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jeudi 6 juin 2024

UN CONGRÈS INTERNATIONAL DE THALASSOTHÉRAPIE À BIARRITZ - MIARRITZE AU PAYS BASQUE EN AVRIL 1903 (troisième et dernière partie)

 

UN CONGRÈS INTERNATIONAL DE THALASSOTHÉRAPIE À BIARRITZ EN AVRIL 1903.


Le 3ème Congrès de Thalassothérapie de Biarritz, en avril 1903, est un événement marquant dans l'histoire de la Thalassothérapie.




pays basque autrefois congrès labourd thalassothérapie
BIARRITZ 1903
PAYS BASQUE D'ANTAN


Cette réunion, à Biarritz, a rassemblé des experts et des professionnels de la santé pour discuter des effets bénéfiques de la cure marine sur la santé, en particulier en ce qui concerne la tuberculose.



Voici ce que rapporta à ce sujet La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, le 1er mai 

1903 :



"Congrès de Thalassothérapie de Biarritz (Suite).


Discours de M. le docteur Lobit


Mesdames, Messieurs, 


Au risque de heurter une opinion généralement admise, je pense que le rôle de secrétaire général d'un Congrès, s’il est vraiment laborieux, n’est pas sans procurer de grandes satisfactions. 


Le travail accompli, les difficultés vaincues, la conscience d’être utile à ses concitoyens, à la science, voilà une somme de joies morales qu’il me semble bien difficile de dépasser. 


Et je dois ajouter encore à cela l’agréable devoir, le plaisir bien réel d’adresser à nos divers collaborateurs la vive expression de nos sincères sentiments de reconnaissance. 


Nos remerciements s’adresseront tout d’abord à M. le Ministre de l’Instruction Publique et des Beaux-Arts, qui a bien voulu marquer le haut intérêt qu’il portait à notre œuvre, en acceptant la présidence d’honneur du Congrès. Des engagements antérieurs l’ont empêché de venir lui-même ; il a délégué pour le représenter, M. de St-Arroman, le distingué chef du bureau des travaux scientifiques et des Sociétés savantes, auquel nous sommes heureux de présenter nos souhaits de respectueuse et cordiale bienvenue. 


M. Albert Robin, membre de l’Académie de Médecine, président d’honneur des Congrès internationaux d’hydrologie, de climatologie et de géologie nous a, dès la première heure, en acceptant la présidence, apporté l’appui précieux de son nom et de son autorité. Un Comité parisien d’organisation, des Comités dans les facultés de province, des Comités étrangers se sont rapidement constitués. Des Sociétés nombreuses nous ont envoyé leur adhésion. C’était le succès assuré, grâce à la respectueuse sympathie, grâce à la considération générale et à l’estime pour la personne, grâce aux travaux considérables du savant qu’est notre président. 



pays basque autrefois congrès labourd thalassothérapie
PHOTO D'ALBERT ROBIN
PAR ALPHONSE LIEBERT

MM. les Docteurs Baudouin et Seguel, mes collaborateurs immédiats, me permettront de leur adresser l’hommage public de mes sentiments amicaux. 


Je n’aurai garde d’oublier MM. les Docteurs Houzel et Casse qui ont été les organisateurs dévoués et heureux des deux premiers Congrès de thalassothérapie, et MM. les Docteurs Garrigou, Fredet et Berlioz, les secrétaires généraux des Congrès d’hydrologie. Leurs conseils judicieux, guidés par l’expérience acquise, leurs précieux encouragements, leur concours personnel nous ont tout particulièrement été utiles. On oublie trop souvent les devanciers dont la tâche a été plus pénible, et qui ont rendu plus facile la voie et aplani les obstacles. 


Dès le début, M. le Maire et la Municipalité de Biarritz nous ont assuré leur concours et leur patronage. Le Conseil municipal s’est associé tout entier à ces mêmes sentiments. Nous sommes heureux de leur témoigner ici les remerciements du Comité. 


M. le Préfet, retenu, à son grand regret, loin de nous, par les travaux du Conseil général et l’assemblée départementale, de nombreuses Sociétés locales et régionales, l’Administration des Thermes Salins nous ont donné des marques de leur intérêt ; nous avons plaisir à les remercier. 


M. le Président et la Chambre de Commerce de Bayonne nous ont fort aimablement accordé le remorqueur pour offrir une promenade en mer aux congressistes ; nous les remercions bien sincèrement. 


Nous gardons une note particulière dans notre reconnaissance à la presse régionale et locale et à M. Boulant, qui a bien voulu mettre si gracieusement à notre disposition les superbes salles du Casino Bellevue


Enfin, nous vous prions tout spécialement vous tous, Mesdames, Messieurs, Français et étrangers. — tous nos hôtes sont ici également les bienvenus — et vous, Mesdames, plus particulièrement, qui apportez à nos réunions le charme de votre présence, vous tous qui, en nous donnant votre adhésion êtes venus nous manifester les marques d’une sympathie précieuse à nos cœurs, nous vous prions de croire à la bien vive et sincère expression de notre gratitude. Nous avons été très touchés du caractère si aimable et si cordial des nombreuses correspondances, et nous en conserverons toujours le cher souvenir. 


Comment, dans ces heureuses conditions, ne pas être largement et agréablement récompensé de son modeste labeur ? 



M. le Dr G. Baudouin, notre excellent collaborateur et ami, secrétaire du Comité parisien, va vous dire la genèse et l’historique de ce troisième Congrès ; je veux vous exposer en deux mots la situation morale et scientifique de ces importantes assises internationales. 


Le nombre des administrations, ou Assemblées, ou Sociétés médicales ou scientifiques qui ont adhéré, ou souscrit, ou envoyé des délégués est de vingt-quatre. Le nombre des Congressistes étrangers atteint le chiffre de 40, et le nombre total est de 400 environ. 


Les travaux que le Congrès va traiter sont nombreux. Quatre rapports et vingt-sept communications témoignent de l’importance des études relatives aux agents du traitement marin. Les titres seuls des mémoires nous en démontrent par avance l’intérêt. 


