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vendredi 26 mai 2017

LES KASCAROTS DE SAINT-JEAN-DE-LUZ ET DE CIBOURE EN LABOURD AU PAYS BASQUE AUTREFOIS


LES KASCAROTS ou KASKAROTS (KASKAROTAK en basque).

Les Kascarots de Saint-Jean-de-Luz et de Ciboure, des deux côtés du pont, ont pratiquement disparu dans l'oubli.



pays basque avant
LES KASCAROTS DE ST JEAN DE LUZ ET CIBOURE


Ce ne sont, pour la majorité des luziens et des cibouriens, que le vague souvenir de trois 

sympathiques "bonnes femmes" au verbe haut qui vendaient du poisson dans les rues jusqu'en 

1950 environ.

Elles poussaient leur petite charrette à bras en criant "Arrangna Bizi-Bizia", c'est-à-dire 

"poisson frais".

De nombreux livres ont été écrits sur le sujet et certains récemment.





La rumeur publique dit que les Kascarots sont des descendants des bohémiens qui se seraient 

établis dans la région, vraisemblablement au 16ème siècle et plus tard dans les ruines des 

maisons inondées par le raz de marée en 1749 sur la plage actuelle au droit de la rue de la 

République.




Il est aussi possible que les Kascarots soient les descendants des "Cagots" que l'on trouve un 

peu partout dès le début du Moyen-Âge dans tout le Sud-Ouest et même au Pays Basque Sud 

où ils portaient le nom d'Agots.




pays basque autrefois
LES KASCAROTS DE ST JEAN DE LUZ ET CIBOURE




pays basque avant
LES KASCAROTS DE ST JEAN DE LUZ ET CIBOURE 1900

La lèpre était autrefois un fléau inguérissable, que l'on croyait contagieux.

Les lépreux et tous ceux qui physiquement pouvaient leur ressembler étaient chassés de la vie 

sociale et tenus à l'écart des villes et des villages... Ainsi se forma sans doute la race des 

"Cagots".



A ces lépreux devaient s'ajouter au cours des apports étrangers divers et successifs.

Autant d'indésirables qui s'ils n'étaient pas lépreux ou descendants de lépreux n'en étaient pas 

moins tenus à l'écart par la population locale.





pays basque avant
UNE KASCAROT DE ST-JEAN-DE-LUZ ET CIBOURE 1900

Ils vinrent grossir les rangs des lépreux autochtones dans les bois.


Un arrêté du parlement de Navarre du 20 mai 1593 dit :

"Les Cagots et Gahets résidant au bailliage de Labourd... prendront sur leurs accoutrements et poitrines un signal rouge en forme de patte d'oie pour être discernés et séparés du reste du peuple (déjà bien avant les nazis !) ; et la cour leur défend de toucher dorénavant aucun vivre, qui se débitent aux marchés et places publiques, sauf ceux qui leurs seront baillés et délivrés par ceux qui les débitent; quant aux ladres, s'il y en a encore, ils porteront les cliquettes. La cour défend en outre aux dits cagots et lépreux d'aller à l'offrande avec les autres habitants aux églises et de toucher de leurs mains l'eau bénite, au lieu où les habitants ont coutume de la prendre."


Plus tard, vers 1605-1610 on vit une très forte émigration venant d'Espagne : Maures, gitans, 

portugais et juifs.

Ces derniers pour la plupart s'installèrent à Bayonne. 

De très nombreux émigrants s'installent aux environs de Saint-Jean-de-Luz, Ciboure, Bidart et 

Biarritz et dépassent en nombre des habitants originaires de ces localités.




C'est donc tout un peuple qui vit en marge de la société sous la protection plus ou moins 

effective de l'église ; ils ne paient pas l'impôt mais aucun droit ne leur est accordé.

Ils vivent généralement dans les bois et de ce fait vont devenir petit à petit bûcherons puis 

charpentiers et menuisiers.




Bientôt, on leur laissera exclusivement les métiers du bois et c'est ainsi que vraisemblablement 

les navires fabriqués dans la région furent faits par les cagots.

