LE FILM "GACHUCHA FILLE BASQUE" EN 1922.
C'est un film muet, en noir et blanc, de 45 mn, réalisé en 1922 par Maurice Challiot et projeté pour la première fois le 9 février 1923.
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FILM GACHUCHA LA FILLE BASQUE 1922
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Le scénariste de ce film est Charles Torquet.
La société de production est Natura Films.
Les principaux acteurs sont : Ninon Balzan, Hugues de Bagratide, Paulette Ray et Raoul Paoli.
Le synopsis de ce film est le suivant : Gachucha veut venger la mort de son frère, le contrebandier, qu'une dénonciation a envoyé en prison. Elle est fiancée à un honnête garçon, mais courtisée par un homme habile qui lui promet de livrer le mouchard s'il est choisi comme époux. Adroitement ce rival arrive à compromettre le fiancé de Gachucha...
Depuis 2017, je vous ai parlé de plusieurs films tournés au Pays Basque ou avec des histoires se
Voici ce que rapporta au sujet du film "Gachucha fille basque" l'hebdomadaire Le Film Complet,
le 6 mai 1923 :
"Gachucha par Jean Morlaix. — (Natura-Film).
... Mendiaz n'était pas au fronton. Il avait des occupations infiniment plus importantes et plus grosses de conséquences. Il avait gagné une partie déserte de la plage, il s'absorbait dans une besogne des plus singulières.
Avec des ciseaux, il découpait, dans un journal qu'il avait apporté, des caractères d'imprimerie, et il les collait soigneusement, à mesure, sur une feuille de papier blanc. Ce travail délicat lui donnait beaucoup de mal et, tout en le faisant, il suait et geignait. Ses doigts maladroits de toucheurs de boeufs s'y prêtaient mal et, n'eût été la récompense qu'il en attendait, il est probable qu'il y eût renoncé.
Quand ce fut fini, il regarda son oeuvre avec une grimace de satisfaction.
Cela formait une lettre on ne peut plus anonyme, un chef d'oeuvre du genre. Cette façon de procéder d'une canaille était bien dans le caractère de cette race d'honnêtes gens. Le Basque est extrêmement méfiant et évite toujours avec grande attention de se compromettre. La lettre disait :
"Demain, le pêcheur José-Miguel reviendra de Fontarabie avec un ballot de contrebande. A bon entendeur..."
Il relut de près, s'approuva d'un affreux sourire. Si José-Miguel allait à Fontarabie — et, poussé par son amour pour Gachucha, il irait — son affaire était claire.
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Ces messieurs les gabelous, pensait-il, le cueilleront proprement et le mettront à l'ombre le temps que j'arrange mes petites affaires. J'ai quelques économies et, une fois marié à mon goût, rien ne m'empêchera de quitter le pays et, au besoin, d'émigrer pour aller faire fortune chez les Américains du Sud. Il faudrait qu'il allonge joliment le bras pour me prendre dans ses grosses pattes à sa sortie de prison !
Il avait plié le papier. Il le mit sous enveloppe et, quelques instants plus tard, il mettait la lettre dans la boîte de la douane. Il avait bien regardé autour de lui pour s'assurer de n'être pas vu. Mais la lettre accusatrice n'était pas au fond de la boîte qu'il voyait Mme Loris assise près de lui. Elle était arrivée sans bruit et s'était assise pour faire une étude. Elle l'avait vu.
Mendiaz éprouva une impression désagréable. On n'aime jamais à être vu en train de commettre une vilenie. Avoir pris tant de bonnes précautions pour se faire surprendre ainsi !... Mais, à la réflexion, il décida que cela n'avait aucune importance.
— Ce que je fais ne peut guère l'intéresser et ce n'est pas un sujet de conversation pour elle. A peine si elle me connaît ! Et puis, elle ne sait pas ce qu'il y a dans la lettre.
Au surplus, toujours prudent, il fila en se faisant le plus petit possible. Pourtant Mme Loris avait bien remarqué le personnage et, une fois de plus, elle se demandait où son attention avait été déjà attirée sur cette face sombre, creusée de plis. Cette petite scène banale d'un homme qui met une lettre dans une boîte lui rappelait quelque chose, elle ne savait trop quoi... Et soudain, quand l'homme eut disparu, elle se souvint des circonstances de leur première rencontre :
— Mais oui. C'était une nuit, au clair de lune, ici même ! Je passais pour rentrer chez moi et j'ai vu ce même homme faire exactement le même geste. Nous nous sommes croisés et j'ai été frappée par l'expression sournoise et méchante de sa physionomie... C'est étrange que Gachucha fréquente un pareil bonhomme, si différent d'elle et de son grand José !
Elle se mit à réfléchir aux curieuses coïncidences qui émaillent la vie. Puis, comme l'événement n'avait en soi nulle portée, à ce qu'elle croyait, elle l'oublia tout aussitôt et, s'installant, elle commença l'étude qu'elle était venue faire.
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La partie de pelote s'achevait, défaite glorieuse de José-Miguel par l'imbattable Chiquito. Mais le pêcheur avait été magnifique et les cris, les applaudissements qui le saluaient, lui prouvaient bien l'affection et l'admiration dans lesquelles le tenaient ses compatriotes.
A la sortie du fronton, il retrouva Gachucha qui l'attendait. Il s'étonna de l'air de fatigue qui couvrait le charmant visage. Il s'informa, très inquiet, tout comme l'avait fait la mère :
— Tu es malade ?
— Mais non.
— Tu as l'air joliment fatigué. Tu travailles trop.
— Mais non. Un peu de migraine.