Nous sommes convaincus que de ces travaux se dégageront des conclusions pratiques et utiles pour tous les justiciables de la cure marine. 


Et ainsi, la troisième session, suivant l’exemple de ses deux aînées, aura apporté sa pierre à l’édifice que la Science, loin de faire faillite, élève chaque jour, pour le plus grand profit de cette grande patrie qu’est l’Humanité. Car, l’amour de la Science efface la différence des nationalités et fera disparaître les frontières. A elle seule il appartient de réunir les hommes dans un sentiment de confraternité universelle, par le perfectionnement intellectuel et moral et par l’amélioration matérielle de la Société.



pays basque autrefois congrès labourd thalassothérapie
ANTOINE-ARTHUR ARMAINGAUD



Allocution du Dr Armaingaud, président de la Ligue française contre la tuberculose, délégué de M. le Ministre de l’Intérieur, président du Conseil


Messieurs, 


M. le Ministre du l’Intérieur m’a fait l’honneur de me désigner pour le représenter parmi vous. Lu grand intérêt que M. le Président du Conseil des Ministres porte à vos travaux est d’autant plus naturel et plus vif, qu’il est, si j’ose ainsi dire, doublement professionnel. Non seulement, en effet, M. le Président du Conseil est médecin, mais il est aussi le ministre de l'hygiène et de la santé publiques. Or, de toutes les branches des sciences médicales, il n’en est aucune qui intéresse à un plus haut degré l'hygiène curative et l’hygiène préventive, que la thalassothérapie et la thalassophylaxie


Ceux qui, chaque jour plus nombreux, viennent demander à la mer de relever leurs forces, de reconstituer leur résistance organique amoindrie, n’y trouvent pas seulement à leur disposition les simples ressources de l’hygiène ordinaire, de l’hygiène pour tous. La mer leur apporte une hygiène élevée à sa plus haute puissance, à dose massive, pour ainsi dire. Ayant non plus à conserver, mais à refaire, à reconstituer, à normaliser leur terrain organique, à transformer un terrain de culture en un terrain réfractaire, l'hygiène conservatrice ne leur suffit plus ; il leur faut une hygiène réparatrice, que leur apportent le souffle vivifiant de la mer et le contact de ses eaux. 


Ce Congrès, Messieurs, s’ouvre sous les plus favorables auspices, dans les conditions les plus heureuses pour son succès. A aucun moment, le monde médical, et même la partie éclairée de la population, n’ont été mieux préparés, mieux disposés à apprécier, et par conséquent à entendre préciser les indications du traitement marin. La lutte sociale contre la tuberculose est en voie d’organisation dans tous les pays civilisés ; et, parmi les moyens qui s’offrent à nous pour combattre la plus grande moissonneuse de vies humaines, tout le monde s’accorde pour attribuer le premier rang au séjour sur le bord de la mer, pour les enfants, surtout pour les enfants prédisposés, candidats à la tuberculose pulmonaire, pour les enfants déjà atteints de diverses formes de tuberculoses locales, que nous ne connaissions autrefois que sous le nom du scrofule. Ce ne sont pas seulement les Anglais, les Italiens, les Belges, les Français, favorisés par la grande étendue de leur littoral, qui, dans ce que M. le Professeur Landouzy, avec son bonheur ordinaire d’expression, a nommé notre armement antituberculeux, attribuent un rôle prépondérant à la cure marine des enfants. 


Les Allemands eux-mêmes nous envient nos 14 sanatoriums marins, et reconnaissent ce qui leur manque de ce côté. J’ai pris part, il y a quelques mois, comme délégué français, aux travaux de la Conférence internationale contre la tuberculose, tenue à Berlin ; et j’ai pu constater que, si les médecins allemands ne nous parlaient que des sanatoriums de plaine ou d’altitude pour tuberculeux adultes, ce n’est point qu’ils méconnaissent la grande efficacité de la thalassothérapie et le rôle puissant des sanatoriums marins dans la lutte contre la tuberculose. La raison en est simplement que l’action sociale antituberculeuse en Allemagne ayant été presque exclusivement organisée par les Compagnies d’assurances contre les maladies et l’invalidité et, dans un but purement économique et financier, les sanatoriums pour adultes pouvaient seuls fournir à ces sociétés les bénéfices immédiats, d’ailleurs plus apparents que réels, qu’elles cherchaient. 


Il faut reconnaître aussi que la rigueur et la dureté du climat, dans les zones maritimes allemandes de la Baltique et de la mer du Nord et l’insuffisante étendue de leurs côtes, ne permettront jamais à nos voisins d’Outre-Rhin d’utiliser le traitement marin, comme nous pouvons le faire chez nous. 


Mais ce n’est pas seulement la cure des enfants et la prophylaxie de la tuberculose qui vont vous occuper. Votre programme embrasse surtout, et à tous les points de vue, dans ses quatre principaux rapports, l’étude de l’aérothérapie marine chez les adultes, et principalement chez les tuberculeux pulmonaires. 


En réalité, nos trois mille kilomètres de côtes françaises, les deux dernières zones surtout, celle de l’Océan et celle de la Méditerranée, sont à proprement parler un immense sanatorium, où, déjà, et depuis de nombreuses années, de tous les points du globe, les tuberculeux favorisés par la fortune viennent chercher et trouver soit la guérison de leur mal, soit au moins une amélioration durable. Vos travaux et vos discussions vont puissamment contribuer à mettre encore plus en lumière les avantages spéciaux de notre littoral, le plus tempéré et le plus riche de l’Europe, par la variété et la gradation de ses plages du nord au midi et de l’ouest à l’est ; et, cela, au plus grand avantage des malades de tous les pays, et à la plus grande confusion du bacille du Koch. 



pays basque autrefois congrès labourd thalassothérapie
DOCTEUR OSCAR LIEBREICH


Allocution du docteur Oscar Liebreich.


