HISTOIRE DE L'HARMONIE MUNICIPALE DE SAINT-JEAN-DE-LUZ.
A Saint-Jean-de-Luz, les fêtes locales, processions et défilés se firent toujours au son des cuivres et des tambourins, à l'image des cortèges païens grecs ou romains.
Le Roi Louis XIV eût un traitement de faveur, en 1660 lors de sa venue, reçu par les
"crascabilaires" au son de la musique Basque traditionnelle.
L'école des Frères avait sa propre clique qui se produisait en circuit fermé, dirigée en 1869 par
Ramon Haramboure, organiste de l'église Saint-Jean-Baptiste.
De quand date l'Harmonie Municipale ?
Comme beaucoup de sociétés avant 1901, il n'y a pas d'acte de naissance.
En compulsant les archives, il est certain que Napoléon III et l'Impératrice Eugénie, lors de
leur première venue le 3 août 1854, eurent les honneurs de la fanfare, la Société Philomatique,
qui reçut à ce titre 200 francs à titre de gratification.
La première mention de "fanfare municipale" est couchée sur la délibération du Conseil
Municipal du 29 septembre 1874 : 100 francs pour l'achat d'une bannière.
Puis par une délibération du 21 octobre 1877, il est décerné un satisfecit au Sieur Goyenetchea,
chef de musique appointé à 1 000 francs l'an, ainsi que l'achat de 437 francs d'instruments de
musique chez Limonaire.
Ceux-ci resteront possession de la Ville ; il est attribué des rafraîchissements aux musiciens
tant lors des répétitions que des concerts.
En 1875, grand concours de fanfares où se présentent à Biarritz nos deux groupes musicaux,
qui héritèrent de la lanterne rouge.
Celle de la Municipalité Barjonnet se disperse, l'Orphéon des Frères en recueille quelques
éléments.
Il faut préciser qu'à l'époque, la musique suit les fluctuations de la politique, tantôt se
groupant chez "les rouges", tantôt s'en dissociant pour aller chez "les blancs", en fonction des
alternances.
En 1878, le nouveau maire, le Docteur Martin Guilbeau, républicain et mélomane, pour ne pas
être taxé de calotin, voulut sa fanfare laïque, et le 25 août passe convention avec elle.
Les ennuis vont bientôt commencer : en mai 1881 la Ville cherche un Chef de musique, mais
sans empressement car c'est l'année de l'ouverture des casinos et peut-être profitera-t-on de
leurs initiatives.
Dans la séance du 12 août 1881, il est mentionné que "la fanfare n'étant plus organisée", un
citoyen Monsieur Nebout, qui a monté une musique pour l'été, se voit gratifier de 1 500 francs
non attribués.
Dans sa séance du 16 octobre 1881, la Municipalité se décide à réorganiser la fanfare.
Dans cette optique, un décret municipal du 11 janvier 1882 prévoit "qu'il est interdit de faire
de la musique, individuellement ou collectivement, dans les rues, places, promenades, sans
autorisation préalable".
Cette pièce est consignée par le Secrétaire du préfet qui répondait au doux nom de Rossignol.
Cette réorganisation devait être pleine de promesses puisqu'en 1882 il est question de faire un
kiosque pour la fanfare ; il sera inauguré le 5 mai 1883.
L'écho de cette période d'euphorie se retrouve dans le compte-rendu du 14 janvier 1883 :
"gratification au Chef de fanfare qui commence à faire des progrès"!
Le 2 décembre il est procédé à un échange d'instruments : 1 basse, 2 barytons, 1 alto, 1
trombone et 2 pistons.
Et le 5 avril 1884, Monsieur Barthélémy Ferre est nommé Chef de fanfare; il est ancien Chef
de fanfare militaire.
A l'issue de la saison 1885, il lui est délivré des félicitations "gratification au Chef de fanfare
car elle n'a jamais été aussi bien organisée ni si bien dirigée."
Il n'en démissionnera pas moins peu après...
En 1889 tout autre est le son de cloche, la Mairie étant passée aux mains des "blancs", le
Docteur Goyenetche devint Maire.
Dans sa séance du 7 avril 1889 il est mentionné "que la fanfare doit être réorganisée car, non
stable et sans progrès".
Il est question d'organiser une autre société musicale et de passer contrat avec elle.
Qu'advint-il ?
En 1890 et 1891, le Maire change, c'est Monsieur Achille Fourquier qui est élu.
Il fait acheter pour 1 500 francs d'instruments.
FANFARE MUNCIPALE ST JEAN DE LUZ 1893 PAYS BASQUE D'ANTAN |
CONCOURS MUSICAL INTERNATIONAL ST JEAN DE LUZ 1891 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Sous le deuxième mandant Goyenetche, en 1896, il est question pour la première fois d'une
Harmonie Sainte-Cécile "récemment formée", une société de la Paroisse, avec laquelle il sera
passé contrat.
