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samedi 31 mars 2018

HENDAYE ET BÉHOBIE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN SEPTEMBRE 1936 (deuxième et dernière partie)


HENDAYE ET BÉHOBIE PENDANT LA GUERRE CIVILE ESPAGNOLE EN SEPTEMBRE 1936.


Pendant la Guerre Civile Espagnole, Hendaye et Béhobie, villes-frontière ont été les premiers témoins du Pays Basque Nord de ce conflit, en particulier en août et septembre 1936.

hendaye 1936 pays basque frontière guerre civile espagnole
IRUN 4 SEPTEMBRE 1936
PAYS BASQUE D'ANTAN


Après vous avoir parlé dans un article d'août 1936, à Hendaye, je vous parle aujourd'hui de 

septembre 1936 à Béhobie, de l'autre côté du pont international.



Voici ce que rapporta le Journal des débats politiques et littéraires, dans son édition du 5 

septembre 1936 :


"La guerre civile en Espagne.


Les nationaux sont entrés dans Irun.


Irun n'a pas été enlevée d'assaut. Les nationaux s'en emparent maison après maison, pourrait-on dire. Il n'est plus de doute possible : la ville sera conquise avec la dernière rue. Cela peut coûter encore beaucoup de sang...



irun 1936 hendaye 1936 pays basque frontière guerre civile espagnole
IRUN 4 SEPTEMBRE 1936
PAYS BASQUE D'ANTAN

Toutes les nouvelles qui proviennent du front du Guipuzcoa sont favorables aux troupes nationalistes.



La bataille d'Irun.




pais vasco 1936 hendaye 1936 pays basque frontière guerre civile espagnole
IRUN 4 SEPTEMBRE 1936
PAYS BASQUE D'ANTAN

La résistance n'est pas encore entièrement réduite. 


On mande de Hendaye : 


L'action des troupes rebelles a été menée froidement, méthodiquement, et rien n'a été laissé au hasard. 


On avait cru, après sa victoire de la veille, que le commandement aurait ordonné la marche en avant dès le matin. Or, ce n'est que lors que les renforts sont arrivés de Pampelune que l'attaque sur Béhobia a été déclenchée. 


Massés derrière la Puncha, carlistes, légionnaires et Marocains attendaient les ordres. Les pièces d'artillerie étaient déplacées, les auto-mitrailleuses s'échelonnaient sur la route d'Irun à Burgos, et à Pampelune, les avions étaient prêts a partir. 


Lorsque le signal fut donné, les hommes s'avancèrent, qui par le bord de la Bidassoa, qui par la montagne, qui par la route, abrités derrière des autos blindées. 


Les Marocains, avec leurs turbans, ne semblaient pas se soucier des rafales de mitrailleuses que tiraient les gouvernementaux. Nombre d'entre eux tombèrent. Au soir, Béhobia n'était pas encore complètement occupé. Les miliciens du Front populaire ont résisté avec la dernière énergie. Les dynamiteros se sont sacrifiés et ont jeté un certain trouble parmi les assaillants. A 400 mètres du pont international, ces derniers ont dû s'arrêter devant les rafales qui partaient des maisons et les obus qui éclataient dans leurs rangs.


Cependant, peu à peu, l'étreinte se resserre.


Dans Béhobia et Irun, l'atmosphère est irrespirable; les raids aériens sont ininterrompus ; çà et là des obus provoquent des incendies. Pourtant, les hommes tiennent, cependant que leurs familles s'inquiètent, de l'autre côté de la frontière.


En France, point une certaine émotion. La ligne frontalière est devenue inaccessible. Un habitant de la ferme de Arupia, à Biriatou, est mort aujourd'hui des suites de ses blessures.


A 23 heures, on entendait encore, sur Béhobia, le bruit de la fusillade et du canon.


Ce matin, les troupes rebelles occupent une partie d'Irun ; les gens fuient, les balles sifflent dans l'Avenue de France ; quelques miliciens gouvernementaux tiennent encore.


Les insurgés ont tourné Béhobia par la route de San Marcial à Irun, mais des coups de fusil partent toujours de cette ville, que les insurgés encerclent et occupent en partie, mais pas d'une façon définitive...



Dernière heure.

Les Nationaux prennent Irun.

La ville est en feu.

Des centaines de miliciens se réfugient en France et sont désarmés.



A Behobia.


Béhobie, le 4 septembre. 