Mesdames, Messieurs, Chers Confrères, 


Le Président du Congrès, M. Albert Robin, a bien voulu nous inviter à participer aux travaux scientifiques de ce Congrès si important. Nous avons fait notre possible pour le porter à la connaissance de nos confrères en Allemagne. Bien que nous ne soyons pas venus très nombreux, vous pouvez être persuadés que le corps médical allemand suivra avec grand intérêt les travaux de votre science, qui se développe sous de si heureux auspices. 


La balnéologie, ainsi que la thalassothérapie, ont beaucoup de rapports avec le traitement par les autres moyens thérapeutiques, et en particulier avec les remèdes pharmacodynamiques. Mais il existe une énorme différence dans l’emploi de ces deux moyens. L’école médicale, depuis l’ancien temps, était accoutumée à employer les armes dont elle disposait seulement du moment où la maladie avait déjà envahi l’organisme. 


Quelle différence entre cette vieille école et l’art moderne ! Nous recourons à la balnéothérapie et à la thalassothérapie quand l’organisme commence seulement à fléchir. Avant que la science puisse reconnaître la diminution des forces vitales des cellules qui composent l’organisme, la thalassothérapie est déjà en état de remonter l’énergie et de protéger l’organisme contre l’invasion de la maladie. 


Vous voyez, nous avons la profonde conviction que ce Congrès présente une plus grande importance que beaucoup de médecins lui avaient prêté jusqu’ici. Si ces thèses sont reconnues comme justes par nous autres et l’humanité nous sommes convaincus qu’il est de notre devoir de non seulement soigner les malades mais encore d’employer tous nos moyens pour les prévenir en permettant aux classes pauvres et laborieuses de recourir à la bienfaisante action de la thalassothérapie et de les mettre en état de s'en servir. 


C’est un devoir bien agréable de remercier le gouvernement français de son appui, la ville de Biarritz de sa générosité et nos confrères français de leur cordial accueil.



pays basque autrefois congrès labourd thalassothérapie
DOCTEUR GUILLAUME WINTERNITZ



Allocution de M. le Dr Guillaume Winternitz Professeur de Médecine, Interne à l'Université de Vienne.


Mesdames et Messieurs, 


Délégué par le Ministre de l’Instruction publique d’Autriche, par l’Union Centrale des Balnéologues d’Autriche, je vous apporte les hommages et les meilleurs souhaits de mes mandataires. 


Ce n’est qu’avec une certaine émotion que je prends la parole, non seulement pour la raison que je dois porter dans une langue qui ne m’est pas habituelle (quoique je l’admire et je l’aime) mais surtout parce qu’un souvenir m’agite. 


Mesdames et Messieurs, en 1886, à l’occasion du premier Congrès International d’Hydrologie et de Climatologie, j’ai parlé de la même place, devant une Assemblée aussi brillante et nombreuse, sous la présidence du regretté maître, Marc Durand-Fardel, et de son secrétaire-général, le célèbre Garrigou, que je vois avec plaisir parmi nous. Ce serait trop long de faire l’historique de Durand-Fardel jusqu’à notre illustre Président actuel, Monsieur Albert Robin. Constatons seulement que ce premier Congrès a été le Congrès-mère de tous ceux qui l’ont suivi et quel long chemin scientifique ils ont parcouru ! 


Je suis médecin, il est de mon métier de faire les pronostics et celui pour le Congrès actuel peut se résumer en peu de mots : Progrès de la science, de l’humanité, et la guérison des malades."












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lundi 6 mai 2024

UN CONGRÈS INTERNATIONAL DE THALASSOTHÉRAPIE À BIARRITZ - MIARRITZE AU PAYS BASQUE EN AVRIL 1903 (deuxième partie)

 

UN CONGRÈS INTERNATIONAL DE THALASSOTHÉRAPIE À BIARRITZ EN AVRIL 1903.


Le 3ème Congrès de Thalassothérapie de Biarritz, en avril 1903, est un événement marquant dans l'histoire de la Thalassothérapie.



pays basque autrefois congrès labourd thalassothérapie
BIARRITZ 1903
PAYS BASQUE D'ANTAN


Cette réunion, à Biarritz, a rassemblé des experts et des professionnels de la santé pour discuter des effets bénéfiques de la cure marine sur la santé, en particulier en ce qui concerne la tuberculose.



Voici ce que rapporta à ce sujet La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, le 24 avril 

1903 :


"Discours prononcé â l’inauguration du IIIe Congrès de Thalassothérapie de Biarritz par Albert Robin.




pays basque autrefois congrès labourd thalassothérapie
PHOTO D'ALBERT ROBIN
PAR ALPHONSE LIEBERT



... Nous n’espérons pas que le IIIme Congrès apportera une de ces formules absolues qui rallient toutes les opinions. De ces formules-là, il n’y en a point, et il ne saurait y en avoir. Celles qu’on a doctrinalement proposées ont été bien vite effacées par d’autres dont la durée n’a pas été moins éphémère. 



Voyez celle du sanatorium populaire dont nous parlions, il n’y a qu’un instant. Pour ses défenseurs, il doit être — excusez cette formule qu’aurait enviée Joseph Prud’homme — "la base inébranlable sur laquelle doivent s’appuyer les efforts de la lutte anti-tuberculeuse !" Et pourtant les enthousiasmes du début sont singulièrement rafraîchis. 



Le Dr Lemoine (de Nancy), le Dr Brunon (de Rouen), le Dr Lalesque (d’Arcachon), H. Huchard, J. Renaut et tant d’autres autorisés, ont instruit son procès. De base, il est réduit à l’état de moyen — d’ailleurs très coûteux — applicable seulement, comme l’a dit le Dr G. Kuss, dans son rapport sur le sanatorium d’Angicourt, à un petit nombre de phtisiques soigneusement choisis au point de vue social et médical.