Après cette éclipse de la fanfare, elle refait parler d'elle : y a-t-il eu absorption de la nouvelle
société ?
En 1901, il y eut achat d'instruments et en 1903 un accord est passé avec la Sacem (Société
des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique) (créée en 1851) ; en cette époque le Maire
était Monsieur Dominique Larrea, pharmacien.
Elle devait avoir acquis une certaine audience, puisque les habitants du Boulevard Thiers font
une pétition pour avoir droit eux aussi à des concerts ; qui dit concert, dit Harmonie.
En 1907, nouveau changement de Maire, c'est Monsieur Auguste Giré, qui ne restera en place
qu'un an.
Le 26 mai 1907, il fait inscrire à l'ordre du jour :"la musique municipale est indispensable à la
réussite des fêtes publiques ; de toutes les manifestations la musique est la plus goûtée", et 3 500
francs lui sont octroyés.
En 1908, changement de ton et de couleur.
La Mairie passe aux mains de Monsieur Auguste Rousseu ; tous les musiciens démissionnent,
sauf un.
Sous l'autorité de Monsieur Marcel Vicendoritz (auteur de plusieurs fandangos dont "Kinkiri-
Kunkuru, Donibade) la musique se réforme sous la bannière de Sainte-Cécile, en velours vert
avec les armes de Saint-Jean-de-Luz.
Elle fait ses répétitions à la salle Jeanne d'Arc et participe victorieusement à de nombreux
concours.
Le démarrage est laborieux et pas du goût de tous. A sa demande de subvention, il est noté dans
la délibération du 11 août 1908 : demande de subvention faite par l'Harmonie Sainte-Cécile,
anciennement Fanfare Municipale, Monsieur le Maire fait ressortir qu'à la suite de la
démission du Chef de Musique et de l'abstention de nombreux exécutants, la Ville a été obligée
d'organiser à grands frais une autre musique et que ce surcroît de dépense ne permet pas
d'accorder une subvention à cette musique". Accepté par 14 voix sur 17.
Parallèlement, il y a réorganisation de la fanfare municipale.
En février 1909, il y a encore achat d'instruments et le 21 mars 1910 Monsieur Aurouze est
nommé Directeur de l'"Harmonie Municipale" avec 2 400 francs de traitement.
Le 13 octobre de la même année, le Conseil note "qu'il y a indiscipline et désordre au sein de la
fanfare municipale et qu'il y a urgence à y mettre de l'ordre"!
Ce ne sera point le cas puisqu'en pleine saison, le 11 août 1912, les jeunes musiciens se mettent
en grève pour obtenir une augmentation, ce qui n'est pas du goût de la municipalité, et
finalement le 24 août 1913 encore une fois en pleine saison touristique, Monsieur Aurouze,
Chef de Musique, démissionne.
Il sera remplacé le 14 décembre 1913 par Monsieur Jean Etcheverrigaray (auteur de Itsas
Gizoneri, Churrut, Clara) sous-chef de musique.
Nous sommes à la veille de la guerre de 1914, et le jour de la mobilisation générale, les deux
Harmonies de la Ville constituent l'Union Sacrée et défileront ensemble dans les rues de Saint -
Jean-de-Luz.
Le jour de l'armistice, il n'y a plus de musique en ville et pour célébrer ce jour de joie, il faut
aller quérir un Orphéon à Irun (Guipuscoa) pour animer le kiosque.
Après la tourmente, la Sainte-Cécile ne sera plus remontée, seule l'Harmonie Municipale
émerge sous la baguette de Monsieur Marcel Vicendoritz qui est nommé Chef de Musique à
dater du 1er juin 1919.
Elle sera dirigée ensuite successivement par Monsieur Dupouy, puis en 1923 par Monsieur
Darbisquy et comprendra 29 exécutants.
En juillet 1925, en début de saison, 11 membres démissionnent, ce qui n'empêchera pas qu'en
1927 notre Harmonie remporte à Dax le premier prix, et aura un retour triomphal avec
médailles et cinq billets de mille francs accrochés à sa bannière.
Elle sera ensuite dirigée par Monsieur Chaffin en 1945, et après la deuxième guerre mondiale
sera confiée en 1950 à Monsieur René Lahetjuzan, venu d'Acoztarak, qui sera aussi un
compositeur et fera les beaux jours des soirées musicales de la place Louis XIV.
SAINTE CECILE ST JEAN DE LUZ 1946 PAYS BASQUE D'ANTAN |
SAINTE CECILE ST JEAN DE LUZ 1950 PAYS BASQUE D'ANTAN |
HARMONIE MUNICIPALE ST JEAN DE LUZ 1977 PAYS BASQUE D'ANTAN |
HARMONIE MUNICIPALE ST JEAN DE LUZ PAYS BASQUE D'ANTAN |
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