A 4 heures, cette nuit, les miliciens de Behobia, abandonnant la résistance sous la pluie battante, ont passé le pont et remis leurs armes. Fusils et mitrailleuses sont empilés près du pont. A 6 heures, les rebelles sont entrés dans la ville. Ils sont arrivés en courant au pont international, agitant leurs armes et criant à tue-tête : "Viva Francia ! Viva Espana !".




autrefois hendaye 1936 pays basque frontière guerre civile espagnole
HENDAYE 4 SEPTEMBRE 1936
PAYS BASQUE D'ANTAN


A présent, tout est calme, Un légionnaire garde le pont sous le drapeau rouge et or aussitôt arboré. On aperçoit un "béret rouge" à bicyclette et des hommes qui devisent, tranquilles, en fumant la pipe. 


Mais, sur la demande même des autorités rebelles, les relations sont coupées entre le Béhobie français et le Behobia espagnol. 


Du côté français, des centaines de miliciens en uniforme, atterrés, livides, regardent l'autre rive. Du côté espagnol, une musique grêle suivie d'un drapeau nationaliste et de quelques "requetes" au pas : ce sont des rebelles qui viennent relever la garde des légionnaires. 



pais vasco 1936 hendaye 1936 pays basque frontière guerre civile espagnole
IRUN 4 SEPTEMBRE 1936
PAYS BASQUE D'ANTAN


Irun en flammes

Au Pont d'lrun. 


La fusillade crépite toujours. Quelques centaines d'hommes tiennent encore. Mais c'est la fin, malgré l'arrivée de Barcelone de deux wagons de munitions, l'un chargé de mitrailleuses, l'autre de bandes de mitrailleuses. 


Irun flambe. Dix foyers d'incendie mêlent leur fumée. On aperçoit d'énormes gerbes d'où jaillissent des paquets, d'étincelles et qui s'effondrent brusquement. Le clocher est en flammes. Soudain, quelques balles viennent s'aplatir sur le bureau de douane français où les journalistes sont rassemblés. 



1936 hendaye 1936 pays basque frontière guerre civile espagnole
HENDAYE 4 SEPTEMBRE 1936
PAYS BASQUE D'ANTAN

Des automobiles espagnoles marquées de la faucille et du marteau ou bien de "U. H. P." vont et viennent sur le pont. Leurs occupants, des miliciens au foulard rouge, ne sont pas à l'intérieur, mais accrochés aux marchepieds du côté opposé au tir adverse. Sur le pont du chemin de fer, la circulation est intense. Pas de trains, des femmes courbées qui fuient, les dernières, avec une valise, un baluchon. 


Soudain, un mouvement. Quelques paquets de dynamite éclatent tout près. Les rebelles sont à moins de 100 mètres du pont. Irun est aux quatre cinquièmes entre leurs mains. 


Maintenant se pose la tragique question des otages. Quatre cents êtres humains restés prisonniers dans Irun. Quel sort leur fut réservé ? Nul n'en sait rien. Les centaines, les milliers de réfugiés qui campent dans les rues d'Hendaye, qui encombrent les trottoirs et jusqu'aux voies des tramways, ignorent tout. Ils sont atterrés. 


A midi vingt, les rebelles sont dans un champ de maïs, tout contre le pont d'lrun. Ils avancent sur la route qui vient de la ville, laquelle semble occupée totalement. Les derniers défenseurs reculent mètre par mètre, ils tirent maintenant du tiers du pont, protégés par des matelas.

 

Les abords d'Hendaye sont impraticables. Une cohue sans nom de réfugiés bouche les routes et les avenues.



Les dernières convulsions.


 Hendaye, le 4 septembre. 


A l 3 heures, une dizaine d'hommes à peine résistent encore sur le pont d'lrun. 


Des camions, des automobiles de luxe ont transporté la plupart des défenseurs en France, où ils sont désarmés au fur et à mesure. D'autres miliciens battent en retraite vers Fontarabie, passant la route derrière le pont d'lrun. 


La ville et toute la vallée sont recouvertes d'une épaisse fumée ; Irun entière est en flammes. De violentes explosions se font continuellement entendre. Les balles sifflent autour du poste-frontière français. Les miliciens en retraite ont incendié un dépôt d'automobiles. Près du pont d'lrun, on entend les cris des blessés. 


Sur le quai de la gare d'Hendaye, les miliciens qui se sont réfugiés en France sont rassemblés et prennent place par centaines dans les trains qui vont les conduire vers Barcelone. 