La vérité, c’est qu’aucune formule d’ensemble ne saurait répondre à tous les cas, ni même représenter une solution moyenne, car nous ne nous trouvons jamais qu’en présence de problèmes particuliers. 



Et le IIIe Congrès de Thalassothérapie aura fait œuvre utile et bien mérité de la pratique médicale, s’il parvient à éclaircir quelques-uns de ceux qui lui ont été proposés. 



Mesdames, 

Par ce soleil renaissant qui attiédit le ciel et élargit les horizons, vous nous faites la grâce d’apporter dans notre sévère réunion comme une parcelle vivante du printemps. Vous, dont le cœur précieux comprend si bien ce que disent les voix des flots et des forêts dans le silence de la nature, vous savez que nous nous sommes réunis pour apprendre comment la mer — cette mer dont Euripide disait qu’elle dissout les maux de l’humanité — affermit la langueur des enfants débiles, au souffle vivant de ses brises et comment elle les fortifie pour le grand combat de l’avenir. Votre présence au milieu de nous est un charme qui nous encourage, et vous aurez ainsi votre part dans l’accomplissement de l’œuvre de science et d’humanité que nous poursuivons.



Discours de M. O’Shea.



capitaine irlande parnell mairie biarritz
CAPITAINE WILLIAM O'SHEA


Mesdames, Messieurs, Monsieur le délégué du Ministre, 



De vifs remerciements vous étaient dus au nom de Biarritz-Association. Ils se confondent avec ceux qui vous ont été adressés, mieux que je ne saurais faire, par notre éminent président, à qui je me plais de rapporter le succès de ce Congrès. Je lui en sais beaucoup de gré, puisqu’il me procure l’honneur de vous saluer et me permet de suivre vos travaux. Je ne suis pas un savant, hélas ! Je suis un rêveur, un vieux celte épris d’arbres et de couchers de soleil. Mais encore conviendrait-il, s’agissant d’un Congrès médical, de parler un peu maladie, ne serait-ce que pour faire plaisir aux gens qui se portent bien. Ainsi ferai-je, avec la déférence que je vous dois et en vous consultant sur le mal que j’appellerai — si vous le voulez bien — le mal du siècle. 



Notre civilisation est une culture intensive, propre aux grandes villes, où la vie nationale s’est retirée. Dans ces serres chaudes, la cervelle humaine, surmenée, surexcitée, ne fonctionne plus sainement. Notre corps, trop enfermé, s’est anémié, déformé, est devenu un paquet de nerfs et et nous ne le regardons plus que comme un appendice servant de support au cerveau. Nous sommes brouillés avec l’animal, avec l’arbre et ne comprenons plus ce que nous dit le vent qui passe sous les étoiles et ce que chante, loin des plages, la vague solitaire de l'Océan. On nous a tant répété que l’intelligence était la meilleure arme dans la lutte pour la vie, que nous avons fini par ne voir qu’elle parmi nos facultés. A l’âge où l’enfant vit par ses sens et ne pense qu’avec son cœur, on veut que l’élément habituel de sa pensée soit le mot abstrait qui ressemble à un chiffre, un symbole verbal et non l’image elle-même, représentation directe, complète et colorée de l’objet. On choisit pour lui apprendre cette algèbre, le moment de sa vie où le monde extérieur sollicite son exclusive attention, où la nature l’invite, non à la comprendre, mais à pénétrer dans son royaume et voir combien il est beau. Si cet enseignement a, d’un côté, développé en nous le sens critique, l’acuité de l’analyse, de l’autre il a faussé, rompu notre équilibre intérieur en atrophiant notre sens du beau, le principe harmonique, musical, qui nous relie à la création. Or, le sentiment esthétique est la faculté humaine par excellence, n’en déplaise aux ironistes stériles, et le jour viendra où toute philosophie vraiment complète examinera dans chaque action, dans chaque idée qui lui sera soumise, la part qu’y prend la nature et le rôle qu’y joue la beauté. Est-ce avec de sèches notations et des raisonnements qu’un enfant apprendra à connaître les traits familiers et charmants du paysage au milieu duquel il est né et qui, présent ou dans le souvenir, lui apparaît comme le visage aimé de la Patrie ? Tels, que seraient ici, les architectures de nos montagnes, dressant dans l’air limpide leurs dômes d’émail bleu et leurs tours aux créneaux d’argent ; les doux vallons arrondis du Pays Basque, aux pentes veloutées qu’empourpre la bruyère, que dorent les genêts ; la vastité de nos espaces qu’emplissent entièrement cette mer si vivante et ce ciel tout en joie ! Insensiblement, inconsciemment, ces accords des lignes, ces harmonies des tons, ces rythmes enveloppants, s’inséreraient dans l’âme de l’enfant ; leur magique influence persisterait et, plus tard, contribuerait pour une large part à la direction de sa pensée, au gouvernement de sa volonté, à l’ennoblissement de ses désirs. Si le Grec avait le corps le plus sain et le plus beau qu’il était possible et l’esprit si bien équilibré, c’est parce que les lignes nobles et tranquilles de ses collines étaient passées dans les profils des temples ; qu’avant de l’élever sur l’Acropole, les Athéniens avaient vécu le Parthénon et que c’était Pallas-Athénée qui vraiment fréquentait le gymnase, luttait, courait, lançait le disque et chaque matin plongeait son corps divin dans les eaux froides de l’Eurotas. Si, jadis, coïncidant avec l’affranchissement des communes, nos sublimes cathédrales jaillirent comme des gerbes de lis dans tous les coins de la France, c’est parce que nos ancêtres, quelque rudes et ignorants qu’ils étaient, vivant au milieu des champs, dans les forêts, le long des fleuves, en reproduisaient la vision dans les fêtes de fleurs et de feuillages qu’offraient les porches et les chapiteaux de leurs demeures ; qu’ils portaient en leurs cœurs les ombres des chênes et les volontés des torrents, si bien que, lorsque de leurs mains robustes ils clouaient les bannières victorieuses aux voûtes étoilées, leurs plis abritaient les libertés publiques non moins que les espérances d’immortalité. 



