LA CHOCOLATERIE ORONA DE CHARRITTE-DE-BAS (PROVINCE DE SOULE) EN 1905.
Tout le monde connaît le chocolat de Bayonne qui au 18ème siècle s'est imposé et a enchanté le palais des gourmets.
Au cours du 19ème siècle on assiste à une extension de cette production dans de nombreux
bourgs du Pays Basque.
Espelette, Cambo, puis plus tard Ustaritz, Saint-Palais, Hasparren, Iholdy, Urrugne, Labastide
Clairence, Saint-Jean-Pied-de-Port et Saint-Etienne-de-Baigorry, toutes ces localités eurent leur
chocolaterie et leur période de prospérité.
Mais qui se souvient de la petite chocolaterie souletine créée à l'aube du 20ème siècle et qui
vécut une cinquantaine d'années ?
Elle fut fondée par Messieurs Keller et de Joantho qui habitaient des villages proches de
Charritte de Bas : Etcharry et Aroue.
Ils constituèrent en 1905 une société en commandite simple "Joantho, Keller et Cie", qui avait
pour objet l'exploitation industrielle de la force hydraulique du barrage de l 'ancien moulin de
Charritte de Bas sous la forme de distribution de lumière et de force motrice utilisée par
la chocolaterie voisine notamment.
Cet établissement prendra le nom de Chocolaterie de Navarre et aura un magasin de
vente au 91 avenue Malakoff à Paris.
Monsieur André Orgambide s'occupera de la gestion de l'usine électrique et de la
chocolaterie de Navarre jusqu'en 1925.
La chocolaterie déposa la marque "Royal Navarre".
CHOCOLAT ROYAL NAVARRE CHARRITTE DE BAS PAYS BASQUE 1905 |
CHOCOLAT ORONA CHARRITTE DE BAS PAYS BASQUE 1905 |
La production était très variée : il y avait des croquettes, des napolitains, des langues de chat,
des pastilles disposées en marguerite, du chocolat fondant moulé sous différentes formes
(fleurs, coquillages) dans de jolies boites "Sèvres".
Des bonbons, des dragées pour les baptêmes, des chocolats fourrés à toutes sortes de parfum
(crème à la vanille, rhum, café, kirsch, pâte d'amandes, pistache, nougat) des bâtonnets à
l'orange et des truffes des Pyrénées.
La fabrication comprenait aussi des bouchées pralinées ou fourrées au nougat, des déjeuners
instantanés en étuis de 25 grammes et des goûters pour écoliers par boites de 100.
Enfin la gamme s'étendait aux produits de régime pour diabétiques et dyspeptiques, sans
oublier les tablettes spéciales pour pays chauds enveloppées sous double conditionnement en
étain et papier glacé et logées dans des boites métalliques.
Cette diversité de produits demandait une main-d'oeuvre expérimentée.
Certains y travaillaient en couple, l'homme faisant griller le cacao et la femme s'occupant des
boites.
On se souvient d'avoir vu sur le mur de l'usine des maximes imprimées : "Une place pour
chaque chose et chaque chose à sa place" ou bien "Travaillez en silence, c'est en bavardant
qu'on fait du mauvais travail" et d'autres que l'on a oubliées.
Après la mort de Monsieur Keller en 1922, constitution d'une société anonyme : Les usines de
Charritte-de-Bas, le 2 Juin 1923, par apport par les héritiers Keller et de Joantho d'un
bien industriel et fond de commerce pour la fabrication et la vente de chocolat dit "chocolat de
Navarre", et par la société Joantho et Keller et Cie d'une usine électrique et dépendances.
En 1927, Jean Pierre Etchegoyhen achète les parts de la société avec Jean Errecart et en avril
1928 une Sarl est constituée dont Errécart et Etchegoyhen seront les deux gérants "Jean
Errécart et compagnie", avec la dénomination commerciale ORONA.
La Chocolaterie de Navarre a vécu.
Jean Errécart quitte la maison Rozan à Oloron où il travaillait et se consacre à la
chocolaterie Orona.
Il engage comme chef de fabrication Monsieur Steinmann, qui doit "s'occuper à la
surveillance de la partie technique et diriger le travail de façon à en assurer une exploitation
économe et rationnelle".
En 1933 la société change encore de nom et devient la Sarl Chocolat Orona.
Steinmann devient gérant.
En 1937 la société Orona est présente à Paris à l'Exposition Universelle avec sept autres
chocolatiers du Pays Basque : Casenave, Damestoy, Daranatz, Fagalde, Dominique, P.
Etchevers et Etchepare.
Orona ferait-elle partie des grands chocolatiers basques ?
Il est vrai qu'elle a une politique commerciale dynamique.
C'est l'époque des réclames et des primes.
On offre aux bons clients des serviettes de table, des nappes en linge basque, on organise des
jeux, on édite des cartes postales qui servent de publicité.
PUBLICITE CHOCOLA ORONA CHARRITTE DE BAS 1905 |
CHOCOLAT ORONA CHARRITTE DE BAS 1905 |
On exploite à fond l'image de la famille nombreuse, en bonne santé grâce au chocolat Orona.
On n'hésite pas non plus à faire des jeux de mots sur les poches en papier.
Malheureusement la guerre arrive, en 1944 Steinmann, Suisse allemand doit quitter la
France (on l'aurait vu parler en allemand avec les occupants).
CHOCOLATERIE ORONA CHARRITTE DE BAS 1905 |
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