fin 1976, le mobilier de la Boîte à Sardines fut vendu aux enchères et l'établissement ferma et
fut transformé en institut de beauté. Le bar fut récupéré par les organisateurs de la kermesse
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