CRÉATION DE L'AVIRON BAYONNAIS OMNISPORTS.
Conflit entre conservateurs et modernes ?
En pleine saison d'été, en 1904, le monde Bayonnais de l'aviron va connaître un changement
dont il ne suppose pas les conséquences.
Conflit de générations, conflit entre conservateurs et modernes ?
A l'issue d'une course, de jeunes rameurs, Adolphe Bernard en tête, promènent sans
autorisation des demoiselles sur des bateaux de la Société Nautique.
Réaction immédiate des princes dirigeants qui votent le 17 août la radiation du principal fautif.
Les turbulents jeunes hommes et amis de Bernard se réunissent le 17 septembre au Café du
Théâtre et décident de fonder leur propre société qu'ils baptisent Aviron Bayonnais.
Une association qui fonctionne sans président par opposition à celui de la Nautique (M Luis
Oyarzun) ressenti comme un dictateur.
Son but est la pratique de la rame, ses couleurs, le bleu ciel et blanc.
Ainsi en décide l'assemblée générale constitutive dont il n'y aura aucun procès-verbal.
Mais un bureau est constitué, sans président, sur proposition de Guillaume Lamothe.
Pas question de tomber dans les travers de la S.N.B.. Martin Noblia, le secrétaire le précise
d'ailleurs dans le courrier du 28 janvier 1905 demandant l'affiliation à l'Union Nautique des
Sociétés du Sud-Ouest.
"Conformément à l'article 7 des statuts nous vous donnons ci-après la composition de notre
bureau :
- Secrétaire : M. Noblia
- Secrétaire adjoint : Pierre Bargeles
- Trésorier : Moumas
- Trésorier adjoint Dupere
- Conservateur du matériel
- Chef d'entraînement : Guillaume Lamothe.
Comme vous le remarquez, il n'y a pas de président, chacun en faisant les fonctions en séance à
tour de rôle. Cette formation est voulue".
Le conseil d'administration est formé par MM P Bargelès, A Bernard, A Caudron, L Celhay, G
Chantillon, J Choribit, A Frois, M Guilbeau, G Lamothe, J Larran, J Noguès et M Sourbe.
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CAFE DU THEATRE BAYONNE PAYS BASQUE 1904 |
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LUIS OYARZUN PRESIDENT DE LA NAUTIQUE BAYONNE DE 1900 A 1916 |
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PREMIER CONSEIL D'AMINISTRATION DE L AVIRON BAYONNAIS PAYS BASQUE 1904 |
Viennent alors les difficultés naturelles.
Il faut trouver d'urgence un local qui puisse abriter les quelques bateaux dont va pouvoir
disposer la société nouvelle.
Le quartier Saint-Esprit paraît être l'aubaine.
Les loyers ne sont pas élevés.
Mais la "Terre Sainte" semble trop éloignée à cette époque où les tramways ne franchissent pas
l'Adour.
Il est décidé alors d'élire domicile sur les bords capricieux de la Nive.
Après tout, il suffira de "passer les ponts pour retrouver vite l'Adour avec son cours rectiligne
et ses champs d'eau plus étendus".
Quatre mois plus tard, ils louent un garage, 18 rue des cordeliers, à M Peres, Consul d'Italie,
qui donne également sur la rue de l'Arsenal (Pelletier), et y installent leurs premières yoles,
dont certains bateaux achetés d'occasion à l'Aviron Agenais.
Ils vont ramer sous les couleurs bleu et blanc.
L'aventure commence...
La presse locale se fait muette dans cette affaire.
Coincée entre la chaleur, les vacances, les courses de chevaux et de toros, elle est considérée
comme une petite querelle sans lendemain.
Et puis, à l'époque, on ne bouscule pas ainsi les traditions !
L'histoire lui donnera tort.
Mais l'Aviron Bayonnais n'en a pas terminé avec les obstacles.
Il lui faut maintenant obtenir l'admission à l'Union Nautique des Sociétés du Sud-Ouest qui est
rattachée à la Fédération Française des Sociétés d'Aviron.
À sa tête, ... Luis Oyarzun, qui met tout son poids pour écarter les jeunes Bayonnais.
Guillaume Lamothe qui, avec Martin Noblia, représente les bleus et blancs, se fait bon avocat.
Et l'Aviron Bayonnais, ce 26 février 1905, est la quinzième société admise à l'Union Nautique
des Sociétés du Sud-Ouest.
Elle va même participer aux travaux du Congrès jusqu'à l'élection du président où Luis
Oyarzun est renversé... d'une voix (8 contre 7) par M. Mirambeau de Castillon sur Dordogne.
Pour "guider le frêle esquif à travers les premières difficultés", malgré les opposants à une
présidence, une tendance se dessine pour créer un poste de responsabilité et le confier à Joseph
Larran.
La personnalité de ce riche minotier de Peyrehorade met tout le monde d'accord.
Au cours du mois de mars 1905, il devient donc le premier président de l'Aviron Bayonnais.
Et aussitôt, il commande à ses frais une yole de mer à quatre, neuve.
L'Aviron Bayonnais s'envole définitivement vers la notoriété.
À la fin du mois d'avril de cette année 1905, déjà une course de yole de mer à quatre, à Nice,
apporte quelques encouragements.
Mais le public bayonnais attend, avec une impatience non dissimulée, les régates de la Société
Nautique.
Elles ont lieu le 16 juillet.
Ce jour-là, on se bouscule sur les bords de l'Adour pour assister aux joutes entre la Société
Nautique de Bayonne et l'Aviron Bayonnais.