La fin de la résistance


Hendaye, le 4 septembre. 


Au Pont d'lrun, à 14 h. 20, quelques hommes seulement tiennent toujours le pont d'lrun. Disséminées dans la ville, quelques mitrailleuses crépitent, retardant l'occupation totale. A 14 h. 15, l'hôtel de ville d'lrun était occupé par les insurgés. 


Une vieille voiturette fait le va-et-vient, amenant en France, par groupes de quatre ou cinq, les derniers miliciens avec leurs armes, qu'ils remettent aux gendarmes français. C'est une question de minutes maintenant, la résistance étant pratiquement terminée. 

A Hendaye, une compagnie du 18e régiment d'infanterie de Bayonne a relevé les gendarmes qui ont assumé un long et dur service au cours des dernières journées. 



Autour de la bataille.

L'assistance aux réfugiés.


Bayonne, le 4 septembre. 

Le comité national français du Rassemblement populaire vient d'envoyer à Hendaye M. Pradine, membre de la commission d'assistance au peuple espagnol, afin de prendre toutes les mesures d'urgence en faveur des réfugiés qui ont passé la frontière aujourd'hui. 



Interruption des communications avec Saint-Sébastien.


Hendaye, le 4 septembre. 


Du fait de la prise de Irun par les insurgés, toutes communications avec Saint-Sébastien par voie de terre, sont interrompues. Aucun des courriers qui, jusqu'à ce jour, arrivaient à Hendaye par Irun, n'a pu passer la frontière ce matin. 



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IRUN 4 SEPTEMBRE 1936
PAYS BASQUE D'ANTAN


Le service d'ordre à la frontière. 


Bayonne, le 4 septembre. 


M. Mathieu, préfet des Basses-Pyrénées, assisté de M. Daguerre, sous-préfet de Bayonne, dirige en personne, aujourd'hui, les opérations rendues nécessaires par les graves événements qui viennent d'avoir lieu à la frontière. 



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IRUN 4 SEPTEMBRE 1936
PAYS BASQUE D'ANTAN

Les services de police assurés par la gendarmerie, sous les ordres du commandant Sarthous, ont été renforcés. 



Le placement des réfugiés


Bayonne, le 4 septembre. 

La lutte autour d'lrun a entraîné une fuite éperdue des derniers habitants de la région. Tous ces malheureux ont passé les ponts de Béhobie et d'Hendaye, quelques-uns ont traversé la Bidassoa à la nage. On compte, au total, 5 000 réfugiés à Hendaye. 



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IRUN 4 SEPTEMBRE 1936
PAYS BASQUE D'ANTAN


La préfecture des Basses-Pyrénées vient de décider l'envoi de ces derniers réfugiés à Orthez, Pau, Bordeaux, Angoulême, Poitiers, Périgueux, Cahors, Agen, Montauban. En outre, les départements de la Vendée, Deux-Sèvres, Haute-Vienne, Corrèze, Cantal, Lozère, Loire-Infêrieure, Maine-et-Loire, Indre-et-Loire, Indre et Creuse ont été pressentis pour recevoir également des réfugiés. 



Le parti communiste demande la levée du blocus.


Le parti communiste communique le texte d'une lettre adressée par M. Thorez, secrétaire général du parti communiste français, à M. Paul Faure et à la commission administrative permanente du parti socialiste : 


"Comme vous le savez, le gouvernement de la République espagnole vient d'effectuer une démarche auprès des gouvernements de Paris et de Londres, pour leur signaler que le gouvernement italien avait livré 24 avions aux rebelles. 


Cet acte qui confirme le tragique de la situation faite à l'Espagne républicaine par le blocus contraire aux règles les plus élémentaires du droit international, provoque une grande émotion chez tous les amis de la démocratie et de la paix.


Hier soir, la foule immense rassemblée dans l'enceinte et autour du Vél d'Hiv, a crié son indignation lorsque le président de l'assemblée, le camarade Belin, secrétaire adjoint de la C.G.T., annonça que les fascistes étrangers continuaient à armer les rebelles espagnols.


En raison de cette nouvelle situation, et sûrs de traduire le sentiment unanime de tous les travailleurs communistes et socialistes et de tous les républicains, nous vous proposons qu'une délégation commune de nos deux partis se rende auprès de notre camarade Léon Blum, président du Conseil, pour demander la levée du blocus si néfaste à la cause de la République espagnole, à la cause de la liberté et de la paix.""




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