Si vous voulez, Messieurs, que le mal disparaisse, dont je me permets de vous entretenir, ne seriez-vous pas d’avis d’ouvrir plus grandes les fenêtres qui donnent sur la nature ? Avec moi, ne souhaiteriez-vous pas voir s’élever des écoles au pied de nos montagnes, près de nos belles rivières, sur les falaises qui dominent la mer ? En étendant l’éducation physique, en formant plus de laboureurs, plus de marins, et moins de candidats à la présidence de la République, ne rendrions-nous pas les futures générations plus fortes et plus heureuses ? Un jour viendrait alors où, sur la terre des aïeux, reparaîtrait cette belle et vaillante race gauloise, cette race si claire, qui apporterait sa joie et son cœur vibrant à l’œuvre civilisatrice et lui donnerait ce sang dont elle est privée, ce sang chaud qui circule si librement dans les artères françaises, je veux dire : l’amour des hommes, la solidarité sociale. 



Pour atteindre ce but, emplissons nos âmes des souffles généreux qui traversent nos horizons ; que nos idéals, comme des aigles, planent en liberté au-dessus de nos vallées. Quelle que soit la diversité de nos croyances et de nos philosophies, hommes de bonne volonté, gravissons ensemble, chacun de notre côté, la colline sacrée qui monte vers le soleil. Séparés à sa base, nous nous rapprocherons en nous élevant, jusqu’à confondre nos cœurs et étreindre nos mains sur la cime qu’éclaire une même lumière, la lumière de la Justice, de la Beauté, de l’éternelle Vérité !


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Le Congrès.


Le Congrès de Thalassothérapie s’est tenu à Biarritz, les 19, 20 et 21 avril ; il avait attiré, dans notre station, plus de cent cinquante médecins, et des plus notoires, de Paris et du reste de la France, ainsi que des divers pays étrangers tels que l’Espagne, l’Allemagne, l’Autriche, la Russie, la Suède, la Grèce, etc. 



Comme l’a dit le docteur Baudouin, dans son discours, ce congrès, qui, primitivement, avait été fixé à Arcachon, a pu, grâce au désintéressement méritoire de cette station, se tenir à Biarritz qui offre de plus grandes ressources et un champ d’expériences plus fécond au point de vue du traitement marin. 



Les réunions se sont tenues au Casino Bellevue, complaisamment mis à la disposition des congressistes par M. Boulant, et dans la salle des Fêtes des Thermes Salins. 



pays basque autrefois congrès labourd thalassothérapie
THERMES MALINS BIARRITZ 1910
PAYS BASQUE D'ANTAN



La séance inaugurale du Congrès a eu lieu dimanche après-midi, dans la grande salle des fêtes du Casino Bellevue. 



pays basque autrefois congrès labourd thalassothérapie
SALLE DE CONCERT CASINO BELLEVUE BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN



M. de Saint-Arroman, délégué de M. le ministre de l’intérieur, présidait, assisté de M. le Dr Armaingaud, délégué de M. le ministre de l’instruction publique, et de M. Albert Robin, de l’Académie de médecine, président du Comité d’organisation du Congrès. 



On remarquait également le Sous-Préfet de Bayonne, le Maire de Biarritz, M. O’Shea président de Biarritz-Association, et un grand nombre de notabilités médicales. 



M. de St-Arroman, après un discours très applaudi, a décerné les palmes académiques au nom du ministre à M. Raynaud, pharmacien à Biarritz, trésorier du Comité du Congrès et l’un des organisateurs dévoués et habiles qui avaient assumé la lourde tâche de mener à bien ces assises scientifiques. 



Cette marque de distinction a été accueilli par le public, qui a chaleureusement applaudi, avec la plus grande faveur. 



Après le discours de M. Armaingaud, M. Albert Robin a prononcé le magistral discours que nous publions in-extenso. M. O’Shéa lui succède, et dans une allocution d’une forme excessivement littéraire et dont nous sommes heureux de donner la re production, a reçu nos hôtes au nom de la Société dont il est le président. 



M. Moureu, maire de Biarritz, dans une causerie familière, a souhaité la bienvenue aux représentants du gouvernement et aux membres éminents du corps médical, qui avaient choisi Biarritz pour y venir débattre de si intéressantes questions. 



pays basque autrefois maire biarritz
FELIX MOUREU MAIRE DE BIARRITZ
DE 1895 A 1904


M. le docteur Lobit, secrétaire-général du Congrès, dont nous espérons publier le discours dans notre prochain numéro, a remercié en excellents termes tous ceux — et ils sont nombreux qui ont contribué au succès du Congrès de Biarritz



Puis M. Baudoin, de Paris, le professeur Winternitz, de Vienne, le professeur Liebreich, conseiller aulique à Berlin, et plusieurs autres orateurs, ont pris successivement la parole. 



Quand la séance eut été levée, la salle se transforma en salle de concert, et c’est au milieu de l’enthousiasme général que se firent entendre les différents artistes inscrits au programme, notamment : Mmes Peltier et Meyran, MM. Berthaud, Heurtin, Dolne et Dailly, du théâtre du Casino Municipal, et la Cigale, société chorale de Bayonne



Le soir, grand banquet chez Ritz, puis représentation de gala généreusement offerte aux congressistes par la direction du Casino. 




pays basque autrefois congrès labourd thalassothérapie
RESTAURANT RITZ CASINO MUNICIPAL BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN



Les séances scientifiques qui avaient débuté dans la matinée du dimanche se sont continuées dans les journées du lundi et du mardi. On a entendu successivement des rapports très documentés, du docteur Robin, du docteur Fiessenger, du docteur Lalesque, du docteur Legrand, un très grand nombre de communications notamment celles des docteurs Lavergne, Long-Savigny, Claisse et Gutierrez, de Biarritz, et la discussion des théories et des expériences dont ces rapports et communications faisaient l’objet. 