On y rencontre même le député Jules Legrand, le maire de la ville Léo Pouzac et le sous-préfet
Viguerie.
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JULES LEGRAND DEPUTE DES BASSES-PYRENEES 1905 |
L'Aviron Bayonnais ravit les premières places : en skiff avec Adolphe Bernard, en yole de mer
à quatre avec Halcet, Laporte, Ohaco et Forgues, en quatre de pointe avec A. Bernard,
Laporte, Bargeles et R. Bernard.
Enfin, dans la course reine, le huit de l'Aviron sur le "Essayons" devance le "Mousserolles" de la
Société Nautique.
Un seul succès reviendra à l'aîné des clubs, en deux de pointe.
Alors, les pensionnaires de Mousserolles ne rêvent que de revanche.
Elle se présente le 3 septembre 1905 lors des régates de l'Aviron Bayonnais.
Plusieurs milliers de personnes longent l'Adour et se massent à l'arrivée aux Allées Marines.
Elles assistent encore à la victoire écrasante de l'Aviron Bayonnais.
En skiff, en yole de mer à quatre, en quatre de pointe juniors, en construction libre à deux
rameurs et enfin en huit de pointe, les bleu et blanc s'imposent.
Pour parachever cette fantastique première saison, le 10 septembre à Arcachon, l'Aviron
Bayonnais, avec un peu de chance, remporte son premier titre de champion de France, en yole
de mer à quatre avec l'équipage désormais célèbre Halcet, Laporte, Ohaco et Forgues.
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AVIRON BAYONNAIS CHAMPION DE FRANCE 1905 |
L'Aviron Bayonnais ajoute encore une ligne à ce palmarès prestigieux.
Le 17 septembre à Saint-Sébastien, devant le roi Alphonse XIII, l'équipage champion de
France enlève la Coupe du Roi d'Espagne.
L'année suivante, en yole de mer à quatre, l'Aviron Bayonnais remporte à nouveau la Coupe
du Roi d'Espagne, est finaliste du championnat de France et représente la France aux Jeux Pré-
Olympiques d'Athènes de 1906.
En marge du sport unique pratiqué à "l'aviron bayonnais" se développe dans la ville un
nouveau jeu : le football-rugby.
Bon nombre de rameurs s'y adonnent et les rencontres improvisées drainent un public dense.
Le président du club bleu et blanc réfléchit alors sur l'opportunité d'abriter les joueurs sous
ses couleurs.
Joseph Larran sait que ses rameurs ne seront pas tous les ans champions de France et que
pour assurer l'avenir de l'Aviron Bayonnais, il est nécessaire de l'ouvrir à d'autres activités.
Mais Jean Nogues et Guillaume Lamothe craignent, l'un, les dépenses occasionnées par cette
nouvelle activité, l'autre, la dispersion des rameurs sur les deux sports.
Ils se rangent finalement à l'avis de leur président, et le conseil d'administration entérine la
décision : l'aviron bayonnais s'ouvre au football-rugby.
Le 8 octobre 1906, Jean Nogues commande le premier ballon et le manuel des règles.
Le vendredi 14 septembre 1906 a lieu le premier entraînement.
L' officialisation de ce nouveau sport à Bayonne est, en fait, le fruit d'une dizaine d'années de
pratique.
Ses adeptes viennent du lycée de Garçons, installé à Marracq.
Tous les jeudis et dimanches après-midi, au camp Saint-Léon, sur les glacis de la Porte
d'Espagne, les lycéens s'adonnent à ce jeu bizarre, se passant un ballon aux courbes
particulières.
Ils ont été initiés par Pierre Fabre, né à Castets des Landes, qui en janvier 1897, à vingt ans,
rejoint le lycée de Bayonne, ayant manqué la première partie de son baccalauréat au lycée
Michel Montagne de Bordeaux.
Très rapidement, les lycéens de Marracq font des émules.
À l'automne 1905, de jeunes bayonnais créent un club de rugby "le Stade Bayonnais" qui a son
siège rue Lagréou.
M. Mialet, commerçant, en est le président - trésorier - secrétaire.
Dans la région, les seuls adversaires qu'affronte le Stade Bayonnais sont le Biarritz Stade et
l'Aspremontoise de Peyrehorade.
Puis vient la journée-clé qui incitera "l'Aviron Bayonnais" à prendre sous son aile le "Stade
Bayonnais".
Un certain Elisseiry, grainetier de la rue Port-de-Suzeye, organisateur hors pair, met sur pied
le 10 juin 1906, un spectacle sportif fait de courses cyclistes, d'épreuves d'athlétisme et enfin,
en apothéose d'une rencontre de rugby.
Elle met aux prises le Stade Bayonnais à une formation - peut-on déjà à l'époque parler de
sélection ? - composée d'élèves du lycée de Marracq et du collège Saint-Louis de Gonzague.
Le succès populaire est surprenant.
Le rugby prend désormais racine à Bayonne.
Des contacts se nouent avec un club proche de Cardiff, le Penarth Football Club, qui, en mars
1910, viendra même sur la Côte Basque.
Un an après, l'un de ses meilleurs éléments, Harry Owen Roe, accepte de poser, pour un temps,
ses valises à Bayonne.
Il y restera toute sa vie...
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HARRY OWEN ROE AVIRON BAYONNAIS |
(Source : http://www.aviron-bayonnais.asso.fr/historique.htm et un siècle à Bayonne de Manuel Castiella aux éditions Atlantica)
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