Il y avait 80 baleiniers et terre-neuviers en 1625 dans le port de Socoa.





pays basque avant
LES KASCAROTS DE ST JEAN DE LUZ ET CIBOURE


Si l'on trouve peu de traces de cagots, dans les archives de Saint-Jean-de-Luz, à Ciboure par 

contre, leur présence est signalée dans de nombreux ouvrages.




L'Abbé Haristoy, curé de Ciboure, en 1895, parle longuement des "Cascagots" dans son livre 

remarquable "les paroisses du Pays Basque pendant la révolution" :

"A cette population indigène vint s'adjoindre un grand nombre de ces vagabonds cosmopolites nommés suivant les pays, bohémiens, gitanes, Cagots, cascagots, etc... dont nul n'a su encore bien expliquer l'origine."

"En l'année 1642, le 13 Octobre, moi, Joannes de Haristeguy, curé de cette église, je baptise un enfant né de Jean et Catherine, Egyptien, dont le nom est Joannes, les parrains furent Joannes de Haraneder et Maria de Sorhaindo."

"Cette population établit son quartier général dans la rue dite des Cascagots, aujourd'hui rue Agorette, et celle d'Achoterreta noms qui paraissent venir des "Agots".

Ils avaient, à l'église leur porte d'entrée et de sortie, leur bénitier, leur place ; ils ne pouvaient se marier qu'entre eux ; les fors et coutumes du Pays les traitaient comme les lépreux."

L'Abbé Haristoy nous apprend que cette population avait une reine.




On connaît, en 1869, l'existence de trois d'entre elles :

Maria Meharra (Marie Maigrette), Marianna Handia (Marianne la grande) et Marianne 

Belia (Marianne le Corbeau).




Cette population avait aussi une langue particulière, indique toujours, l'Abbé Haristoy, langue 

dérivée d'après lui de l'Indoustan et du sanscrit, langue ancienne utilisée dans les livres sacrés 

des Brahmanes.




En 1636, les espagnols envahissent Urrugne, Ciboure et Saint-Jean-de-Luz, 473 maisons sur 600 

furent brûlées à Ciboure, 15 navires, 40 pinasses et 100 chaloupes dévastés. 

Du travail en perspective pour les charpentiers...

Sans compter les ponts et les passerelles jetés au-dessus des marais qui occupaient la partie de 

Saint-Jean-de-Luz.




Plus tard, en 1749, le 22 janvier, c'est le raz de marée catastrophique pour la ville qui n'avait 

pourtant pas besoin de cela, 7 maisons englouties, 180 ruinées et évacuées et surtout l'entrée de 

la Nivelle obstruée pour de longs mois, depuis 70 ans la cité est attaquée par la mer, à la suite 

de la disparition de la dune de sable qui la protégeait et de l'effritement des roches de l'Artha.

De 13 000 habitants on descend à 4 000 ; des 80 navires, il n'en reste plus qu'un seul à l'époque.




Saint-Jean-de-Luz est au plus bas, de nombreuses maisons sont abandonnées.

C'est à partir de cette époque que vraisemblablement les Kascarots de Ciboure s'installent à 

Saint-Jean-de-Luz et reconstruisent quelques petites embarcations.

Ils sont aussi enrôlés pour la pêche, leurs femmes vendent le poisson et vont le livrer en courant 

et à pied jusqu'à Bayonne.




D'ailleurs, depuis 1684, Louis XIV rendit plusieurs arrêtés visant à rendre la liberté aux cagots 

et ordonnant qu'ils soient traités comme tout le monde, levant tous les interdits antérieurs.

Dès lors intégrés à la vie commerciale et maritime du pays, les "Cagots" se sont mêlés à la 

population locale et le fossé jadis infranchissable s'est comblé lentement de lui-

même...enterrant traditions et origines qu'il nous sera sans doute difficile de définir 

exactement.









Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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2 commentaires:

  1. passionant!!! ela complète mes connaissances et j'ai envie d'en savoir plus!!!!merci pour votre travail et pour le partage!!!!

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