Lundi à 11 heures, à l’issue de la séance qui s’était tenue aux Thermes, des voitures conduisirent les congressistes à la gare de la Négresse d’où un train spécial les amena à la frontière



pays basque autrefois gare labourd
GARE DE LA NEGRESSE BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN


Après un déjeuner confortable au buffet d’Irun, eut lieu la visite d’Irun et Fontarabie, et c’est par mer, en de nombreuses traînières affrétées à leur intention que les membres du Congrès abordèrent à Hendaye-Plage, où la visite, prévue au programme, du sanatorium de la ville de Paris devait avoir lieu. 



Les honneurs de cet établissement étaient faits par les délégués du Conseil municipal de Paris et par le dévoué docteur Camino, médecin du Sanatorium



Le retour s’est effectué à huit heures du soir, et, malgré une journée si bien remplie, une conférence de M. le professeur Garrigou, de la Faculté de Toulouse, était annoncée pour neuf heures et demie au Central-Hôtel. 



pays basque autrefois congrès labourd thalassothérapie
HÔTEL CENTRAL BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN



Par suite de circonstances particulières cette conférence n’a pu avoir lieu, et nous avons été privés du plaisir d’entendre le sympathique professeur. 



La journée de mardi a été en partie consacrée à la discussion de rapports et à l’audition de nouvelles communications.  



A trois heures et demie, la partie de pelote offerte aux congressistes, réunissait la plupart d’entre eux pour qui le sport basque était une nouveauté. La partie, très brillante, a favorablement impressionné nos hôtes. 



La plupart des médecins qui étaient venus à Biarritz sont repartis dans la matinée de mercredi ou dans les journées suivantes, pour le grand Congrès médical de Madrid. 



Tous, nous en avons l’assurance, pour l’avoir entendu maintes fois exprimer, ont emporté de Biarritz le meilleur souvenir."



A suivre...









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samedi 6 avril 2024

UN CONGRÈS INTERNATIONAL DE THALASSOTHÉRAPIE À BIARRITZ - MIARRITZE AU PAYS BASQUE EN AVRIL 1903 (première partie)

UN CONGRÈS INTERNATIONAL DE THALASSOTHÉRAPIE À BIARRITZ EN AVRIL 1903.


Le 3ème Congrès de Thalassothérapie de Biarritz, en avril 1903, est un événement marquant dans l'histoire de la Thalassothérapie.



pays basque autrefois congrès labourd thalassothérapie
BIARRITZ 1903
PAYS BASQUE D'ANTAN


Cette réunion, à Biarritz, a rassemblé des experts et des professionnels de la santé pour discuter des effets bénéfiques de la cure marine sur la santé, en particulier en ce qui concerne la tuberculose.



Voici ce que rapporta à ce sujet La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, le 24 avril 

1903 :



"Discours prononcé â l’inauguration du IIIe Congrès de Thalassothérapie de Biarritz par Albert Robin.



pays basque autrefois congrès labourd thalassothérapie
PHOTO D'ALBERT ROBIN
PAR ALPHONSE LIEBERT


Messieurs, 

Après huit années de sommeil, les Congrès de Thalassothérapie, fondés en 1894 par Verneuil, et dont les premières sessions ont été tenues à Boulogne-sur-Mer et à Ostende, se réveillent sur vos plages lumineuses, en face de l’Océan resplendissant, dans cette ville de Biarritz qui porte fièrement autour de ses armes, cette orgueilleuse devise dont elle justifie tous les termes : 

Aura, sidus, mare me adjuvant. 

J’ai pour moi les vents et les astres et la mer. 


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ARMOIRIES DE BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN

En inaugurant les travaux du Congrès renaissant, je tiens à remercier d’abord, au nom du Comité d’organisation, M. Chaumié, Ministre de l’Instruction Publique, qui a bien voulu accepter la présidence d'honneur du Congrès et qui s’est fait représenter par M. de Saint-Arroman, dont vous venez d’entendre la parole autorisée. 



M. le Ministre de l’Intérieur, Président du Conseil, a délégué aussi M. le Dr Armaingaud qui fut, en France, le promoteur ardent de la lutte anti-tuberculeuse et dont vous saluerez avec moi la généreuse initiative, trop oubliée peut-être par ceux qui l’ont suivi, sans le dépasser, dans son œuvre de solidarité sociale, de science et d’humanité. Dans cette lutte, M. le Dr Armaingaud a été véritablement le précurseur ; il a commencé seul, sans autres appuis que sa conviction et son énergie. Rien ne l’a découragé dans son apostolat, ni les obstacles, ni l’indifférence des autres, ni même les injustices dont il a été l’objet. Il a doté la France d’institutions modèles, et donné aux philanthropes une leçon de choses qui a entraîné les bonnes volontés et déterminé l’élan de tous les peuples civilisés. Applaudissons le Dr Armaingaud, Messieurs, et rendons-lui au nom de ceux dont il a racheté la vie, le juste et reconnaissant hommage qu’ont omis de lui décerner les Congrès de Londres et de Berlin. 



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DR ANTOINE-ARTHUR ARMAINGAUD



Nous prierons ensuite les deux délégués ministériels de transmettre le témoignage de notre gratitude au Gouvernement de la République et aux Ministres qu’ils représentent. 



Je remercie aussi M. le Maire et les Conseils élus de la Ville de Biarritz, qui nous donnent, en leur belle cité, une hospitalité dont nous apprécions tous la cordiale sympathie. 