A ce moment, il se souvint. Son visage prit une expression d'ennui :
— Allons, dit-il, puisque tu le veux, il faut que j'aille à mon bateau. Il sera bientôt temps de partir pour Fontarabie.
— Eh bien ! va, dit-elle. Dépêche-toi...
Il lui jeta un léger baiser, du bout de sa main terrible. Elle le suivait du regard. Elle fut sur le point de le rappeler, mais elle se maîtrisa :
— Non, non, pensa-t-elle. Il faut !
Il marchait vers sa perte. Le bateau fut bientôt prêt. Sans l'aide de personne, il le mit à l'eau, embarqua, saisit les avirons dans ses mains robustes, sans aucun enthousiasme. C'était pour Gachucha, pourtant. Dorée par le soleil couchant, la barque diminua aux yeux de la jeune fille qui s'était avancée sur une pointe de rocher et qui eut le triste courage de lui faire de la main un "au revoir" sans sincérité, auquel il répondit de tout son coeur.
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Quand elle s'en retourna, elle se dirigea vers la campagne, en chancelant. Sans s'en douter, elle passa auprès de Mendiaz. A plat ventre sur la côte, il guettait avec un sourire le départ de ce rival qu'il haïssait :
— Cette fois, ça y est, murmura-t-il, il est fichu !
De la main, il dessina un petit signe amical et, souriant :
— Bon voyage, dit-il, José-Miguel !
Le bateau avait tourné. Désormais, il s'éloignait à contre-jour, point noir sur le miroir calme de la mer immense. Fontarabie dormait au loin, blanche, au fond de son golfe.
... José-Miguel était arrivé à Fontarabie après un court trajet favorisé par le vent et, aussitôt son bateau amarré, il s'était rendu chez Joroba. Il se présentait, car on ne l'y avait jamais vu, sauf le jour qu'il était venu demander Chico, et son passage rapide n'avait pas autrement marqué.
— José-Miguel ? demandait Joroba d'un air soupçonneux. Connais pas.
— Mais je vous suis envoyé par Etchegoyen, de Saint-Jean-de-Luz, pour le ballot.
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Et, plus bas, il avait ajouté :
— Il n'y a plus de Pyrénées.
— Ah ! bon, répondait Joroba en hochant une tête méditative.
Mais, malgré le mot de passe correctement donné, il ne paraissait pas en confiance. Il regardait son visiteur à la dérobée, comme pour lire sur son visage une trahison possible. Après un instant de réflexion, il dit :
— C'est bon. On n'a pas l'habitude de vous voir ici, n'est-ce pas ? Attendez un moment ; je reviens.
Un peu surpris de cet accueil et de voir qu'on ne le priait même pas d'entrer pour se rafraîchir, José avait donc attendu à la porte. Il s'était assis sur un banc qui se trouvait tout près de celle-ci et, à peine Joroba avait-il disparu à l'intérieur de la maison, qu'un murmure de conversations à mi-voix s'était fait entendre, au cours duquel il avait plusieurs fois surpris le nom de Mendiaz.
— Oui, oui, pensait José, Mendiaz est des leurs et moi, ils sentent bien que je n'en suis pas. S'ils me connaissaient mieux, ils ne se méfieraient pas, bien qu'ils aient raison de ne pas me croire sympathique à leur cause. Ah ! si ce n'était pour Gachucha ! Mais il faut que je la prévienne : quand nous serons mariés, elle ne sera pas la femme d'un contrebandier. Même si elle a le vice du pays, elle me le sacrifiera bien. Tout de même, qui aurait cru cela d'elle ?
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Là-dessus, Joroba ressortait avec un gros ballot qu'il avait peine à traîner.
— Tenez, dit-il à José-Miguel. Seulement, vous savez, c'est lourd.
— Si lourd que ça ? répondait le pêcheur en empoignant le pesant colis comme une plume et en se le jetant sur l'épaule aussi aisément que si c'eût été une écharpe de femme.
— Mâtin ! murmura Joroba avec admiration devant ce tour de force.
Et il compléta son idée par un sifflement prolongé qui, chez beaucoup de peuples, signifie l'admiration poussé au plus haut point.
— Ca va, conclut José un peu froidement. Au revoir, alors.
— Alors, au revoir, répondit Joroba sur le même ton.
Et voyant Joroba lui cligner de l'oeil malicieusement, il crut bien faire en clignant de l'oeil pareillement. Il était reparti, léger, à peine gêné par le fardeau. Bientôt, il retrouvait son bateau et, fort retardé par le vent contraire, en même temps que très faible, il avait piqué sur Saint-Jean-de-Luz.
Il lui avait fallu courir des bordées toute la nuit, à contre-vent. Le soleil était déjà levé quand il approchait de la côte française. Il regarda attentivement et ne vit rien de suspect. Il alla donc s'échouer sur le sable, débarqua son ballot, tira son bateau au sec sans l'aide de personne, reprit le lourd paquet et se mit en marche vers l'intérieur. Le gros de l'aventure ne faisait que commencer.
José-Miguel traversa la grève, quitta le sable et monta sur les terres. Pour cela, il lui fallait passer auprès d'un groupe de rochers. Il venait à peine de le dépasser. Soudain, il se trouve dans la position du sanglier coiffé par une meute. Quatre hommes, assez semblables à ceux qu'il avait renseignés naguère, peu avant l'arrestation de Chico, venaient de sortir de derrière les rochers et, d'un seul élan, s'étaient jetés sur lui.
— Je suis pris, pensa-t-il avec une profonde douleur. C'est bien fait pour moi ; je n'avais qu'à ne pas y aller. Tire-toi de là, maintenant !"
A suivre...
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