Nous exprimons encore toute notre gratitude à l’Académie de Médecine qui a accueilli si favorablement notre invitation ; aux Facultés de Médecine de Bordeaux, de Lille et de Toulouse qui sont représentées par MM. les professeurs Arnozan, Lemoine, Lambret, Carlier, Garrigou dont la chaire d'hydrologie vient d’être titularisée par M. le Ministre de l’Instruction Publique ; 

Au Conseil Municipal de Paris que représentent M. Ambroise Rendu, président de la Ve Commission, le Dr Chérot et M. Rozier ; 

A l’Administration de l’Assistance Publique, représentée par M. le Dr Camino

Aux Gouvernements étrangers, qui nous ont envoyé des délégués, parmi lesquels le professeur Winternitz (de Vienne), Oscar Liebreich (de Berlin), Lorthioir (de Bruxelles, B. Guizy (d’Athènes), qui honorent grandement notre Congrès et à qui nous sommes heureux de souhaiter la bienvenue, au nom de la France, ainsi qu’aux délégués des des Sociétés savantes françaises et étrangères, MM. les Drs Casse, Président de l’Académie de Médecine de Bruxelles ; Alexandre de Poehl (de St-Pétersbourg) ; Hiller (de Stockholm) ; H. Keller (de Rheinfelden), et tant d’autres savants éminents de tous les pays dont je regrette que le temps ne me permette pas de vous citer les noms respectés. 


Enfin, nous devons une mention spéciale de reconnaissance à la "Biarritz-Association", dont l’appel a réveillé notre Congrès ; au Corps médical de Biarritz, qui a si largement contribué à son succès ; à nos dévoués secrétaires, M. le Dr Lobit (de Biarritz),et M. le Dr Georges Baudouin (de Paris), qui ont assumé la tâche difficile de l’organisation du Congrès, et qui s’en sont acquittés si brillamment et d’une manière si agréable pour nous, parce qu’ils n’ont ménagé ni leur intelligence, ni leur dévouement. 



II.

Messieurs, les conditions hygiéniques qui entretiennent la santé, modifient les prédispositions héréditaires encore latentes ou transforment des opportunités morbides, constituent des ressources aussi précieuses et plus faciles à mettre en œuvre que les innombrables remèdes dont s’enorgueillit la matière médicale aux flancs des bocaux pharmaceutiques. 



Quand, suivant la forte expression de Michelet, l’homme est usé par le séjour des villes, par la vie des foules, par la rude terre qu’il aime tant, c’est la mer complaisante qui l’accueille sur ses rivages et dans son sein pour lui rendre sa sève et ses forces défaillantes. Elle transforme la nature. Elle est le formidable creuset où s’élaborent les premières vies encore indécises, où du chaos des principes immédiats naît la matière organisée, où l’air des continents se purifie et redevient comme vivant sous la battue des vagues.



L’air marin ! Plus dense, plus constant dans sa température, assaini par les vents et par les flots, chargé d’électricité et d’ozone, saturé d’un embrun salé et iodé, baigné de lumière, il stimule toutes les fonctions organiques, l’appétit, la digestion, l’assimilation et les divers actes chimiques de la nutrition élémentaire. La respiration y puise des éléments plus purs et plus réparateurs. Il régularise l'hématose et les rénovations moléculaires. 



Les bains de mer accroissent aussi ce double mouvement d’assimilation et de désassimilation qui constitue la nutrition, cette primordiale manifestation de la vie. Ils contribuent a la combustion des résidus de l’activité organique qui, au lieu de stagner en nous et d’engendrer, par leur rétention, des troubles fonctionnels préparateurs de maladies, se solubilisent sous leur influence et deviennent ainsi d’une élimination plus facile. 



L’air de la mer et la balnéation marine, ces puissants modificateurs des échanges organiques, sont donc des moyens de reconstitution, de recorporation, comme disaient les Anciens, qui pensaient justement qu’en activant la rénovation des tissus, on pouvait modifier les tempéraments héréditaires ou acquis et laver, pour ainsi dire, les tares morbides latentes encloses en l’organisme humain. 



Mais cette exagération de vitalité que la mer imprime aux êtres qui l'approchent, doit faire écarter d’elle ceux qui souffrent déjà de cette forme d’usure que la tradition populaire désigne du nom de consomption, c’est-à-dire ceux qui sont inaptes à réparer leurs pertes, parce qu’ils brûlent, plus qu’ils n’assimilent. Ceux-là, il faut les apaiser ; il faut éteindre le feu qui les brûle et non propager l’incendie au souffle ardent de la mer. 



III 

Dès les temps hippocratiques, l’observation médicale avait déjà fixé les grandes indications du séjour sur le littoral, mais leur application demeurait entourée de constantes difficultés. 



En effet, les conditions de ce séjour sont influencées par d’innombrables particularités locales, entr’autres par des conditions topographiques qui peuvent changer en agent sédatif le climat marin d’essence stimulante. Fonssagrives disait avec raison qu’une station maritime sédative ne possède pas cette propriété parce qu’elle est au bord de la mer, mais quoiqu’elle soit au bord de la mer. 



D’un autre côté, il n’est pas toujours aisé de définir, par les seules ressources de la clinique ordinaire, ce qui, dans les maladies, ressortit à la stimulation et à la sédation, car ce sont là des manières d’être qui dépendent au moins autant de l’individualité du malade que de la nature de l’affection dont il est atteint. Il n’y a pas de maladie qui impose partout et en tout temps le même sens aux activités organiques, et, par conséquent, les règles les mieux établies pour leur traitement fonctionnel comportent toujours de multiples exceptions. 



Mais l’incertitude qui résulte de cette sorte d’instabilité de la médication et de l’élément morbide qui doivent nous servir de guide, cette incertitude, dis-je, peut être singulièrement éclairée par la chimie pathologique et par la connaissance qu’elle nous donne des dérangements fonctionnels de la nutrition, puisqu’elle nous permet, en quelque sorte, de traduire en chiffres l’activité vitale, et de la mesurer dans son ensemble et dans tous ses modes organiques. 



Connaître, d’une part, l’action d’une médication sur les échanges élémentaires ; d’autre part, les variations de ces échanges chez tel individu, dans telle affection déterminée ; puis opposer ensuite avec exactitude la médication aux troubles fonctionnels de sens inverse, voilà une méthode thérapeutique dont la valeur n’a plus à être démontrée. 



Qu’on l’applique à la médication marine, et l’on verra les obscurités se dissiper, et les apparentes contradictions de la clinique trouveront un terrain d’entente. 



Prenons l’exemple de la chlorose et des anémies. Ce ne sont pas des entités morbides, comme on l’enseigne officiellement à tort : ce sont des apparences d’entité, des ensembles symptomatiques, des aboutissants morbides auxquels on arrive par des chemins divergents, puisqu’on peut être chlorotique ou anémique par oxydation et destruction globulaire exagérées, par oxydation et rénovation globulaire insuffisantes ou par déminéralisation du plasma sanguin qui devient impropre à la conservation et à la formation des globules rouges du sang. 



La même médication ne saurait convenir indistinctement aux anémiques de chacun de ces groupes. 



Le fer, qui accroît les oxydations, nuira aux chloroses par excès de destruction ; il sera inutile dans les chloroses plasmatiques tant que l’équilibre marin du plasma ne sera pas reconstitué ; il ne trouvera son véritable emploi que dans celles où les échanges sont insuffisants. 



Les arsenicaux, ces merveilleux modérateurs de la nutrition, n’auront d’influence que sur les chloroses dans lesquelles les réactions chimiques de la vie sont en hausse. Ils ne modifieront pas les anémies par déminéralisation ou plasmatiques et seront contre-indiqués dans celles où la nutrition est fléchissante. 



En présence d’une chlorotique, il faut donc fixer d’abord le sens des variations chimiques de ses échanges organiques, au lieu de procéder dans son traitement par essais inutiles ou néfastes, et l’on pourra prescrire aussitôt la médication nécessaire avec une précision que la clinique ratifiera toujours. 



Ainsi, c’est une notion classique que la médication marine donne d’excellents résultats chez nombre d’anémiques, mais que certains d’entre eux échappent à son action qui tend plutôt alors à les aggraver, sans qu’on ait établi, jusqu’à présent, le motif de cette différence. 



Mais si l'on sait que la médication marine est stimulante des échanges et réminéralisatrice, tout s’éclaire. Nous lui confierons les anémies avec oxydations insuffisantes et les chloroses plasmatiques, et nous écarterons d’elle les cas où l’anémie est la conséquence d’actes vitaux exaspérés, car elle ne pourrait qu’accentuer la déchéance. 



Ainsi, l'on porte une certitude inconnue jusqu’ici dans dans l’adaptation de cette médication marine à la cure de l’anémie. 



Il en est de même pour la tuberculose. 



Si la mer est indiquée dans la plupart des tuberculoses locales, elle ne semble favorable qu’à une minorité de phtisiques. Aujourd’hui , nous savons pourquoi. C’est parce que chez le plus grand nombre des phtisiques, il y a exagération des échanges respiratoires traduisant une suractivité des réactions chimiques désassimilatrices et destructives de l’organisme. L’examen des échanges nutritifs distinguera sûrement cette minorité phtisique de privilégiés justiciables de tel climat marin, et ceux-ci seront assurés par avance, de retirer bénéfice d’une cure instituée avec un maximum de probabilité. 



Pour ces phtisiques là, la cure à l’air libre, si énergiquement défendue par le docteur Lalesque (d’Arcachon), se fera dans le grand Sanatorium de la nature, dans l’air pur du ciel marin, avec l’espace infini pour horizon. Et ce Sanatorium de nos côtes de France, tout vibrant de gaîté, de vie et d’espérance, est autrement salutaire que les murailles de pierre si vantées, édifiées à coups de millions et dont les Ligues triomphent si bruyamment, mais où les malades ne guérissent pas mieux que dans l’atmosphère sédative et reconstituante de certaines de nos plages. 



IV 

Aux indications thérapeutiques que l’organicisme du dernier siècle avait fondées sur la connaissance de la lésion anatomique qui, pour lui, représentait toute la maladie ; à celles que l’observation si minutieuse des anciens appuyait sur le tempérament ou sur les réactions apparentes de l’individu malade, la chimie de la nutrition ajoute donc celles plus intimes encore qui s’adressent aux éléments morbides considérés indépendamment de l’affection dont ils ne sont qu'une des conséquences ou un des actes.  



Alors, l’obscure notion du tempérament, le mot vague d’idiosyncrasie avec lequel les théoriciens masquaient — sous un vocable origine du grec — leur ignorance du pourquoi des aptitudes individuelles, tout cela devient lumineux et définissable comme une opération mathématique. Le chiffre et la réaction chimique remplacent ou complètent le vieux "coup d’œil médical", et apportent à l’antique observation clinique leur précision et leur inflexibilité. 



En ce qui concerne la médication marine, à peine la voie commence-t-elle à être dessinée, mais on en voit nettement la direction. A vous, Messieurs, il appartient de la poursuivre, en apportant le concours de votre expérience et de vos travaux. 



Vous devez mettre au point les données simplement esquissées déjà pour les anémies et la tuberculose ; puis, mettre d’autres états morbides à l’étude, afin de déterminer les indications et les contre-indications de leur traitement ; enfin, réaliser, dans la mesure du possible, la spécialisation thérapeutique des grands groupes de stations marines et même des principales d’entre elles. 



Nos Congrès sont destinés à discuter et à enregistrer les résultats acquis. Ceux de Boulogne-sur-Mer et d’Ostende ont provoqué de solides communications sur le traitement des tuberculoses externes et du rachitisme. L’inépuisable sujet de la phtisie pulmonaire a été abordé par des hommes éclairés et rompus aux difficultés de la pratique, mais sans que l’accord définitif se soit fait sur la plupart des questions proposées. 



pays basque autrefois congrès pas-de-calais thalassothérapie
HÔTEL REA L BOULOGNE-SUR-MER 1894



Et c’est pourquoi ce grave problème revient encore une fois à votre ordre du jour. Il ne comporte pas moins de trois rapports et de dix communications sur les vingt-sept qui ont été annoncées."



A suivre...



(Source : Wikipédia)







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